De même aussi notre auteur du livre des crimes de la presse, en vrai Pygmée et sans être revêtu des armes de la logique et du bon sens, ose se mesurer avec l’un des plus grands orateurs de la tribune, avec ce puissant génie, si brillant d’éloquence et si fort de raisonnement.
Qu’attendre donc des autres si inférieurs et en génie et en richesses ?
Dans L’Amour Triomphant, Garcie fait ce compliment à Veramond : « Puisse le Ciel et votre brave fils, et par-dessus tout votre Génie prédominant conserver et défendre vos jours ! » Il n’est pas aisé de définir ce que le Poète entend par ce Génie ; sinon que c’est quelque chose en général, dont il relève la vigilance et la protection au-dessus de celle du Ciel.
Ramassez toutes les forces de votre génie, disoit-il aux impies ennemis de Job, couvrez-vous de vos plus riches habits, & venez disputer avec moi, formez des machines qui opèrent des merveilles semblables aux miennes.
Je fouille avec rapidité , dit-il ; le génie même de Montagne sembloit éclairer mon travail, & m’aider à tirer de l’oubli le manuscrit qui étoit enseveli depuis cent quatre-vingts ans. […] La plupart de celles du château de Montagne que l’Editeur dit avec raison adaptées à son génie ; ne sont que de maximes de pirrhonisme & d’incrédulité, prises des anciens sceptiques, entr’autre de Sextus empiricus qui lui étoit très-familier, qui toutes n’annoncent que la foiblesse de l’esprit humain & l’incertitude de toutes nos connoissances.
Vos Adorateurs sont peut-être ce qu’il y a de plus brillant dans le Royaume ; mais aussi tout ce que la Religion & l’Etat ont de moins solide, la partie la moins saine & la moins utile en tout genre ; ce sont des génies frivoles à qui la passion fascine les yeux, & qui ne voyent aucun objet en son vrai point de vûe.
Cet homme célèbre, sans naissance, sans fortune, sans éducation, qui par la force de son génie devint depuis l’un des plus grands Jurisconsultes qui aient paru dans les écoles, sortait de dessus les bancs, et n’avait qu’une trentaine d’années.
L’amour dans Corneille, est encore plus languissant et plus déplacé : son génie semble s’être épuisé dans Le Cid à peindre cette passion, et il faut avouer qu’il l’a peinte en maître ; mais il n’y a presque aucune de ses autres Tragédies que l’amour ne dépare et ne refroidisse. […] A l’égard des ouvrages de génie et de sagacité, mille exemples nous prouvent que la faiblesse du corps n’y est pas un obstacle dans les hommes ; pourquoi donc une éducation plus solide et plus mâle ne mettrait-elle pas les femmes à portée d’y réussir ?
Est-ce vous, inimitable Corneille, Génie formé pour enfanter le Tragique ; grande ame en qui la Nature voulut, ce semble, faire essai de toute l’étenduë de ses forces, & tenter jusqu’à quel point l’esprit humain peut s’élever au-dessus de l’humanité ? […] Le nouveau Peintre, génie heureux, aisé dans l’invention, habile dans l’Ordonnance, sçavant dans l’étude de la nature, exact & patient dans la correction, enrichi des dépoüilles de la Gréce, riche de son propre fonds, pur dans sa diction, doux & coulant dans ses Vers, sembla fait pour attendrir la Scéne. […] Le génie du premier avoit pénétré dans le cabinet des Rois pour y fonder les profondeurs de la politique : l’esprit du second s’insinua dans les cercles, pour y apprendre les délicatesses de la galanterie.
Fréron convient que depuis son enfance Crébillon fut toujours un débauché livré à la fougue de toutes les passion, qu’il ne s’appliqua qu’à ses plaisirs, & n’eut que le génie tragique, sans aucune science ni vertu chrétienne (voilà un Censeur d’un grand poids).
N’imputons point à un Génie tel que Corneille l’amour de ce langage, ne l’imputons qu’à son siécle.
Desmarets, pourvu « qu’il ne lui porte point de coups qui puissent retomber sur les autres » (car c’est là ce qui vous tient au cœur), et qu’il vous laisse jouir en paix de cette « petite étincelle du feu qui échauffa autrefois les grands génies de l’antiquité », qui vous est tombée en partage.
« J’aurais trop d’avantage, si je voulais passer de l’examen de Molière à celui de ses successeurs, qui, n’ayant ni son génie ni sa probité, n’en ont que mieux suivi ses vues intéressées, en s’attachant à flatter une jeunesse débauchée et des femmes sans mœurs.
Elle y ajoute une circonstance très vraisemblable, et très conforme aux mœurs des Incas, au génie des enfants du soleil, qu’on n’y représentait jamais que des actions vertueuses ; au lieu que parmi nous on n’y fait presque voir que des vices.
Ces plates bouffonneries, qui dans la stérilité du génie, par l’envie de plaire au peuple, s’emparent de la scène, et dans le sac de Scapin font méconnaître l’Auteur du Misanthrope, le latin les éloigne, ne les fournissant pas, ou les émoussant.
