Si l’on peut dire des Comédiens, que ce sont de véritables Chrétiens et des Saints. […] Nous lisons dans la vie des Saints Pères du désert, qu’il fut un jour révélé à S. […] Qui sont ceux qui ne doivent point être admis à la sainte Communion. […] Car les Conciles ayant expressément défendu de jouer des Comédies aux saints jours des Dimanches et des Fêtes, comme aussi d’y assister, sous peine d’excommunication, c’est une contravention formelle à ces saintes Ordonnances que de le faire : « Qui prætermisso Ecclesiæ Conventu ad spectacula vadit, excommunicetur. » Conc. […] L’on retranche en ces saints temps les nôces et les réjouissances qu’on permet en d’autres.
Leurs théatres sont dédiés à des Saints, S. Charles, Sainte Magdelaine, &c. […] Ils ont leurs fêtes, & dans les fêtes les plus saintes, un mariage, un Te Deum. […] On m’invita, quand j’étois à Madrid, à une piece sainte (le Martyre de Sainte Cécile), jouée devant le Roi. […] Joseph son père est un pauvre Menuisier, que la Sainte Vierge sa mère est une couturiere.
Son premier but fut de servir de frein aux mauvaises passions des hommes, et de rétablir parmi ceux-ci les saintes lois de la fraternité, le règne de la justice et de l’union. […] De là aussi des sectateurs toujours nouveaux, réformateurs de la société religieuse, ennemis irréconciliables des abus, sujets de sarcasmes et de disputes implacables, voués à la haine éternelle de tous ceux qui prêchent le pardon des injures, la sainte patience, l’indulgence et la paix. […] VIII, De Civit., où son opinion est si clairement exprimée dans ce peu de mots : « Et hæc sunt scenicorum tolerabiliora ludorum, comœdiæ scilicet et tragœdiæ » ; oubliant aussi que saint Thomas d’Aquin, à l’exemple du grand saint, avait considéré l’art dramatique, qu’il appelle histrionatus ars, comme nécessaire et indispensable à la société : « Necessarius ad conversationem vitæ humanæ »(art. 3, in resp. ad 3, quæst. 168) , et enfin ignorant peut-être, ce que nous ne voudrions pas admettre, que saint Antonin lui-même, appuyé de l’autorité de saint Thomas, dit dans suæ Summæ, tit. 8, cap. […] Dès qu’on s’écarte des bornes de la sainte morale pour suivre des exercices qui n’en sont ordinairement que les signes, on hâte les graves progrès du fanatisme, qui dévore le cœur d’une ardeur sacrilège, et nous mène au crime ; on néglige insensiblement la raison pour embrasser la cause, et on ne recherche plus l’exercice de la sainte vertu qui nous porte à faire le bien, pour s’appliquer à fuir les moyens qui peuvent nous conduire au vice ; devenant ainsi inutile à la société et à soi-même, et ressemblant parfaitement à ces hommes que Le Dante, dans ses chants, nous peint indignes du paradis, parce qu’ils n’ont rien fait pour le mériter, et que l’enfer même refuse d’admettre parmi les siens, parce qu’il n’aurait aucune gloire de les posséder. […] Ce n’est rien au fond que cet usage, et ceux qui reçoivent pour les choses saintes ne croient point les vendre, comme ceux qui donnent ne pensent point à les acheter ; ce sont peut-être des apparences qu’on pourrait cacher aux simples et aux indévots. » Et chacun sait, de notre temps encore, jusqu’a quel point on porte ces abus et cette usure.
Est-ce dans les saints Peres ou dans les Conciles ? […] Mais vous pensez que ce n’étoit que contre ces abominations grossieres que les saints Peres déclamoient. […] l’action d’un pur déclamateur peut davantage pour imprimer la vertu dans les cœurs que le zele saint qui nous enflamme ? […] Je le souhaite, je souhaite que tous les saints Peres se soient trompés ; car tous les saints Peres assurent tous le contraire ; mais laissez-nous cependant déplorer la corruption de leurs cœurs, le déshonneur de la Religion & de l’Etat, & peut-être le déshonneur prochain de vos propres familles. […] Mais voulez-vous que je remonte jusques aux premies siecles & dans l’Histoire Sainte ?
