Nos moralistes trop indulgens sur l’intention des maîtres ont fermé les yeux sur les suites, en s’approchant du grand théatre, par les essais qu’il en fait, ce jeune homme se lie avec les acteurs, dès son entrée dans le monde, son cœur ne tarde pas d’être de moitié dans cette société, il ne peut que s’y former à la dissipation, à la frivolité, vice dominant de la nation : avouons à l’honneur de l’Université de Paris, que ce misérable accessoire de l’éducation n’est point de son invention, elle ne l’a adopté qu’imparfaitement, & à regret, par émulation, elle eût risqué de voir les écoles désertes, si elle avoit privé les femmes des plaisirs de voir leurs enfans figurer dans cette brillante mascarade : maintenant que cette émulation est anéantie avec les émules, les patriotes s’éléveront contre l’abus. […] La tragédie grecque à peine transportée des traiteaux de Tespis sur un théâtre imparfait, montre d’abord plus de pompe & de majesté, qu’on n’a sçu lui en donner chez les Nations les plus policées : après des siécles d’émulation & de travail ; il est difficile après ces lectures de s’accoutumer aux monstres dramatiques produits en Europe, deux mille ans après la perfection du théâtre.
Les génies de ses nations entraînent les Abbés qui ne sont pas assez en garde comme l’esprit du monde ; l’Eglise gémit des profanations du Sanctuaire par les mains de ses Ministres. […] Les murailles sont toutes chargées des images des Dieux des nations, elles font toute la décoration du Théatre, universa Idola descripta in pariete in circuitu per totum .
Ce mélange du vrai & du faux a répandu de si épais nuages sur les annales du genre humain, que l’origine de toutes les nations n’est qu’un cahos.
Dès que le goût se relacha, dès que la frivolité vint s’emparer des têtes Françaises, toujours prêtes à la recevoir, il marqua l’instant de son triomphe, il osa se montrer au grand jour, & devint dans peu le Spectacle de la nation. » Voilà, je l’avoue, une critique à laquelle il est assez difficile de répondre.
L’oisiveté, la paresse, la volupté, rendirent esclave une nation invincible : « Ita gens industria potens, manu strenua, mollitie virtutem pristinam perdidit, et quos ante Cyrum invictos bella præstiterant, in luxuriam lapsos otium ac desidia superavit. » Qu’on ne soit pas surpris que je parle de théâtre dans des temps si reculés, il était déjà établi en Grèce, par conséquent connu dans l’Asie mineure et par Cyrus.
La prétendue brèche qu’y fait la loi de la continence, que le Clergé s’impose, est un de ces lieux communs qu’opposent tous les jours ces livres innombrables de politiques, qui semblent être les arbitres du sort des états, et les législateurs des nations.
La nation dramatique est une espece d’association & de cotterie, dont le théatre est le lien. […] Les Mexiquains imitoient toutes les nations qu’ils connoissoient, surtout les gens disgraciés de la nature, bossus, boiteux, nains, les contrefaisoient les uns les autres, ce qui faisoit des comédies très-divertissantes.
IV, pag. 85) : « Je croirais la décadence de notre nation prochaine, si les hommes de quarante ans n’y regardaient pas Corneille comme le plus grand génie qui ait jamais été.Quelle rapidité dans son vol ! […] Le génie et les succès de Corneille bien appréciés, ne sont donc que le ton sur lequel les guerres civiles avaient monté la nation.
Vous voyez bien que ce qui regarde les mœurs et la vertu, n’entre point dans les Coutumes des Nations, puisqu’à l’égard de ces choses, ce n’est pas la coutume qu’on doit suivre, mais la raison ; et répondre comme vous faites, c’est de même que si un Général d’Armée qui combattrait maintenant sans prendre son temps et ses mesures, répondait à ceux qui voudraient l’instruire par l’exemple des Anciens Grecs et Romains ; c’est, dis-je, comme s’il répondait, que les Anciens avaient d’autres coutumes que nous, et qu’il lui est permis maintenant d’être imprudent et téméraire, parce que les coutumes des Nations sont différentes.
