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290. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

La douleur sensible que cet Écrit m’avait causée, jointe au bruit répandu de toutes parts que c’était l’Ouvrage d’une personne distinguée par sa qualité et par son mérite, me portait à commencer cette Réponse par me plaindre à lui-même de l’injustice d’un procédé que je croyais être le sien ; lorsque par un bonheur que je n’osais espérer, j’ai vu une Lettre Originale Française et Latine, adressée à Monseigneur l’Archevêque de Paris, et signée de la main même de celui contre lequel j’allais mettre la main à la plume. […] C’est pourquoi dans une corruption si générale, et des périls si grands où tout le monde se précipite, on ne doit pas s’imaginer que nous portions trop loin la sévérité, si nous n’osons excuser de péché mortel ceux qui courent aux Comédies ; puisqu’Alexandre de Ales m cet Auteur dont la doctrine est si pure, à l’endroit où nous l’avons déja cité, p. 4. dit, qu’il n’ose excuser de péché mortel ceux qui même malgré eux, ou par hasard, se trouvent aux Comédies, quand il s’y passe des choses propres à exciter les passions. » Je ne sais comment on peut citer en faveur de la Comédie, un Saint qui y est si opposé et en cela si digne Successeur de saint Ambroise, dont nous avons déja rapporté le sentiment. […] Un personnage à faire, occupe tout entier celui qui en est chargé ; il remplit tout son temps, et ne souffre plus qu’il soit le maître de son imagination, pour l’arrêter à point nommé : Si un Acteur a le personnage d’un Amant disgracié, ou d’un autre qui réussit dans ses poursuites ; il y pense jour et nuit ; il songe aux moyens de s’exprimer d’une manière vive et touchante : et pour cela, il faut qu’il ressente des mouvements et des passions que nous n’oserions même admettre dans notre esprit pour un moment avec une attention volontaire, sans nous croire coupables devant Dieu.

291. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Dès qu’ils eurent exécuté ce double attentat, ils joignirent leurs fortunes & leurs fureurs par un mariage, auquel Servius n’osa s’opposer. […] Au Nord de la France, un Protestant n’oserait avouer sa Communion, il serait assassiné par la populace. […] Il faut être Jean-Jacques Rousseau pour avoir osé blâmer le Spectacle moderne. […] « Où sera l’imprudente Mère qui osera mener sa fille à cette école dangéreuse ? […] Présomptueux Philologue, qu’ose-tu avancer ?

292. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Si Molière a prétendu faire briller Philinte aux dépens d’Alceste, jamais Auteur, j’ose le dire, n’a été plus maladroit. […] Un homme flétri par une lâcheté, n’ose plus paraître à leurs yeux ; et si l’on interrogeait les cœurs, on verrait qu’elles ne sont pas oubliées dans la harangue intérieure qu’un jeune guerrier se fait à lui-même quand il marche à l’ennemi. […] D’après ces principes, j’ose assurer M. […] Il s’ensuit que la scène Française n’est pas à cet égard aussi morale qu’elle peut l’être : mais on y dit ce que l’on n’ose y peindre ; et si les impressions n’en sont pas assez vives, si elles frappent l’oreille sans toucher le cœur, ce n’est pas la faute du théâtre. […] Si telle est son idée, j’ose lui répondre, qu’aucune des pièces où l’amour est peint vertueux, ne produit cet effet, ni ne peut le produire.

293. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

J’ose assurer que de cent personnes qni ont reçu de l’éducation, il n’y en a pas dix en état de juger du style d’un ouvrage.

294. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

Je n’imagine pas qu’ils osent se dire Officiers du Roi, ni du second, ni du troisiéme ordre.

295. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Si quelqu’un osoit l’être, il seroit aussi-tôt bafoué & persécuté de tous les autres.

296. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Comment osez-vous fréquenter les Spectacles, s’écrie Salvien1, après avoir reçu le Baptême, vous n’ignorez pas que l’on y rencontre des représentations diaboliques, que le Théâtre est de l’invention du Prince des ténébres, & que sa fréquentation entraîne une sorte d’apostasie : confrontez ses maximes au symbole de la foi, conciliez ses mystéres avec ceux de la Religion, avec la participation des Sacremens ; pouvez-vous vous flatter d’y rencontrer Jesus-Christ ?

297. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

Des gens graves, qui dans un profond silence, affublés d’une robe immense, & lugubre, élévée sur des siéges couverts de Fleurs-de-lys, un parquet sacré environné de barriere, que personne n’ose franchir, une foule de plaideurs dans l’attente de leur sort, dans la derniere consternation quand ils perdent, ou éclatant de joie si leur sort est heureux.

298. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

peut-être même n’y en aura-t’il pas un seul : car, ô mon Dieu, je n’ose sans fraieur tourner les yeux sur l’abîme de vôtre justice & la multitude de nos iniquités : peut être, dis-je, de nous tous, il n’y en aura qu’un seul de sauvé ; & vous croiés que ce sera vous, mon Frere !

299. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VI. Des Sçènes. » pp. 257-276

Les personnages des Pièces jouées sur le nouveau Théâtre, entrent & sortent au gré de leurs caprices ; nous avons vû même quelques-uns de ses Auteurs démentir les belles choses qu’ils avançaient dans leurs ouvrages : il me semble, par éxemple, que la marche des Scènes de la Bergère des Alpes, est répréhensible, elle contredit tout ce que j’ai écrit dans ce Chapitre ; tandis que l’Auteur de ce Drame nous a donné des leçons sur la Comédie & la Tragédie, à peu-près pareilles aux sentimens que j’ose proposer quand le nouveau spectacle m’en offre l’occasion.

300. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Le théâtre est une armée rangée en bataille, où le démon ramasse toutes ses forces, où les combattants, les batteries, les pièges, distribués et combinés avec le plus grand art, attaquent de tous côtés l’indiscret spectateur qui ose risquer ce combat décisif.

301. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Ce sont encore choses du monde auxquelles il n’osent dire qu’ils eussent renoncé, et qu’elles ne soient nécessaires.

302. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Je ne suis pas moins surpris de le voir prosterné aux pieds de La Fontaine avec une vénération qu’on n’a pas dans ce siécle pour les livres saints ; il se tue à excuser son attentat, d’avoir osé travailler après ce prodige, & trouver dans cet auteur divin quelque legere négligence, qu’il a cru ne devoir pas imiter, quelques endroits qu’il a cru devoir retoucher, & qui en effet sont mieux que dans son modele. […] Quelle témérité, dira-t-on, d’oser comparer une actrice à Medée, sous prétexte qu’elle se farde, qu’elle emploie toutes sortes de drogues pour s’embellir où se rajeunir, quand elle est vieille ?

303. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

L’Eglise voyant les désordres & les crimes de la danse sacrée, fut obligée, pour extirper le mal, d’oser avec outrage la défendre absolument. […] Sur quoi ce Prince ayant voulu punir Pilade de quelque faute par un exil, ce danseur osa lui dire : Tu es un ingrat, que ne les laisse-tu s’amuser de nos querelles ?

304. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Artifice, tromperie, violence, tout ce qui est capable de séduire une jeune fille, y est mis en œuvre ; l’un avec circonspection s’insinue par les flatteries & les caresses ; l’autre l’attaque audacieusement, à visage découvert, & forçant toutes les barrieres de la loi, entraîne sa captive dans le précipice ; plusieurs avec un air de droiture & de probité, par des protestations & des sermens, & une sacrilège profanation des choses saintes, osent prendre Dieu à témoin de leurs promesses ; quelques autres ébranlent la religion & la soi par des principes impies, pour obtenir d’autant plus aisément la victoire, qu’ils trouvent moins de résistance. […] Le Saint le plus durci dans les travaux, le plus aguerri dans les combats, n’ose point s’y exposer, & une vertu naissante, des gens sans vertu, déjà vaincus par les ennemis qu’ils cherchent, s’y soutiendroient !

305. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Cependant j'étais trop jeune pour m'attacher à ma Chimène ; d'ailleurs elle était à toute heure entourée de gens moins jeunes et plus riches que moi, et prévoyant bien que si j'osais lui parler d'amour sans lui faire des présents, je n'en serait traité que comme un Ecolier, je cherchai des amours plus aisées. […] « Le dangereux poison que le théâtre inspire, Les principes impurs qu'on ose y débiter, Les lascives chansons qui raillant la sagesse, Au tendre et fol amour instruisent la jeunesse », Dit l'Abbé de Villiers (L.

306. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Comment ose-t-il dire que des Spectacles où tout est ordonné pour exciter les passions, ne les excitent que « par hasard » ? Comment ose-t-il comparer les lieux où l’on est obligé de se trouver, soit pour les nécessités de la vie, soit par devoir de Religion avec des assemblées non seulement où l’on peut se passer d’aller, mais où il est toujours louable de n’aller pas, puisque le Théologien même par bienséance n’y va jamais.

307. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Malgré ce pompeux titre, l’Angleterre même s’en moquoit, & parloit comme ce mendiant, qui n’ayant rien à perdre, osa le lui dire. […] Le premier étoit un Ange, qui, à la façon des Esprits, adoroit respectueusement sa pureté Angélique, sans oser y porter une main téméraire ; l’autre emporta de ses attentats un souflet & un échaffaud, sans avoir pu parvenir à la fleur précieuse, que les plus tendres amans, les plus grandes faveurs, la plus intime familiarité, sembloient ne faire épanouir que pour lui. […] Il osa, quand il se crut assez fort, faire revolter le peuple, se former un parti, & déclarer la guerre à sa maîtresse.

308. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Le plaisir fait des prodiges : la délicatesse des messieurs & des dames du bon ton ne peut souffrir le moindre froid, leur foible sante en seroit altérée, leurs appartemens ne sont jamais assez chauds, ils n’osent aller à la Messe & aux offices s’ils n’ont des chapelles domestiques, où ils se rendent de plein-pied en sortant du lit, ces chapelles ont des poëles, on en met dans toutes les avenues ; & tout-à-coup endurcis comme les lapons & les sauvages de la baye d’Hudson, les voilà en état de courir toute la nuit sur la glace avec un peu de velours sur le nez. […] Enfin, si l’on veut de l’érudition, les Saturnales de Rome, où les esclaves étoient les maîtres, & les pantomimes qu’on n’osoit pas jouer devant Caton. […] Il a pourtant retiré telle piece munie, dit-il, de l’approbation publique, & n’a plus osé la faire représenter.

309. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Ose venger nos maux & nos forfaits, &c. […] L’Auteur ose encore censurer Athalie, parce que les passions n’y ont ni la chaleur ni la violence des sujets profanes ; car il aime, ce galant homme, la violence des passions. […] Il assure que c’est un trait de courage dans l’Auteur d’avoir osé tenter ce genre tout neuf, quoique proscrit par nos loix.

310. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

l’un conduit si bien à l’autre, que tous ses panégyristes, peu contens de louer son style, son génie, ses ouvrages, à quoi ils devoient se borner, ont encore osé louer ses mœurs, sa charité, sa probité, sa décence, & en faire un modelle à suivre. […] On voit un homme qui n’ose combattre les préjugés du monde, qui ménage le goût de sa Compagnie pour le Théatre, & sur-tout veut bien toiser & symmétriser les deux pendans de ses tableaux, & loue démesurément le bien pour le mettre de niveau, au même degré que le mal, sententiarum plenus, jocis abundans, pejor, melior, optimus, pessimus. […] On n’avoit pas encore loué le vice & les vicieux, qui l’auroit osé ?

311. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Il nous est défendu d'être spectateurs des duels, de peur que nous ne devenions complices des meurtres qui s'y font: Nous n'osons pas assister aux autres Spectacles, de peur que nos yeux n'en soient souillés, et que nos oreilles ne soient remplies de vers profanes qu'on y récite; comme lors qu'on décrit les crimes, et les actions tragiques de Thyeste, et qu'on représente Terrée mangeant ses propres enfants; et il ne nous est pas permis d'entendre raconter les adultères des Dieux, et des hommes, que les Comédiens attirés par l'espoir du gain, célèbrent avec le plus d'agrément qu'il leur est possible: Mais Dieu nous garde, nous qui sommes Chrétiens, dans qui la modestie, la tempérance, et la continence doivent reluire, qui regardons comme seul légitime le Mariage avec une seule femme, nous chez qui la chasteté est honorée, qui fuyons l'injustice, qui bannissons le péché, qui exerçons la justice, dans qui la Loi de Dieu règne, qui pratiquons la véritable Religion, que la vérité gouverne, que la grâce garde, que la paix protégé, que la parole divine conduit, que la sagesse enseigne, que Jésus-Christ qui est la véritable vie régit, et que Dieu seul règle par l'empire qu'il a sur nous: Dieu nous garde, dis-je, de penser à de tels crimes, bien loin de les commettre.

312. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

Ce n'est qu'une feinte, dites-vous, c'est pour cela même que ces personnes sont dignes de mille morts d'oser exposer aux yeux de tout le monde, des désordres qui sont défendus par toutes les lois : Si l'adultère est un mal, c'est un mal aussi que de le représenter.

313. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

Oser dire que les grandes villes ne sont pleines que de scélérats, c’est être soi-même partisans du vice, c’est lui donner le principal attribut de la vertu : elle seule fait le lien des hommes : le crime les désunit : une société qui subsiste, présente nécessairement l’idée d’urbanité et de mœurs : L’oisiveté et la fainéantise se trouvent dans les forêts, le travail et l’industrie dans les villes.

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