En effet, supposons un amant qui, dans le feu des passions, a promis à sa maîtresse de la défaire d’un homme qu’elle aime, mais qu’elle croit devoir haïr depuis qu’il lui est infidèle : supposons, dis-je, qu’aveuglé par son amour il ait tout promis, & que le hasard le conduise à la comédie le même jour qu’on y doit représenter Andromaque ; il écoute avec attention ; il voit dans Pyrrhus ce rival qui lui est odieux ; il est enflammé comme Oreste du plus ardent courroux ; Hermione est à ses yeux cette maîtresse chérie dont il attend sa félicité ; le sacrifice est ordonné ; Oreste tremble, recule, hésite, mais obéit ; il sort dans le dessein d’accomplir sa promesse, & vient bientôt annoncer à sa maîtresse qu’il a rempli ses engagemens : mais quel retour affreux ! […] Elle est bien pardonnable au transport d’un poëte & d’un amant, & d’ailleurs les sentimens de l’auteur sont généralement connus.
Elle pensa le suivre ; mais se consola en faisant de ce tendre amant l’oraison funebre la plus singuliere. […] Cet amant d’Elizabeth, qui ferme la marche, n’étoit pas si respectueux que de Devonshire. […] Que de repas elle lui donna où elle mangeoit seule publiquement avec son amant ! […] Le pauvre amant, joué de tout le monde, au désespoir d’avoir perdu son ingrate & perfide maîtresse, mourut d’amour, de douleur & de honte. […] L’amant, aussi pénétré d’estime & de reconnoissance, faisoit quelque fois entendre quelque chose de plus.
Cet amant si tendre, cet époux si complaisant, il est déjà changé !