Boursault, et la même personne qui l’a publiée, y a joint une courte Préface, où il fait l’éloge de cette Pièce, quoiqu’elle fournisse de grandes preuves de l’ignorance de son Auteur ; et il parle avec mépris des réponses à cette Lettre.
Orosmane lui rend son argent, y joint de grandes largesses, & quatre-vingt-dix autres Chevaliers, mais il retient Zaïre & Lusignan, que personne ne pourra lui enlever qu’avec la vie. […] Personne ne doute qu’il n’y ait des vérités qui ne peuvent être mises sur la Scène.
nous représentons sur le Théâtre les fureurs de Medée, les vices d’un grand nombre de personnes que l’on métamorphose en Héroïnes ou en Héros, sans aucun égard pour la raison qu’elles n’ont jamais respectée : nous récréons notre esprit par la méditation de leur sceleratesse ! […] Il est remarquable que les payens se rencontrent avec les Peres de l’Eglise, dans le jugement qu’ils ont porté sur les Spectacles, & que la seule raison les ait convaincus d’une maxime qu’on a tant de peine à faire saisir à des personnes qui se disent éclairées des lumieres de la foi, & parfaitement soumises à la sévérité de l’Evangile.
Le bal, les spectacles sont une académie publique pour apprendre l’impureté & donner des leçons d’une malheureuse science qui ne s’apprend que trop d’elle-même ; les jeunes gens s’y accoutument à prendre des libertés avec les femmes, & les filles auparavant sages & modestes à perdre la modestie & la pudeur ; où personne n’entre sans le plus grand danger de perdre l’innocence. […] Il seroit inutile d’en citer davantage, personne n’en doute.
Jesus-Christ paroîtroit au milieu de ces suppôts de Satan, & voudroit être adoré en la personne d’un Acteur, ou d’une Actrice infame ! […] Voilà qui fait trembler, mes Freres ; & ce sont ici de ces verités d’autant plus terribles, qu’elles s’adressent à chacun en particulier : il n’est peut-être personne ici qui ne dise en lui-même : oüi, je vis comme ceux qui sont de mon âge, de mon rang, de mon état, de ma profession, & puisque je suis le plus grand nombre, je suis donc perdu : je me danne avec la multitude ; mais quoiqu’on se represente qu’il n’y aura de sauvés qu’un petit nombre de gens qui operent leur salut avec crainte & en tremblant, on ne laisse pas de se calmer & d’esperer contre toute esperance.
Aussi crurent-ilsMacrob. l. 17 qu'ils avaient été tourmentés d'une grande peste, parce que les secrets mystères, qui se portaient dans un Chariot aux Jeux Circenses, avaient été vus par un jeune enfant qui regardait passer la procession du haut de son logis, et qu'ils en furent garantis pour avoir depuis couvert ce qui ne devait être vu de personne. […] Et cette croyance des Païens touchant la sainteté de leurs Jeux fut si grande et si générale, qu'elle passa jusqu'en la personne de ceux qui en avaient souvent remporté le prix et les couronnes ; car ils les estimaient non seulement les favoris des Dieux, mais leurs égaux, les nommant célestes, divins, demi Dieux et même des Dieux : Les Athlètes sont nommés enfants et imitateurs d'Hercule par Galien.
Il semble aujourd’hui qu’on ne fasse plus attention au contraste néanmoins frappant qui existe entre les expressions, les titres et les qualifications les plus respectables et les plus sacrées, comparés aux choses et aux personnes qui en sont décorées. […] Quoi qu’il en soit, personne ne peut nier que cette opinion ne soit celle du jésuitisme. […] Personne n’ignore aujourd’hui que le gouvernement purement théocratique fut toujours au plus haut degré l’autorité la plus absolue, la plus arbitraire, la plus despotique, la plus tyrannique, la plus intolérante et la plus inhumaine.
La Nature est préférable à l’Art, personne n’en doute.
Ils ont fait jusqu’à présent comme ces jeunes Personnes dont le cœur est fragile ; après avoir fait un faux pas, elles jurent que le pied ne leur glissera plus ; mais cédant doucement à la tentation, elles oublient bientôt leurs sermens.
Lorsqu’on m’a peint cet air touchant, enchanteur, ce charme inexprimable répandu sur toute sa personne, j’ai senti combien vous deviez l’aimer ; qu’il n’était dans le monde aucun homme qui pût résister à la douceur de ses regards.
