Quant à l’objection que vous me fîtes Samedi dernier, et que vous renouvellez dans la Lettre que vous m’avez fait la grâce de m’écrire, je n’ai autre chose à y répondre que ce que je pris la liberté de vous dire à Saint-Cloud.
La matiere ne seroit-elle pas bien plus digne de lui, & bien plus intéressante pour les Gens de Lettres, s’il se proposoit de traiter en général Des causes du plaisir qu’une Tragédie parfaite excite dans l’ame des Spectateurs. […] Aussi l’Imitation qui se fait des rapports intelligibles par les nombres de l’Arithmétique, par les lettres de l’Algebre, ou même par les lignes de la Géométrie, trouve peu d’admirateurs, au lieu que la plûpart des hommes courent après celle des rapports sensibles qui se fait par la Peinture ou par la Poësie, parce que pour y exercer son jugement, il ne faut y porter que des yeux & des oreilles, avec une imagination vive & un cœur facile à émouvoir. […] Lettre à M. […] Le Privilége pour l’impression d’Esther fut accordé en 1689 aux Dames de Saint-Cyr, avec défenses à touts Acteurs de la représenter, l’Auteur ayant supplié le Roi d’y insérer cette condition, parce qu’il falloit des personnes innocentes pour chanter les malheurs de Sion , comme dit Mad. de Sevigné, Lettre 533, Mem. sur la vie de J.
Ces figures bizarres, répandues confusément & sans ordre, sont des caracteres magiques, des figures de geomance, de metoposcopie, qu’on trouve dans tous les livres qui traitent des sciences occultes, les signes des sept planettes, des lettres initiales, de je ne sai quel nom, des mots barbares inintelligibles, entr’autres les noms que les livres de magie donnent aux Démons : Hagiel, Haniel, Aganiel ; & on y trouve aussi le nom de Fernel ou Frenail, habile Medecin & bon Ecrivain, à qui la Reine croyoit devoir sa fécondité, & qu’on accusoit de donner dans cet reveries. […] Les quatre lettres initiales couronnées F.K.H.A. […] C. 3. ainsi que des lettres parentes qu’ils obtînrent, & du refus que le Parlement fit de les enregistrer. […] Fourbe, perfide, accablant de caresses ceux qu’elle alloit assassiner, s’attachant toujours ouvertement au parti le plus fort, quel qu’il fût, & secourant, aidant, animant le parti le plus foible, pour les balancer l’un par l’autre ; soulevant le Prince de Condé, & le remerciant par une lettre qui subsiste encore, d’avoir pris les armes contre le Roi son fils ; suspecte à tous les partis, & detestée de tous ; autant méprisée avec justice, que ménagée par crainte & par intérêt ; déchirée par des libelles infâmes, & faisant assez peu de cas de son honneur pour en rire, & assurer qu’on n’en disoit pas assez, & au lieu de se corriger, faire encore pis.
Il est bien plus vray-semblable que les Grecs, qui dans la belle Politique & dans toutes les sciences ont êté les Maîtres des Romains & des Gaulois, qui ont porté les belles Lettres & à Rome & à Marseille, ont trauaillé serieusement à instruire les hommes de toutes les façons, & à les amener à la politesse & à la vertu par toutes les voyes imaginables. […] Pour éuiter de toucher aux presseances, de regler le pas, & de causer des jalousies entre les Maisons, ils les prennent confusement & sans ordre, ou les placent selon le rang des Lettres de l’Alphabet. […] Voila en peu de mots comme les choses se sont passées entre ces deux Troupes, qui aujourd’huy n’en font qu’vne soûs le nom de la Troupe du Roy, ce qui se void graué en lettres d’or dans vne pierre de marbre noir au dessus de la porte de son Hostel. […] Celles dont vous ácompagnez la lettre que vous m’auez fait l’honneur de m’écrire, sont tres-justes & solides, & sans remettre à vne seconde edition le plaisir qu’en peut tirer le Public, j’aime mieux les placer icy comme hors d’œuures, & mon ouurage sembloit me demander cette belle conclusion. […] Ie crois, Monsieur, auoir satisfait à ce que vous souhaitez de moy par vôtre lettre, & ie vous supplie de croire que ie seray toute ma vie auec beaucoup de respect, vôtre, &c.
