Comme les empêcher de s’occuper, c’est les empêcher de mal faire, deux heures par jour, dérobées à l’activité du vice, sauvent la douzième partie des crimes qui se commettraient.
Toute leur vie est occupée à apprendre, à répéter ou à représenter l’image de quelque vice. […] « Communément,36 jusqu’à l’âge de dix ans, dit-il, les enfants sont bien élevés : depuis dix ans jusqu’à quinze, l’éducation faiblit, et les enfants commencent à être gâtés, souvent même par leurs pères et mères ; enfin, depuis quinze ans jusqu’à vingt, les jeunes gens, maîtres de leurs actions, achèvent eux-mêmes de se corrompre. » « Les parents, pour l’ordinaire, plus occupés de l’extérieur que du fond de l’éducation de leurs enfants, ne s’attachent qu’à leur apprendre les manières et l’usage du monde où ils ont grand soin de les produire.
Le troisieme rang des loges est un péristile de colonnes isolées, qui forment une galerie dont le fond est occupé par des glaces séparées par des pilastres d’ordre corinthien, ainsi que les colonnes ; des tapis bleus & or entourent ces glaces, & au bas est une girandole qui s’y réfléchit. […] Son ami surpris qu’un si grand homme, dans un moment où il ne doit s’occuper que de sa gloire, s’abandonne à une si folle passion.
Le côté carré était le lieu de la Scène, et l’Orchestre occupait le milieu. Cette enceinte était composée de deux ou trois rangs de portiques : on entrait de plein pied dans l’Orchestre par-dessus leurs arcades, et les femmes occupaient le plus élevé d’où elles pouvaient voir les spectacles à couvert des injures de l’air. […] Lors donc qu’on dit dans les Auteurs que les Chevaliers occupaient les quatorze premiers rangs du Théâtre, il faut entendre les deux premiers étages. […] Les Mimes, les Danseurs et tous les Acteurs subalternes qui jouaient dans les Entr’actes et à la fin des pièces, en occupaient la première partie. […] Le plaisir les y attire sans violence, les heures de leur repos s’y écoulent sans regret, et ils y perdent toutes les pensées de mal faire, et leur oisiveté même s’y trouve occupée.
Mais faire retentir le Barreau, occuper la balance de Thémis du refus de jouer une comédie, voilà du grand ! […] Je ne sacrifieraî pas légerement, Messieurs, les avantages que j’ai pu me promettre d’une piece dont je me sais occupé long-temps, à laquelle j’ai donné tous mes soins, & que je regarde comme un de mes plus importans ouvrages ; mais je voudrois bien n’employer auprès de vous que des moyens de persuasion. […] Cet Auteur ne paroît pas même s’être occupé de corriger ou d’adoucir, par la moindre intention morale, l’indécence de ses comédies.
Cette hydre à cent têtes occupe cent de nos villes, & son haleine empestée pullulant à chaque souffle, fait que la France notre mere n’est qu’une playe depuis la tête jusqu’aux pieds . […] à faire honneur au génie de la nation par l’étendue de leurs connoissances, & si capables de servir la Patrie par la multiplicité de leurs découvertes, comme par une infinité de notions utiles sur les arts & sur les sciences : les autres (au mot Geneve :) si nécessaires au progrès & au soutien des arts par le soulagement dont ils seront pour les esprits occupés, & plus nécessaires encore par l’occupation décente qu’ils procureront aux desœuvrés. […] Je n’ai plus qu’un mot à vous dire, Nations entieres : Quand vous lisez en tête du cinquiéme volume de l’Encyclopédie dans l’éloge de M. de Montesquieu qu’il renonça à une premiere Place de Magistrature, parce qu’il sentoit qu’il y avoit des objets plus dignes d’occuper ses talens , ne croyez pas que le Panégyriste ait voulu parler ici à la louange de son héros : il n’est personne d’entre nous qui ne regarde cette pensée du Démocrite François comme une tache pour sa mémoire ; sans doute il a voulu qu’elle demeurât toujours cachée ; peut-être même ne l’a-t-il jamais communiquée ; mais il n’en a pas moins fallu la mettre au grand jour, & pour la mettre à la portée du plus grand nombre, qui n’est pas celui des Souscripteurs de l’Encyclopédie, notre Mercure de Nov. 1755 lui a donné place parmi ses galanteries.
Il fit substituer ceux-ci : De l’ouvrier actif qui cultive sa terre, citoyen estimé, les soins industrieux, dont lui-même a créé cet art nécessaire, dont s’occupent aux champs nos bras laborieux.
Cette place fut occupée par les personnes de qualité, comme Magistrats, Senateurs, & ensuite par les Chevaliers, les Dames, les Vestales & autres personnes, selon le temps.
