Jusques dans sa vieillesse, elle alloit, quand le temps le lui permettoit, donner ses audiences publiques dans son jardin, pour faire paroître sa belle taille en se promenant, & adoucir les traits de son visage, qui étoient trop gros. […] & me demandoit chaque fois, dit l’Ambassadeur qui a donné ces Mémoires au public, quel ajustement lui convenoit le mieux. […] Ce n’étoit pas des ouvrages publics, des monumens durables, des décorations réelles. […] Son intrigue galante n’a rien d’incompatible avec les faits publics. […] Mais le caprice, le libertinage, la cabale, l’intrigue, les fourberies, la médisance, que le public ne voit pas, voilà les ressorts, les poids, les cordes, qu’Elizabeth fait mouvoir derriere le théatre, qui enlevent son mari dans les airs, comme Phaëton, & le laissent tomber.
.… Du Théâtre, elle s’est fait un Temple, que chaque Spectateur craint de profaner ; on n’entend plus l’aigre sifflement de l’envie, & l’incommode trépignement de la cabale : le Public, sur son compte, pense comme moi, & craint de rien perdre de ce qu’elle dit.
Et la raison du Concile d’Agde n’a pas moins de force touchant les Danses secrètes qu’à l’égard des publiques, puisqu’il sera toujours vrai, que l’Ecclésiastique qui assiste à la Danse, expose sa vue, et ses oreilles, qui sont consacrées à Dieu par l’application au service de l’Autel, à la profanation, et au danger évident de salir sa pureté.
L’impiété du Théâtre Anglais consistant ; en premier lieu, dans les imprécations et dans les jurements, 92 Pourquoi on a recours aux Jurements, 93 Le Théâtre Anglais plus coupable aujourd’hui à cet égard qu’il ne fut jamais, 95 La grandeur de cette sorte d’impiété, 96 Impiété punie par les Lois mêmes humaines, 97 Jurer sur un Théâtre public, c’est n’avoir aucun principe d’éducation, 99 Rien de plus grossier que de jurer surtout en présence du sexe, 99, et suiv.
Il n’y a pas de représentation qui ne coûte au Duc 4000 livres, il en donne plusieurs par an, sans compter les pensions qu’il fait aux Actrices (le théatre public n’est pas si mal composé, ni si pernicieux que les théatres de société). […] Zanetti, parmi les bustes & médailles qu’il avoit ramassées, s’étoit avisé de faire faire une suite de portraits burlesquement chargés pour les traits, la figure, le maintien de tous les Acteurs & Actrices qui avoient représenté depuis cinquante ans sur les cinq théatres publics de Venise. […] Les anciens mysteres que jouoient les Confrères de la Passion, dictés par une sincère piété, furent d’abord des actes publics de religion, ils étoient représentés sous l’autorité, & en présence des Magistrats dont la vertu ne peut être suspecte1.
Les places publiques, les bains, les maisons des particuliers, sont pleines d'idoles ; mais nous n'en sommes pas moins agréables à Dieu, si nous ne participons point au crime. […] Les nudités des Actrices sont ici d'autant plus criminelles, que sans distinction d'âge, d'état et de sexe, elles se montrent à tout le public. […] Par une étrange inconséquence, ils n'osent en public satisfaire leurs besoins naturels, et ils violent au cirque toutes les lois de la pudeur.
Le Public montre chaque jour qu’il est de mon avis ; il fait bien plus d’accueil aux Pièces simples de son aimable Théâtre, qu’aux Poèmes intrigués qu’on se hazarde à y produire. […] de Voltaire ne se fit point un scrupule de donner au Public Œdipe déjà traité par le grand Corneille.
En donner au public des préceptes pompeux, Consacrer à l’amour des hymnes et des jeux ; Sur la terre et le ciel lui donner la victoire, Et charmés de nos fers, applaudir à sa gloire.
Ainsi tout ce que je puis faire est de prier les personnes intelligentes de n’en rien dire, et de laisser couler cette impression à la faveur de l’indulgence publique.
