Et on ne doit pas excepter dans cette occasion les personnes grossières et de la campagne, à cause de leur simplicité ; parce que encore bien qu’il semble d’une part qu’elles ne pussent pas être si sujettes à cette sorte de péchés que ceux qui vivent dans les villes, et principalement ceux qui y mènent une vie oiseuse et faineante ; Il est pourtant assuré de l’autre, que leurs passions naturelles sont plus facilement émus, aussi bien que dans les animaux privés de raison, à la présence des objets qui les peuvent exciter.
NDE L'évagation est la disposition qui empêche de se fixer à l'objet qui devrait l'arrêter (Littré).
., devait nécessairement être donné par les ministres propres de son Eglise ; et à bien plus forte raison, l’observation des canons des saints conciles est un objet sacramentel pour les ecclésiastiques.
Objet unique de notre amour, Dieu veut que nous lui rapportions toutes les pensées, toutes les volontés et tous les actes d’une âme qu’il a créée pour sa gloire, et formée à son image.
Le temps n’est plus où le caprice et l’oisiveté pouvaient enfanter des volumes sans objet ; les travaux de l’esprit sont actuellement vus sous un aspect plus élevé ; l’art de l’historien ne consiste plus à tourner adroitement des épigrammes ; on n’irait pas loin en estime littéraire par une élégie sur les rigueurs de la marquise ou une épitre légère sur les séductions du chevalier ; nous voulons dans les romans autre chose que les mœurs de l’antichambre ou du boudoir, et certes, ce serait à nos yeux un étrange philosophe que celui qui n’étudierait la nature morale de l’homme que pour en faire saillir toutes les imperfections, ou qui s’attacherait à éteindre toute exaltation de l’âme par un froid et amer dénigrement.
Leurs Poètes ont pensé avoir atteint au suprême degré de leur Art, d’avoir exprimé naïvement toutes les passions, et c’est où l’on trouve le plus de danger ; C’est comme les Peintres qui ayant employé tous leurs efforts à représenter des Nudités dans leurs Tableaux, sont condamnés par les personnes austères qui croient que de tels objets causent de mauvais désirs.
Une Amante passionnée n’estime que ce qui a du rapport à son amour, et ce qui le favorise ; méprise sa réputation, pourvu qu’elle puisse se satisfaire ; se moque des avis qu’on lui donne, quand ils s’opposent à sa passion ; sacrifie sa gloire et sa fortune pour plaire à l’objet de sa tendresse. […] La fin des pièces dramatiques est d’exciter en l’âme plusieurs passions tour à tour, la tristesse, la joie, la douleur, l’espérance, le désespoir : Ces passions entrent dans l’âme par les yeux, et par les oreilles, par les spectacles, et par les récits ; lorsqu’on fait voir au spectateur, quelque objet pitoyable, ou qu’on lui raconte quelque Histoire tragique. […] Il n’est pas nécessaire pour condamner les Comédies, qu’elles soient déshonnêtes, et remplies de sentiments superstitieux ; tout ce qui les accompagne ; la magnificence du spectacle, la manière mondaine, les ajustements des Comédiennes, la compagnie qui s’y trouve, la peinture des passions que l’on tâche d’inspirer à tous les spectateurs, les impressions que ces objets laissent dans l’esprit et dans le cœur des jeunes gens ; tout cela suffit pour rendre l’usage de la Comédie très criminel.
Saint Jérôme expliquant ces paroles de l’Ecclésiaste ; « Il y a des temps destinés pour les embrassements, et il y en a d’autres èsquels il s’en faut retirer »38, dit que le temps destiné pour les embrassements, est celui auquel l’Ame Chrétienne s’occupe à l’acquisition de la sagesse, traitant et conversant avec elle, et que le temps destiné pour s’en retirer, est celui auquel on jette son esprit sur quelque autre objet, afin de l’égayer un peu, et de le débander. […] 1. comme devant l’objet principal de nos récréations, « recréez-vous en Dieu, et il vous accordera ce que vous demandez »,83 disait David : Dans le Ciel, vos récréations seront en lui, et avec lui ; çà-bas en terre, il vous a permis les jeux récréatifs s’accommodant à notre infirmité ; et est recréé en iceux, quand il voit la bonne intention que nous avons en les faisant, et les bonnes circonstances, desquelles nous les accompagnons. […] Jouant avec trop d’affection, car pour honnête que soit une récréation, c’est vice d’y mettre son cœur, et son affection ; c’est dire, la désirer trop, s’y amuser, et s’en empresser ; il y a d’autres objets à affectionner bien plus relevés que celui-là : ce n’est pas qu’il ne faille prendre plaisir à jouer pendant que l’on joue, car autrement on ne se recréerait pas ; mais il ne faut pas y mettre son affection excessive.
