Il est gouverné par des rois, et, depuis Samuel, la succession des prophètes n’est pas interrompue.
L’un juste estimateur de toute sorte de poësies, excellent Poëte lui-même, vainqueur de l’impieté Epicurienne de Lucrece, admiré dans toutes les Académies, dont il est membre, plein de richesses Academiques ; Negociateur celebre sur le Theatre de l’Europe : non pas Spectateur oisis, mais digne par la noblesse de son air & de ses manieres, par l’élevation de son genie, par la dexterité de son esprit, par les graces de son éloquence, d’être lui-même un spectacle & un objet d’admiration & d’amour aux Nations, aux Rois, aux Souverains Pontifes. […] N’est-ce pas à ce dessein que la Muse du Theatre parcourt d’un œil curieux les maisons, les camps, les places publiques, le Barreau, la Cour, les Palais des Rois, d’où elle tire, sans distinction, Artisans, Soldats, Négocians, Juges, hommes de Cour, Potentats, & Souverains, qu’elle cite au Tribunal redoutable du Parterre ? […] Sa magnificence presque Royale avoit élevé un Palais aux Sciences Divines ; elle avoit mis l’Academie Françoise sous l’éternelle protection de nos Rois ; elle portoit enfin ses projets, jusqu’à rendre digne des Rois & des peuples une autre Ecole publique, qu’il croyoit propre à instruire les Sujets & les Monarques. […] Le génie du premier avoit pénétré dans le cabinet des Rois pour y fonder les profondeurs de la politique : l’esprit du second s’insinua dans les cercles, pour y apprendre les délicatesses de la galanterie.
Ces deux femmes qui avoient quelque beauté, beaucoup de coquetterie, & pour dot des sommes immenses, que leur oncle avoit amassé ; ces deux femmes furent récherchées de deux Rois. […] Mariée à Rome, séparée aussi de son mari, elle revint en France, comptant de ranimer les feux du Roi, il la méprisa ; elle courut le monde, & par ordre du Roi d’Espagne, elle fut arrêtée en Flandres ; transférée à Madrid, & renfermée dans un couvent.
Il semble même que pendant les quatorze ou quinze ans du règne de la Marquise de Montespan les Comédiens de divers théatres se soient donné le mot pour faire diversion aux scrupules du Roi par une quantité de pieces sur des adultères, où, comme Moliere, on n’en fait qu’un badinage. […] L’Empereur, qui quoique incommodé avoit été de tous les plaisirs, revenant de la comédie, n’eut pas le temps d’arriver à son appartement, une attaque foudroyante d’apoplexie le fit mourir subitement dans la chambre & sur le lit d’un valet de chambre, où le mit son fils, le Roi des Romains, qui étoit auprès de lui & le reçut entre ses bras, sans avoir un moment pour appeler ni Chirurgien ni Confesseur.
Les traits malins contre la religion, les mœurs, la levée des impôts, le despotisme des Rois, sont sans nombre. […] C’est beaucoup moins de temps que le grand Moliere, pressé par l’ordre du Roi, n’en mit à la comédie qui lui en coûta quinze.
Primo, que l’on doit fuir soigneusement l’occasion et ne jamais présumer de ses forces ; secundo, que la prévention des Juges fait la perte des innocents ; tertio, que les flatteurs « sont le présent le plus funeste qu’ait jamais fait aux Rois la colère céleste »bl . […] , Acte IV, scène 6, p. 64 : « Détestables flatteurs, présent le plus funeste / Que puisse faire aux rois la colère céleste !
Il est surprenant que ces Religieux aient souffert dans leur Eglise ni le corps, ni le buste, ni le mausolée ; ils l’ont fait sans doute parce que Lully ayant été reçu Secrétaire du Roi, il était censé avoir renoncé à l’Opéra, et l’avait en effet promis lors de l’enregistrement de ses provisions. […] Ils se qualifient dans le contrat et dans l’extrait de mariage, l’un Officier, l’autre Pensionnaire du Roi.
On a même la témérité d'avancer ce que mon respect pour le Roi ne me permettra jamais de croire, que Sa Majesté a fait la dépense de la peinture et de la gravure, que la Princesse Galitzine est venue du fond de la Russie pour faire présent de son portrait à la Clairon, comme l'Impératrice donne le sien à un Ambassadeur, à un Prince, pour lui marquer son affection. […] L'orgueil, l'estime de soi-même, la comparaison avec ce qu'il y a de plus élevé, les Rois même et les Dieux, font presque tout le sublime des tragiques.
