La sotte vanité d’Armande qui, parce qu’elle est savante regarde avec horreur les liens du mariage, n’en est pas mieux traitée voyant son Amant devenir le mari de sa sœur : et dans le personnage de Trissotin, on trouve de même une belle instruction pour ceux qui ne cherchent que leur intérêt en se mariant.
On leur répond, sur l’autorité de plusieurs autres Théologiens, que les pompes du Démon sont dans le péché, & spécialement dans l’orgueil ; que les choses les plus riches & les plus brillantes ne sont point, en elles-mêmes, criminelles ; que le plus beau de tous les Spectacles est la contemplation du Ciel, de la Terre, & de la Mer ; que Salomon, dans sa gloire, n’étoit pas si artistement vêtu que le Lys des champs ; & que tous les efforts de magnificence, que peuvent faire les Souverains, ne valent pas un simple boccage que nous offre la Nature. […] On dira seulement, au sujet de la Morale qui y est répandue, que l’on ne croit pas qu’il y ait au monde une personne assez simple, ou environnée de gens assez simples, pour prendre des Chansons pour des vérités, que quand Quinault a dit : Est-on sage Dans le bel âge, Est-on sage De n’aimer pas ?
A-t-on jamais lu dans les Heures des Comédiens ce bel acte : Mon Dieu, je vous offre George Dandin, les fourberies de Scapin, que je vais jouer ou voir jouer, pour l’amour de vous & à votre gloire. […] Qu’eût-il pensé de l’opéra, où, selon l’expression de Voltaire, un art magique de cent plaisirs fait un plaisir unique, où la symphonie la plus harmonieuse, où les voix les plus mélodieuses, & selon Boileau les plus luxurieuses, chantent avec le plus grand art les airs les plus voluptueux & les plus tendres, où les Actrices les plus belles, les plus exercées, les plus complaisantes, expriment de la maniere la plus passionnée tout ce que l’amour a de plus séduisant & de plus vif ?
Le prémier de ces deux genres est digne de plaire à ceux pour qui le beau naturel a des charmes : sa modulation procède d’une suite de Sons liés ensemble sans violence ; c’est-à-dire conformément à ce que la Nature nous enseigne, & qu’on observe pour peu qu’on ait l’oreille & l’organe de la voix justes. […] On voit avec plaisir le trop de vivacité, de fracas & de maniéré, corrigé par une lenteur aimable, & par un beau simple.
Les beaux jours d’Athenes étoient passés, & les judicieux écrits d’Aristote sur la Poëtique, ne firent pas renaître ces grands Poëtes. […] Tous les malheurs qui depuis la guerre du Peloponese arriverent à ce Peuple si spirituel, si amateur de tous les beaux Arts, & si propre a y exceller, font voir combien peut devenir funeste la passion demesurée de ces Amusemens dont on ne doit être, comme disoit Agesilas, ni trop, ni trop peu curieux.
A la plus courte, de peur de m’y ennuier ; & à la plus belle, c’est à dire, où il se trouve plus de compagnie, pour y voir & être vûe. […] Je vous prie, mon Dieu, que tout cela soit pour vôtre gloire : je vous l’offre avec les merites de la vie, & de la mort de Jesus-Christ… Que vous semble-t-il, Madame, de la belle offrande, que cette pieuse Demoiselle fait au Seigneur ?
Il s’est porté à cet acte d’humanité avec zèle et en dépit des malédictions et des anathèmes de la faction de ces fanatiques qui s’arrogent si audacieusement les beaux titres de pères de la foi et de missionnaires. […] Le beau nom de libérateur fera désormais pâlir celui d’empereur et de conquérant ; si Washington soutint la guerre par nécessité, Napoléon la fit par manie.
On n'aurait qu'à rimer la plupart des conversations que l'Auteur fait tenir, ce serait de très belles scènes. […] L'Evangile a beau crier, faites ce qu'ils vous disent, et ne faites pas ce qu'ils font, on en appelle des sermons aux pièces, des missions aux décorations, de la morale à la pratique, et l'on court à la comédie comme à un plaisir indifférent qu'on peut goûter sans scrupule.
Qui penseroit à elles, dites-vous, si elles n’êtoient vûës de personne, si elles ne tâchoient de paroître belles & agréables ?
On a beau leur dire, qu’il y a des jeux defendus, des spectacles, & des assemblées ; ils s’en moquent, ferment les jeux, & se bouchent les oreilles pour ne point voir, ni entendre toutes ces choses, qui leur déplaisent.
Il cite en confirmation de son sentiment un beau passage de S.
C’est de là que naît dans les âmes pieuses, par la consolation du Saint-Esprit, l’effusion d’une joie divine ; un plaisir sublime que le monde ne peut entendre, par le mépris de celui qui flatte les sens ; un inaltérable repos dans la paix de la conscience, et dans la douce espérance de posséder Dieu : nul récit, nulle musique, nul chant ne tient devant ce plaisir ; s’il faut pour nous émouvoir, des spectacles, du sang répandu, de l’amour, que peut-on voir de plus beau ni de plus touchant que la mort sanglante de Jésus-Christ et de ses martyrs ; que ses conquêtes par toute la terre et le règne de sa vérité dans les cœurs ; que les flèches dont il les perce ; et que les chastes soupirs de son Eglise, et des âmes qu’il a gagnées, et qui courent après ses parfums ?
