15 & 16, ne condamne-t-il pas les vains plaisirs du théâtre, lorsqu’il défend aux Chrétiens l’amour du monde comme incompatible avec celui de Dieu ; parce que tout ce qu’il y a dans le monde n’est que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux, & orgueil de la vie ? […] Quand cela seroit, on feroit toujours mal d’y aller, parce qu’en y allant on viole les loix de Dieu & de l’Eglise, & qu’on s’expose au danger sans raison ; ce qui est toujours mal. […] Moyse ne toléra-t-il pas ce grand nombre d’Israélites qui murmuroient contre Dieu ? […] Enfin Dieu même loue le Pasteur d’une Eglise de ce qu’encore qu’il fût plein de haine pour les méchans, il les supportoit pour le nom de Jesus-Christ. […] Lorsque les spectacles sont une occasion prochaine de péché mortel, quoiqu’on ne s’y trouve qu’à regret & par nécessité : c’est, dis-je, un péché mortel dans ce premier cas, 1°. parce qu’on autorise les acteurs par sa présence ; 2°. parce que l’on contribue à leur entretien, & que l’on coopere par conséquent au péché qu’ils commettent en représentant : s’il n’y avoit point de spectateur, il n’y auroit point d’acteur ; 3°. à cause du scandale ; 4°. à cause de la perte du tems ; 5°. par rapport au mauvais emploi de l’argent, qui est dû aux pauvres, s’il est superflu, ou aux autres besoins, s’il est nécessaire ; 6°. parce qu’on s’y expose presque toujours à l’occasion prochaine, & au danger presqu’inévitable d’offenser Dieu ; 7°. parce qu’en s’exposant ainsi à l’occasion prochaine de pecher, on tente Dieu ; 8°. parce qu’on fait une action que l’on ne peut rapporter à Dieu, & qui est directement contraire à l’esprit du christianisme, qui est un esprit de vigilance, de priere, de recueillement, de pénitence ; 9°. parce qu’on viole les loix de l’Eglise, qui condamnent les spectacles & ceux qui les représentent.
Canon 742e au Concile tenu à Rome, où présidait le Pape Zacharie, il fut commandé aux Chrétiens de ne plus courir ni folâtrer en public auec les Païens, sur peine d’encourir l’indignation et punition de Dieu. […] C’est donc mal à propos qu’il recueille les sentences des anciens Docteurs pour nous condamner, comme si nous prenions un parti contraire vu que nous les maintenons, les prenant pour boucliers et défenses contre la batterie que l’hérésie a tirée de l’arsenal de Satan pour attaquer la maison de Dieu, qui augmente sa gloire en ce digne labeur. […] Voilà les trophées qu’ils veulent ériger au pied de la Croix, leurs vies et leurs désirs aussi saints que charitables méritaient une autre interprétation que celle que l’auteur a donnée au passage de saint Augustin, 8e chapitre du 2e livre de la Cité de Dieu : et à Vivès qui parle des Matacinse. […] Après que notre Dieu eut bâti cet auguste Temple de sa divinité, réglé par les lois de sa sagesse, et orné d’Anges la région qui surpasse le Ciel, assisté les Globes Ethériens d’éternelles intelligences, rempli les plus basses et moindres parties de ce monde inférieur de toutes espèces d’animaux, il désira d’y loger une créature capable par raison d’admirer l’ouvrage et la grandeur de 1’ouvrier : il créa l’homme, et ne lui donnant comme aux autres aucune propriété particulière, le mit au milieu du monde, sans lui assigner retraite, et lui donna la puissance d’être tout ce qu’il voudrait : il n’est ni céleste, ni terrien, ni mortel, ni immortel, mais arbitre de lui-même, il se peut rendre comme les pierres, les métaux, les brutes, ou les Anges ; et enfin compagnon et fils de Dieu, s’il se retire au centre de son unité, il tient en lui le germe de toutes sortes de vies, celles qu’il voudra cultiver croîtront, et il en aura les fruits. Il est donc par l’esprit, la plus excellente créature ; pour le corps, la plus infirme ; en l’un impassible, en l’autre sujet à toutes sortes d’accidents : étant composé d’âme et de corps, il doit avoir la contemplation et l’action, tant pour s’acquitter de ce qu’il doit à Dieu, qu’à son prochain et à soi-même, qui ne se peut dépouiller des passions étant homme, mais il les doit régler pour être sage.
Siège s’acquittaient de ce devoir : « Ce n’est pas sans beaucoup de gémissements et de larmes, disaient-ils, que nous faisons connaître à Votre Excellence, que Dieu conserve, qu’il a plu à Dieu qui gouverne le monde par les lois de sa providence, de retirer de cette vie notre très-saint Pontife, dont la mort a causé une douleur si universelle, que tous jusqu’aux pierres mêmes, s’il est permis de le dire, en ont pleuré, "Cujus cuncti verè, et si dicendum est, etiam lapides ipsi fleverunt exitum". […] Pontife, ajoutent-ils, que Dieu a appelé de cette vie à une meilleure, nous avait mis dans un grand accablement nous voyant ainsi destitués de notre Pasteur ; mais la bonté divine n’a pas laissé longtemps en cet état ceux qui espéraient en lui.