Or on dit que le principal exercice des sorciers en leurs assemblées est la danse : et ainsi les idolâtres dansaient à l’entour du veau, Exode 32d, comme aussi quand ils voulaient apaiser leurs Dieux, Idoles et diables et obtenir quelque chose d’eux ils proposaient publiquement des jeux de théâtres, comme il appert ès leçons des matines de la fête de monsieur saint Michele. […] « Empêcher convenante provision et remède en tels maux, serait pécher mortellement, et se rendre suspect d’être mauvais Chrétien, et perfide enfant des Païens : cela se pourrait prouver par la sainte écriture et saints Docteurs, qui reprennent telles choses mauvaises et abominables faites les jours des fêtes, comme idolâtries, et maudites vanités : et si quelqu’un dit, que telles choses ne sont que jeu et récréation, écoute une brève réponse, qui est un proverbe commun très véritable et digne d’être observé : il ne se faut jamais jouer à la foi, à l’œil, ni à la renommée. […] Voilà la résolution de ce grand personnage monsieur Gerson conformément à tous les anciens Docteurs saints, desquels qui voudra voir au long la sentence touchant telles impures impiétés, comme aussi touchant les autres débauches, danses, folies, ivrogneries, momeries, et semblables bacchanales, accoutumées méchamment et scandaleusement, d’être commises les jours des fêtes, lise les lieux ci après notés, savoir est : Chrysostome, t. 2, Homélie 38 in 2 Matthoei. […] De quoi qui me demanderait mon avis, en conscience je dirais sous correction de meilleur avis, qu’il me semble avec monsieur Gerson, que ceux qui ne s’opposent à tels scandales, et blasphèmes de la religion Chrétienne pèchent : Et me semble que l’Evêque est tenu d’ôter la confrérie, plutôt que permettre telles choses si contraires marcher ensemble : comme aussi il n’est raisonnable de faire dire Messes d’un si vilain gain, ne de recevoir telles gens à l’offrande, ni à la sainte Communion. […] Je ne craindrai toutefois de dire et affirmer que de mon temps et demeure à Paris, ville beaucoup libertine et toutefois couverte d’une grande apparence et montre de la religion Catholique en cérémonies externes, je n’y en remarque chose plus professant le paganisme et blasphématrice contre Jésus Christ et sa très mémorable passion que les jeux, lesquels je désirerais que ceux de notre université eussent plus raisonnablement et louablement condamnés et fuis que imités ou tolérés les jours des saints Dimanches et autres fêtes solennelles principalement.
Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. […] « Vous courez, lui disait-il21, à l’amphithéâtre où l’on voit des danses immodestes, où l’on entend des acteurs qui sont les organes de Satan, l’auteur de toutes sortes de séduction et de méchanceté. » Si nous remontons jusqu’au second siècle, nous trouvons à côté de Tertullien saint Clément d’Alexandrie, qui parle en cette sorte à ceux qui fréquentent les spectacles. […] Le saint abbé Nilus, qui vivait dans le cinquième siècle, dit aussi26 qu’une personne zélée pour sa sanctification, et craignant les blessures de l’âme, était obligée de s’interdire les spectacles publics, où la volupté siégeait comme sur son trône. […] Le second menace d’une pareille35 censure les fidèles mêmes, qui, désertant les saintes assemblées en un jour de fête, vont contenter leur curiosité dans l’amphithéâtre. […] [NDA] St.
on ne peut, selon vous, approcher de la table sainte, pas même au temps pascal. […] Il paraît néanmoins qu’alors il n’était un péché pour personne, puisqu’on avançait l’heure des offices, afin qu’au sortir du lieu saint, tous les fidèles y pussent assister. […] Louis XIV lui-même, le superbe Louis XIV, sollicite vainement de l’arrogant pontife une place en terre sainte pour Molière ; il n’obtient qu’un refus insultant ! […] [NDE] Saint Louis de Gonzague (1568-1591), étudiant jésuite italien mort au service des pestiférés à Rome en 1591 et reconnu saint par l'Église catholique. […] [NDE] La Société du Sacré-Cœur de Jésus fut fondée en France en 1800 par sainte Madeleine-Sophie Barat.
dangereux artifice, pour tromper les pecheurs, & pour deshonorer les Saints : Quoy ? donc l’on verra des Saints & des Saintes que toute l’Eglise revere comme ses veritables Heros, & ses veritables Heroïnes, representés avec un air lacif, par des hommes infames & par des femmes impudiques ? […] En second lieu, parce que Jesus-Christ qui en est le Chef, est appellé le Saint des Saints, quod ex te nascetur sanctum vocabiturLuc. 1. , dit l’Ange Gabriel à la sainte Vierge. […] , les citoyens des Saints & les domestiques de Dieu.
