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26. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Sur la mort de son ami : Si l’Arbitre de l’avenir Me prépare à son gré des peines, (Ce n’est donc pas la justice, mais le caprice d’un Dieu qui prépare l’enfer ?) […] Il a fait une vingtaine de petits contes) qu’il puisoit dans les yeux de sa Maîtresse, dans le desordre de la table, l’entretien de ses amis  ; c’est-à-dire, que c’étoit un libertin & un yvrogne qui a mis en petits vers des propos bachiques & licencieux. […] Il a eu quelques amis distingués qui se moquoient de lui ; mais il vivoit communément avec le bas peuple. […] Les plus grands ennemis de Voltaire ne l’ont jamais plus maltraité que son ami Dorat ; il suffit de rapporter cette piece imprimée dans ses œuvres. […] Ses amis ne sont pas mieux traités dans les ouvrages qu’il leur adresse, il les suppose libertins & sans religion, & leur parle sur ce ton.

27. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

L’on croit s’assembler au spectacle, et c’est là que chacun s’isole, c’est là qu’on va oublier ses amis, ses voisins, ses proches, pour s’intéresser à des fables, pour pleurer les malheurs des morts, ou rire aux dépens des vivants ; de manière qu’on pourrait dire de ceux qui les fréquentent : N’ont-ils donc ni femmes, ni enfants, ni amis, comme répondit un barbare, à qui l’on vantait les jeux publics de Rome ? […] « Le poète qui sait l’art de réussir, cherchant à plaire au peuple et aux hommes vulgaires, se garde bien de leur offrir la sublime image d’un cœur maître de lui, qui n’écoute que la voix de la sagesse ; mais il charme les spectateurs par des caractères toujours en contradiction, qui veulent et ne veulent pas, qui font retentir le théâtre de cris et de gémissements, qui nous forcent à les plaindre, lors même qu’ils font leur devoir, et à penser que c’est une triste chose que la vertu, puisqu’elle rend ses amis si misérables. […] Au contraire, nous estimons comme gens d’un bon naturel ceux qui, vivement affectés de tout, sont l’éternel jouet des événements ; ceux qui pleurent, comme des femmes, la perte de ce qui leur est cher ; ceux qu’une amitié désordonnée rend injustes pour servir leurs amis ; ceux qui ne connaissent d’autre règle que l’invincible penchant de leur cœur ; ceux qui, toujours loués du sexe qui les subjugue, et qu’ils imitent, n’ont d’autres vertus que leurs passions, ni d’autres mérites que leur faiblesse. […] Il n’y a pas un homme de bien qui ne soit misanthrope en ce sens, ou plutôt les vrais misanthropes sont ceux qui ne pensent pas ainsi : car au fond il n’y a pas de plus grand ennemi des hommes que l’ami de tout le monde, qui, toujours charmé de tout, encourage incessamment les méchants, et flatte, par coupable complaisance, les vices d’où naissent tous les désordres de la société. […] « Cependant ce caractère si vertueux est présenté comme ridicule ; ce qui démontre que l’intention du poète est bien de le rendre tel, c’est celui de l’ami Philinte, qu’il met en opposition avec le sien.

28. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Ami des sentimens des Epicuriens, Je laisse la tristesse aux durs Stoïciens. […] Epitre à Césarion son ami, page 119. […] Le Roi de Prusse n’en fut pas plus content, & il écrivit en ces termes à Voltaire, alors son ami. […] Elle paroit de toutes ses graces les pieces de son ami Voltaire. […] Mais aussi, qui doit mieux connoître un grand Poëte, qu’un Roi Poëte, son intime ami ?

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