Une piéce dramatique demandée par une Dame, qui pouvoit s’occuper plus utilement ; accordée galamment par la troupe des comédiens, & brutalement réfusée par le parterre, a cruellement ensanglanté la scéne des sifflets & des bayonnetes, des pistolets, des fusils ; des acteurs & des grenadiers ; des instruments de musique, & des danses brillantes, des décharges à bâle sur les spectateurs, plus de trente morts sur la place, un plus grand nombre de blessés, la plupart morts de leurs blessure.
L’auteur, apparemment homme de théatre, a supprimé à dessein deux moyens qu’Aristote dit a oir été employés avec succès par les tyrans ; l’un, de faire de grandes largesses aux comédiens, aux étrangers, aux femmes de mauvaise vie, scortis & peregrinis & histrionibus donat effuse , pour amollir les citoyens & les rendre vicieux, foibles, pusillanimes ; l’autre, d’occuper les peuples par des bâtimens, des peintures, des statues, pour les appauvrir, en inspirant le luxe & la magnificence qui engage dans des folles dépenses, & ne pas leur laisser dans l’oisiveté le loisir de réfléchir sur leur état & de cabaler contre lui.
Les Comédiens de Province devraient être soigneux de la conserver, en ne fesant pas retirer une table, un fauteuil, ou ramasser quelque chose par un garçon de Théâtre, tandis que la Scène est occupée.
Mes yeux, dit-il, jettent des torrents de larmes ; parce que, mon Dieu, je n’ai pas observé votre sainte Loi : « Exitus aquarum deduxerunt oculi mei ; quia non custodierunt legem tuam. » Au lieu donc de rire, ou de prendre plaisir à voir rire les autres, un véritable Pénitent n’est continuellement occupé que de la pensée de son malheur, et de la vue des peines qui lui sont préparées.
C'est si fort l'aliment naturel du théâtre, l'air qu'on y respire, le langage qu'on y tient, l'objet qui y occupe, que selon Varron (de lingua Latina lib.
Son père Gustave étoit trop sérieux & trop sage pour s’amuser de ces folies, & occupé dans la guerre qu’il fit en Allemagne n’avoit pas de temps à y perdre ; ses prédecesseurs n’en connoissoient pas même le nom : sa fille Christine fit à Thalie une réparation authentique du mépris de sa nation & de sa maison, elle bâtit un théatre, fit venir à grand frais & soudoya des troupes de Comédiens, fit jouer toute sorte de piècces, y passoit des temps considérable ; des dépenses & des occupations si frivoles qui nuisoient à toutes les affaires de l’État, furent une des raisons qui dégoûtèrent de son gouvernement, & enfin l’obligèrent d’abdiquer. […] Voltaire & ceux qui en font une Savante du premier ordre, ont oublié de remarquer que sa grande érudition étoit de savoir toutes les intrigues & les galanteries de la Cour ; les noms & les aventures des amans & des maîtresses, de les en railler à tout propos, d’apprécier, de comparer la beauté des femmes, la bonne mine des hommes ; elle ne paroissoit occupée d’autre chose, elle faisoit des minauderies continuelles auprès d’Anne d’Autriche qu’on disoit avoir la main belle pour lui faire ôter ses gans, toucher, louer, admirer ses mains, à crier au miracle.
On le voyait toujours occupé dans la méditation, et la prière ; dans la lecture de l’Ecriture, et des vies des Saints, et dans l’exercice des œuvres de charité. […] Et comme ce saint Roi s’occupait à traduire en français ce qu’il lisait des saints Pères « Quando studebat in libris, et aliqui de familiaribus suis erant præsentes, qui litteras ignorabant ; quod intelligebat legendo, proprie et optime noverat coram illis transferre in Gallicum de Latino. » Ibidem. […] C’est ce qui se fait tandis que l’Amphithéâtre n’est point occupé, si quelqu’un a volé, il mérite d’être pendu ; s’il a tué il doit souffrir la mort.
Ces iours ont esté choisis auec prudence, le Lundy estant le grand Ordinaire pour l’Alemagne & pour l’Italie, & pour toutes les Prouinces du Royaume qui sont sur la route ; le Mecredy & le Samedy iours de marché & daffaires, où le Bourgeois est plus occupé qu’en d’autres ; & le Ieudy estant comme consacré en bien des lieux pour vn iour de promenade, sur tout aux Academies & aux Colleges. […] La bonne education de leurs enfans ne doit pas estre oubliée, & les familles de Comediens que i’ay connües à Paris ont esté eleuées auec grand soin ; l’ordre en toutes choses estoit obserué, les garçons instruits dans les belles connoissances, les filles occupées au trauail, la table bonne sans y auoir rien de superflu, la conuersation honnête durant le repas, & en quoy que ce fust je n’ay point trouué de distinction entre leurs maisons & celle d’vn Bourgeois la mieux reglée. […] Sans parler de la guerre, il ne se void jamais de Comediens dans l’vne des trois grandes Republiques de l’Europe ; & dans tout l’Empire, qui est vn Gouuernement meslé du Monarchique & de l’Aristocratique, & qui tient plus du dernier, il ne se trouue que deux ou trois Troupes de Comediens du Pays, qui sont fort peu occupées. […] Elle eut dabord la faueur du Roy, de Monsieur son Frere Vnique, & des plus Grands de la Cour ; & apres auoir occupé quelque temps la Salle du petit Bourbon, où elle s’acommoda auec le Italiens, qui en estoient les premiers en possession, Le Theâtre du Palais Royal luy fut ouuert, & le luy seroit encore, si Moliere qui le soûtenoit eut d’auantage vêcu. […] Il me reste à dire vn mot de la Distributrice des liqueurs & des confitures, qui occupe deux places, l’vne pres des Loges, & l’autre au Parterre, où elle se tient, donnant la premiere à gouuerner par commission.
