On parla dans le temps d’un sonnet à la princesse de Conti, qui dut toute sa célébrité à ce grand nom ; parce que la princesse parut l’agréer, comme toutes les femmes ne manquent pas d’approuver ce qui flatte leur beauté.
Il a vu que dans la nature toutes les choses qui sont rangées auec un si bel ordre y sont toutes nécessaires, mais diversement ; les unes pour l’utilité, les autres pour la beauté et l’ornement, et d’aucunes pour le plaisir.
Mais enfin les hommes sont faits de manière qu’il faut de l’appareil pour les convaincre ; et on ne peut douter que la pureté du langage, la sublimité du style, la beauté des expressions, la variété des figures, et la cadence des périodes ne fassent plus d’effet sur leur esprit, que les raisonnements les plus exacts.
Cependant, aux yeux des hommes raisonnables et dégagés de tout préjugé ou de tout esprit de parti, la beauté de leur doctrine peut-elle être comparée à celle des saintes écritures ? […] et elle aussi, comme la fille de Sion, a vu toute sa beauté obscurcie, et sa douleur a été grande ainsi que l’Océan qui te sépare d’elle. […] Passionnés pour les chef-d’œuvres d’Echyle, de Sophocle et d’Euripide, enthousiastes des productions d’Aristophane et de Ménandre, dont Plaute et Térence se sont appropriés les beautés pour en enrichir le théâtre de Rome, les Grecs avaient, il est vrai, une autre opinion à l’égard de ceux qui se livraient spécialement aux jeux de la scène ; mais il est évident qu’elle prenait sa source ou dans cet amour de la liberté qui n’admettait ni frein ni tempérament, ou dans l’usage que suivirent assez longtemps les auteurs dramatiques de jouer eux-mêmes les pièces qu’ils avaient composées. […] « Dans la décadence du théâtre, dit-il, on se voit contraint de substituer aux véritables beautés éclipsées, de petits agréments capables d’en imposer à la multitude. […] C’est une consolation bien douce à son âme sensible de rappeler à la sainteté de ses engagements, un époux chagrin ou bizarre, que n’avaient pu désarmer les grâces d’un sexe dont la douceur et la beauté sont si souvent le moindre apanage.
Le siécle étant plus éclairé, on les éplucheroit davantage ; mais comme il est certain que ces Ouvrages sont marqués au bon coin, ils auroient un sort aussi favorable, vu l’augmentation de nos lumières, qu’ils l’ont eu dans un tems où l’on n’a pas apperçu si aisément leurs défauts, mais aussi où l’on n’en sentoit pas si parfaitement les beautés. […] La traduction est toujours trop foible, et; peu susceptible des beautés de l’original. […] Phédre sera moins détestée à la fin de la Piéce qu’au commencement, parceque l’on se sera accoutumé à voir avec plaisir sur la Scene une jolie femme bien parée, mais si, malheureusement pour vous, l’Actrice est laide, adieu la compassion qu’auroit pû provoquer sa beauté. […] Cessez donc de vous écrier : « Ah si la beauté de la vertu étoit l’ouvrage de l’art, il y a long-temps qu’il l’auroit défigurée ! […] En exaltant la sagesse du Gouvernement, l’ordre de la Police, la beauté du pays, il ne cessoit à son retour de nous entretenir de l’accueil gracieux dont les jeunes gens, et; même les principales maisons l’avoient favorisé.
» Ce Phébus me rappelle un endroit de je ne sais quel Rimeur, qui est à peu près d’une égale beauté pour la pensée : « Qu’arriverait-il si une faible abeille venait à heurter contre l’extrémité du pôle antarctique ? […] Virgile est sans doute recommandable par la beauté du génie, par la profondeur du savoir et par l’harmonie et la majesté du style : mais on peut dire toutefois que l’ascendant qui le distingue par-dessus tout autre, c’est la justesse d’esprit et de bon sens.
On y voit toutes les passions du cœur, tous les sentimens de l’ame personnifiés, & y jouer un rôle comme Dame Oiseuse, Dame Liesse, Dame Courtoisie, Dame Beauté, Dame Jeunesse, &c. […] … Du récit de ces feux idolâtres Tous les esprits sont enchantés : C’est le seul art de plaire, & de tous nos Théatres Il fait les uniques beautés. […] *** Ainsi de nos Auteurs, gravement libertine, La Muse s’épuise en beaux mots ; Et chez eux la Beauté fait seule l’Héroïne, Comme l’Amour fait le Héros.