C’est cette seule considération qui me porte à écrire après eux, à attaquer aujourd’hui cet ouvrage par rapport à ses résultats sur nos mœurs, et à montrer combien étaient justes les pressentiments de ces grands hommes, et comment l’objet de leurs craintes s’est réalisé avant, et sans l’influence des nouvelles théories philosophiques.
Des Républiquains étoient contents de voir les Rois être les jouets de la Fortune, & les objets de la colere divine.
C’est par le mérite et la réputation d’hommes d’esprit, qu’ils parviennent ordinairement au poste élevé et si important de ministres, qui fait l’objet des désirs de tant d’ambitieux.
Il y en eut enfin qui n’avaient d’autre objet que l’exercice du corps et le pur divertissement.
Ils meprisent l’original sur de méchantes cópies que l’on leur expose, comme auant que d’auoir veu vne ville que nous depeint vn Voyageur chagrin à qui elle n’a pas plû, nous en formons vne triste image que l’objet dement quand nous la voyons de nos propres yeux. […] Il y a de ces Societez, qui ont pour objet de fournir à l’homme tout ce qui luy est necessaire pour le corps, & jusqu’aux delicatesses dont il se pourroit passer. […] La Pastorale n’a pour objet qu’vne auanture de Bergers & de Bergeres, comme l’Amarante de Gombaud. […] Mais il se peut faire qu’on les cite quelque fois mal à propos, & que les Poëmes Dramatiques de nôtre tems n’auroient pas esté generalement l’objet de leur seuere censure. […] D’où l’on peut conclure, ce me semble, que la Comedie Italienne n’a pas tout à fait le mesme objet que l’a nôtre de diuertir & d’instruire, ce qui est la perfection du Poëme Dramatique.
Si un simple regard jetté par hazard sur une personne qui se présente & qu’on ne cherche pas, peut produire des effets si dangereux, dans les lieux mêmes les plus saints ; que ne feront pas des regards passionnés dans ces lieux d’une licence effrénée, où l’effronterie est comme de saison, & où l’on ne va que dans le dessein prémédité d’y trouver les objets les plus séduisant ? […] Croix adorable de mon Sauveur, c’est donc vous seule qui êtes un spectacle d’édification à toute l’Eglise, le digne objet de la piété des Chrétiens, & le juste sujet de leur amour, comme vous êtes le modéle parfait sur lequel ils doivent se former.
Un regard, une pensée sur un objet défendu, sont des péchés ; un regard, un cheveu peut faire naître à quelqu’un, de mauvaises pensées pour séduire son cœur, & le blesser par l’amour. […] Henri Henriques, Portugais, d’abord Jésuite, & ensuite Dominiquain, enfin redèvenu Jesuite, a composé une Somme Théologique, éloignée des deux excès, du rélâchement & de la sévérité ; c’est un Casuiste judicieux, méthodique, clair & précis, habile Canoniste : il parle, L. 8, C. 56, de ceux à qui on doit réfuser, même publiquement, la Communion, il décide comme tout le monde, qu’il faut la réfuser aux pécheurs publics, selon ces paroles de l’Evangile : ne donnez pas les choses saintes aux chiens ; il distingue les différentes especes de notorieté, & de connoissance personnelle, qu’on peut avoir du crime, & donne des exemples de plusieurs sortes de pécheurs publics, qui ne méritent pas de communier ; la plupart ne sont pas l’objet de cet ouvrage.
Deux entre autres partagés sur la République, dont l’un cherche à la renverser, l’autre à ménager ses intérêts, ont eu un démêlé très-vifs, & ont été au moment de tirer le sabre, pour un objet qui ne mérite gueres de les occuper. […] Les folles depenses que vous faites pour satisfaire vos passions, votre luxe, votre gourmandise, aggravent la misere publique, & prouvent que les objets dont vous vous occupez le moins sont les intérêts du peuple & les affaires dont vous êtes chargés.
