) des Ecrivains dangereux, des hommes sans pudeur, ennemis de l’autorité & du Christianisme, dont ils ont vainement juré la perte , si de l’autre elle ne chasse du milieu de nous une troupe formée pour entretenir le Matérialisme, pour détruire la Religion, pour inspirer l’indépendance & nourrir la corruption des mœurs… des déclamateurs dangereux ; des hommes sans pudeur, ennemis de l’autorité & du Christianisme dont ils n’ont que trop efficacement juré la perte. […] Cela est vrai, malheureusement ils ajoutent que, toute autre autorité a pour origine… ou la force & la violence de celui qui s’en est emparé, ou le consentement de ceux qui s’y sont soumis par un contrat fait ou supposé entr’eux & celui à qui ils ont déféré l’autorité . […] Ils auront beau regarder les Rois de la Terre comme les dépositaires de l’autorité de Dieu même, comme des Divinités sensibles, ils enseigneront en vain qu’il est donc nécessaire de s’y soumettre non seulement par la crainte du châtiment, mais aussi par un devoir de conscience. doctrine seule véritable & qui affermit le bonheur des Rois & des Peuples . […] à nous délivrer du joug de toute autorité : n’en connoissent-ils aucune ? […] Moyens aujourd’hui si multipliés qu’il est surprenant, suivant la pensée d’un Auteur Comédien, (Louis Riccoboni, dans son Livre de la Réformation du Théâtre, pag. 34. qui écrivoit en 1740, & dont le témoignage ne peut manquer d’être ici d’une grande autorité sur tous les esprits).
Une telle autorité, des motifs aussi pressans sembleroient devoir réduire pour toujours au silence les deffenseurs du Théâtre.
Vous ne doutez point que l'autorité des Pères de l'Eglise n'ait interdit la sacrée Communion aux Comédiens e aux Farceurs; d'où vous pouvez juger quelle peine méritent ceux qui les favorisent, Si vous vous représentez que les coupables des crimes, et leurs complices doivent être également punis.
Il y a joint l’autorité des Canons des Conciles. […] Les défenseurs des Spectacles opposent à leurs adversaires l’autorité de S. […] Pour rendre ces autorités aussi efficaces que convaincantes, D. […] On sçait que l’autorité des Rois est une participation de l’autorité de Dieu, de même que celle de leurs Ministres politiques & judiciaires est un écoulement de l’autorité Royale. […] On sçait qu’il avoit titre pour avoir autorité consultative sur cette matiere.
Il faloit donc détruire en Angleterre son autorité, & faire un schisme. […] Fruit infortuné du vice, elle nâquit d’une maîtresse, à qui son amant jugea à propos de donner de son autorité le nom & les honneurs d’épouse légitime, pendant la vie de la premiere, dont il avoit des enfans. […] Il s’attribue toute l’autorité ecclésiastique, dont il dépouille le S. […] Edouard son successeur, fils d’une troisieme femme, revêtu comme lui de la Papauté, confirma par son autorité royale & pontificale la derniere délaration de son pere. […] Personne de sa Cour ne le croyoit ; mais son autorité despotique imposoit silence, & ne faisoit ouvrir la bouche que pour la louer.
« Je veux bien, dit d’Aubignac, qu’en cet endroit, saint Thomas parle des histrions au sens des derniers siècles, et qu’il comprenne sous ce nom les acteurs des poèmes dramatiques ; Car, si l’on n’entendait par ce terme que les Mimes et les Farceurs, son autorité serait encore plus avantageuse aux autres, que l’on ne pourrait pas condamner contre la résolution de ce grand Théologien, qui serait favorable à ceux-là même que les Grecs méprisaient, que les Romains tenaient infâmes, et que jamais on ne leur doit comparer. »
Leur faiblesse n’est point une autorité dans l’Eglise, qui n’est point dirigée par des exemples pervers, mais par les saints canons qui sont l’œuvre du Saint-Esprit : « canone regitur Ecclesia et non exemplo », dit un évêque de Noyon à Louis XIV.
