La société veut qu’à l’âge de raison tous ses membres jouissent de leurs droits en toute plénitude, ou ne soient soumis qu’à l’empire des lois générales et positives qui la régissent ; c’est pourquoi, se défiant de la perfection de celles de la nature, voulant prévenir ses injustices ou ses erreurs, et l’amour, la tendresse paternelle, les affections intimes et cordiales d’un père pour son enfant ; les gages qu’il lui en a donnés depuis son berceau, ne paraissant pas encore à sa sollicitude des garanties suffisantes, l’enfant étant parvenu à cet âge, elle l’affranchit du pouvoir paternel, pour le mettre à l’abri de ses abus ; elle lui assure soigneusement ce que son père lui doit ; et ici, par une inconséquence trop peu sentie, elle l’abandonne et le laisse à la merci du pouvoir et des passions d’un inconnu, ou d’un étranger de fait plus puissant sur lui que son père même, avec lequel il n’a que de froids rapports, et dont rien ne lui garantit la bienveillance, ni même la justice.. !
fit autrefois l'Empereur Constantin, après qu'il eut fait profession de la Religion Chrétienne ; il tira des Temples toutes les Idoles, et les exposa dans les places publiques, comme des objets d'opprobre, de mépris et de risée ; il en transporta même quelques-unes jusques dans son Palais, et par ce moyen étant arrachées des lieux où l'on avait accoutumé de leur immoler des Hécatombes, et de les voir avec des sentiments de Religion, et étant mises en d'autres endroits peu convenables à cette révérence, elles perdirent entièrement ce qu'elles avaient de vénérable à des aveugles, et restèrent aux yeux de tout le monde, comme des ouvrages dont toute l'estime dépendait des grâces et des beautés que la main des Artisans leur avait données.
Et quand on a mis entre les règles du Droit Ecclésiastique la défense que Saint Augustin fait deAugust.
Enfin, suivant mon avis, les Modernes peuvent se vanter qu’en faisant revivre le Théâtre, ils l’ont mis dans un meilleur état qu’il n’était.
Pourquoi prend-il plaisir ès simulacres et représentations de paillardise et souillure, afin qu’ayant mis bas toute modestie il soit plus hardi à commettre tels crimes ? […] Celles qui par leur malheur se sont abandonnées à impudicité, se cachent au bourdeau public, et consolent leur vilénie par telles cachettes, et ores qu'elles aient mis en vente leur pudicité elles ont néanmoins vergogne de se montrer : Mais ce monstre public se fait à la vue de tout le monde, et telle turpitude surpasse le fait des pauvres femmes éhontées.
Par cette conduite téméraire, le prêtre se met également au-dessus de Dieu et au-dessus de l’autorité des rois, auxquels il doit compte de sa conduite lorsqu’elle porte le trouble dans la société, il frappe, il damne, il couvre de mépris et d’opprobres ce que Dieu glorifie et ce que l’autorité des rois honore et protège ! […] Déjà la petite guerre est déclarée aux imprimeurs et aux libraires, déjà de prétendus agents de la police de la librairie, qu’ils compromettent, parcourent les boutiques de libraires, y empoignent des livres mis à un index secret qui n’a pas eu de publicité ; d’autres avec un air d’intérêt, conseillent aux marchands de livres, de ne plus exposer tel ou tel ouvrage ; toutes les supercheries sont enfin mises en œuvre, pour empêcher ou entraver le débit des ouvrages qui déplaisent à un parti, mais dont la vente, cependant, n’est pas encore prohibée.
L’amour du théâtre est un si grand dérangement, que par les lois Romaines on est censé avoir corrompu un esclave, et par conséquent on est obligé de dédommager son maître, en lui payant le double de son prix, si on lui a inspiré ce goût ; ce qui est mis de pair avec les plus grands vices. […] « Qui servo persuasit ut furtum faceret, vel leno, vel seditiosus existeret, vel in spectaculis nimius, tenetur actione de servo corrupto. » Ce que Mornac sur cette loi applique en ces termes aux enfants de famille à qui on donne ces sentiments : « Deteriores facti ab aliquo nebulone qui eorum adolescentiam fregerit, libidine vino, ludicræ artis more perinquinaverit. » Le théâtre lui-même souffre de la fréquentation du peuple, il faut le servir à son goût, on se met dans la nécessité des grossièretés, des obscénités, des bouffonneries ; on ne lui plaît que par là.
N’est-ce pas y contribuer autant qu’il est en soi, que d’assister aux Comédies : Car donner son argent aux Comédiens, c’est pratiquer ce que le Saint Esprit condamne par ces paroles du Ps. 49. « Vous mettiez votre bien avec les adultères. […] Das le 2. il propose les preuves du Comédien, pour autoriser l’usage de faire monter les femmes sur le Théâtre, et les y faire parler d’amour ; il met en poudre ces preuves, et établit solidement que cet usage est très criminel et très dangereux ; ce qu’il continue de faire dans le Chapitre 3. où il estime ce point décisif contre la Comédie.
