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52. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

D’ailleurs, on préfére avec raison une école qui joint le jeu des passions, à un beau coloris, à celle dont le mérite est tout entier dans les couleurs locales. […] Les tableaux du Titien par exemple, ajoûte-t-il, seroient bien plus précieux, s’il eût joint plus souvent les talens de son École, aux talens de l’École Romaine. » C’est-à-dire, le fond des choses à la beauté du coloris.

53. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

L’un est un lieu de délices, l’autre le séjour de la douleur, mais aussi est-il l’école de la sagesse ; celui qui auparavant bouffi d’orgueil, affamé de richesses, daignoit à peine parler au peuple, devenu humble & traitable, comme si le feu pénétrant dans son ame en eût amolli la dureté, l’adversité l’a changé, il est devenu propre à tout. Tout au théatre est opposé à la sagesse, le ris dissolu, la pompe diabolique, la dissipation, la perte du temps, l’aliment de la concupiscence, les préparatifs du péché, les pensées d’adultère, le collège des vices, l’école du péché, l’aiguillon de l’intempérance, l’exhortation à l’impureté, l’exemple, l’occasion, la facilité de la dissolution. […] Quel bien peut-il revenir, ou plutôt quel mal ne revient il pas d’aller à ce théatre d’iniquité, d’entrer dans cette école publique d’impudicité, de s’asseoir sur cette chaire de pestilence, d’entendre cet orchestre de luxure ?

54. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Son Amphitrion, son École des Femmes, ne devroient pas avoir & n’auroient pas aujourd’hui l’approbation des Censeurs. […] La galanterie n’est pas la seule science qu’on apprend à l’école de Moliere ; on y apprend aussi les maximes ordinaires du libertinage, contre les véritables sentimens de la religion, quoi qu’en veuillent dire les ennemis de la bigotterie, & nous pouvons assurer que son Tartuffe est une des moins dangereuses pour nous mener à l’irréligion, dont les sentimens sont répandus d’une maniere si fine & si cachée dans la plûpart de ses autres pieces, qu’on peut assurer qu’il est infiniment plus difficile de s’en défendre que de celle où il joue pêle-mêle bigots & dévots, le masque levé, &c. […] Je ne sçais laquelle partie de la Philosophie & de quelle école de Philosophie on le fait. […] J’avoue en ce sens que Moliere est un Philosophe, & un Philosophe très dangereux, & que son Théatre est une véritable école de philosophie qui a formé une infinité de disciples. […] C’est là son empire, tout l’y adore, son nom y retentit jusqu’aux nues, il n’y a de bon comique que chez lui, on n’est bien instruit qu’à son école.

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