Or comme ainsi soit que les spectacles soient pernicieux à toutes sortes d’hommes, ils le sont notamment à la jeunesse, et aux nations plus septentrionales, lesquelles sont plus légères que les autres, et ayant la force de leur esprit aux sens, reçoivent avec plus d’avidité par les yeux, les gestes vicieux, que ne font les nations méridionales, lesquelles comme plus mélancoliques, ayant une sévérité naturelle, ne les reçoivent pas si aisément ». […] Or quoi que jusques ici j’aie assez discouru, combien il y a de vices entre les Romains, desquels les nations barbares ne sont point souillées, j’en ajouterai encore beaucoup qui défaillentgr ; mais devant que le dire je donnerai cet avertissement, qu’il n’y a aucune espèce de péché qui concerne le déshonneur de Dieu, que personne doive estimer léger. […] Toute la nation des Hébreux cheminant par le désert pour avoir désiré de la chair accoutumée, perdit une partie de son peuplegw.
Les François & les Italiens, je dis les plus déreiglez & les moins retenus de l’vne & de l’autre nation, n’ont garde d’aller jusques là : Leur extrauagance est dans vn estage beaucoup plus bas.
Ce chef d’œuvre est digne de Marseille, Ville opulente, & des plus commerçantes, où abordent chaque jour des bâtimens de toutes les nations, qui sont enchantés d’aborder dans ce port de la vertu, & de trouver tous les plaisirs rassemblés ; c’est-à-dire, toutes les marchandises spirituelles, à juste prix, pour faire saintement le commerce.
Machiavel étoit naturellement comédien & satyrique : c’est le goût de sa nation.
Je crois que les Espagnols ont la mesme dificulté, à cause de l’habitude qu’ils ont contractée avec la Harpe : & qui voudroit faire dancer quelques Entrées extravagantes & burlesques, n’auroit qu’à en commettre, l’execution à quelqu’un de ces deux Nations nouvellement arrivé en France, & peu ou point fait à la maniere & au mouvement de nos Violons. […] Mais quand la curiosité ne toucheroit pas un Autheur, ou quand la paresse prevaudroit à tous les desirs imaginables, de s’instruire des differentes manieres d’habits des Nations ou anciennes ou modernes ; il ne pourroit pas se dispenser de consulter du moins les sçavans, les curieux, en Estampes ou en Medailles : Car autrement, comment fera-il paroistre des Asiatiques ? […] & comment la distinguera-il de celle de Perse, de la Libiene, de la Phrygienne & de toutes les autres, s’il ne les expose aux Spectateurs, revétuës des habits de leur Nation ?
Nous voyons aussi que les Idoles des Nations s’honoraient de la même manière ; et on peut dire que c’était en partie ce qui causait les fréquentes infidelités du peuple Juif. […] Ne pouvez-vous donc vivre sans les joie du monde ; vous pour qui la mort doit avoir ses douceurs ; vous qui ne devez point avoir de plus grand desir que de sortir de cette vie, et être presenté avec l’Apôtre au Seigneur… Quel plus grand plaisir peut goûter un Chrétien, que le dégoût du plaisir, que le mépris de la vie présente, que la liberté des enfants de Dieu, que la pureté de la conscience, que la paix qui se goûte par celui qui est content de son état présent, que l’affranchissement de la crainte de la mort, que cette foi généreuse avec laquelle on foule aux pieds les Dieux des Nations. […] C’est pourquoi ces exemples sacrés ne doivent point être rapportés pour excuser nos Comédies, qui sont toujours profanes, si elles ne sont pas impures. » Et ce grand Cardinal est tellement persuadé que les hommes sont à présent incapables de rectifier le divertissement des Spectacles, qu’ayant rapporté dans ce même Livre toute sorte de raisons et d’autorités, pour montrer que c’est profaner les Dimanches et les Fêtes, d’en employer une partie à ces sortes d’amusements ; considérant enfin la Comédie dans les circonstances dont il semble qu’elle ne peut plus être séparée, il parle de la sorte dans le Chap. 16. « Alexandre Roi de Macédoine, ne voulut point voir les filles de Darius, de peur qu’ayant vaincu tant de Nations par la force de ses armes, il ne fût vaincu lui-même par les charmes des filles : Mais les Chrétiens, qui sont engagés par la grâce de leur Baptême à une vie bien plus sainte, dressent eux-mêmes mille pièges à leur pudeur : ils s’exposent sans crainte aux plus grands dangers, par un mépris horrible des enseignements du saint Esprit, de l’honneur de Dieu et de leur propre salut.