Quant à celle-ci, où l’on voit une épouse prêter l’oreille aux fleurettes d’un amant, en recevoir des lettres, lui répondre, lui donner un rendez-vous nocturne, chercher à déshonorer son mari, dont elle raconte les ridicules à un séducteur à qui elle fait un signe de pitié au moment où on lui rappelle le respect qu’elle doit aux nœuds sacrés du mariage ; et tout cela se faisant de manière à divertir, à être approuvé des spectateurs, à faire applaudir l’infidélité, les détours, les mensonges, l’impudence ; quant à ce spectacle, dis-je, il n’y en a pas de plus dangereux pour les femmes de tous les rangs et de tous les ordres ; parce qu’en voyant applaudir une femme noble de mépriser ainsi les devoirs du mariage, de fouler aux pieds le précepte de la foi conjugale, en un mot de se jouer de son mari, sous prétexte qu’il est paysan, il n’est pas douteux que les femmes roturières n’aient la noblesse de penser qu’il doit leur être permis d’en agir de même envers leurs maris, quand ils sont lourdauds, malotrus ou bêtes, etc. […] Dès-lors ce ne furent plus les jeunes épouses qui trompèrent les vieux maris ; ceux-ci sont devenus les trompeurs ; oui, ces espiègles ont fait faux bond à leurs fidèles moitiés ; ils ont eu à leur tour des intrigues, des confidentes ; ils ont reçu des lettres secrètes, des poulets ou billets doux ; ils en ont écrit, ils ont donné des rendez-vous aux jeunes femmes qui avaient alors beaucoup d’attentions pour eux, qui les flattaient, qui leur souriaient agréablement en signe d’affection, ou du moins de reconnaissance. […] Les femmes ont encore moins su auquel entendre ; sous la minorité de Louis XIV, on les critiquait sur la légèreté de leurs goûts ; elles ont été sensibles à ces reproches et se sont livrées à l’étude des sciences et des lettres ; elles fréquentaient les savants et voulaient avoir dans leur cercle leur mathématicien, ou leur littérateur ; Molière est arrivé, et s’est mis à crier de toutes ses forces, aux précieuses, aux femmes savantes !
Il va faire incessamment ce magnifique cadeau à la nation des philosophes, & à la République des lettres qui vont l’attendre avec impatience, & l’acheter à grand prix. […] M. de Carraccioli, fécond & pieux écrivain, a donné un recueil des lettres de la Princesse Radzivil, Dame Polonoise, d’un mérite supérieur. […] Mais il quitta trop jeune la Capitale & les belles lettres, pour se livrer aux fonctions de sa chargé, & mériter mieux que Moliere les honneurs d’un éloge couronné.
Le sieur Sahalin, Tailleur costumier de Monseigneur le Comte d’Artois, charge de nouvelle création qui ne se trouve pas dans l’Etat de la France, a écrit une belle lettre aux Journalistes de Trévoux, à laquelle, pour rire sans doute, ils ont accordé les honneurs de la presse, pour exposer les prérogatives de son art, qu’il fait marcher de pair avec tous les arts libéraux, fort au dessus des arts méchaniques. […] Quel trésor pour les lettres & les mœurs ! […] Le célebre Jean-Jacques Rousseau vient de parler sur cette matiere comme auroit fait Diogene, dont il semble renouveller l’esprit : il peint les spectacles dans une lettre à M. d’Alembert, comme des occasions sures & prochaines de débauches, & se félicite de ce que sa chere Geneve sa patrie ne connoît point encore ce divertissement dangereux, qu’il appelle l’ Ecole du libertinage , le fruit de l’oisiveté , la ruine de la société .
Les Lettres du Marquis de Rozelle, & celles de Sophie, qui en sont la suite, petit roman incomparablement mieux écrit que ceux de l’Evêque du Bellay & du P. […] Cette lettre, quoique pleine de vérités, est sans vrai-semblance ; on ne se décrie à ce point que dans la confession sacramentelle, parce que la loi de Dieu y oblige, & qu’on est sûr du secret ; mais il n’est guere probable qu’on aille faire à un amant sans nécessité un tel aveu par écrit.
