/ 518
488. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Le prestige de la distribution graduée des ombres et de la lumière, l'imagination, l'habitude, le préjugé, l'amour du plaisir, sont des microscopes qui grossissent les objets, d'une mouche font un éléphant, et d'un homme à galons d'or un homme de mérite.

489. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Procès des Comédiens. » pp. 169-224

Des Courtisannes d’aujourd’hui le luxe insolent feroit rire ; chaque amant épris sans amour, brûle de montrer au grand jour, & sa conquête & son délire ; veut que sa belle ait une cour, qu’elle soit par-tout, qu’on admire le collier qui pare son sein, ses coursiers, sa robe, son train. […] Vous plaisez à Gernance : eh bien, tout est au mieux, L’amour avoit son but quand il forma vos yeux. […] On y ajoute l’horreur d’un amour incestueux & bigame du père pour sa propre fille, qu’à la vérité il ne connoit pas ; mais qu’il veut épouser, quoique marié, par une infidélité odieuse qu’il cache à la fille qu’il a enlevée, trompée & deshonorée par un mariage apparent : voilà le héros que le succès couronne.

490. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

On n’y fait plus de sacrifices à Venus, du moins suivant les rites des Païens : je dis, du moins suivant les rites des Païens ; car les intrigues d’amour qui en sont presque inséparables, ne laissent pas d’honorer cette Déesse ; et quoiqu’on ne les accompagne pas d’encens, il est au moins sûr que ces intrigues ne sont pas des offrandes qui puissent être présentées au véritable Dieu. On n’y fait plus aussi paraître de femmes toutes nues ; mais celles qu’on y fait paraître, n’y montrent encore que trop de leur nudité ; et leurs parures, leurs gestes, leurs allures mesurées, et toutes leurs autres manières étudiées sur le tendre, donnent à la vérité moins d’horreur, mais elles n’inspirent peut-être pas pour cela moins d’amour : et si on n’y commet plus les dernières infamies, on y tient au moins des discours, surtout dans les farces, qui en font assez imaginer. […] Mais le véritable repos de Dieu consiste dans des actions qui n’ont point de fin, c’est-à-dire, dans la contemplation et dans l’amour éternel de ses perfections infinies : et c’est ce repos que nous devons tâcher d’imiter les Fêtes et les Dimanches, en ne cessant point durant tout le jour de contempler les merveilles de Dieu, de lui donner des marques de notre amour, et de célébrer ses louanges, et non pas en allant à la Comédie.

/ 518