En effet, pour peu qu’on veuille se rappeller que, dans le premier Livre où j’ai eu l’honneur d’entretenir le Public, j’ai dit librement que les Modernes, dans presque tous les genres de Littérature et de Sciences, avaient secoué le joug d’Aristote, et que sa seule Poétique nous tyrannisait encore ; pour peu, dis-je, qu’on veuille se rappeller cette phrase, que je n’ai point écrite au hasard, on ne m’accusera point d’être contraire à moi-même.
Ainsi, par exemple, ces représentations profanes, ces spectacles où assistent tant de mondains oisifs et voluptueux, ces assemblées publiques et de pur plaisir, où sont reçus tous ceux qu’y amene soit l’envie de paroître, soit l’envie de voir ; en deux mots, pour me faire toujours mieux entendre, comédies et bals, sont-ce des divertissements permis ou défendus ? […] Parce que dans les nécessités publiques l’aumône coûteroit, et que le jeu en pourroit souffrir, on ne connoît point ce commandement ; on est témoin des miseres du prochain, sans en être ému, ou si le cœur ne peut trahir ses sentiments naturels, l’esprit n’est que trop ingénieux à imaginer des prétextes pour en arrêter les effets ; on est pauvre soi-même, ou volontiers on se dit pauvre lorsqu’il y a des pauvres à soulager, mais on cesse de l’être dès que le moment et l’occasion se présente de jouer. […] En vérité, mes chers Auditeurs, n’est-ce pas insulter à l’infortune publique, n’est-ce pas faire outrage à la religion que vous professez, n’est-ce pas allumer tout de nouveau la colere du ciel ? […] Qu’auroient-ils dit de ces promenades, dont tout l’agrément consiste dans l’appareil et dans le faste ; des ces promenades pour lesquelles on se dispose comme pour le bal, et où l’on apporte le même esprit et le même luxe, de ces promenades changées en comédies publiques, où chacun, acteur et spectateur tout à la fois, vient jouer son rôle et faire son personnage ?
Pour expliquer toutes ces mervilles on a donné au public l’admirable Traité de la Chymie du goût & dé l’odorat par un Marchand de liqueurs & de parfums, qui par ses idées burlesques essaye de donner du débit à sa marchandise ; le reste de son livre a son utilité, c’est un recueil des espèces différentes de liqueurs & des parfums, de leurs bons ou mauvais effets, de leur composition, recette, manipulation, distillation, &c. ce qui se trouve dispersé dans quantité d’autres ouvrages, & qu’il a réuni dans celui-ci, y ajoutant ses propres découvertes ; ce livre peut aider ceux qui composent les Traités des Arts & des métiers que donne l’Académie des Sciences. […] Aujourd’hui ces jeux sont inconnus, tout est tourné du côté de la volupté ; le théatre a dénaturé les divertissemens, il les a transformé en galanterie : ce sont des danses voluptueuses, de la musique luxurieuse, des décorations licencieuses, des Actrices venales, des Acteurs libertins, des intrigues, des nudités, des parfums, le luxe, le faste, les amusemens publics tous concentrés dans la scène ne sont plus que l’aliment des passions, du champ de Mars, Thalie en a fait un Temple de Venus. […] La différence de ces odeurs en est un signe en médecine ; outre les maladies décidées, il est bien des infirmités secrettes dont on cache la honte au public par le paliatif des odeurs.
Travail inutile & pénible, soit petit service rendu au public, qui n’a aucun intérêt à savoir tant de noms obscurs, & à ces millions d’hommes qu’il ressuscite & montre un instant comme un éclair, & qui retombent pour jamais dans les plus profondes ténebres de l’oubli. […] Cette réflexion est juste, ce contraste est frappant : mais il oublie de dire, & on compose des comédies, & on éleve chez soi un Théatre, on y fait venir des comédiens, j’y fais mes pièces, je représente ces horreurs, je les expose aux yeux du public, & je lui donne des farces ; de la même plume, dans le même temps partent la défense de Calas & Nanine. […] Il blâme cet assemblage dans les autres, & il les rend continuellement au public.