L’institution de cette fête avait eu lieu l’an 1462 par le bon roi René, comte de Provence, duc d’Anjou, et souverain de Naples ; cet excellent prince d’une dévotion et d’une foi réelles, aimait encore les sciences, les lettres et les arts ; il était grand protecteur des tournois, des joutes, et des poésies galantes ; il avait voulu, par la fondation de cette cérémonie, faire prévaloir la religion de Jésus-Christ, sur la puissance du diable, et imprégner cette vérité dans l’esprit du peuple, par des représentations qui parlassent à ses sens. […] Mais on pourra consulter, à cet égard, un ouvrage intitulé Onguent pour la brûlure, in-8°, déposé à la bibliothèque royale, sous la lettre D. […] On étendait à cette heure, devant la porte du maître de la confrérie de l’Assomption, une grande tapisserie sur laquelle on appliquait des lettres en or, qui rendaient et formaient quelques vers exprimant les qualités distinctives de ce maître, et de son amour pour Marie. […] Charles VIII confirma ce privilège en consentant formellement à son exercice ; Louis XII, en 1512, donna des lettres de confirmation ; Henri IV donna la fameuse déclaration de 1597, qui fixa les droits du chapitre par rapport au privilège. […] Enfin, pour achever de faire connaître les excès auxquels on se portait dans cette fête, il suffit de rapporter ce qu’on lit à ce sujet dans la lettre circulaire de la faculté de théologie à Paris, que nous avons citée au commencement de cet article.
Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie.
Pontius, 1599, “Instructiones praedicationis Verbi Dei”, p. 485] : non qu’il y eût à la lettre dans les spectacles de son temps des restes du paganisme ; mais parce que les passions qui ont formé les dieux des gentils y règnent encore, et se font encore adorer par les chrétiens.
La Poésie étant pleine d’esprit et d’artifice, on en doit faire cas comme d’un exercice attaché aux Sciences et aux belles Lettres, qui est reçu dans le Monde sans contestation.
LETTRE de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. […] Voilà, Madame, les livres que j’ai lus autrefois sur la matière que vous me proposez : Mais ces idées sont maintenant fort effacées de mon esprit, parce que je me suis toujours appliqué depuis à des choses qui n’y ont nul rapport ; cependant si la solitude, et le repos de la campagne où je suis depuis quelques mois, peut me rappeler quelqu’une de ces anciennes idées, je vous écrirai au hasard, comme dans mes autres Lettres, et sans suivre un ordre méthodique, tout ce qui se présentera à mon esprit. […] La première fois que j’aurai l’honneur de vous voir, quand je serai de retour à Paris, nous pourrons remettre cette matière en délibération, si vous n’êtes point rebutée d’une Lettre si longue et si sèche.
François Jouan, Paris, Les Belles Lettres, 2002). […] Pralard, 1671, et la réponse que lui apporte Du Plaisir dans les Sentiments sur les lettres et sur l’histoire, avec des scrupules sur le style, Paris, C. […] Louis Méridier revue et corrigée par François Jouan, Paris, Belles Lettres, 1997).
Le prince de Conti, Traité de la comédie et des spectacles, selon la tradition des Pères ; Nicole, Essais de morale, tome 3 et tome 5, pensées sur les spectacles ; Bossuet, Maximes et réflexions sur la comédie, on a vu avec quelle force Bossuet s’élève contre le théâtre ; Desprez-de-Boissy, Lettres sur les spectacles ; Concina, théologien dominicain, de Spectaculis theatralibus ; Gérard, comte de Valmont ; enfin, une foule de théologiens français, comme Fromageau, Pontas, etc. Jean-Jacques Rousseau lui-même a fortement blâmé les spectacles dans une longue et éloquente lettre à d’Alembert.
