Il est vrai que dans ce siecle le goût du spectacle est extrême ; non-seulement on y mène les jeunes gens, mais on les forme dès l’enfance à la déclamation théatrale, comme faisant partie de la bonne éducation, on joue des pieces dans les Collèges, les Séminaires, les Couvents, chez les Seigneurs, chez les Bourgeois, & par une inconséquence de conduite incroyable les mères les plus sévères, qui ne vont ni ne laissent aller leurs filles à la comédie, y assistent & leur laissent voir représenter sur les théatres de société les pieces de Moliere, & même des parades plus licentieuses que la comédie publique, comme si c’étoient les murs, les décorations, les habits, qui méritent leur censure, non les pieces où se trouve le plus grand danger, & qui ont le plus besoin de réforme, pour en faire un divertissement innocent & même instructif.
Je crains bien que les sévères censeurs du Théâtre n’en prennent occasion de crier de nouveau contre ceux qui composent des Drames, qui les jouent, & qui assistent à leur représentation.
Tous les jours quatre Elèves des deux sexes assisteront aux Représentations publiques ; les Filles à l’Amphithéâtre, les Garsons au Parterre, afin qu’ils soient à portée de mieux voir, de mieux entendre, & de mieux connaître le goût & le sentiment du Public : ils rejoindront, en sortant, le Gouverneur & la Gouvernante qui les auront amenés.