Purgez et épurez le théâtre, dépouillez-le de tout le prestige des passions et des intrigues érotiques, et réduisez-le à l’expression pure du beau, du grand, du sublime, du généreux ; dès-lors les spectacles, aux yeux de la multitude, perdront tout leur intérêt et le théâtre restera désert : preuve donc que les représentations scéniques, prises dans leur ensemble comme elles se font aujourd’hui, sont évidemment blâmables et doivent par conséquent être généralement interdites aux chrétiens, qui n’y rencontrent ordinairement que des occasions de chute et des périls évidents et certains. […] Voyez dans nos opulentes cités la jeunesse énervée, flasque, flétrie, fanée, saturée de plaisirs, de volupté, de musique, de spectacles, de danses, de bals et d’autre chose encore : la source des beaux sentiments est tarie, le caractère est dégénéré et le cœur desséché.
Pierre Corneille, dans ce monologue, fait lui-même la critique de l’amour, indigne de traverser les beaux sentiments qui animent Cinna. […] Je crois donc qu’en ôtant le personnage de Philoctète et en y substituant celui de Créon, que tous les modernes ont retranché, on rendrait l’Œdipe de M. de Voltaire aussi beau que l’original, et peut-être supérieur en quelques parties.
Fort de la pureté de mes intentions et de la certitude que mon opinion nouvelle, en cas d’erreur, et du reproche imminent d’avoir négligé ce précepte : Sumite materiam vestris qui scribitis æquam viribus , ne peut causer aucun mal, et pourrait encore, au contraire, donner quelques indications neuves et faire naître des idées utiles à d’autres écrivains plus exercés, qui considéreraient ce sujet sous de nouveaux points de vue ; j’aurai le courage d’écrire, de soumettre à la discussion la plus solennelle, et au jugement des hommes les mieux éclairés ce que je crois avoir remarqué de plus, en continuant de chercher de bonne foi, et sans d’autre passion que celle du bonheur commun, comment il s’est fait que, malgré toutes nos lumières et nos belles institutions, malgré nos immenses bibliothèques renfermant tant de plans et de systèmes, ou de bons livres destinés à nous améliorer, comme ceux qui paraissent encore tous les jours sous toutes les formes ; et malgré les exemples, les efforts successifs et continuels des orateurs les plus éloquents et les plus vertueux, et des sages les plus instruits, les plus persuasifs, secondés par les plus vigoureuses satires et censures ou critiques vivantes de nos personnes, de nos défauts et de nos vices, nous soyons toujours tombés en effet de plus en plus dans le relâchement, et soyons arrivés sitôt au degré de cette effrayante dissolution de mœurs dont un parti accuse aujourd’hui avec si peu de discernement ces moyens mêmes de réformation.
Dans les beaux siècles de la Grèce, ont fleuri les Euripides & les Sophocles.
Tout ce qu’il vous est possible pour paraître belle, agréable, charmante, et pour être du nombre de celles à qui on vient rendre des hommages comme à des divinités visibles.
Cette hypothèse que je viens de supposer, est celle au moyen de laquelle on serait parvenu à détruire tous les clubs des disciples de Loyola, à en disperser les membres, à les faire rentrer dans l’ordre social sans qu’ils puissent y nuire, à établir au plutôt une manufacture dans la belle maison de plaisance de Montrouge, dans cette trop fameuse jacobinière jésuitique, où résident les matadors dépositaires, en France, d’une portion de la souveraineté universelle du terrible Monarque des solipses qui pèse sur le globe terrestre.
On a beau dire que la comédie est autorisée par l’usage dans les Etats les mieux policés, qu’elle est permise partout : dèslors qu’on ne voit ni des Edits de la part des Princes, ni des Arrêts de la part des Magistrats qui la défendent, le prétendu usage en ce cas sera toujours un véritable abus qui ne la justifiera jamais, puisque l’Eglise l’a toujours condamnée. […] On a beau dire que le théâtre aujourd’hui est des plus corrects & des plus honnêtes.
On s’occupe de l’agrément & de l’extérieur plus que du fonds & de l’essentiel, on leur apprend les belles manieres & l’usage du monde. […] Qui s’attendroit à voir dans l’événement le plus grand, le plus mémorable, les conquêtes d’Alexandre, les deux misérables passions d’amour d’Alexandre & de Porus, qui défigurent le caractère héroïque de l’un & de l’autre, & qui n’aboutissent qu’à nous insinuer que dans les plus grands hommes, au milieu de leurs plus belles actions, l’amour non-seulement est excusable, mais nécessaire ?