Il devint l’Aristarque de la Nation. […] Voici la satyre du Théatre, ou plutôt de la Cour & de la Litterature, qui ne peuvent être mieux ridiculisées qu’en faisant des courtisans & des Auteurs, une troupe de Comédiens Ces peuples surpassent toutes les nations pour l’adresse & la magnificence.
Après cela, il témoigne son zèle pour le bien public, et se félicite « de voir la nation en sûreté contre les insultes des étrangers, etc. […] Oui, Prêtre que tu es, boute-feu qui allumes le flambeau de la discorde par toutes les nations…. […] Nous aurions des Magistrats qui feraient beaucoup d’honneur à la nation s’ils étaient formés et choisis de la main de notre Poète ! […] « Que leurs Ancêtres estimaient le Théâtre, un scandale et une honte pour la nation ; que tout Romain qui se faisait Acteur, n’était pas seulement dégradé, mais désincorporé et dénaturalisé, pour le dire ainsi, par l’ordre des Censeurs.
Il reconnoît dans l’Eglise un pouvoir d’excommunier, dont toutefois il fait dépendre l’exercice public du consentement de la nation, (pag.
Pour éviter ce double danger, la nation n’avoit jamais vu que les Chérubins qui étoient au dessus de l’Arche, & les bœufs qui soutenoient la mer d’airain de Salomon.
Elle en regarde le commencement, la suite et le dénouement, si les passions y sont traitées avec délicatesse, ou avec force et véhémence selon leur nature, ou selon leur degré, si les caractères et les mœurs des nations, des âges, des conditions, des sexes et des personnes y sont gardées: si l'action, le temps, et le lieu sont conformes aux règles que les Poètes se sont prescrites pour faire que l'esprit de l'Auditeur n'étant point partagé soit plus susceptible du plaisir, ou de l'instruction qu'on prétend lui donner: si la versification en est belle et pure, et si les vers aident, par leur tour, par leur justesse, par leur son, par leur gravité, par leur douceur, par leur richesse et leur magnificence, par leur agrément, par leur langueur ou par leur vitesse, à la fidélité de la peinture que les pensées qu'ils expriment, doivent faire dans les esprits, ou à l'émotion du cœur qui doit être excité par les sentiments qu'ils représentent.
La magistrature est une sorte de sacerdoce, et chez plusieurs nations, les Prêtres étaient les juges nés de tous les différends.
Il l’embrassa, & lui dit : Je meurs content, je vous ai fait Poëte, je laisse un homme à la nation.
Pour dire que la Nation est condamnée à périr.
Quintilien, ce grand juge, que l’amour de sa Nation n’aveugle point, après s’être si étendu dans l’éloge des Poëtes Grecs, ne fait qu’en peu de mots celui des Poëtes Latins, & ne compare pas, comme nous avons coutume de faire, Horace à Pindare, Virgile à Homere.
Ces usages, dans le goût de ces nations, où à travers quelques abus on voit un fonds de piété, et des sentiments de pénitence, sont peu conformes à nos mœurs.
Il flatte peu la vanité ridicule d’un Régent ou d’un Religieux qui court après les applaudissements du public par des traits si peu dignes de lui, arbitrio popularis auræ, en les bornant à quelques Savants, nation peu nombreuse et fort sérieuse.
C’est pourquoi ni la longueur du temps, ni l’autorité des personnes, ni les privilèges des nations, n’ont pas la force de rendre légitime une mauvaise coutume.