Nous l’amusons par des choses frivoles ; & bien loin de satisfaire sa faim par une nourriture solide, nous la trompons, en ne lui donnant que des viandes peintes, & en l’empoisonnant par l’erreur & le mensonge.
sont-ils donc trop forts pour peindre un lieu détestable, rempli de mille maux, la vraie fournaise de Babilone ?
Un Maître à danser ordinaire dit toujours à ses écolières : Mademoiselle, avancez la poitrine, effacez les épaules légèrement, marquez scrupuleusement la cadence, les yeux fixés sur ceux de votre Cavalier, que tous vos mouvements peignent avec grâce un sentiment, souriez agréablement.
Elle vous aborde d’un air engageant avec des discours pleins de douceur, et d’un ton de voix flatteur et insinuant, les cœurs des jeunes gens volent après elle, « facient juneaum avolare corda » ; méprisable par son immodestie, « pudore vilis », couverte de riches habits, les joues peintes de rouge, « genis picta » ; comme elle ne saurait avoir les grâces naïves de la nature, elle s’efforce, en se fardant, d’étaler une beauté empruntée, « aduiterinis fucis affectatæ pulchritudinis lenocinatur species ».
Les Lettres Juives 2 & 12 peignent ainsi le goût de la parure : les femmes & les petits maîtres le poussent à un point surprenant, un Général d’armée ne délibère pas avec plus d’attention dans un conseil de guerre sur le succès d’une bataille ; qu’une coquette examine avec ses femmes de chambre la bonne grâce de sa robe & de sa coëffure ; le succès d’une mouche placée au coin de l’œil pour le rendre plus vif, ou auprès de la lèvre pour la rendre plus vermeille, c’est une affaire qui mérite la plus profonde attention ; vingt miroirs sont consultés avant de choisir sa place. […] Hé misérable qu’ont à faire les vers qui vous rongeront, si votre poil est à trois ou quatre étages, vos sourcils peints, & vos yeux déguisés, vos joues vermillonnées, votre peau marquée, vos habillemens plissés, embourrés, chargés de pierreries pour servir de piége à quelques amans morfondus !
Cette morale est exprimée en petits vers tendres, chantés par des syrenes, relevés par la symphonie, peints dans les décorations & les machines. […] On voit un nombre d’Acteurs choisis, parés avec tout l’artifice que l’esprit du monde peut imaginer, & que la passion qu’ils expriment peut inspirer ; de jeunes personnes qui se font un point d’honneur de plaire, gagés pour peindre la passion de la maniere la plus vive, qui se font une gloire de l’inspirer ; des voix douces & insinuantes, des manieres engageantes, des paroles tendres, des vers composés avec art pour inspirer l’amour ; cet assemblage prodigieux de choses, dont une seule seroit une tentation, n’est-il qu’un amusement indifférent ?
Ainsi, de piège en piège et d’abîme en abîme, Corrompant de vos mœurs l’aimable pureté, Ils vous feront enfin haïr la vérité ; Vous peindront la vertu sous une affreuse image. […] [NDE] Allusion à la mode des panoramas, rotondes dont les murs sont peints d’un paysage circulaire.
Non, ce n'est là qu'une religion de Déiste, une mort philosophique, telle que le Dictionnaire Encyclopédique peint celle du Président de Montesquieu, où on observe la décence. […] Quelque bien peint qu'il soit, on ne peut y fixer les regards sans peine, on en détourne les yeux.
, inventée par les Grecs pour reprendre librement les vices des plus grands Seigneurs, et pour les en corriger… On y doit peindre le vice avec les plus noires, mais avec les plus vives couleurs, pour le faire craindre. […] Ces femmes si bien peintes et si parées, ces Abbés si galants, ces Plumets si vifs et si animés viennent de travailler à des affaires sérieuses et importantes.
Il s’est peint lui-même dans ces paroles : Je n’ai jamais pardonné à aucun homme dans ma colere, ni épargné aucune femme dans mes amours. […] Un Peintre, mécontent d’elle, la peignit, pour se venger, dans l’état le plus indecent, mais la peignit fort belle.
Le premier et le plus fréquent, c’est qu’elle ne peint jamais les vices avec des couleurs qui les rendent odieux ou méprisables ; elle arrange ses tableaux de façon que ses préceptes sont un badinage qui attire plus au mal qu’il n’en éloigne, et qu’elle répand sur les défauts un certain ridicule trop plaisant pour en donner de l’horreur. […] Il est essentiel de donner une idée de la quatrième scène du second acte : cette scène par excellence, où, dit-on, Molière a peint tant de vices, et où il s’est plu à les rassembler sous le même point de vue. […] L’amour au Théâtre est toujours heureux, du moins dans les Comédies ; il y est peint comme un sentiment naturel, souvent comme une vertu. […] On leur donnera, je le veux, l’éducation la plus exacte ; on les instruira à réprimer toutes leurs passions, et surtout l’amour, à l’éviter, à le craindre ; on leur en fera un crime ; on le leur peindra affreux, dangereux ; on leur en fera sentir les conséquences ; on les veillera.