Martelli, Italien : c’est une étude digne d’un homme d’esprit et de goût, que de comparer à l’original Grec les imitations des deux Poètes que je viens de nommer, et d’examiner l’art avec lequel chacun d’eux a tourné, selon son génie, la Tragédie d’Euripide : pour moi j’admire également tous les deux ; car, en suivant des routes très différentes, chacun d’eux a réussi parfaitement, et a trouvé moyen d’ajouter des beautés nouvelles à l’original Grec : cet examen et les remarques qu’il ferait naître fourniraient aisément matière à une dissertation très curieuse, et surtout utile pour les Poètes ; mais je reviens à mon sujet.
Il est vrai qu’il y a quelque chose de galant dans les Ouvrages de Molière, et je serais bien fâché de lui ravir l’estime qu’il s’est acquise : il faut tomber d’accord que s’il réussit mal à la Comédie, il a quelque talent pour la farce, et quoiqu’il n’ait ni les rencontres de Gaultier-Garguille, ni les Impromptus de Turlupin, ni la Bravoure du Capitan, ni la Naïveté de Jodelet, ni la Panse de Gros-Guillaume, ni la Science du Docteur, il ne laisse de plaire quelquefois, et de divertir en son genre : il parle passablement Français ; il traduit assez bien l’Italien, et ne copie pas mal les Auteurs : car il ne se pique pas d’avoir le don d’Invention, ni le beau Génie de la Poésie, et ses Amis avouent librement que ces Pièces sont des « Jeux de Théâtre, où le Comédien a plus de part que le Poète, et dont la beauté consiste, presque toute dans l’action » : ce qui fait rire en sa bouche, fait souvent pitié sur le papier, et l’on peut dire que ses Comédies ressemblent à ces femmes qui font peur en déshabillé, et qui ne laissent pas de plaire quand elles sont ajustées, ou à ces petites tailles, qui ayant quitté leurs patins, ne sont plus qu’une partie d’elles-mêmes.
« Il ne faut pas beaucoup de plaisirs aux gens épuisés de fatigue, pour qui le repos seul en est un très doux. »ev Aussi n’est-ce pas aux gens épuisés de fatigue par des travaux corporels, qui pour gagner vingt sous par jour, travaillent depuis cinq heures du matin, jusqu’à huit du soir, que les spectacles sont destinés : mais à ceux dont le travail exige plus de génie, d’esprit, de goût, et d’industrie que de force ; qui ne peuvent s’y livrer qu’autant que leur tête le leur permet, sous peine d’avoir la Migraine ; ceux-ci, dis-je, peuvent se permettre l’amusement du spectacle. […] Il ne tiendrait qu’à moi de me faire honneur dans votre esprit : le moindre petit écolier de Droit, un Clerc de Procureur même pourrait selon vous sans trop d’effort de génie composer un Code ; rien n’est à votre avis plus aisé.
Je crois l’aînée meilleure ; c’est le premier fruit du génie.
Je voudrais faire connaître l’origine de l’intolérance et du fanatisme qui dérive du système adopté par les prêtres sur l’origine du bon et du mauvais génie.
Ces deux Comédiennes furent deux phénomènes d’un caractère bien différent : l’une étoit Italienne, l’autre Angloise, toutes deux artificieuses, mais la Florentine, selon le génie de sa nation, étoit plus fine, plus rusée, plus hypocrite. […] Le Chancelier Bacon, Protestant célèbre par son génie & par ses injustices, monta sur le théatre avec elle, & lui dit d’un air patelin & mystérieux : Il y a encore quatre prisonniers pour religion qui ne sont pas delivrés, Mathieu, Marc, Luc, & Jean, ils attendent leur liberté avec impatience.
Le Journal des Savans (Août 1770) a prétendu faire l’éloge de Mélanie, & il fait sa condamnation : Le génie de ce drame & la qualité de quelques-uns de ses personnages lui a enleve l’avantage de briller sur le Théatre. […] Elle lui répond en insensée, se tue, le beau trait de génie !
On lui reproche de défigurer les faits les plus connus dans l’histoire, pour n’en faire qu’une fiction de fantaisie sous les noms les plus célèbres, & avec une si constante monotomie, que tout son Théatre n’est qu’une tragédie répetée : par tout même objet, même plan, même marche, même dénouement, sous des noms différens, avec quelque incident & quelque discours diversement tourné, à la vérité, très-ingénieusement, & souvent épigrammatiquement, approprié aux carracteres des acteurs ; ce qui marque plus d’esprit que de génie & de fécondité. […] Charger une piece de tant de circonstances, est-ce stérilité de génie qui emprunte de toutes mains, ne trouve jamais assez de matiere, ou fécondité de dépravation qui ne trouve jamais assez de crimes ?
Ce serait ici l’endroit de vous dire ce que je pense de vos Ouvrages ; et vous jugez bien que je ne vous en pourrais rien dire qui ne fut à votre gloire ; mais vous m’avez prié de vous donner des Instructions touchant la conduite de votre âme, et non des Eloges sur la beauté de votre génie ; et vous me rendez assez de justice pour croire qu’un Théologien n’est pas obligé d’être bel Esprit. […] Nous avons vu des Génies excellents dans le Sérieux, qui, pour ainsi dire, n’étaient bons à autre chose ; d’autres merveilleux pour le Comique, qui ne pouvaient faire une Scène Sérieuse : mais vous passez du Sérieux au Comique, du Comique à la Morale, de la Morale à la Poésie Lyrique sans être étranger en aucun endroit ; et dans quelque genre que vous écriviez, c’est toujours celui qui vous est propre.