/ 518
139. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

, aiment la vérité, lorsqu’elle leur montre sa lumière, et qu’elle brille à leurs yeux, et ils la haïssent, lorsqu’elle leur représente leurs défauts, et qu’elle les pique jusqu’au vif ; ils l’embrassent, lorsqu’elle leur découvre ses agréments et sa beauté, et ils ne la peuvent souffrir ; lorsqu’elle les découvre à eux-mêmes, parce qu’elles veulent asservir cette vérité à leurs affections, et non pas leurs affections à la vérité, et que l’amour de l’amour-propre l’emporte sur l’amour de la vérité. […] Or ce Royaume de Dieu et cette gloire consistent dans la pureté du cœur, dans l’humilité et dans la modestie, dans l’aversion du monde corrompu, et dans l’amour de la Croix. Avouez donc que ce Royaume est détruit, et que cette gloire est éclipsée dans les personnes, qui fréquentent le bal, où il ne se trouve qu’ambition, qu’orgueil, qu’impureté, médisance, vaine gloire, et amour de recherche de soi-même. […] Ainsi l’amour du monde et des créatures se glisse imperceptiblement dans le cœur de ceux qui se trouvent à un bal. […] Salomon, le plus sage de tous les mortels, devint le plus fol de tous les hommes pour l’amour de ses courtisanes, qui le firent idolâtrer, et donner de l’encens à leurs fausses Divinités.

140. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Mlle de Guise » pp. -1

Amour ce petit folâtre Se venait un jour ébattre Sur ce teint délicieux, D’œillets, de lys, et de roses Où mille grâces écloses Luy firent trouver les Cieux. […] Minerve tient la pensée La vertu l’âme enlasséeb, Les amours rient en l’œil, La troupe divine ensemble En ce bel esprit assemble Les clartés de ce Soleil.

141. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Les matieres, qui s’y traitent, ne sont ordinairement, que d’amour, & de ses intrigues, car le théatre ne plairoit plus, si cette passion n’en faisoit l’ame : L’expression, qu’on en fait, est par la déclamation la plus douce, la plus animée, & la plus transportée : L’ajustement d’une comédienne n’a rien, qui ne respire je ne sçay quoy d’impur, par la nudité de sa gorge, par son geste mol, & affecté, & par son action efféminée. Tout cela, ne sont-ce pas autant de fortes attaques, données par les yeux, & par les oreilles, au cœur des personnes, qui écoutent ce qui se déclame, & qui voyent le spectacle d’une comédie, pour y porter des impressions d’amour, en leur amolissant la volonté ; en leur gravant dans l’i-imagination des images, & des representations moins honnêtes ; & en leur laissant dans la memoire des idées, qui ont toûjours quelque chose de sensuel ? […] Laissons donc ce Théatre infame & libertin, pour vous mettre hors de combat : Mais revenons aussi à ce Théatre, dont j’ay tantôt parlé, qui ne respire, que l’air de l’amour, qui en enseigne si délicatement toutes les leçons, & que vous voudriez bien justifier, disant que des bouffonneries impies ne s’y voyent point ; or sçachez, que celuy-cy n’est gueres moins dangereux, que l’autre. […] C’est à dire, Madame, que le poison est presenté avec bien de la douceur, & dans un vase d’or, & que ce qui avoit coûtume d’offenser les yeux & les oreilles, par une liberté trop effrontée, ayant esté banny du Théatre, on y a laissé l’air le plus doux, & le plus empoisonné de l’amour. […] Cela veut dire enfin, que ce n’estoir pas assez au Démon, que les gens d’une conscience toute perdue fussent à luy, par le scandale d’un Thêatre infame ; si ceux, que quelque pieté rend recommandables, n’en estoient faits encore les victimes, par le poison inspiré de l’amour, qu’un nouveau Théatre aprend aujourd’huy, plus modestement, mais aussi plus malicieusement, qu’il ne fist jamais.

/ 518