Les pèlerins devinrent tellement à la mode, que des personnes riches et charitables leur prodiguèrent des soins, et firent dresser des théâtres sur lesquels ces pieux comédiens représentaient tantôt quelque chrétien martyrisé, tantôt les miracles les plus étonnants, opérés par le pouvoir de Dieu ou par l’intercession des saints, et enfin les mystères de notre religion.
C’est le cardinal de Richelieu, ce célèbre ministre d’état, prince de l’église apostolique et romaine, qui, en accueillant la troupe de bouffons qui venait se fixer à Paris, fit, aux comédiens qui voulaient s’y opposer, cette belle réponse, qu’il ne fallait jamais condamner personne sans l’entendre ; et il usa de son autorité pour faire recevoir cette troupe de bouffons à l’hôtel de Bourgogne.
C’est là, je pense, une des principales causes qui, dans les premiers siècles du Christianisme, a engagé les Pères de l’Eglise à proscrire le Théâtre des Payens ; et c’est peut-être par la même raison que de nos jours les personnes pieuses se font un devoir de s’abstenir du Théâtre, et même de le condamner.
Sulpice, Et le Curé notre complice, Venons très solemnellement D’inhumer une jeune Actrice : Les Confreres menoient le deuil ; J’ai vu les enfans de Thalie, Les Eleves de la folie, Sangloter au tour du cercueil ; Moi, de qui l’ame est assez bonne, Je m’attendrissois in petto, Et je pleurois incognito Pour ne scandaliser personne. […] Le premier, l’Auteur le plus obscène de l’antiquité même grossierement ; est pour cela même un homme admirable, Chevalier Romain, Proconsul de Bithinie, Consul sous Néron, & plus que tous cela ; (voici son vrai mérite :) & plus que tout cela, homme de plaisir & de bonne compagnie ; il savoit rendre avec éloquence les objets les plus licencieux ; il excelloit en ce genre ; personne n’a porté plus loin la recherche de la volupté & l’érudition du luxe & des plaisirs. […] On trouveroit cent personnes dans la populace qui conteroient des fables aussi bien que lui, s’ils savoient faire des vers, & encore quels vers ? […] Il est inconcevable que cet ingénieux Ecrivain dont les poésies sont si agréables, si riches, si variées, qui, par son honnêteté, autant que par son talent, honore depuis tant d’années notre Parnasse ; bon citoyen, ami de ses rivaux, du caractere le plus doux, ennemi de toute intrigue, détestant les cabales, évitant avec le même soin & l’adulation & la satyre, ait à se plaindre de son siecle, Nous ne connoissons point sa personne, nous n’examinons point son mérite poétique, mais ce que nous venons de rapporter, pris de ses œuvres sur la religion & les mœurs justifie le mécontentement de son siecle, & fait voir le fond qu’on peut faire sur les éloges des Journaux.
Il a fait mettre à la tête du chapitre une estampe qui représente l’enfer ; on y voit une troupe de personnes des deux sexes, dont le feu a brûlé les habits : elles se tiennent par la main, & dansent & sautent en rond au milieu des flammes, ayant un diable à la tête qui mene la danse, & bat la mesure à grands coups de fouet sur les danseurs, tandis que deux autres diables jouent du violon. […] On a pu y mêler des gestes de toute espèce, & s’en servir pour caractériser certaines personnes, un paysan, un arlequin, une furie, &c. on y a joint des habits appropriés à leur caractère. […] Personne n’a su les employer d’une maniere plus efficace, ni dans des circonstances plus délicates. […] Pilade étoit un orgueilleux, plein de lui-même, qui méprisoit tout le monde ; un fou qui pour bien représenter Hercule furieux, jetoit des flêches sur l’assemblée, sur l’Empereur même, blessa plusieurs personnes, en effraya un grand nombre, & les révolta tous.