Trajan en supprimait autant qu’il pouvait ; Alexandre retrancha les libéralités des Empereurs aux Comédiens ; Marc-Aurèle n’écoutait pas même quand il y était, il y lisait ses lettres, et écrivait ses dépêches : ils regardaient les spectacles, comme les académies de jeux, des lieux de prostitution, qu’on est quelquefois obligé de tolérer, malgré leur infamie et leur désordre. […] » Il termine sa lettre en gémissant sur les erreurs du monde : « Heu mundi error dolendus !
Nous verrons quel fut aussi à la renaissance des Lettres le zele des Italiens, des Espagnols, & le nôtre, non pas à étudier ces Modeles, mais à les louer, & à publier que nos Ouvrages étoient dans le même Gout.
M. de Cambrai (Lettre à l’Académie) n’a pas fait assez d’attention au genre dans lequel Moliere écrivoit, quand il a condamné sa Versification & sa Prose.
Pierre le Brun, Prêtre de notre Congrégation, conformément au Privilège à nous accordé par les Lettres Patentes du Roi, en date du 26.
Ces faveurs, que la bonté du Prince rendent très-précieuses, quelques communes qu’elles soient, ne font pas des lettres d’anoblissement que la Cour des Pairs à celle du Parnasse s’empressent d’enregistrer. […] Pour conserver les moindres productions de son cher pere, l’Editeur a fait imprimer les lettres familieres que Destouches écrivoit au Chevalier son éleve, avec les thêmes tout faits qu’il lui envoyoit.
Balzac dans une lettre écrite de Rome où les eaux de senteur sont fort en usage, ainsi que dans toute l’Italie, dit plaisamment dans son style empoullé : Quand j’entre dans la chambre de Madame N. il faut songer à me sauver à la nage au milieu des eaux de senteur qui y coulent ; la vapeur forme un nuage qui obscurcit le jour. […] Excès de sensualité dont à la longue la santé est altérée ; il est plus ordinaire de parfumer les lettres, certaines gens s’en font un devoir de politesse, sur tout en écrivant aux femmes, & les femmes n’y manquent pas en écrivant à leurs amans.
Voltaire répondit à Clément & à Voisenon : voici sa réponse en vers & en prose : Il est bien vrai que l’on m’annonce des lettres de Maître Clément ; il a beau m’écrire souvent, il n’obtiendra point de réponse ; je ne suis pas assez sot pour m’embarquer dans ses querelles. […] Il n’a point en effet répondu à sept à huit Lettres du sieur Clément, & il seroit bien difficile d’y répondre rien de satisfaisant.
Là c’est une lettre envoyée dans une boëte, ici une lettre jetée avec une pierre par la fenêtre, une fille qui parle à la fois au jaloux & à l’amant, & par une équivoque fait entendre qu’il faut l’enlever, & sans que l’imbécille s’en apperçoive, l’embrasse dans le même temps qu’elle fait baiser la main au rival.
On a publié quelques-unes de ses Lettres, dans le Journal des Dames, 1767. […] § L’Auteur a voulu qu’on supprimât quelques lignes d’Entretien, qui, en apprenant au Public une chose inutile pour lui, déchireraient le voîle dont sa prudence a couvert l’Intrigue qui fait le sujet des Lettres.
Ils disaient qu’ils n’étaient ni Comédiens, mais simples farceurs ; ni Français, mais un ramassis de toutes les nations ; ni établis dans Paris, mais une Troupe errante, qui campait sous des tentes pendant la foire ; qu’ils ne jouaient point de pièces régulières, mais des fragments et des scènes détachées ; que la foire avait joui de temps immémorial de la liberté des spectacles, comme d’une branche de commerce ; et que les Comédiens n’ayant point de lettres patentes, mais un simple brevet non enregistré, ils n’étaient pas personnes capables d’ester à droit et de faire des poursuites légales (comme M. l’Avocat général en convenait). Les Comédiens représentaient que ce spectacle, quoique étranger, tronqué, passager, leur faisait tort, en diminuant le nombre des spectateurs, qu’ils n’avaient pas besoin de lettres patentes, que dans les plaisirs du Roi, bal, comédie, etc., il suffit que le Prince marque son goût, sans aucune formalité.