Mais ces Infâmes abusant de l’autorité publique, se laissèrent emporter à toutes sortes de dissolutions et débauches, ce qui fit que plusieurs graves Sénateurs, ne pouvant supporter leurs insolences, les firent bannir avec les Astrologues, devins, et magiciens ; Voyez sur ce sujet les Centuries de Galterius, la chronologie d’ Onuphriuset de Génébrard sur l’état de l’Empire Romain. […] Quant aux crimes dont il les blâme sans cause, il devrait s’informer mieux de l’état de leur vie, pour en juger avec plus d’équité, et retenir ce torrent d’injures dont il grossit journellement ses prédications, s’il avait été aussi soigneux d’écouter la Comédie pour en connaître la fonction, qu’il a été prompt à la condamner, il aurait vu qu’elle ne produit rien qui puisse blesser la vertu des assistants, ni jeter de mauvaises semences en leurs âmes.
Il n’est certainement pas possible qu’on ne trouve étrange, qu’un Prêtre obligé par son état à inspirer aux fidèles la fuite des divertissements dangereux, les y porte par un Ouvrage exprès, et qu’il détermine à faire des Comédies un Auteur qui craint de blesser sa conscience dans un semblable travail. […] 1°, Que la Comédie n’est donc pas tout à fait indifférente, puisqu’on la défend sous peine de péché mortel aux personnes qui par leur état sont obligées de pratiquer la vertu.
Les mœurs des héros de la danse étoient dignes de leur état. […] L’Auteur a beau relever ce misérable état par deux ou trois médailles qu’il dit avoir été frappées à l’honneur de quelque danseur, que peut-être il se fit frapper lui-même, comme nos Actrices se font peindre & graver jusque sur des tabatieres ; ils n’en sont ni moins dangereux, ni moins méprisables, il ne peut s’empêcher de s’écrier : Concluons d’un trait aussi caractéristique de ce siecle, que les connoissances, l’esprit, le goût (les mœurs), y étoient totalement affoiblies, & la science du gouvernement inconnue. […] Mais dans tous ces états divers elle porte par-tout un poison d’autant plus pernicieux sur le théatre, qu’il y est mieux apprêté & bu à longs traits avec plus de profusion.