Il est vrai, l’Ecriture sainte ne la defend pas expressément ; & ce fût ce prétexte, dont on se servoit du tems de saint Cyprien, pour authoriser le divertissement du theatre : mais ce ne fût qu’un faux prétexte : car l’Ecriture, répond ce grand Saint, Verecundiam passa plus interdixit, qui tacuit ; veritas, si ad hæc usque descenderet, pessimè de fidelibus suis sensisset. a plus dit en se taisant, que si elle s’étoit expliquée par des defenses expresses : « Elle a eu honte de faire un précepte pour des choses, qui étoient si visiblement indignes du Chrêtien, qu’elle instruisoit. » Mais non : la sainte Ecriture ne s’en tait point absolument : elle nous dit, que tout Chrêtien a la qualité sainte & venerable de Membre de Jesus-Christ, qu’il doit exprimer dans la conduite de sa vie, la vie de ce Chef humilié ; & comment accorder cette qualité, & ces devoirs avec les vanités, & les dissolutions, qui se rencontrent dans la Comedie ? […] Saint Charles Borromée, qui vivoit à la fin du seiziéme siécle, eût le même sentiment de celle qu’on représenta alors ; & nous dit : « Qu’entre les entretiens publics de corruption étoient les spectacles de la Comedie, & que tout ceci étoit contraire à la morale chrétienne. » Personne ne nous prouvera, que le Theatre du dixseptiéme, ou du dixhuitiéme siécle soit plus chaste que dans le siécle de ce Saint : je suis donc en droit de pouvoir suivre le commandement du même Saint, qui veut, que ceux qui ont quelque charge des ames, en inspirent de l’horreur à celles que Dieu leur a confiées ; qu’ils leur montrent, que ces spectacles sont les malheureuses sources des calamités publiques, qui accablent le peuple chrétien ; & qu’ils alleguent à cet effét l’autorité des Saints Chrysostome, & Cyprien, & du grand Salvien. […] Or les actions, pour être surnaturelles, c’est à dire, saintes & chrétiennes, doivent être faites par le mouvement de la grace de Jesus-Christ, & sur les maximes de l’Evangile : en sorte que les actions d’une vie prédestinée doivent avoir la grace de Jesus-Christ : pour principe, & la doctrine de l’Evangile pour regle. […] Or les saints Peres m’apprennent, que d’abandonner les spectacles de la Comedie c’étoit une marque de Religion, & une marque bien autentique dans l’estime commune des premiers chrétiens, qui jugeoient selon la morale de Jesus-Christ.
Les souverains Pontifes à l’exemple de St. […] Cyprien, à St. […] N’est-ce pas encore un grand mal, demandent St. […] Le saint évêque eut la consolation de faire en ce genre une conquête, qui en valait seule un grand nombre d’autres. […] C’était sans doute pour se venger de ces pertes que la malignité fit circuler par toute la France une fable sur le compte du saint évêque d’Amiens.
5.) ce Saint condamne, comme une folle dépense, la somptuosité des bâtiments où règne la magnificence et le luxe. […] Mais ce Saint ne veut pas qu’on l’ignore ou qu’on en doute, c’est par là même que commence son livre. […] Ce Saint (L. […] adressé à sa sœur Sainte Marcelline), rapporte avec une éloquence sublime la mort de S. […] Parmi ces héroïnes brille Sainte Agnès, héroïne admirable dans l’âge le plus tendre, victime de la pureté.
Et ainsi lorsqu’il y a quelque sujet de réjouissance publique, la considération que l’on doit avoir pour l’ordre de l’Eglise et l’obligation qu’ont ses enfants de s’appliquer aux choses de Dieu, ne permet point qu’on puisse légitimement faire choix de ces jours saints pour des divertissements humains et profanes. […] En effet, si les danses d’aujourd’hui pouvaient convenir aveca la joie sainte de l’esprit Chrétien, pourquoi les condamnerait-on en certaines personnes, et en certains lieux, et lorsque l’usage en est trop fréquent ? Et pourquoi ne serait-il pas permis aux personnes mêmes consacrées à Dieu, de danser, et à celles qui ne le sont pas de prendre ce divertissement dans un lieu saint, et de le faire autant de temps qu’il leur plaira ? […] C’est ce qui a donné fondement aux abus déplorables, et aux désordres qu’on voit partout sur ce sujet en ces saints jours. Ils eussent bien mieux fait de suivre constamment et de soutenir généreusement la doctrine des anciens, appuyée sur la discipline de l’Eglise, et animée de son esprit, et de réprimer par la force de la vérité la licence effrénée des Chrétiens relâchés et vicieux, que de leur apprendre une voie large qui favorise leurs convoitises, et qui par conséquent ne peut que les conduire au précipice, par des opinions nouvelles, qui n’ont aucun fondement dans la doctrine de l’Eglise, ni dans celle des Saints.