Nous nous reprocherions d’employer en cette occasion, pour arrêter ce mal, l’autorité que Dieu nous a mise en main, si nous n’avions pas auparavant inutilement employé nos remonstrances : mais l’ayant fait sans aucun fruit, Nous n’avons pas cru pouvoir nous taire, sans nous rendre coupables d’approuver le crime par notre silence, et responsables devant Dieu de tous les désordres, dont ces divertissements criminels sont la source.
Qu’ajouter à des Autorités si respectables ? […] Cependant, loin de se rendre à de semblables Autorités, les partisans du Théâtre en appellent à leur propre jugement, et ne se font pas le moindre scrupule de ce que tous les Pères de l’Eglise ont cru devoir hautement qualifier de péché. […] Pour ne rien laisser à désirer sur la question des Spectacles, nous allons citer des autorités qui ne seront suspectes à personne. […] Je cherchais à étouffer cette voix des remords, à laquelle on n’impose point silence, ou je croyais y répondre par de mauvaises autorités que je me donnais pour bonnes. […] Voilà sous quel honorable aspect on montre la vieillesse au Théâtre ; voilà quel respect on inspire aux jeunes gens pour l’âge de la sagesse, de l’expérience et de l’autorité. » « La Scène française n’est pas moins le triomphe des grands scélérats, que des plus illustres Héros ; témoins Catilina, Mahomet, Atrée, et beaucoup d’autres.
Mais sur quelles autorités notre Théâtre appuie-t-il son indigne conduite ? […] Mais se jouer de ce que l’on sait être d’institution divine, ne faire point de cas de ceux qu’on croit les Ministres du Seigneur, et rendre par là son autorité méprisable autant qu’on le peut, ce n’est guère moins que de sommer Dieu et de le défier de montrer sa Toute-puissance, de faire éclater son courroux et de tirer raison de sa souveraineté méprisée. Si l’on s’avisait dans un Royaume de se rire des fonctions de la Magistrature, de vouloir abolir la profession de Courtisan, et de ne tenir aucun compte des Officiers de la Couronne ; cette conduite avertirait suffisamment le Prince de prendre garde à soi : il n’aurait que trop sujet de croire que sa personne est méprisée, qu’on traite son autorité de fantôme ; et que ses peuples sont prêts de se choisir un autre Maître, ou de se gouverner à leur fantaisie. […] Mais, comme Dieu n’use pas de son pouvoir absolu pour nous réduire, et qu’il laisse aux hommes l’usage de leur liberté ; il est sûr que la reconnaissance et l’obéissance qui lui sont dues se perdent à mesure qu’on affaiblit son autorité par le mépris de ceux à qui elle est commise en ce monde. […] l’autorité que l’on reçoit de Jésus-Christ pour la défense de son nom, est-elle inférieure à celle que prêtent les Rois de la terre pour le soutien de leurs intérêts ; Les Royaumes de ce monde sont-ils de plus grande importance que le Royaume du Ciel ?
Entre autres autorités, il cite S. […] Benoît XIV le combat par le principe de l’Apôtre, les mauvais discours corrompent les bonnes mœurs, et l’impossibilité morale d’y éviter le péché, par l’autorité du P. […] Il ordonne encore au Préfet du Prétoire, aux Gouverneurs de province, et à tous les Magistrats, sous peine de son indignation et de la privation de leurs charges, d’y employer leur autorité, et les menace enfin de la colère de Dieu, s’ils le négligent.
Il s’appuie de l’autorité de Navarre (L. […] Il mérite mieux qu’Octavien d’être nommé l’Empereur Auguste, et puisque, selon Orphée, il a les clefs du ciel et de l’enfer, comme le Pape, il peut, aussi bien que lui, déposer les Rois et les Empereurs, et a souvent fait perdre des royaumes : « Sic summus Pontifex privat Reges et Augustos imperio », parce que, dit-il, la tradition des clefs est un transport d’autorité et de domaine : Traditio clavium operatur dominii translationem. » (L. […] Je ne crois pas qu’on soit tenté de m’opposer l’autorité de ce Jurisconsulte en faveur du théâtre.
