Mais la foi de Corneille & de Racine n’a jamais été suspecte, on prétend même qu’ils ont eu l’un & l’autre des alternatives de piété, en travaillant pour le Théâtre : comment donc ont-ils avancé tant de maximes blasphématoires ? […] Racine n’est pas moins hardi que Corneille : il fait tenir cet étrange langage à Hemon, pour retenir Antigone qui vouloit se rendre au Temple afin d’y consulter l’Oracle1, Ils iront bien sans nous consulter les Oracles, Permettez que mon cœur en voyant vos beaux yeux, De l’état de son sort interroge ses Dieux.
C’est le genre du plaisir qui domine le plus dans les Pieces de Corneille ; & c’est par cet endroit qu’il a l’avantage sur Racine, son rival, qui lui est supérieur presque dans tout le reste. […] Racine, de l’Académie des Belles-Lettres, imprimées en 1747, tom. 2e. […] M. Racine mit la derniere main au Poëme de la Grace. […] Racine a mis dans ces deux Pieces des Chœurs à l’imitation des Anciens. […] J. Racine, pag. 229.
On accuse Racine d’avoir passé les bornes de la vraisemblance dans ses peintures des Heros de l’Antiquité ; mais ce Poëte si sage a mieux aimé rendre ses Personnages un peu trop François, que de les laisser trop Grecs. […] Maffei me dit qu’il étoit fâché de me voir jouer continuellement des Tragédies Françoises ; qu’elles ne valoient toutes rien, (il n’exceptoit pas même les meilleures) & que la seule Sophonisbe du Trissin valoit mieux que tout Corneille & Racine. […] Malgré l’intérêt que chacun y prenoit pour la gloire de sa Patrie, Corneille & Racine triomphoient toujours. […] Et il ajoute, l’exact Racine, & le noble Corneille nous ont appris que la France avoit quelque chose d’admirable.