Préface C’EST une erreur qui a infecté beaucoup d’esprits, qu’il était presque impossible d’accommoder heureusement au Théâtre les Sujets qui sont tirés de l’Ecriture Sainte, et de l’Histoire Chrétienne. […] Mais ce qui leur paraît de plus rebutant et de plus épineux, c’est que pour donner à ces ouvrages les ornements qu’ils demandent, il faut se remplir des grandes vérités de la Religion, et tirer de l’Ecriture sainte ces riches expressions que nous fournit la divine Poésie du Psalmiste et des Prophètes, et qui sont fort au-dessus de tout ce que l’ingénieuse et savante Antiquité a de plus grand et de plus magnifique. […] Quand je parle si avantageusement des matières saintes, je ne prétends pas exclure les Sujets profanes, quand ils sont traités sagement, et purgés de tout ce qui peut offenser la pudeur, et révolter le Spectateur raisonnable. […] Mais je ne saurais me taire sur l’étrange critique qui s’est répandue contre les pièces saintes. […] J’avoue que les sujets les plus extraordinaires peuvent instruire et divertir quand ils sont maniés par des mains savantes et heureuses ; mais peut-on douter que les matières Saintes quand elles tombent en de pareilles mains, puissent recevoir un tour assez agréable pour plaire et mieux encore pour édifier le Spectateur Chrétien.
Reste donc à examiner si ces sortes de divertissements sont licites, et s’ils ne sont point accompagnés de circonstances et défauts qui les rendent illicites et condamnables ; et pour cet effet considérons-les, et les regardons dans l’esprit, et selon la règle des plus saints hommes qui nous aient précédés. […] Le Saint Evêque de Marseille, Salvian, parlant des spectacles, dans le sixième livre qu’il a fait du gouvernement de Dieu, est fort éloigné de les faire passer pour divertissements, puisqu’il les condamne avec tant de chaleur : voici ses propres termes : « Aller aux théâtres, dit ce Saint, est une espèce d’apostasie de la foi, une prévarication mortelle de ses Symboles et célestes Sacrements » : car, de grâce, quelle est la première confession que font les Chrétiens, lorsqu’ils sont admis au Sacrement salutaire du Baptême, si ce n’est dire et protester, qu’ils renoncent au diable, à ses pompes, aux spectacles que tu reconnais et confesses être des œuvres du diable ? […] C’est donc par ce moyen que tous les mystères du Symbole sont ruinés dans nos cœurs , et après avoir sapé ce premier fondement de notre créance, tout ce qui suit des autres vérités du Symbole menace ruine dans nos esprits : et un peu après, ce même Saint ajoute : s’il y a donc quelqu’un qui s’imagine que de se trouver aux spectacles ne soit qu’une faute légère, qu’il considère attentivement tout ce que nous venons de dire, et qu’il prenne bien garde que le plaisir et le contentement ne se trouve pas aux spectacles, mais la mort ; et quelques lignes après il dit, qu’est-ce qu’on remarque de semblable chez les Infidèles et chez les Barbares ? […] où est cet assemblage, et cet amas criminel de diverses impuretés et débauches, c’est-à-dire, la désolation et le renversement de notre espérance et de notre salut : et encore que ces choses fussent en usage parmi eux, pendant qu’ils vivaient dans les ténèbres du Paganisme, ils étaient toutefois bien moins criminels, n’étant point coupables de prévarication contre une chose sainte et sacrée, ni une injure faite au Sacrement et contre son caractère : mais pour nous, comment pouvons-nous nous défendre, vu que nous confessons et publions que nous renonçons au don précieux et incomparable du salut, et qui fait qu’on nous peut justement reprocher, et demander où est notre Christianisme ? Où paraît en nous, cette sainte, auguste et irrépréhensible Religion ?