Tout cela fait un effet admirable, en ce que croyant parfaitement convaincre son Beau-frère de la beauté de son choix et de la justice de son amitié pour Panulphe, le bonhomme le convainc entièrement de l’hypocrisie du personnage, par tout ce qu’il dit ; de sorte que ce même discours fait un effet directement contraire sur ces deux hommes, dont l’un est aussi charmé par son propre récit de la vertu de Panulphe, que l’autre demeure persuadé de sa méchanceté : ce qui joue si bien, que vous ne sauriez l’imaginer. […] La Vieille qui ne l’écoute pas, et qui est charmée de la beauté de son lieu commun, ravie d’avoir une occasion illustre comme celle-là, de le pousser bien loin, continue sa légende, et cela tout par les manières ordinaires des gens de cet âge, des proverbes, des apophtegmes, des dictons du vieux temps, des exemples de sa jeunesse, et des citations de gens qu’elle a connus. […] Son caractère n’est autre dans le fond, que la convenance, et sa marque sensible, la bienséance, c’est-à-dire, le fameux quod decet des anciens : de sorte que la bienséance est à l’égard de la convenance, ce que les Platoniciens disent que la beauté est à l’égard de la bonté, c’est-à-dire qu’elle en est la fleur, le dehors, le corps et l’apparence extérieure ; que la bienséance est la raison apparente, et que la convenance est la raison essentielle.
Ne nous moquons point tant de ce fameux Chevalier errant, il n’a que trop d’imitateurs ; tout ce qu’on voit avec plaisir s’imprime dans un cœur sensible, se retrace dans une imagination vive ; elle est enchantée de ces bosquets délicieux, de ces palais superbes, de ces beautés divines ; on entend ces discours doucereux, on sent ces transports, tout devient théatral & romanesque ; il n’y a de bien & de trop réel que les égaremens de l’esprit & les crimes du cœur.
Et afin que j’omette les choses qu’il ne peut encore contempler pour le présent, il peut regarder et admirer la beauté de ce monde : qu’il contemple comme le soleil va d’Orient en Occident, et que par tel mouvement il rappelle les jours et les nuits par réciproque succession : qu’il contemple comment la lune par ses accroissements et décroissements, signe les cours des temps et saisons : qu’il regarde ces beaux rangs des astres reluisants, et éclairant d’en haut avec leur subit mouvement : qu’il regarde les parties de toute l’année avec leurs alternations, et semblablement les jours avec les nuits distingués par les intervalles et espaces des heures : le contrepoids de la terre tant pesante, avec les montagnes : le cours des rivières avec leurs fontaines et sources : la grande étendue de la mer, avec ses flots et rives : qu’il contemple l’air étendu au milieu conjoint avec les autres Eléments, lequel de sa subtilité, donne force et vigueur à toutes choses, maintenant étant couvert de nuées, et engendrant les pluies, maintenant se montrant beau, clair, et serein : il pourra voir aussi qu’en tous ces Eléments il y a des habitants : comme en l’air, l’oiseau : en l’eau, le poisson : en la terre, l’homme.
L’affluence des spectateurs s’explique par l’attrait de la variété, la beauté des décorations, et les émotions fortes, dont les causes se trouvent en abondance dans la vie des scélérats, menacés sans cesse de la foudre du ciel ou du glaive des lois.
Les tragédies de nos grands Maîtres ont des beautés qui leur sont propres, & ne ressemblent point à celles des Grecs. […] Ici une jeune beauté en secret, se diroit à elle-même, « Voilà celui qui regne avec tant d’empire sur les cœurs, & qui par conséquent a encore bien plus de pouvoir que n’en avoit le Cardinal de Richelieu, lorsque le Lieutenant Général d’Andeli refusoit d’accorder sa fille au grand Corneille ».
Le Docteur, qui étoit homme de goût, applaudit bien sincérement aux vrais beautés de ce chef-d’œuvre ; mais il reprocha vivement au Poëte d’avoir fait Hyppolite amoureux.
C’est qu’on va moins à la comédie, pour connoître une jolie pièce, que pour y voir de jolies actrices ; que, touché de leur beauté, on est nécessairement malheureux, tout le monde ne pouvant pas être les premiers favoris de Mars ou de Plutus.
L’hymen est grave, sérieux, saint, austere ; il écarte la dissipation, l’inconstance, la frivolité, par la perpétuité d’un lien qu’on ne peut ni relâcher ni rompre ; il bannit toute idée de conquête, de triomphe de la beauté, de cour d’adorateurs, par l’unité de l’objet à qui seul il est permis de plaire ; il affadit le goût de la parure, du faste, de la mode, du fard, en concentrant les graces dans les yeux d’un homme qui n’en désire pas, & n’en approuve pas l’étalage suspect.