On voit un nombre d’Acteurs choisis, parés avec tout l’artifice que l’esprit du monde peut imaginer, & que la passion qu’ils expriment peut inspirer ; de jeunes personnes qui se font un point d’honneur de plaire, gagés pour peindre la passion de la maniere la plus vive, qui se font une gloire de l’inspirer ; des voix douces & insinuantes, des manieres engageantes, des paroles tendres, des vers composés avec art pour inspirer l’amour ; cet assemblage prodigieux de choses, dont une seule seroit une tentation, n’est-il qu’un amusement indifférent ? […] Elle disoit un jour à une personne qu’elle honoroit de sa confiance : Je ne conçois pas comment on peut goûter quelque plaisir aux représentations du théatre, pour moi c’est un vrai supplice. La personne à qui elle parloit ainsi, ne put s’empêcher d’en marquer de l’étonnement, & prit la liberté de lui en demander la raison : Je vous avoue, répondit la Princesse, que quelque gaie que je sois en allant à la comédie, si-tôt que je vois les premiers Acteurs paroître sur la scène, je tombe tout-à-coup dans la plus profonde tristesse. […] Voilà les personnes à qui, pour obéir à l’étiquette, le spectacle peut être permis, qui bien loin de se laisser occuper & absorber par le plaisir, n’y vont qu’à regret, & y sont occupées & absorbées par les réflexions les plus sérieuses & les plus Chrétiennes.
Ce n’est pas m’exposer à l’épithète de Papiste que de vous citer pour garant du mérite de quelqu’un un Pontife aussi éclairé, mais aussi pieux, aussi Philosophe, aussi connaisseur dans la partie des beaux-arts, et c’est sans doute confirmer la réputation d’une personne célèbre que d’apprendre au Public qu’elle a eu le docte, le sublime, l’ingénieux Lambertini pour juge et pour approbateur. […] Mais assurément vous ne trouverez personne qui adopte l’une ou l’autre, puisqu’il y a eu de tout temps et qu’il est encore des femmes vertueuses et distinguées par le génie, la science et les talents : on n’a donc pas eu tort de mettre en scène des Cénie, des Constance, des Zaïre, des Electre, des Tullie, des Nanine, et tant « d’objets célestes » à qui les femmes sont bien plus près de ressembler que les hommes aux Héros que nos Dramatiques leur proposent pour modèles. […] N’adressons nos hommages qu’aux personnes modestes, vertueuses, discrètes et sensées ; préférons les Constances et les Cénies aux Aramintes et aux Dorimènes, les femmes voudront toutes ressembler aux premières. […] Détrompez-vous par l’expérience ; vous entendrez toutes les mères non seulement vertueuses, mais tant soit peu sensées, prêcher toujours la raison et la pudeur à leurs filles ; tant qu’elles sont dans leurs mains, ces jeunes personnes sont des Agnès dont la simplicité, la candeur et la modestie annoncent la sagesse.
Il est pourtant vrai que la tragédie est plus difficile, qu’il y a moins de poëtes tragiques que de comiques, & de bonnes tragédies que de bonnes comédies ; sur-tout que la tragédie est de sa nature, plus châtiée, plus décente, moins dangéreuse pour les mœurs ; mais tout sera équitablement balancé par l’aréopage dramatique, il vaut bien mieux que celui de Paris : il est composé des personnes d’un mérite distingué, récommandables par leur érudition, leur probite, leur intelligence, à l’abri de tout soupçon, qui jugeront avec connoissance, & sans partialité ; au lieu qu’à Paris c’est une troupe de comédiens & de comédiennes, grands Seigneurs & petits maîtres , dit Voltaire, qui s’assemblent pour juger les pieces ; leurs séances sont des vraies scénes comiques, souvent tragiques, pour le pauvre poëte, qui, après avoir long-tems fait sa cour, & essuyé les hauteurs, les caprices, les railleries, les mépris de ce grave sénat, est réfusé avec dédain, & ne peut esperer de succès que par la sollicitation, les présents & l’intrigue, foible garant de la bonté de la piece. […] Le fils trop occupé de ses plaisirs pour s’embarrasser des sciences ; trop dissipateur pour avoir dequoi leur faire de grands biens, pouvoit tout au plus leur faire quelques caresses ; car il avoit le tâlent singulier de courtisan, il étoit caressant, insinuant, plein de grace dans la conversation & dans sa personne, & gagnoit les cœurs. […] Mais ce qui attiroit le plus de gens chez le Cardinal de Médicis, étoit Bibiana son Camerier, qui n’eut jamais son semblable pour entretenir une compagnie, assez bien fait de sa personne, il ne tenoit rien de son vilage ; il avoit un fonds de joie inépuisable, toujours cent nouveaux contes pour faire rire, sans rien dire de bas, d’impie ni-d’impudique ; il lui prenoit quelquefois envie, au milieu du repas, d’apprêter des sausses dont aucun cuisinier ne s’étoit avisé, & réussissoit toujours ; mais le service le plus important qu’il rendoit à son maître, c’est qu’il avoit le secret d’engager les gens à lui prêter de l’argent, sans autre sureté que l’horoscope qu’il avoit fait faire de Cardinal de Médicis, à qui on promettoit de grandes richesses ; mais il y avoit si peu d’apparence, qu’on ne pouvoit assez admirer sa hardiesse, & la crédulité des créanciers. […] Il n’en falut pas davantage pour rendre Machiavel comédien ; il travailla à la Nitia, au Ditia, & à la Mandragola, & à bien d’autres piéces, où il joua la personne la plus distinguée de Florence. […] Il faut convenir que d’avoir fait composer & combler de graces un poëte comique, un homme tel que Machiavel, avoir fait transporter de Florence à Rome un théatre, & des Acteurs pour y donner la comédie, ne sont pas des traits dans la personne d’un Pape qui doivent donner un grand poids à ses exemples, ni le faire appeller le Restaurateur des Lettres, & de la majesté tragique.
