Le temps donc estant venu, on levoit ou l’on tiroit ces barrieres & aussi-tost les chevaux & les Chariots, Stac. l. 6. […] Car outre que le commencement vint par des esclaves, qui estoient des miserables abandonnez à leurs mauvais destins ; ceux qu’on éleva & qu’on instruisit à ce mestier n’y acquirent pas plus de gloire.
En effet, supposons un amant qui, dans le feu des passions, a promis à sa maîtresse de la défaire d’un homme qu’elle aime, mais qu’elle croit devoir haïr depuis qu’il lui est infidèle : supposons, dis-je, qu’aveuglé par son amour il ait tout promis, & que le hasard le conduise à la comédie le même jour qu’on y doit représenter Andromaque ; il écoute avec attention ; il voit dans Pyrrhus ce rival qui lui est odieux ; il est enflammé comme Oreste du plus ardent courroux ; Hermione est à ses yeux cette maîtresse chérie dont il attend sa félicité ; le sacrifice est ordonné ; Oreste tremble, recule, hésite, mais obéit ; il sort dans le dessein d’accomplir sa promesse, & vient bientôt annoncer à sa maîtresse qu’il a rempli ses engagemens : mais quel retour affreux !
Ce rapport préside à sa toilette, à ses études : il lui prescrit la maniere d’entrer & de se présenter sur la scène, d’y venir à propos, d’y prendre la place qui lui convient.
Il est des Autheurs des Comedies d’aujourd’hui, comme il a été de tout tems ; ils ont souvent recours à des saletés, parce qu’ils ne sçauroient plaire autrement : car comme l’interieur de la plûpart de ceux, qui s’y trouvent aujourd’hui, est aussi sensuel que dans les siécles de ces Peres, aussi voit-on, qu’aujourd’hui les Autheurs de ces piéces viennent à ce qu’ils ont de commun avec leur auditoire, & qu’ils en flattent la sensualité par des discours, qui passent d’ordinaire sous le titre d’expressions vives, parce que ces expressions allument un feu dangereux, & qui ne peut jamais être assez amorti.
On voit par tout ce qui vient d’être dit, combien est frivole et mauvaise l’excuse que les Comédiens en question apportent pour justifier leur long séjour parmi les hérétiques, où ils sont privés du culte que l’Eglise Catholique rend à Dieu, et qu’elle ordonne de lui rendre les Dimanches et Fêtes ; car ils n’allèguent point d’autre raison que leur Profession qu’ils exercent en ce Pays-là, et le gain considérable qu’ils y font : comme si une Profession que l’Eglise réprouve pouvait rendre un tel gain légitime, et excuser devant Dieu le violementc qu’ils font du précepte de l’Eglise, qui leur ordonne d’entendre la Messe les jours de Dimanches et Fêtes, sans considérer que volontairement ils se sont jetés dans cette nécessité, et qu’il ne tient qu’à eux d’en sortir.
En ce qui est des Poètes Comiques que chacun croit être plus libres ; il n’a pas eu besoin d’en parler de même, pour ce quee si les plus retenus sont condamnés, il n’y a guère d’apparence que les autres se puissent sauver : Mais si on en vient jusques là, et qu’on leur veuille interdire à tous l’expression des passions, qui sont l’esprit mouvant des Comédies, il faut donc dire Adieu au Théâtre : On ne représentera plus de Comédies, et à peine permettra-t-on de les imprimer.
Fit venir d’Etrurie les Farceurs, b, 24 Livois (le P. de), b, 422 Locke. […] Opposition du Parlement de Paris à admettre des Comédiens venus d’Italie, surnommés Li Gelosi, 114. […] Ils sont faussement donnés pour une école de vertu ; ils sont l’écueil où viennent échouer les meilleures éducations, 42. […] Fit venir d’Etrurie les Farceurs, b, 24 Swift, Caractere de cet Ecrivain Anglois ; son projet pour la réforme des Théatres, b, 425 Systême social.
