Cicéron dans l’Oraison pro Quinctio, parlant du Comédien Roscius, dit qu’il était si habile dans son Art, qu’il n’y avait que lui seul qui fût digne de monter sur le Théâtre ; et que d’ailleurs il était si homme de bien, qu’il n’y avait que lui seul qui n’y dût point monter. […] Oui mes frères, c’est le démon qui a fait un Art de ces Divertissements et de ces Jeux, pour attirer à lui les Soldats de Jésus-Christ, et pour relâcher toute la vigueur et comme les nerfs de leur vertu. […] Mais pour dire ici quelque chose que je n’emprunte point ailleurs, la Comédie aussi bien que la Peinture, et plusieurs autres Arts, ont eu differents âges : Il y a eu des temps auxquels elle était presque ensevelie dans l’oubli ; d’autres où elle a paru avec tant de simplicité, qu’à peine attirait-elle les yeux des hommes qui étaient le moins occupés : et d’autres enfin, où elle s’est fait voir avec pompe et avec éclat. […] Mais de la manière dont se traite la Peinture aujourd’hui, où tout est nu, où l’on fait paraître autant que l’on peut les corps sans habits, et qu’il est presque impossible de rien faire de passable, sans avoir longtemps étudié d’après le naturel ; je crois qu’il y a une infinité de personnes auxquelles cet Art n’est plus propre, et qui ne peuvent plus s’y appliquer sans mettre leur salut en danger. […] Art. 2.
Ces grands traités, ces regles savantes de l’Art Dramatique ne servent qu’à la parade. […] C’étoit bien son caractere ; les traits de sa vie y étoient rassemblés : mais la Faculté est peu faite pour l’Art Dramatique, elle est fort déplacée sur le Théatre. […] Art.
Quelquefois le Public se laisse trop séduire, sans doute, à l’art des Acteurs, à la pompe, à l’illusion de la représentation ; des Vers faibles, traînans ou montés sur de grands mots, lui paraissent admirables au Théâtre, parce qu’ils sont prononcés avec force & avec le feu du sentiment. […] 36Denis d’Halicarnasse dans son Traité de l’arrangement des mots, dit qu’il y a trois caractères qui distinguent tous les Ecrivains, de quelque nature qu’ils puissent être ; le prémier convient à merveilles à notre Spectacle ; c’est celui qu’il appelle austère, c’est-à-dire rude & négligé, qui sent moins l’art que la nature. […] N’est-il pas prouvé maintenant que les Auteurs de notre Opéra, font bien de ne point se donner la torture, afin d’écrire avec art ?