Nous avons vu Solon frapper la terre avec colere en s’écriant que de pareils amusemens parleroient plus haut que les Loix ; nous avons vu à Rome les Censeurs faire souvent abattre les Théâtres ; & Pompée, pour mettre le sien à l’abri de leur sévérité, en vouloir faire un Edifice saint, en le consacrant à une Divinité, à Vénus.
Mais quoi que cela lui paraisse probable, il prétend que l’on se met à couvert de cette obligation en souscrivant à l’opinion contraire.
J'ajoute une autre loi des Empereurs Valentinien, Théodose, et Arcade dans laquelle après avoir fait mention de plusieurs Fêtes particulières ; ils marquent toute la quinzaine de Pâques, le jour de Noël, et de l’Epiphanie, et les Fêtes des Apôtres : « dans lesquels jours (disent-ils) à cause de leur sainteté, nous défendons toutes sortes de spectacles ; et nous mettons encore au même rang des Fêtes dont nous avons parlé, les jours qui étaient nommés les jours du Soleil, et que les Chrétiens appellent communément, plus justement, les jours du Seigneur, ou les Dimanches ; que l’on doit célébrer, et solenniser avec une pareille dévotion et révérence ».
Cette sévérité venait de l’ancienne discipline des pénitents, qu’on étendait, comme on voit, jusqu’au carême, où toute l’église se mettait en pénitence ; et de peur qu’on ne s’imagine que cette discipline des pénitents fût excessive ou déraisonnable, Saint Thomas l’appuie de cette raison : que ces spectacles et ces exercices Ibid.
« ces sortes de délectations à être rares dans la vie ; où, dit-il, ap selon Aristote, il faut peu de délectation, comme peu de sel dans les viandes par manière d’assaisonnement : et il exclut tout ce qui relâche entièrement la gravité », comme on a vu dans sa somme même ; et dans son commentaire sur Saint Paulaq, où il paraît revenir plus précisément aux expressions des saints pères, il met avec eux la plaisanterie au nombre des vices repris par cet Apôtre.
Comme on met dans les opéras bouffons, dans les comédies à ariettes l’indécence en action ; comme tout conspire à faire perdre la pudeur, d’abord par le sujet qui est contre la décence, ensuite par l’intrigue et l’action qui forment des images séduisantes, par des détails qui respirent la passion même ; comme enfin tout peint et célèbre la volupté, ou la fait pénétrer par les yeux et par les oreilles jusque dans le fond de l’âme ; l’harmonie d’une musique voluptueuse achève de porter l’ivresse dans les sens des spectateurs.
A quel usage on met vos graces ! […] Mais il faut considérer, que l’estime que saint Cyprien a faite du Traité de Tertullien, le met à couvert de tout blâme, & particuliérement de tout soupçon de Montanisme : estime si grande, que ce saint Prélat ne l’a pas seulement lû avec attention, mais comme adopté, sa Lettre n’en estant qu’un abregé, ou du moins une imitation parfaite. […] & que son Pere luy aura mis tous ses ennemis sous les pieds, & le monde luy-même comme le plus irréconciliable & le plus obstiné. […] Je mets en preuve tout ce que j’en ay déja dit ; & si l’on veut s’en éclaircir davantage, on n’a qu’à lire les anciennes Tragedies Grecques & Latines.
L’histoire rapporte qu’Iscarias, d’une contrée de l’Attique, qui avoit appris de Bacchus l’art de cultiver la vigne, ayant rencontré un bouc dans celles qui lui appartenoient, l’immola aussitôt à son bienfaiteur, tandis que d’autres, témoins de ce sacrifice, se mirent à danser autour de la victime, en chantant les louanges de Bacchus. […] On met aussi au rang des Poëtes Provençaux, l’Empereur Fréderic Barberousse, connu par les vers qu’il fit en 1162, lorsque Raymond Berenger, dit le jeune, vint à Turin lui rendre hommage des Comtés de Provence & de Forcalquier, suivi d’une Cour nombreuse de Gentilshommes & de beaux esprits, auxquels il distribua la récompense des Poëtes de ce tems, qui consistoit en armes & en chevaux. […] Hesselin, Maitre de la chambre aux deniers du Roi, à la réception de la Reine d’Angleterre, du Prince de Galles son fils, & du Prince Robert son neveu : en 1651, le ballet de Cassandre, le premier où le Roi dansa au Palais Cardinal : en 1654, le ballet des noces de Thétis & Pélée, Comédie Italienne dansée par le Roi : en 1656, le ballet de Psiché à vingt-quatre entrées, dansé par le Roi, dont les paroles sont de Benserade : en 1659, la Pastorale de l’Abbé Perrin mise en musique par Lambert, Surintendant de la musique de la Reine mere ; premier Opéra françois, d’abord joué à Issi & ensuite à Vincennes, par ordre du Cardinal, devant le Roi, & dans lequel on entendit pour la premiere fois depuis les Grecs & les Romains, un concert de flûtes : en 1663, le ballet des arts : en 1664, le mariage forcé, comédie, ballet dansé par le Roi au Louvre : en 1665, le ballet royal de la naissance de Vénus, dansé par le Roi au Palais Royal : en 1666, le ballet des Muses dansé par le Roi à S. […] Il prit les contrats & les obligations des créanciers, les fit porter à la place publique, & y fit mettre le feu.
