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57. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde ; si quelqu’un aime le monde, l’amour de Dieu n’est pas dans son cœur. […] L’un goûtera Corneille, l’autre s’attendrira avec Racine, un autre aimera mieux rire avec Moliere. […] Mon pere & Colin, c’est tout ce que j’aime. […] L’Auteur sans doute aime les amours nocturnes. […] C’est un Juge qui n’agit que par passion, pour obtenir une fille qu’il aime.

58. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

Mais parce que l’acteur a pour dessein principal d’exciter les passions ; de tous les sujets il choisit ceux où elles se portent le plus, il passe ainsi pour fort adroit à mouvoir les cœurs en leur représentant ce qu’ils aiment, comme à notre façon de parler, c’est faire du feu, qu’y mettre du bois, et c’est donner cours à l’eau, de lui préparer une pente. […] Mais cette courtoisie, cet art d’aimer qui en apparence n’a rien que d’honnête, ne laisse pas de porter à la déshonnêteté, comme la main qui pousse quelqu’un sur le premier pas du précipice, l’y jette quoique elle ne le conduise pas jusques au fond. […] Néanmoins ces relations peuvent être beaucoup plus nuisibles, parce qu’on les lit, qu’on les retâte, qu’on les médite à loisir, le Roman est une comédie perpétuelle, pour les esprits qui aiment cet entretien. […] Ce n’est pas là seulement avoir de l’amour par une surprise d’inclination, c’est aimer son amour, c’est l’agréer, c’est s’y complaire, par un jugement rassis et réfléchi, c’est accroître ses passions par celles des autres ; c’est par la vanité de ces entretiens, nourrir des feux qu’on devait éteindre par des larmes des pénitence.

59. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Sont-ils aimés dans la Société, quand on les y connaît pour tels ? […] Il aime la vertu, sans doute, mais il l’aime dans les autres, parce qu’il espère en profiter ; il n’en veut point pour lui, parce qu’elle lui serait coûteuse. […] Il vaut beaucoup mieux aimer une maîtresse que de s’aimer seul au monde. […] Il faut aimer son métier pour le bien faire. […] Jean-Jacques, me disait-il, aime ton pays.

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