Nostre esprit est si peu disposé à resister à un plaisir qu’il vient chercher, & où les sens ne sont pas moins interessez que luy, qu’il ne peut se resoudre de se défendre contre des sujets qu’il ne considere pas comme ses ennemis, parce qu’ils sont tout leur possible pour luy plaire. […] Mais parce que les coups de ces foudres sont invisibles, parce qu’ils ne touchent ny le corps, ny la bourse, que plusieurs ne s’épouvantent pas pour un retranchement qu’ils devroient d’autant plus apprehender qu’ils ne le ressentent pas, & que cette insensibilité ne peut venir que d’une corruption entiere & certaine, les Puissances du monde ne sont pas excusables, si elles ne prêtent leur bras, & leur forces à l’Eglise, pour reprimer ces ennemis declarez de Dieu, & des vertus, pour étouffer ces conspirations publiques contre la majesté souveraine de Dieu, contre la sainteté des peuples, & pour empescher qu’on ne represente sur les theatres quelque chose qui puisse offenser Dieu, & corrompre les hommes. […] Que les conviez du monde s’engraissent de ses douceurs, le temps de nos festins, & de nos nopces n’est pas venu, nous ne pouvons nous mettre à table avec eux, non plus qu’eux avec nous ; pleurons lors qu’ils se réjoüissent, afin que nous nous réjoüissions quand ils commenceront à pleurer ; de peur que si nous nous réjoüissions à present avec eux, nous ne pleurions alors avec eux, & qu’une société passagere de plaisir ne soit suivie d’une communauté eternelle de malheur. […] Non, Messieurs, non, Dieu n’est pas seulement offensé par les crimes que le theatre inspire quelquefois ; on l’offense en effet quand on vient à la Comedie, sans sçavoir si la Piece qu’on doit joüer est innocente ou criminelle, ou mesme dangereuse, & on ne peut pas exposer sa conscience & son salut à ce hazard, sans offenser celuy qui nous défend une indiscretion si contraire à la crainte que nous devons avoir de luy déplaire, & de le perdre.
En attendant cet heureux retour au systeme de la Nature, dans l’état où se trouve la société, encore bien peu philosophe, il est difficile de comprendre le motif d’une suite d’éloge de deux hommes si peu faits pour être le pendant l’un de l’autre, l’un grand Archevêque, Prince du saint Empire, l’autre un misérable Histrion, venu des pilliers des halles, que son propre pere désavouoit, comme déshonorant sa famille. […] Je ne sais pourtant si ce Corps célèbre, arbitre du bon goût, qui doit si bien savoir apprécier le mérite littéraire, en faisant valoir le Théatre de Moliere, & le donnant par le sceau de son admiration pour le précieux aliment de l’esprit, invitant les Auteurs à le prendre pour modelle, & tout le monde à venir voir jouer ses chef-d’œuvres, je ne sais si elle l’a mis avec Fenelon dans une juste balance. […] On diroit, quand tu veux, qu’elle vient te chercher, Jamais au bout du vers on ne te voit broncher, Et sans qu’un long détour t’arrête & t’embarrasse, A peine as-tu parlé, qu’elle-même s’y place. […] Par exemple, qu’un Apothicaire vienne avec sa seringue donner un lavement sur le théatre, dans cette bouffonnerie platte & dégoûtante le docte Commentateur trouve quelque chose d’ingénieux & de noble qui amene le dénouement le plus heureux.
On pourroit entrer plus avant dans cette discussion ; quoiqu’après tout, les raisonnemens les plus longs n’aboutiroient guère qu’à ce que je viens d’observer, soit sur le danger des Spectacles, en suivant l’avis de ceux qui les condamnent, soit sur les précautions qui peuvent garantir de ce danger, en préférant l’opinion contraire. […] Au cinquieme Acte, & c’est où j’en voulois venir, Rodrigue entre inopinément chez sa Maîtresse, qui a promis sa main au vainqueur de son Amant. […] d’où te vient cette audace ? […] Il m’est venu une pensée en relisant Esther.
Le plus sûr moyen de faire tomber les spectacles, c’est de les réduire à ne donner rien que d’utile et de bon, on ne trouverait plus, ni auteurs, ni acteurs, ni spectateurs ; ne faut-il pas qu’après la meilleure pièce, une farce vienne dédommager de ses ennuyeuses beautés. […] Ce défaut peut venir d’un fond d’orgueil. […] De là est venue la littérature à la mode : on n’écrit, on ne pense qu’en comédien.