Silence de l’Ecriture sur les spectacles : il n’y en avait point parmi les Juifs : comment ils sont condamnés dans les saintes Ecritures : passages de saint Jean et de saint Paul. […] Les saints Pères qui ont essuyé de pareilles difficultés de la bouche des défenseurs des spectacles, nous ont ouvert le chemin pour leur répondre : que les délectables représentations qui intéressent les hommes dans des inclinations vicieuses, sont proscrites avec elles dans l’Ecriture. […] « Au reste, mes frères, tout ce qui est véritable : tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, (selon le grec) u , tout ce qui est chaste, tout ce qui est pur) tout ce qui est aimable, tout ce qui est édifiant : s’il y a quelque vertu parmi les hommes, et quelque chose digne de louange dans la discipline ; c’est ce que vous devez penser » : tout ce qui vous empêche d’y penser, et qui vous inspire des pensées contraires, ne doit point vous plaire, et doit vous être suspect. […] Les Juifs n’avaient de spectacles pour se réjouir que leurs fêtes, leurs sacrifices, leurs saintes cérémonies : gens simples et naturels par leur institution primitive ; ils n’avaient jamais connu ces inventions de la Grèce : et après ces louanges de Balaam, « il n’y a point d’idole dans Jacob, il n’y a point d’augure, il n’y a point de divination »Num.
Or constammentw ce n’était pas un comédien, mais un simple « joueur de flûte, qui gagnait sa vie à cet exercice dans un village : in vico » : comme il paraît par l’endroit de la vie de ce saint solitaire qui est citéx par Saint ThomasVit. […] y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie. […] On n’en voit guère en effet, et peut-être point dans le temps de ce saint docteur. […] Tant de décrets de l’Eglise et le cri universel des saints pères les avait décrédités, et peut-être renversés entièrement.
Quel rapport a donc ce Saint avec le théatre ? […] Tous les Saints sont doués de toutes les qualités, de toutes les graces du corps & de l’esprit. […] Mais il est vrai que les Saints sont dans des transports de joie. […] On donne souvent aux Saints une embleme qui les caractérise ; des clefs à S. […] On peint ainsi les Saints après leur canonisation, couronnés de gloire.
Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. Je commence cet Abrégé par celui des passages de l’Ecriture Sainte, des canons des Conciles, et des Ouvrages des Saints Pères contre les Spectacles, parce que c’est le fondement de tout ce qui a été écrit sur cette matière. […] Par conséquent ces passages que j’ai rapportés, suffisent pour faire voir qu’on trouve des armes dans l’Ecriture Sainte pour combattre les Comédies, quoiqu’elles ne contiennent ni idolâtrie, ni impureté grossière. […] Je conviens que ces Saints Pères ont condamné les Spectacles par ces deux motifs ; mais je prétends qu’ils les ont de plus condamnés pour d’autres désordres, qui se trouvent dans les Opéra et les Comédies de notre siècle. Je commencerai par Tertullien, dans son Livre des Spectacles, chapitre 4. où il s’exprime en ces termes : « Peut-on dire que les Spectacles ne sont pas défendus dans la sainte Ecriture, puisqu’elle condamne toute sorte de concupiscence ?
TOus les Chrêtiens ensemble ne sont, qu'un corps dont Jésus-Christ est le chef, et le St. Esprit l'âme, vouloir donc que les Comédies et les Opéra puissent être l'occupation des Chrêtiens, c'est vouloir que Jésus-Christ s'y plaise, et que le St. […] Nous exhortons tous les Fidèles que la Providence nous a confiés de s'abstenir de ces faux et malheureux plaisirs du Siècle, où quand on s'abuserait assez pour croire que l'on n'y fait aucun mal, on ne saurait se défendre de celui qu'y font les autres, et comme les complices du péché selon St.
