Bien loin de les détourner de ce qui se passoit, il les y tint attachés ; buvant la fureur à longs traits, sans s’en appercevoir, & se laissant emporter à ce plaisir barbare & criminel. […] Le voila attaché au Spectacle comme les autres ; mêlant ses cris avec les leurs ; s’échauffant & s’intéressant comme eux à ce qui se passoit.
Un chrétien, disent les saints Pères, est un citoyen du ciel qui, exilé pour quelque temps dans une terre étrangère, ne doit soupirer qu’après cette patrie céleste, pour laquelle il est destiné ; qui, ne perdant jamais de vue la perfection à laquelle il est obligé de tendre, doit marcher sans cesse dans la voie de Dieu pour y atteindre ; et qui, ne jugeant des choses de la terre que par le rapport qu’elles ont avec l’éternité, s’interdit tout ce qui peut l’attacher au monde, aux créatures, pour ne s’attacher qu’à Dieu. […] Ceux qui sont obligés de se livrer à des affaires pénibles qui leur causent trop de dissipation, ont-ils besoin de se livrer ensuite à des divertissements tumultueux qui attachent trop fortement leur esprit et qui les remplissent de folies ? […] Remarquons d’abord que nous avons en nous-mêmes un fond de corruption, que nous portons avec nous une malheureuse concupiscence capable de nous livrer aux plus affreux excès, si on n’a soin de la réprimer, une concupiscence que nous avons promis solennellement de combattre, et à la destruction de laquelle sont attachées les couronnes dont jouissent tant de saints ; une concupiscence que la moindre parole excite, que le moindre objet allume, dont les Hilarion, les Antoine, les Paul ont gémi plus d’une fois ; c’est ce souffle de Satan dont l’apôtre saint Paul priait le Seigneur de le délivrer ; c’est le malheureux apanage de la nature corrompue qui doit coûter tant de violence ; c’est le vieil homme, sur les débris duquel doit s’élever l’homme nouveau, et que nous ne saurions vaincre qu’en mourant sans cesse au péché et à tout ce qui peut nous y porter.
Les bergers un peu soigneux de leur troupeau, font, pour la leur conserver, de petits chariots, où elle est couchée, qu’on leur attache comme aux chevaux, & qu’ils font rouler avec eux. […] Il en est qui l’attachent aux branches des arbres, & montent par elle jusqu’au sommet, & se jettent sur leur proie. […] On voit les queues serpenter sur le théatre, se croiser entr’elles à mesure que les danseurs passent & repassent, suivre ses pas & la mesure, comme une danse de serpens, voltiger galamment quand ils sautent, rouler rapidement & faire la roue quand ils font la cabriole ; & quand on y a attaché des brillans, ce sont des feux folets, des étoiles éteincellantes qui marquent les pas des actrices & leurs entrechats. […] A quoi pense-t-on d’attacher de la dignité à quelque aulne d’étoffe, aussi embarrassante qu’indécente & ridicule. […] Il a même été de mode d’attacher derriere la robe une queue réelle de Renard, de Mouton, d’Ecureuil, ensuite de Paon, de Coq, du moins de faire broder quelqu’une de ces queues sur cette piéce d’étoffe qui traîne, & forme la queue, ce que le petit Caudataire ne manquoit pas d’étaler.