De même qu’Esope fit servir à notre instruction l’Apologue, ou l’éxemple des derniers animaux, ainsi l’Opéra Bouffon met en jeu des Ouvriers, des Artisans, afin que la vue de leurs passions nous corrige des notres.
Un pareil suffrage met peu de poids dans la balance.
Je suis très convaincu après avoir examiné la chose à fond, que les raisons qu’on apporte d’un côté pour excuser la Comédie sont toutes frivoles, et que celles qu’a l’Eglise au contraire sont très solides et incontestables, quand elle met les Comédiens au nombre de ceux à qui elle refuse dans la maladie le Viatique, à moins qu’ils ne réparent le scandale qu’ils ont donné au public, en renonçant à leur profession, et qu’elle ne les veut pas admettre à recevoir des Ordres, s’ils s’y présentaient.
Après avoir vécu dans les meilleures compagnies, & servi de maîtresses aux plus grands Seigneurs, qui comme les nôtres, les préferent quelquefois à d’honnêtes femmes, on leur met dans la bouche, aussi-tôt qu’elles sont mortes, une bride de paille, avec laquelle on les traîne ignominieusement dans les rues, & ensuite on abandonne leur cadavre sur un fumier aux chiens & aux oiseaux de proie. […] La parure les charme : elle y est portée au plus haut degré, variée, étalée, combinée, mise dans le plus beau jour. […] M. le Duc de … premier Gentilhomme de la Chambre étoit absent ; on la mit dans sa chambre ; il revint, & trouva la Nymphe dans son lit.
Dans son Epître à Donat, chef-d’œuvre d’éloquence, où le saint Martyr fait le tableau le plus vif de la corruption du siècle, il met la fréquentation du théâtre au nombre des plus grands désordres dont il fait le détail. […] Le second, Archevêque de Séville, l’oracle de l’Espagne pendant trente-cinq ans, à la tête de toutes les affaires ecclésiastiques, fils du Gouverneur de Carthagène, élevé dans le grand monde, qu’il connaissait parfaitement, a laissé grand nombre d’ouvrages excellents qui l’ont fait mettre au rang des Pères de l’Eglise, et ses règlements au nombre des canons. […] A Mayence, à Marseille, à Cologne, à Trèves, les spectacles n’ont cessé que depuis l’invasion des barbares, et ils n’ont cessé dans les autres villes que par la misère des peuples, qui les met hors d’état d’en faire les frais.
Hégémont de Thasos est l’Auteur de la Parodie dramatique ; c’est encore les Grecs qui nous l’assurent : il l’a mit en action en composant des Vers de plusieurs tragiques célèbres une Comédie dans les règles ; il s’appliquait à donner un sens burlesque à une pensée noble & sublime.
On a frappé : j’ai tourné le dos : c’était nos enfans qu’Agathe amenait pour embrasser monsieur D’Alzan, avant de les mettre au lit.
Vous y trouverez des Héros, mais un peu différents du vôtre, qui se cachent, qui s’enfuient lorsqu’on les veut faire Evêques, qui résistent, et qui mettent tout en œuvre pour s’éloigner de cette dignité, qui disent des injures, et qui veulent même frapper ceux qui les ont ordonnés malgré eux et à leur insu, et qui ne se soumettent enfin au fardeau qu’on leur impose que dans la crainte de blesser la charité par une plus longue résistance.
« Un fils, dit saint Augustin, doit obéir en tout à son père, excepté contre la Loi de Dieu, et quand dans cette circonstance un fils préfère Dieu à son père, le père n'a pas droit de se mettre en colere contre son fils. » « Il n'est permis de désobéir à ses parents que quand il s'agit d'obéir à Dieu », « In ea re sola filius non debet obedire patri suo, si aliquid pater ipsius jusserit contra Dominum Deum ipsius.
La surveillance de l’autorité séculière sur la conduite du clergé est d’autant plus nécessaire, que l’histoire de France nous fournit des preuves innombrables de l’ambition démésurée de ce corps, et nous cite des faits qui ont mis plus d’une fois l’Etat dans le plus grand péril.