Permettez-moi de vous raconter un fait qui, quoiqu’assez comique, vous fera juger de l’effet que cette excellente Tragédie est capable de produire : tout Marseille vous en attestera la vérité, « Et vous entendrez là le cri de la nature. » Un Capitaine de Vaisseau qui n’avait jamais vu de spectacle, fut entraîné par ses amis à la Comédie, on y jouait Atrée ; notre homme, ébloui par des objets tout nouveaux pour lui, oubliant que c’était une fable qu’il voyait représenter, lorsqu’il entendit Atrée prononcer ce vers qui vous choque si fort et par lequel il s’applaudit du succès de ses crimes, notre homme dis-je, se leva tout à coup avec fureur en criant : « Donnez-moi mon fusil que je tue ce B. là. » Vous jugez bien qu’une pareille scène fit oublier la catastrophe à tous les autres Spectateurs et que bien en prit aux Acteurs que le vers qui mettait le Capitaine en fureur était le dernier de la pièce, car ils auraient eu peine à reprendre leur sérieux après une pareille saillie. […] C’est encore un objet sur lequel je puis vous sommer de vous en rapporter à mon expérience.
Boisrobert écrivait régulièrement, Corneille répondait ; il représentait avec de grands compliments, qu’« un si petit objet n’était pas digne de l’Académie, qu’un libelle qui ne méritait pas de réponse ne méritait pas de jugement », qu’une si grande complaisance autoriserait la jalousie, qu’on importunerait tous les jours l’Académie, et que dès qu’il paraîtrait quelque chose sur le théâtre, le moindre Poète se croirait en droit de faire un procès à l’Auteur devant son tribunal. […] Il fallait, pour se maintenir, tourner les esprits sur quelque autre objet ; rien n’y était plus propre que d’endormir dans les plaisirs, dissiper par les spectacles, amuser par les fêtes, gagner par des magnificences, des Courtisans inquiets, qui laissés à eux-mêmes ne cessaient de cabaler contre lui.
Theophile Patriarche d’Alexandriea, parce que les Spectacles sont contraires à la discipline des Chrêtiens ; Minutius Felixb, parce qu’ils sont mauvais ; Tatienc, parce que les Comédies sont pleines de choses frivoles & inutiles ; Tertuliend, par le jugement que les hommes font de ceux qui les representent & qui passent dans leur esprit pour des gens infames ; par le jugement que Dieu même en porte, n’y aïant rien dans les Spectacles qu’il ne condamne ; parce que les Spectacles sont du nombre des pompes du diable, ausquelles nous avons renoncé dans nôtre Baptême ; parce que les Païens mêmes jugeoient qu’un homme estoit devenu Chrêtien à cause qu’il s’en abstenoit, reconnoissant que l’instinct de la pieté Chrêtienne éloignoit du theâtre ceux qui en faisoient profession ; parce qu’il est impossible d’y conserver les sentimens de pieté qu’un Chrêtien doit toûjours avoir dans le cœur ; parce que tous les objets qui s’y presentent à lui, ne sont propres qu’à le détourner de Dieu & à l’attacher à la creature ; parce qu’il est ridicule de pretendre en pouvoir faire un bon usage & les rapporter à Dieu ; parce que supposé qu’il y en eût d’honnêtes, les Chrêtiens ne doivent toûjours les regarder que comme un miel envenimé, dont ils ne peuvent goûter sans danger de se donner la mort ; enfin, parce que l’état d’un Chrêtien en cette vie est de fuïr toutes sortes de plaisirs, & de faire consister toute sa joïe dans les larmes de la penitence, dans le pardon de ses pechez dans la connoissance de la verité & dans le mépris même des plaisirs les plus innocens & les plus legitimes. […] Quelques Philosophes ont donné ce nom au repos & à la tranquillité ; ils en ont fait l’objet de leur joïe, de leur application & de leur gloire ; Et vous, Chrêtiens, vous ne soûpirez qu’après les Comédies ? […] a « Les Prêtres doivent s’éloigner de tous les objets qui ne font que charmer les oreilles & surprendre les yeux par des apparences vaines & pernicieuses, & ils ne doivent pas seulement rejetter & fuir les comédiens, les farceurs, & les jeux deshonnêtes, mais ils doivent encore representer aux Fidéles l’obligation où ils sont de les rejetter & de les fuir. » 3.