La troisième, je la tire de la pratique, et de l’exemple des Saints,Troisième raison, les Saints les ont pratiquées. […] Sainte Elisabeth Reine de Hongrie, jouait et se recréait ès assemblées qui se faisaient pour passe-temps. […] Saint Ignace de Loyola43 visitant un jour un Citoyen de Rome, le trouva jouant au billard, invité à jouer avec lui, l’accorda ; mais avec une sainte condition, que celui qui perdrait, ferait l’espace de trente jours la volonté de celui qui gagnerait ; Dieu bénit tellement ce jeu, que le Saint, qui n'avait jamais manié ni bille, ni billard, gagnait à chaque coup, et la partie finie, le vaincu se mit entre les bras de ce Saint, obligé par sa promesse, de faire l’espace de trente jours, tout ce qu’il voudrait : le Saint lui conseilla une retraite durant ces 30. jours, pour vaquer aux exercices spirituels ; le fruit desquels il ressentit tout le reste de sa vie. […] Notre Seigneur, la Vierge, les Anges, et les Saints, vous ont vu au bal, vous leur avez fait grande pitié, voyant votre cœur amusé à une si grande niaiserie, et attentif à cette fadaise. […] Troisième raison, les Saints les ont pratiquées.
Mais ton foudre saint ne fût pas bien tombé sans ce préambule mensonger. […] Que si représenter la sainte vérité est chose mauvaise, pourquoi est-ce que Dieu l’aurait commandé à ses prophètes ? […] Les choses saintes, dit saint Jérôme, doivent être perçues, et par les yeux et par les oreilles. […] Si c’est mal fait de représenter les choses saintes, ces réformés qui l’ont fait, seront avec les jésuites coupables. […] Il a traduit les psaumes en distiques élégiaques, il a composé une version christianisée des Hérodiades, un recueil fictif d’épîtres de saintes.
Après s’être gaussé des choses séculières, on se raille des choses les plus saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées ; on y mêle les paroles même de la Bible, on profane ce qu’il y a de plus saint et de plus auguste en l’Eglise ; les serviteurs, les servantes et d’autres personnes qui ont l’esprit faible, entendant ainsi parler avec mépris des choses saintes, perdent le respect, la vénération et l’estime qu’ils en avaient ; ils s’accoutument à les considérer comme des choses profanes, indifférentes et de petite conséquence, ils tombent en un état d’insensibilité et d’endurcissement ; ce qui fait qu’ils se confessent, qu’ils communient, qu’ils prient Dieu et qu’ils entendent les sermons par manière d’acquit. […] Et ailleurs (hom. 56. in Genes.) il remarque qu’aux noces du patriarche Jacob, d’Isaac, d’Abraham, de Tobie et des autres Saints, que l’Écriture raconte, il n’est fait aucune mention de danses ni de semblables folies ; aussi Dieu bénissait-il leurs mariages, au lieu que vous encourez souvent les anathèmes de sa malédiction, parce que vos noces sont des occasions de mille péchés qui s’y commettent.
C’est contre ces jeux et ces spectacles profanes que je veux parler aujourd’huy à l’exemple de tous les saints Pères, qui les ont toujours regardés avec horreur : et afin que les mondains ne me puissent rien objecter, nous verronsDivision. […] C’est ainsi que parle le monde ; mais ce n’est pas ainsi que parlent les Saints. […] Mais parce que le plus grand argument dont les gens du monde se servent pour autoriser ces divertissements, est le témoignage de saint François de Sales : Examinons ici les paroles et les intentions de ce Saint dans le 32. et 33. chapitre de son Introduction à la Vie dévote. […] Que si on m’objecte que ce grand Saint ne devait point avoir cette tolérance, mais une sainte sévérité, semblable à celle que les Pères ont témoignée contre les damnables divertissements : je vous réponds qu’il devait avoir cette tolérance dans le temps déplorable où le Christianisme était presque éteint. […] Lorsque j’étais dans ces divertissements Dieu m’a vu, la sainte Vierge et les Anges ont été les spectateurs de ma joie criminelle, et ont vu mon caractère de Chrétien profané, ils l’ont vu avec horreur, ils l’ont vu avec compassion.
Par tous ces principes des saints pères, sans examiner le degré de mal qu’il y a dans la comédie, ce qui dépend des circonstances particulières, on voit qu’il la faut ranger parmi les choses les plus dangereuses ; et en particulier on peut juger si les pères ou les saints docteurs qui les ont suivis, et Saint Thomas comme les autres, avec les règles sévères qu’on vient d’entendre de leur bouche, auraient pu souffrir les bouffonneries de nos théâtres, ni qu’un chrétien y fît le ridicule personnage de plaisant. […] Saint Thomas, comme on a vu, marche sur ses pas ; et s’il a un peu plus suivi les idées, ou si vous voulez, les locutions d’Aristote ; dans le fond il ne s’est éloigné en rien de la régularité des Saints Pères.