Le fer de la Coignée échappé des mains d’un Prophéte, tombe dans le Jourdain, Elizée ayant prié, présente le manche ; aussi-tôt le fer nageant sur les Flots, vient de lui-même occuper sa premiere place.
L’enthousiasme est si prodigieux, que Néron mourant est encore occupé du théâtre ; il songe moins qu’il est Empereur qu’il n’est flatté d’être excellent Comédien : « Ah !
Mais quand ce spectateur regarde au fond de son âme, et approfondit le sentiment triste qui l’occupe, qu’y aperçoit-il, Monsieur ? […] Les Romains, il est vrai, ont pensé différemment ; mais chez eux la Comédie était jouée par des esclaves ; occupés de grands objets, ils ne voulaient employer que des esclaves à leurs plaisirs.
Les Actrices sont des hommes de lettres, si occupées, qu’elles n’ont pas à craindre l’oisiveté.
La deuxième, que plusieurs Religieux et personnes de piété sont à la même heure occupés à chanter les louanges de Dieu.
Je n’ai rien à dire non plus contre l’amour de Plisthène et de Théodamie ; c’est plutôt l’effet d’une sympathie naturelle, qu’une véritable passion ; puisqu’il se trouve à la fin qu’ils sont frère et sœur : cependant cet amour a servi infiniment à l’Auteur, que je trouve très louable de l’avoir imaginé, et encore plus d’en avoir sû faire un si bon usage : car, outre qu’il n’offre rien qui blesse la bienséance la plus austère, les deux Amants sont d’ailleurs occupés de motifs trop importants pour s’amuser à filer des Scènes de tendresse ; aussi l’Auteur les a-t-il évitées avec grand soin, et ne s’est servi de l’amour que pour donner plus de force à la compassion de Plisthène, qui sans cela ne devrait s’intéresser que médiocrement à la vie du père de Théodamie, ne sachant pas qu’il fût aussi le sien.
Cette pièce a fait tant de bruit dans Paris ; elle a causé un scandale si public, et tous les gens de bien en ont ressenti une si juste douleur, que c’est trahir visiblement la cause de Dieu, de se taire dans une occasion où sa Gloire est ouvertement attaquée, où la Foi est exposée aux insultes d’un Bouffon qui fait commerce de ses Mystères, et qui en prostitue la sainteté : où un Athée foudroyé en apparence, foudroie en effet tous les fondements de la Religion, à la face du Louvre, dans la Maison d’un Prince Chrétien, à la vue de tant de sages Magistrats et si zélés pour les intérêts de Dieu, en dérision de tant de bons Pasteurs, que l’on fait passer pour des Tartuffe, et dont l’on décrie artificieusement la conduite : mais principalement sous le Règne du plus Grand et du plus Religieux Monarque du Monde : cependant que ce généreux Prince occupe tous ses soins à maintenir la Religion, Molière travaille à la détruire : le Roi abat les Temples de l’Hérésie, et Molière élève des Autels à l’Impiété, et autant que la vertu du Prince s’efforce d’établir dans le cœur de ses Sujets le Culte du vrai Dieu par l’exemple de ses actions ; autant l’humeur libertine de Molière tâche d’en ruiner la créance dans leurs esprits, par la licence de ses Ouvrages.
Peut-être a-t-il pensé que le fils d’un Pêcheur, élevé par son courage aux premiers emplois de l’Etat, instruit par le malheur à chérir l’humanité, exercé dans son obscurité aux vertus paisibles, et plus satisfait de mériter une couronne, que de la porter, était un personnage plus digne de charmer un Philosophe, que d’occuper un grand Poète : et pour m’expliquer enfin sur ce sujet, sans ambiguïté, ou Corneille n’osant déplaire aux Grands, a pris le parti de les flatter ; ou il n’a pas jugé que ses contemporains fussent assez avancés pour préférer le beau naturel au gigantesque, et la vérité aux fictions : j’abandonnerai donc cette production imparfaite, et avant de chercher de nouveaux exemples qui confirment mon opinion, je vais prévenir vos objections (autant qu’il sera en moi) et combattre les principes que vous avez quelquefois supposés, plutôt qu’établis.