On ne laisse pas toutefois de desmesler les restes de sa vieille beauté & de sa premiere magnificence, comme les grands murs, les marchez, & les cavernes.
Si la beauté de l’architecture a fait épargner quelque temple, on en a fait des Eglises, comme le Panthéon à Rome, la Maison quarrée à Nîmes, etc.
Cette puerile antithése & ce jeu de mots, un visage qui orne le discours, un discours qui orne le visage, & sur-tout ces oreilles d’âne pour goûter la beauté du discours d’Isabelle, sont d’un ridicule complet. […] C’est à cette poësie si chantante que la musique Italienne est rédevable de sa beauté & de sa prééminance sur celle des autres Nations, s’il en faut croire Rousseau & Barreti, &c.
C’est le nouveau soleil le chef-d’œuvre des cieux, Si vanté des mortels, & si chéri des Dieux ; Cette jeune beauté, cette Nymphe divine, Ce miracle étonnant l’adorable Christine. […] Voltaire & ceux qui en font une Savante du premier ordre, ont oublié de remarquer que sa grande érudition étoit de savoir toutes les intrigues & les galanteries de la Cour ; les noms & les aventures des amans & des maîtresses, de les en railler à tout propos, d’apprécier, de comparer la beauté des femmes, la bonne mine des hommes ; elle ne paroissoit occupée d’autre chose, elle faisoit des minauderies continuelles auprès d’Anne d’Autriche qu’on disoit avoir la main belle pour lui faire ôter ses gans, toucher, louer, admirer ses mains, à crier au miracle.
Sa vive imagination prodiguoit dans sa douce ivresse Des beautés sans correction, Qui choquoient un peu la justesse, Mais respiroient la passion. […] Ce nouveau Juvenal qui a tout l’esprit & l’énergie de l’ancien par les sublimes beautés dont son ouvrage étincelle, & les affreuses vérités dont il est rempli, représente ce siecle comme le théatre de tous les vices.
une Dame qui aime un peu la beauté et l’agrément de son visage, n’ira jamais dans un lieu où elle sait qu’il y a la petite vérole. […] C’est qu’on aime plus la beauté du visage, ou la vie du corps, qu’on n’aime le salut de son âme.
Il faut être étrangement prévenu contre ses contemporains, pour s’imaginer qu’ils ne seroient pas capables de connoître & de sentir les beautés des Ouvrages du Sophocle François, s’ils n’étoient appuyés de l’autorité de leurs ancêtres. […] Si malgré la beauté de la versification, & la sagesse de la conduite, cette piece est une des moins intéressantes de son illustre Auteur, c’est que l’obstacle aux amours de Titus & de Berenice n’est fondé que sur un prejugé national.
« … … … … … L’amour qui nous attache aux beautés éternelles, N’étouffe pas en nous l’amour des temporelles. […] L’art de l’exposition, de l’arrangement, la beauté et le choix du style, l’énergie des termes, le succès des transitions, la force des tableaux : voilà ce qui en fait la différence. […] Il a pu faire ses délices de Térence pour la pureté de sa diction, la beauté de son style, l’arrangement de ses phrases ; l’aimer comme savant, et le condamner comme Auteur comique.
Ils ont leur beauté, & même leur bonté en un sens. […] Le lecteur n’est sensible qu’aux graces du style, qu’à la beauté des pensées : au lieu que le spectateur est exposé à tous les charmes d’une déclamation animée, d’un geste vif, d’une voix séduisante, des attitudes d’une Actrice, qui n’épargne rien pour séduire le cœur, & s’attirer tout le tribut qu’on peut rendre aux graces & à la beauté d’un sexe qui n’a pas besoin de tant d’art pour nous séduire. […] … … … … … L’esprit n’est plus qu’un faux-brillant ; La beauté qu’un faux étalage ; Les caresses qu’un faux-semblant ; Les promesses qu’un faux langage. […] Il alla jusqu’à prétendre excuser la foiblesse de ceux qui se livrent à l’impression de la beauté & aux desirs qu’elle excite ; &, à cet égard, il donna pour exemple Jacob, en disant que ce Patriarche n’avoit pas été blâmé dans l’Ecriture-Sainte, pour avoir préféré Rachel à Lia.
Un poëte galant fait de la beauté qui l’inspire un assemblage parfait des qualités diverses de toutes les Déesses, la taille de Diane, le port de Junon, le regard de Minerve, la fraicheur d’Hébé, la voix d’Euterpe, elle a tout.
Ses cinq ou six pieces ont quelques beautés, mais bien des défauts.