Voilà les modelles qu’on étale au public, les leçons qu’on lui donne, la compagnie avec laquelle on le fait commercer ; voilà ce qu’il voit avec transport, ce qu’il applaudit, ce qu’il grave dans sa mémoire & dans son cœur. […] Vous voyez en moi, dit une ombre à Pluton, tout le corps des C… affligé, outragé, tout contrit des affronts publics que ce grand corps a reçus depuis que malicieusement cet ennemi juré de notre repos nous a rendus le jouet de tout le monde. […] Les nouvelles publiques, qui n’osent parler qu’à demi d’une mort si frappante, pour en adoucir la terreur, qu’elles ne peuvent se dissimuler, ajoûtent que ce Prince étoit très-pieux, qu’il s’étoit confessé & qu’il avoit communié le même jour, qui étoit un dimanche.
Peut-on dire plus fortement qu’ils sont des empoisonneurs publics, et que leurs ouvrages sont horribles étant considérés selon les principes de la Religion et les règles de l’Evangile ? […] Mais vous-même de quoi vous êtes-vous avisé de leur reprocher cette traduction, plutôt que celle des autres livres de Grammaire qu’ils ont donnés au public, puisqu’ils ont tous une même fin, qui est l’instruction des enfants, et qu’ils viennent tous d’un même principe qui est la charité. […] [NDE] « Un faiseur de romans et un poète de théâtre est un empoisonneur public, non des corps, mais des âmes des fidèles, qui se doit regarder comme coupable d’une infinité d’homicides spirituels, ou qu’il a causés en effet ou qu’il a pu causer par ses écrits pernicieux. » écrit Nicole dans la première des Visionnaires.
Il fait même trois sortes de censures contre le Théâtre ; et le nomme une chaire de pestilence, et l'école de la débauche ; mais ses paroles montrent assez clairement qu'il n'applique cette condamnation qu'aux Histrions, Farceurs, Mimes, Scurres et autres gens qui ne travaillaient qu'à faire rire ; car il ne se plaint que de l'impudence de l'Orchestre, où nous avons montré que les Comédiens ne jouaient point, et où était un lit sur lequel les Mimes représentaient les adultères de leurs Dieux, et de ce que l'on y donnait au public des Spectacles de fornication, des corps efféminés, des paroles sales, des mauvaises chansons, des femmes débauchées, qui dansaient et nageaient toutes nues dans l'Orchestre pour divertir le peuple, dont rien ne convenait au Poème Dramatique.
Conclure de là que les jeux : et encore les jeux publics aient été permis à l’ancien peuple ; c’est tellement en ignorer la constitution et les coutumes, qu’on ne doit répondre que par le mépris à de si pitoyables conséquences.
Les anciens législateurs qui ont inventé le spectacle ont moins songé à amuser ceux de leurs citoyens qui vivaient dans l’oisiveté qu’à instruire le peuple en le portant, par des exemples, à la haine du vice et à l’amour de la vertu : et effectivement, rien ne peut plus contribuer à guérir l’homme de ses défauts que de les exposer, comme on fait dans la comédie, à la risée et à la censure publique.
On voit en une infinité d’endroits de leurs écrits, surtout de ceux de saint Chrysostome, les marques d’un zèle Apostolique contre cette pernicieuse inclination qui commençait déjà à corrompre l’innocence des fidèles, ils les ont considéréb comme une invention du diable pour amollir le courage des soldats de Jésus-Christ, ils déplorent l’aveuglement extrême de ceux qui croient qu’on peut assister à ces représentations dont on n’a guère coutume de remporter que des imaginations honteuses, ou des desseins criminels, ils font voir l’obligation indispensable qu’on a de quitter ces occasions prochaines d’incontinence, ils appellent ces assemblées des sources publiques de lubricité, où la grande Babylone mère des fornications de la terre fait boire le vin de sa prostitution, ils les décrient comme des fêtes du diable, et obligent ceux qui y ont assisté de se purifier par la pénitence avant que de rentrer dans l’Eglise, enfin ils font des peintures si affreuses de l’état où l’on se trouve au sortir de ces divertissements profanes, qu’on ne peut les voir sans frémir et sans s’étonner de l’éffroyable aveuglement des hommes, à qui les plus grands dérèglements ne font horreur, que lorsqu’ils sont rares, mais qui cessent d’en être choqués dés qu’ils deviennent communs. […] Si l’Eglise n’exerce pas la sévérité de ses censures sur ceux qui vont à la comédie, parce que le nombre de ces coupables est trop grand, elle exclut les comédiens à la vie et à la mort de la participation des Sacrements s’ils ne promettent sincèrement de renoncer à ce métier infâme, on les passe à la table de la communion comme des pécheurs publics s’ils sont assez hardis que de s’y présenter.