Tout ce que je dis ici de la peinture est applicable à l’imitation théâtrale : mais avant d’en venir là, examinons plus en détail les imitations du Peintre. […] Mais de peur de nous abuser par de fausses analogies, tâchons de voir plus distinctement à quelle partie, à quelle faculté de notre ame se rapportent les imitations du Poëte, & considérons d’abord d’où vient l’illusion de celles du Peintre.
mais si rude, et avec si peu d’élégance, que les Athéniens ne voulurent permettre, qu’elles fussent aucunement portées aux jeux de prix par les Poètes, qui vinrent après, si elles n’étaient corrigées par autres. […] Ce Caton rébarbatif et sévère est venu au Théâtre : déclarant par son dire, que la présence d’un seul personnage vertueux et d’autorité est de plus grande estime, que n’est l’applaudissement de toute une populace.
Dans l’Antigone un Pere arrive tenant dans ses bras son Fils qui vient de se tuer ; on lui présente en même tems le corps de sa Femme qui vient aussi de se donner la mort ; c’est lui qui est la cause de ces deux cruels Evenemens, & il se trouve entre ces deux cadavres.
Je suppose que tandis que le Peuple s’amuse à entendre un Baladin monté sur des treteaux, un Criminel condamné à un supplice douloureux, vienne à passer, le Baladin verra presque tous ses Auditeurs le quitter & courir au Spectacle tragique.
La Comédie nous vient aussi des Grecs : Jules César Scaliger, et quelques-autres l’estiment plus ancienne que la Tragédie, et d’autres au contraire, qu’elle est plus nouvelle.
Pie V. à quelle condition il souffrit les Courtisanes, 277 Plaute, caractère de ses Pièces, 91. ce qu’il dit sur les Comédies honnêtes, 92 Pline le Jeune, tolère les Comédiens qu’on faisait venir dans les maisons particulières, 208 Pomponius Secundus Poète, son caractère, 86 Prédicateur, manière dont s’y prit un Prédicateur pour décrier les mouches, 281 Processions Comiques défendues, 214 Protestants, leurs Règlements sur le Théâtre, 255. 308 Provence, les Jeux y subsistent jusqu’au sixième siècle, 126.
Ils ne viennent donc pas de Dieu, mais du démon qui est l’ennemi de Dieu pour détruire l’œuvre de Dieu. […] C’est entre vos bras & dans vos opprobres, que Jesus-Christ comme un céleste Docteur est venu enseigner l’humilité aux hommes, pour parvenir à de véritables honneurs : c’est par vos douleurs qu’on leur apprend le moyen de mériter de vraies délices & de goûter au Ciel les douceurs d’un éternel repos ; & vous êtes le théatre sur lequel s’est éxécutée cette sanglante, mais heureuse tragédie d’un Homme-Dieu mourant pour le salut du monde.
Cette question ambarrassante demandoit un Sphinx ; le Roi tranche la difficulté, & prononce qu’un si joli soulier ne peut venir que de la mere des Amours, qu’il étoit fait pour le plus joli pied du monde, & que sans doute c’étoit le soulier de quelqu’une des trois Graces. […] On fit d’abord dorer les souliers, en suite on les couvrit de lames d’or, comme nous de galons ; car on en vint jusqu’à faire la semelle d’or massif, à l’exemple de cet Ambassadeur imbécille qui fit ferrer ses chevaux avec de l’argent.
Cette chimère vient encore de faire illusion à un homme de mérite d’un état bien différent, que son état même devroit mettre plus en garde. […] Dans Rodogune, la méchanceté de Cléopatre, qui fait le motif de l’action ; ne vient que de sa haine & de sa basse jalousie.
Cependant le plus grand nombre aime le théâtre, il n'y vient que dans le dessein et l'espérance de s'y réjouir, et s'afflige d'y être si peu satisfait. […] C'est un danseur qui tourne, saute, cabriole, va, vient, est partout et n'est nulle part.
Que s’il veut une Rime, elle vient le chercher Qu’au bout du Vers jamais on ne le voit broncher Et sans qu’un long détour l’arrête ou l’embarrasse A peine a-t-il parlé qu’elle-même s’y place.
Il dit hardiment tout ce qui lui vient à la tête, & ce sont des oracles.
Cette sensibilité viendra, si l’on veut, de la délicatesse des organes.
Célebre Critique que la mort vient d’enlever à la République des Lettres, au mois de Février 1775.
Poi… & la méchanceté du sieur Pal… ne viennent pas à-propos.