Un Auteur a fait un ouvrage qui lui mérite d’abord une approbation universelle ; il plaît à un critique qui a du crédit dans la République des lettres, de tourner le nom de l’Auteur en ridicule, & voilà l’Auteur & son ouvrage devenus l’objet du mépris universel.
Il n’en sera pas moins constant, qu’elle aura sa source primitivé dans la beauté des objets qui nous seront présentés.
C’est précisément sa douleur qui fait sa joie dans ces spectacles d’attendrissement ; mais comme la compassion qu’inspire la Tragédie, est proprement une compassion stérile, qui ne tend pas à secourir les affligés, mais seulement à s’unir de cœur à leur affliction ; il s’ensuit qu’on prend tout le mauvais de la Tragédie, et que le bon échappe faute d’objet sur qui l’appliquer.
» Que les Prédicateurs et les Théologiens, frappés de ces exemples, ne cessent point de crier contre les Spectacles, tandis que l’Eglise lance ses foudres contre les Comédiens ; qu’ils représentent le Théâtre, comme l’école de l’impureté, la nourriture des passions, l’assemblage des ruses du démon pour les réveiller, où les yeux sont environnés d’objets séducteurs, les oreilles ouvertes à des discours souvent obscènes et toujours profanes, qui infectent le cœur et l’esprit.
Cette forme est en général quelque motif de joie, et quelque matière de plaisir que notre âme trouve dans tout objet moral. […] Je réponds à cela, que l’excès de Ridicule que ces manières ont dans Panulphe, fait que toutes les fois qu’elles se présenteront au Spectateur dans quelque autre occasion, elles lui sembleront assurément ridicules, quoique peut-être elles ne le seront pas tant dans cet autre sujet que dans Panulphe : mais c’est que l’âme, naturellement avide de joie, se laisse ravir nécessairement à la première vue des choses qu’elle a conçues une fois comme extrêmement ridicules, et qui lui rafraîchissent l’idée du plaisir très sensible qu’elle a goûté cette première fois : or, dans cet état l’âme n’est pas capable de faire la différence du sujet où elle voit ces objets ridicules, avec celui où elle les a premièrement vus. […] Ceux qui ont étudié la nature de l’âme, et le progrès de ses opérations morales, ne s’étonneront pas de cette forme de procéder si irrégulière dans le fond, et qu’elle prenne ainsi le change, et attribue de cette sorte à l’un ce qui ne convient qu’à l’autre : mais enfin c’est une suite nécessaire de la violente et forte impression qu’elle a reçue une fois d’une chose, et de ce qu’elle ne reconnaît d’abord et ne juge les objets que par la première apparence de ressemblance qu’ils ont avec ce qu’elle a connu auparavant, et qui frappe d’abord les sens. […] Que si pourtant, malgré tout ce que je viens de dire, on veut que l’âme après le premier mouvement qui lui fait embrasser avec empressement la plus légère image de Ridicule, revienne à soi, et fasse à la fin la différence des sujets ; du moins m’avouerez-vous, que ce retour ne se fait pas d’abord ; qu’elle a besoin d’un temps considérable pour faire tout le chemin qu’il faut qu’elle fasse pour se désabuser de cette première impression ; et qu’il est quelques instants, où la vue d’un objet qui a paru extrêmement ridicule dans quelqu’autre lieu, le représente encore comme tel, quoique peut-être il ne le soit pas dans celui-ci.
Il est du moins certain que Molière lui-même travailla, sûrement sans y penser, dans le goût des Drames qui sont l’objet de notre estime.
On se plaît dans ce siècle singulier à contempler des objets vils & méprisables : Que la Nature donc soit votre étude unique.
Ce qui était autrefois l’objet des premiers Magistrats ; ce qui fesait la gloire d’un Archonte Grec, & d’un Edile Romain, j’entens de présider à des Pièces Dramatiques avec l’Assemblée de tous les Ordres de l’Etat, n’est plus que l’occupation lucrative de quelques Citoyens oisifs.