Témoin Alype, disciple d'abord, et ensuite ami de saint Augustin. […] Il résiste aux invitations, aux prières, aux pressantes sollicitations de ses amis ; mais ils l’entraînent de force.
Il tâche cependant de les faire valoir à son Ami, en lui exagérant la difficulté qu’il y a de composer un remède bien spécifique pour guérir sa maladie. […] « Vous voyez bien, Monsieur, dit-il à son Ami, que tous ces passages des Pères, et mille autres que je ne vous rapporte pas, à force de trop prouver contre la Comédie, ne prouvent rien contre la Comédie d’aujourd’hui. […] « Vous ne vous attendez peut-être pas, dit-il à son Ami, en lisant du premier abord ma proposition, que je vous la veuille prouver par l’autorité des Pères : cependant à la bien examiner, c’est leur propre sentiment, et celui même de Tertullien et de saint Cyprien, qui sont les deux qui semblent s’être le plus déchaînés, contre la Comédie.» […] « C’est un tableau, dit-il, qui représente des histoires et des fables, non pas tant pour divertir que pour instruire les hommes. » Et pour preuve de cela, il apporte l’exemple non pas de quelque Pièce sérieuse de Corneille ou de Racine, mais de la Comédie d’Esope composée par son Ami, à qui il fait des compliments sur le présent qu’il lui en a fait. […] Mais enfin, il nous en découvre la source ; c’est dans l’incomparable Esope de son Ami qu’il s’est instruit du mérite de la Comédie ; c’est là où il a appris que « dans la Comédie il n’y a rien qui ne soit conforme au sentiment de tous les Fidèles ».
S’il est contraire aux mœurs des Français, ou s’il répugne de voir sur leur scène les horreurs communes aux Théâtres Anglais, c’est que les crimes de l’espèce de ceux qu’on leur offrirait ne leur sont pas familiers, que l’esprit, toujours ami de la vérité et de la vraisemblance, rejette des images dont le cœur n’est pas capable de se peindre les originaux. […] L’original est de Don Francisco de Rojasar, il a pour titre en Espagnol, Non hay amigo para l’amigo, Il n’y a point d’ami pour l’ami. […] La scène d’un jeune homme, d’un caractère doux et bienfaisant, qui cependant, emporté par les fumées du vin, vient de jeter une assiette au visage d’un de ses meilleurs amis, contient des réflexions et en fait faire de si sensées à tous ceux qui l’écoutent ou qui la lisent, qu’on peut présumer que des scènes dans ce goût, et destinées à la même critique, feraient une impression très utile dans le cœur de nos ferrailleurs étourdis. […] Dans Arlequin sauvage, la scène du Capitaine qui est prêt à se couper la gorge avec son ami devenu par hasard son rivalaw, n’est-elle pas une excellente critique de la bravoure mal employée ? Le Public trouve-t-il mauvais que ces deux amis, ou plutôt ces deux Rivaux se rendent aux bonnes raisons d’Arlequin et abandonnent le projet de se couper la gorge ?