Que ces sentimens sont beaux, & qu’ils peignent admirablement la religion de la pieuse Princesse qui les exprime !
» « Le mal qu’on reproche au Théâtre, n’est pas seulement d’inspirer des passions criminelles ; mais de disposer l’âme à des sentiments trop tendres qu’on satisfait ensuite, aux dépens de la vertu. » « Quand il serait vrai qu’on ne peint au Théâtre que des passions légitimes,37 s’ensuit-il de là que les impressions en sont plus faibles, que les effets en sont moins dangereux ? […] Mais instruit par le Président du Congrès de l’Arrêté ci-dessus, il le remercia de ce qu’il lui apprenait, et ajouta : Puisque le Congrès a défendu les Spectacles, je n’irai sûrement peint.
C’est un vrai caractère que de savoir & vouloir peindre tous les caractères pour les ridiculiser. […] En faire un drame, ajoute-il, c’est donner un corps à un être ideal, (cet être n’est que trop réel & trop commun,) c’est tout ce qu’il y a de plus volatil ; (cela est vrai ; mais le volatil est un être réel ; un caractère volage, frivole, un petit maître, un comédien, sont très-réels ;) c’est peindre un masque par une figure naturelle.
On auroit dû donner au public ce testament ; il auroit peint la testatrice. […] Voilà son portrait, & pour peindre le Panégiriste, il suffit de dire, c’est un Almanach, & un Almanach de Théatre.
Martin de Tours dont il étoit Chanoine ; le fond de l’intrigue étoit un mandement du Chapitre pour la réception de la constitution que ses ennemis firent brûler dans le cloître ; ses confreres paroissoient tour à tour sur la Scène, peints, nommés & tournés en ridicule ; il y fait venir les Musiciens, les enfans de-Chœur, le Carrillonneur & le Bedeau. […] C’est l’imagination la plus noire, qui ne peint que des objets terribles de toute espece, rien de plus hardi, de plus original, de plus rapide que son style, & de plus affreux que ses couleurs ; son pinceau l’emporte & sur Crébillon & sur tous les Tragiques François ; il faut un goût particulier de tristesse pour soutenir cette lecture ; elle plait aux Anglois qui se repaissent d’horreurs ; son génie est plus profond, mais plus boursoufflé, le gigantesque, même le bas, le trivial aussi fréquent que le sublime, sont retrouvés à chaque page, le coloris Britannique, c’est sur-tout le caractere de ses nuits, ouvrage célébre à qui rien ne ressemble, toutes ses œuvres, & singulierement son théatre, est le pendant de celui de Shakespear ; il n’a pas assez de beauté pour être comparé au paradis de Milton.
S’ils veulent peindre le sublime amour de la liberté, c’est dans les républiques anciennes, chez les Grecs et chez les Romains qu’ils doivent puiser leur sujet ; et s’ils veulent exposer toutes les injustices et les atrocités d’un gouvernement despotique, ils ne peuvent guère offrir au spectateur que des Musulmans. […] Ericie ou la Vestale, par M. de Fontanelle, a été défendue pendant quinze ans, quoiqu’on la jouât dans toutes les provinces, parce que, sous cette allégorie, l’auteur s’étoit permis de peindre les dangers des vœux monastiques.
Il y a encore d’autres vices dont nous ne sommes pas moins susceptibles que de celui-là qui y sont pareillement excités, tels sont l’orgueil, l’ambition, les maximes du faux honneur, la jalousie, la vengeance, tous peints avec des couleurs si belles, qu’on se sent forcé d’estimer ceux en qui ils se trouvent.
Du caractere dont je vous ai peint les jeunes gens, qui en sont leurs maisons de plaisance, vous sentez, Monsieur, qu’il est moralement impossible qu’il ne s’éleve pas entr’eux différentes disputes. […] Ajoutez à cela, que la plus grande partie des jeunes gens, qui fréquentent ces Salles, sont des Spadassins, des Coupes-jarrets, des Recruteurs, & d’autres individus de cette espace, qui passent leur vie dans les Tricots de la Capitale, On n’ignore pas que ces êtres obscurs, qui ressemblent à ces anciens Capitans, si burlesquement peints par Corneille, puisqu’ils en ont toute la morgue & l’arrogance, sont les soutiens des Trétaux ; qu’eux seuls & les filles de joye y donnent le ton, sur-tout, aux représentations nocturnes. […] Il est inutile de m’arrêter à peindre tout le ridicule, toute la gaucherie de cette nouvelle Troupaille ; je me contente d’observer que son voisinage perfide a presqu’entierement perdu les mœurs des Paysans & des Paysannes de huit à dix Villages. […] Abandonnez les tristes Romans dramatiques, les sentences & les déclamations fastidieuses ; ouvrez les yeux autour de vous, il est encore des ridicules, il est des méchans & des sots, montrez-les, & ils se cacheront ; peignez-les, & vous aurez imité Moliere !