Il n’osa plus se montrer dans le public. […] Dans les anciens tournois les Chevaliers allaient prendre l’ordre, la devise, les couleurs de leurs maîtresses, et après le combat venaient mettre les lauriers à leurs pieds, et recevoir le prix de leur victoire : c’est à une Actrice que s’offrent aujourd’hui les hommages et secrets et publics, et depuis que le Maréchal de Saxe s’est paré d’une couronne présentée, non par une Amazone, par une Princesse, par une Duchesse, mais par une … par une … par une Actrice, tout le monde dramatique a retenti et tout le monde militaire a applaudi à cette espèce de triomphe de l’Actrice, plutôt que du Héros, si différent de ceux des Scipion, des Paul-Emile, des Pompée, qu’on ne vit jamais, passant du Capitole au théâtre, faire flétrir leurs lauriers, en les laissant toucher à des mains infâmes.
Craignant le faible du Public, il joint le secours des décorations aux charmes de la musique.
Il est très-certain que les premiers qui éleverent des Théâtres n’eurent pas en vue l’utilité publique, & ne les éleverent pas pour y placer des Prédicateurs.
Heureux certains Comédiens nouveaux & le Public, & le masque cachait encore l’altération hideuse des traits !
Il est certain néanmoins que depuis quelques années notre Théâtre se laisse retomber peu à peu dans sa vieille corruption, et que les Farces impudentes, et les Comédies libertines, où l'on mêle bien des choses contraires au sentiment de la piété, et aux bonnes mœurs, ranimeront bientôt la justice de nos Rois, et y rappelleront la honte et les châtiments ; et j'estime que tous les honnêtes gens ont intérêt de s'opposer à ce désordre renaissant, qui met en péril, et qui sans doute ruinera le plus ordinaire et le plus beau des divertissements publics ; Car l'opinion des doctes Chrétiens, est que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être condamnée quand elle est innocente, quand elle est honnête.
Il fit venir chez lui les meilleurs musiciens de la capitale, et leur dit d’exécuter ce que tout le public regarde avec justice comme un chef-d’œuvre de la musique instrumentale.
Je sais qu’il est incomparable en cela, mais il a bien fait voir que l’amour n’est pas la seule passion qui puisse réussir sur le Théâtre : et l’on peut dire que le grand succès de l’Iphigénie a désabusé le Public de l’erreur où il était, qu’une Tragédie ne pouvait se soutenir sans un violent amour. […] Revenons aux Coutumes des Grecs : Quelques coutumes qu’ils aient eues dans leurs affaires publiques, il est certain que dans les ouvrages d’esprit, ou dans les entreprises qui ne regardaient point la Religion, ils devaient agir par les mêmes lumières, par lesquelles nous agissons ; ils avaient là-dessus les mêmes vertus à suivre, les mêmes bienséances à garder, et la même raison à consulter ; ces choses sont de tous les temps. […] , de paraître en public, parce qu’il lui semblait que le mensonge pourrait s’autoriser par un métier qui permettait les fictionsj. […] Quand une fois le Public s’est déclaré pour une Pièce, il a de la peine à changer.
216.) ce moyen que la Troupe a produit étoit bien digne de son attention ; mais nullement de celle du public qui sçait mieux apprécier les choses.