On l’écoutoit volontiers, on croyoit les passions plus pardonnables, les voyant autorisées par les personnes illustres ; il attendrissoit le cœur, & arrachoit des larmes. […] Il lui dit la Satyre ne corrige personne, parce qu’elle attaque les vicieux ; la Comédie corrige, parce qu’elle n’attaque que les vices (faux encore, la Comédie attaque aussi les hommes, & la Satyre les vices). […] Il s’étoit fait, pour rendre ces folles idées, un jargon philosophique des termes qu’il avoit retenus, & que personne n’entend, & qu’il n’entendoit pas lui-même. […] Ceux qui pratiquent ces exercices sont les personnes qui aspirent aux grands emplois, & veulent devenir les favoris de la Cour. Ils sont formés dès leur jeunesse à ce noble exercice, qui convient sur-tout aux personnes de baute naissance.
En voici encore une autre, qu’on prétend être l’ouvrage d’une Dame illustre aussi distinguée par son esprit que par les charmes de sa personne.
C’est à vous, Madame, que je m’adresse, pour instruire madame D’Alzan de mes dispositions, & pour être dédommagée du cœur que je perds, & dont, autant que personne, j’ai connu le prix : daignez quelquefois permettre que je vous voye en secret ; j’ai besoin de l’exemple d’une vertu telle que la vôtre pour me soutenir dans la route où je veux marcher le reste de ma vie ; d’un œil sévère, toujours ouvert sur moi, qui me fasse trembler à la seule pensée de m’égarer.
Aux yeux de quelques personnes qui n’y feraient point assez d’attention, cette production, à cause d’une sorte de similitude dans le titre, pourrait offrir des traits de ressemblance avec l’ouvrage du cardinal Maury, qui, en nous donnant un excellent traité de l’Eloquence de la Chaire et du Barreau b, s’est récemment acquis de nouveaux droits à la reconnaissance publique et aux faveurs de la renommée.
Les vertus morales persécutées sur notre Théâtre, 248 Les Héroïnes de nos Comédies aussi vertueuses que les Héros avec le même succès qu’eux, 250 Les jeunes personnes de condition ont des mœurs plus saines dans Plaute et dans Térence, 251 Vaine Justification de l’Astrologue Joué, dans sa Préface, 254 Sentiment d’Horace contraire à celui de l’Astrologue joué, 256 Exemple de Ben Jonson inutile pour justifier l’Astrologue Joué, 260 Autorité de Shakespeare opposé à l’Astrologue Joué, 263 Erreur de l’Auteur de l’Astrologue Joué, sur la différence qu’il met entre la Tragédie et la Comédie, 265, 266 Le divertissement n’est point la fin principale de la Comédie, 267 La Comédie et la Tragédie, quoique par une route différente, doivent tendre à une même fin ; qui est la réformation des mœurs, 268, et suiv.
« Que l’assaut aux princes l’on donne ; J’y veux être en propre personne.
Personne n'ignore que Dieu, créateur de toutes choses, les a faites pour l'usage de l'homme ; mais quand on ne connaît Dieu que par la lumière naturelle, on ne le connaît qu'imparfaitement et dans le lointain, on ne sait pas l'usage qu'il ordonne de faire de ses dons, ni les desseins de son ennemi, qui veut nous les faire profaner. […] Personne ne sait si vous êtes Chrétien, et ne vous en croira, en vous voyant au spectacle. […] personne ne couvre le poison de fiel, mais il l'assaisonne de quelque chose d'agréable pour engager à le boire.