N’auons nous pas veu chez les Poëtes Courtisans, des Villageoises coquettes & affétées ; des Bergeres chargées de pierreries & de toile d’or ; peintes & fardées de tout le blanc & de tout le rouge de nos voisins ?
L’vn fait exprimer à sa trompette vn son guerrier & enroüé, & l’autre fait exprimer à sa flute des voix plaintiues ; vn autre voulant accorder vn instrument auec la voix delicate d’vn homme, emplit le corps du sien de l’air qu’il a premierement attiré dans ses poulmons ; il se peint la face à force d’y souffler, & puis retirant par les pertuis l’air qui s’y est gardé quelque temps, & entrecouppant le son à diuerses reprises, il tasche de donner à ses doigts l’vsage de la parolle : Et bien qu’il forme seulement des voix inarticulées, n’est-il pas bien m’éconnaissant de renuerser ainsi les ordres du createur, qui pour parler ne luy a pas dõné les doigts mais la langue.
Ils sont très-peu reconnoissans du zèle de leur Démosthène : ils se plaignent qu’il les a mal peints, qu’il n’a crayonné que les mœurs de la populace.
La mort de la le Couvreur sous le pinceau de Voltaire peint vivement ces vérités.
Le grand jeu des diables, ou le roi Hérode ; c’est ici une des mascarades les plus bruyantes et les plus scandaleuses ; ce sont des portefaix déguisés et masqués en diables, ils ont un corset et de très longues culottes noires, cousus ensemble, et des flammes rouges peintes sur ces habillements ; leur têtière est noire et rouge, avec de longues cornes, formant une vraie tête de diable, et représentant des têtes horribles d’animaux ; ils sont affublés de deux rangs de sonnettes qu’ils portent en bandoulière et en sautoir, et qui produisent un tintamarre vraiment infernal : ils ont tous des fourches à la main. […] Ils ont tous un cheval figuré en carton peint, c’est-à-dire, seulement la tête et le poitrail d’un côté réunis à la croupe de l’autre, en laissant un vide qui permet aux jeunes cavaliers de placer leurs corps entre deux, pour paraître enjambés sur ce cheval, d’où il pend une sorte de caparaçon, en couleur de rose, pour cacher les jambes des cavaliers. […] La mort ; qui est représentée par une figure noire, avec des ossements de squelettes peints dessus, et une horrible têtière ou masque bien caractérisé.
Dryden nous peint Jupiter avec des couleurs si étranges ? […] Un Peintre qui habillerait un Monarque en Scaramouche, ou un singe en Monarque, peindrait-il au naturel ? […] On doit donc être attentif à prendre bien les caractères et à peindre les grands personnages semblables à eux-mêmes ? […] Il y est peint avec tous les traits de la terreur : les sens en frémissent et l’âme en est saisie d’étonnement.
Page 56 Critique de la brochure intitulée, les Jésuites, peints par Henri IV.
On n’y trouve point de passions frivoles, peintes de façon à en faire goûter le plaisir. […] Je conviens que le caractere de cet Auteur est de paroître plein du langage philosophique, sans être véritablement Philosophe ; qu’il est livré aux paradoxes d’opinions & de conduite ; qu’en même temps qu’il peint la beauté des vertus, il l’éteint dans l’ame de ses Lecteurs. […] « Quand il feroit vrai qu’on ne peint au Théatre que des passions légitimes, s’ensuit-il delà que les impressions en sont plus foibles ; que les effets en sont moins dangereux ? […] « Si dans la Comédie on donne un appareil plus simple à la Scene, & si l’on rapproche le ton du Théatre de celui du monde ; on ne corrige point pour cela les mœurs : on les peint ; & un laid visage ne paroît point laid à celui qui le porte. […] Les gens sages n’auroient dans cette foule de Spectateurs aucune autorité pour contraindre les Poëtes de ne point peindre les vices avec tout le cortege des graces, avec tous les pieges des sentimens délicats ; & avec tout le venin de l’enchantement, ils n’y auroient pas le droit de défendre aux Acteurs de faire rougir un front vertueux : enfin ils entreprendroient inutilement de tirer l’Art dramatique, innocent en lui-même, de la cruelle nécessité où on l’a réduit d’être coupable des crimes d’autrui, & de la perte des cœurs.