Y a-t-il la moindre apparence que le meilleur des Rois laissât insulter à cet excès à la misere publique, et faire sentir la déprédation des impôts ? […] Au milieu de cette brillante féerie et de ce magnifique palais de diamants, le Roi et la Reine s'ennuyèrent si fort qu'ils plantèrent là les Acteurs et Actrices, diamants et rubis, demandèrent des cartes, et au milieu du spectacle se mirent à des tables de jeu.
Qu’est-ce qu’Arlequin dans la Lune ; Arlequin Roi des Ogres, la Forêt de Dodone ; le poirier ; les Oies, &c. […] Il avoit été envoyé Legat en France, il plût à François I. par son enjouément, & ses plaisanteries ; il en profita pour ménager les intérêts de son Maître ; mais malheureusement il voulut aussi ménager ses propres affaires, il prit des mesures avec le Roi pour se faire élire Pape au prochain Conclave. […] Elle étoit belle, elle plût beaucoup au Roi, à la Reine, & à la Cour.
J’aime passionnément mon Dieu, mon Roi, ma Maîtresse & moi-même. […] ) Elle changea de religion à la persuasion de l’Ambassadeur d’Espagne, qui lui fit croire qu’elle épouseroit le Roi son maître, si elle se faisoit Chatholique. […] A Paris les Comediens ont l’un & l’autre, la pension du Roi & les entrées.
Rien en cela que de naturel : dira-t-on que quelques propos bizarres d’Alceste forment le fond du caractere du misanthrope, tels que ceux-ci : « J’ai un procès, je crois avoir raison, je voudrois pour la beauté du fait perdre ma cause… » & celui-ci, « Votre sonnet ne vaut rien, j’aime bien mieux la chanson, si le Roi m’avoit donné Paris sa grand’ville, &c.. » & cet autre, lorsqu’il est près d’être conduit chez les Maréchaux de France, pour l’injure qu’Oronte le faiseur du sonnet, prétendoit avoir reçue de lui : « Je n’en démordrai point, les vers sont exécrables ; » & plusieurs autres endroits de même nature que je pourrois citer ; croira-t-on, dis-je, que quelques petits ridicules prêtés à Alceste, soit dans ses manieres, soit dans ses paroles, donnent beaucoup d’éloignement pour son caractere ?
Corneille, dans le commencement de Rodogune, a peint cette Princesse avec un dévouement pour le bien de l’Etat, qui lui fait oublier ses ressentimens propres, & sacrifier ses intérêts au traité de paix conclu entre le Roi des Parthes son frere & Cléopatre.
Au commencement de 1775, un Homme de Lettres estimable, Auteur du Roi & du Ministre, ou Henri IV.
Les craintes & les transports de Rodrigue éclateraient ; ce que Chimène doit à la mémoire de son père combattrait encore son amour ; mais elle se laisserait enfin attendrir aux larmes de son Amant & aux prières du Roi.
Nos Rois les ont-ils aussi condamnés ?
Tel qui n’a pas deux francs vingt centimes pour s’enivrer du plaisir de voir Lasond faisant le rôle d’Achille, Talma dans les fureurs d’Oreste, Raucourt dans Clytemnestre, Fleury dans Andromaque, Iphigénie ou Chimène, va badauder pour rien sous les tréteaux en plein air de Paillasse et de Polichinelle ; ou voir, pour douze sols, les Rois et les Reines du théâtre Sans Prétention.
Il n’ignore pas que les Ordonnances de nos Rois ont défendu rigoureusement de jouer les Ecclésiastiques & les Religieux, même d’employer leurs habits ; que Moliere, Corneille, Racine, Quinault ne l’ont jamais fait ; qu’on n’eût osé le faire sous le regne de Louis XIV ; que ces portraits vrais ou faux font mépriser la Religion dans ses ministres : au reste ces portraits sont outrés. […] Un peuple de cliens, d’esclaves ou de traîtres, Qui rampe ou qui périt sous le joug de cent maîtres Et qui n’impose plus à tant de rois divers, Que par l’éclat d’un nom qu’il eut dans l’univers. […] Nous jouons les rois, les héros, les maris, les amans, les honnêtes-gens : ce dernier rôle est celui dont on s’acquitte le plus mal. […] « Monsieur, votre lettre datée du 4 Mars, & adressée à Mrs. les Comédiens Français ordinaires du Roi, a été lue hier à leur assemblée.