C’était la vie entière de Jeanne, Reine de Naples et Comtesse de Provence, dont les amours, les mariages, les guerres, les crimes, la mort tragique, donnaient beau jeu au Poète. […] Il croit qu’« aussi galants que lui ils ne disputeront pas la préférence au beau sexe, il ne prend que trois Actrices, parce qu’il n’y a que trois grâces ».
a « Que les femmes, dit la Loi de Dieu, ne s’habillent point en hommes, ni les hommes en femmes ; car quiconque le fait, est abominable devant Dieu. » Sur quoi saint Ambroise fait cette belle reflexionb : « Si vous considerez avec attention (dit ce saint Prelat) ce qui est défendu par ce precepte du Deuteronome, vous verrez que ce déguisement est un dereglement étrange, que la nature même ne peut souffrir. […] Et certes c’est là que l’impureté triomphe souvent d’une maniere plus ingenieuse & plus subtile que par tout ailleurs sous le nom specieux d’honnête liberté, de belle humeur, de galanterie & d’enjoûment. […] Mais afin qu’on ne s’imagine pas que les sentimens des saints Peres soient outrez & trop severes, je veux bien rapporter ici le témoignage de deux grands hommes ; dont l’un a vêcu assez long-temps dans le beau monde, & l’autre a esté marié & a passé plusieurs années à la Cour, & qui par consequent méritent bien qu’on le croïe fut ce sujet.
Je ne m’arrêterai pas ici à ce que dit cet excellent Auteur contre la Comédie ; non plus qu’à ce qu’en a écrit Saint Cyprien : parce qu’il faudrait copier tous entiers les deux beaux traités qu’ils en ont fait. […] Si l’on est exact à observer ces belles règles dans tous les Collèges, les Comédiens n’auront plus sans doute aucun sujet de se plaindre, puisqu’il y aura une différence infinie entre leurs comédies, et celles qui se représentent dans les Collèges : et ce sera alors qu’on y verrait assister sans scandale, non seulement les Religieux des Ordres les plus austères : mais aussi les Evêques qui pourraient juger par ces coups d’essai quel est le fonds et le caractère de l’esprit des jeunes gens de leurs Diocèses, et en quoi ils pourront servir l’Eglise, si Dieu daigne les y appeler. […] Il ne faut point juger du péril qu’il y a en général d’aller à la Comédie, par les dispositions toutes singulières qui se peuvent trouver dans un très petit nombre de personnes ; mais par la multitude de ceux à qui l’expérience a fait connaître qu’on ne peut aller à ces assemblées du grand et du beau monde, sans un extrême danger de la pureté, de la piété et du salut ; et par conséquent sans crime, car je veux que la pièce soit si innocente, si modeste et si honnête, qu’on la pourra avoir et entendre sans que la pureté des yeux, des oreilles et de l’esprit en ressente aucune maligne impression (quoique cela soit très difficile dans la pratique) ce sera la pompe du siècle, l’empressement pour la satisfaction des sens et pour les plaisirs ; l’ardeur pour se remplir l’esprit et le cœur de l’estime et de l’amour de ce que le monde a de plus charmant et de plus propre à faire oublier Dieu et l’éternité, qui feront tout le mal, dit le P.
Le Public a reconnu et applaudi dans cette Pièce toutes les belles et bonnes choses que Mr. de Crébillon y avait reconnues. […] Je ferais moi-même la victime de cet avis, puisque je n’ai pas d’autre ressource ; mais je conseille pour l’avenir de ne plus faire d’Elèves pour le Théâtre qui ne soient nobles et à qui leur famille donne une assez bonne éducation, pour qu’ils ne démentent point par leur conduite les belles maximes qu’ils seront chargés d’introduire dans le cœur de ceux qui viendront les entendre. […] Au lieu de ces hyperboles insultantes dont on flattait le goût de la Canaille, on aurait, comme de bons sujets à qui aucune des belles actions de leur Maître ne peut échapper, manifesté plusieurs faits qu’il est bien honteux qu’il faille que ce sait moi qui les apprenne au Public.
Beau conseil véritablement ! […] Si vous êtes charmé de la poésie, vous avez assez d’autres livres que ceux des gentils : vous avez assez de beaux vers, assez de belles sentences, assez de cantiques, assez de chœurs de musique.
Les Ennemis du Théâtre ont voulu l’anéantir, en l’attaquant par la Religion, par les Loix & par le raisonnement : Mais le Gouvernement protége les Représentations Dramatiques ; & son approbation, sans doute bien fondée, rend inutiles les plus belles démonstrations.
Des Courtisannes d’aujourd’hui le luxe insolent feroit rire ; chaque amant épris sans amour, brûle de montrer au grand jour, & sa conquête & son délire ; veut que sa belle ait une cour, qu’elle soit par-tout, qu’on admire le collier qui pare son sein, ses coursiers, sa robe, son train. […] Une merveille rare, un Opera du dernier beau ; courez me fermer une loge. […] ne croyez pas que je veuille m’applaudir de cette circonspection timide, & que je n’eusse pas l’ambition d’égaler, s’il m’étoit possible, la vigueur d’un si beau modele. […] Mais si je pouvois rendre à la Nation une idée imparfaite de ces beaux jours de la Comédie si j’essayois de reculer un peu les bornes qu’on vous a peut-être trop légerement imposées, seroit-ce de vous que je devrois éprouver des difficultés décourageantes ?