Ils auront beau regarder les Rois de la Terre comme les dépositaires de l’autorité de Dieu même, comme des Divinités sensibles, ils enseigneront en vain qu’il est donc nécessaire de s’y soumettre non seulement par la crainte du châtiment, mais aussi par un devoir de conscience. doctrine seule véritable & qui affermit le bonheur des Rois & des Peuples . […] Termes dictés par l’Apôtre au Roi, qui par sa docilité à la voix de la Religion, a mérité le surnom de Juste : C’est sous la même condition qu’au commencement du quatorzieme siecle un autre Cardinal acheta l’Hôtel de Bourgogne pour les Comédiens. […] Ici a murmuré un certain préjugé de Cour ; mais que ne peut-il être exterminé du milieu de nous, ce plus grand ennemi des Rois & de tout le genre humain !
& la masure d’un bon Villageois, pourrait-elle donner à des Spectateurs le sentiment du Palais magnifique d’un Roi fastueux ?
Dans la satyre la plus mordante rien n’égale l’Arétin : c’étoit son vrai talent (si on peut appeller talent le poison de la malignité), il n’épargnoit ni Papes, ni Rois, & se faisoit appeller le fléau des Princes, flagellum Principum, comme porte une de ses médailles ; il n’épargna pas ses plus grands bienfaiteurs, les Médicis qui l’avoient tiré de a poussiere, Charles V. […] Les comédiens ne sont-ils pas tous les jours rois, empereurs, pontifes sur le théatre ? […] qui nous dit très-sérieusement : La comédie des Fâcheux, pour le divertissement du Roi, a été projettée, composée, apprise, exercée, représentée dans quinze jours.
Vous savez ce que je vous ai dit des opéras et des comédies, on doit en jouer à Marley : le roi et la cour savent le scrupule que je me fais d’y aller, et ils auraient une mauvaise opinion de vous, si vous aviez si peu d’égard pour mes sentiments. […] Monseigneur de La Motte répondit au roi « qu’à la vérité il aimait les pauvres, mais pas cependant jusqu’à la folie. » Vers 1760, Monseigneur Caisotti, évêque d’Ostie en Italie, engagea tous les curés et les prédicateurs de son diocèse à le seconder à prémunir leurs paroissiens et leurs compatriotes contre les spectacles. « C’est là, dit l’évêque de Namur en 1815, c’est là que règne seul l’ennemi de Dieu, le prince des ténèbres ; ces lieux, la vive école des passions, où les auteurs, les acteurs, les spectateurs conspirent tous à les exciter, où l’on ne les représente dans tous leurs charmes ou dans toute leur force que pour les rendre moins odieuses ; que dis-je !
La religion vous oblige de respecter dans les Rois l’image du Très-haut ; elle regarde comme un crime énorme tout attentat contre leur personne ou leur autorité : & vous vous plaisez à voir sur le théâtre le jeu criminel d’une révolte ou d’une conjuration ; vous applaudissez au fanatisme de ces fiers républicains implacables ennemis de la royauté ; vous les voyez sans horreur tremper leurs mains dans le sang du chef de la patrie. […] Que les Grands de la terre répandent leur faveur sur ceux qui les représentent, qu’ils les admettent à leur familiarité, qu’ils leur donnent auprès d’eux un accès qu’ils refusent souvent à la probité & à la vertu ; qu’une nation voisine porte l’enthousiasme jusqu’à mêler les cendres d’un Comédien avec celles de ses Rois ; que des Auteurs insensés osent nous proposer de suivre un tel modèle : ce fanatisme prouve-t-il autre chose que l’excès de dépravation, auquel les Chrétiens de nos jours sont parvenus, & qu’ils augmentent encore en se livrant à ce penchant violent qui les entraîne vers des plaisirs si frivoles & si dangereux ?
Elle méritoit d’être coquette, Jebu ayant fait mourir le Roi pour monter sur son trone vînt prendre possession de son palais, & quoique dans cette désolation extrême Jesabel eût tout à craindre pour elle-même, & rien à esperer, au lieu des habits de deuil, dont elle devoit être couverte, elle ne s’occupa que de sa parure, & malgré son âge avancé, osa se flatter (tant les femmes comptent sur le pouvoir de leurs charmes) qu’elle gagneroit l’usurpateur par sa beauté. […] Elle dit dans ses mémoires : Lorsque je fus appelée pour être interrogée par les Commissaires du Roi, je pris la précaution de mettre du rouge, quoique je ne fusse pas dans l’usage de m’en servir, pour leur dérober autant qu’il me seroit possible l’altération de mon visage, qui auroit pu me déceler.