La belle autorité en effet pour leur en imposer, et les réformer ! […] Mais sans remonter aux premiers siècles de l’Eglise, où les Basile et les Chrysostome parlaient aux Grands de leur temps avec tant de courage et de zèle, on n’a qu’à ouvrir les sermons de Bourdaloue, de la Rue, de Massillon, et en particulier le petit carême de ce dernier, pour se convaincre que la religion et la vertu n’ont aucun besoin du théâtre pour annoncer la vérité aux Grands, que les Orateurs Chrétiens le font avec plus d’autorité, de liberté et de fruit que tous les Corneille et les Racine du monde. […] Il n’y en paraît point à qui son confident, son ministre, sa cour, tout ce qui l’environne, ne tienne les propos les plus païens, les plus vicieux, les plus tyranniques, sur l’autorité, l’ambition, la vengeance, la fierté, l’amour de la gloire.
Serait-il en effet nécessaire d’entrer en discussion avec un homme, qui connaissant, à ce qu’il dit, quelle est sur les spectacles la Tradition de l’Eglise manifestée par tous les Pères et les Conciles depuis le premier jusqu’au dernier, laisse à l’écart tous ces Pères et ces Conciles, « pour se rendre, dit-il, à la droiture de la raison », et à une autorité supérieure qu’il croit trouver dans quelques Scholastiques. « Si je m’abandonne à la rigueur avec les Pères de l’Eglise,ce sont ses termes23 , et que j’invective contre la Comédie, comme contre une des plus pernicieuses inventions du Démon, je ne puis lire nos Théologiens, ces grands hommes si distingués par leur piété et par leur doctrine, que je ne me laisse adoucir par la droiture de leur raisonnement, et plus encore par la force du leur autorité. […] Quand on entend parler des Pères de l’Eglise comme des gens « qui s’abandonnent à la rigueur, qui se gendarment24, qui se déchaînent25 », car c’est ainsi que l’Auteur parle toujours des Pères) ne semble-t-il pas qu’il les regarde comme des Auteurs peu judicieux, qui n’écoutant point la raison, décident de tout sans modération et sans connaissance ; et que les Scholastiques au contraire sont de sages maîtres, dont les lumières, la sagesse, les tempéraments, et l’autorité doivent nous régler.
. — Ce n’est pas que vous demeuriez toujours dans les bornes de votre partage, il prend quelquefois envie au plaisant de se fâcher, et au mélancolique de s’égayer, car sans compter la manière ingénieuse dont il nous peint ces Romains qu’on voyait « à la tête d’une armée et à la queue d’une charrue », il me dit assez galamment, « que si je veux me servir de l’autorité de Saint Grégoire en faveur de la Tragédie, il faut me résoudre à être toute ma vie le Poète de la passion ». […] Cet homme ne manque point de hardiesse, il possède assez bien le caractère de Port-Royal, il traite le Pape familièrement, il parle aux Docteurs avec autorité ; que dis-je ?
Entre ces Compagnies, les Cours Souveraines, en qui reside une portion de l’autorité Royale, tiennent, sans contredit, le premier rang.
Pouvant s’allier avec les mœurs, tout Gouvernement peut le comporter, & doit le protéger, puisque tout Gouvernement a un intérêt sensible de perfectionner la morale, qui forme un des plus solides fondemens de toute autorité légitime. […] Il faut être étrangement prévenu contre ses contemporains, pour s’imaginer qu’ils ne seroient pas capables de connoître & de sentir les beautés des Ouvrages du Sophocle François, s’ils n’étoient appuyés de l’autorité de leurs ancêtres. […] On s’attache au Theatre à nous faire distinguer les vieillards estimables, des imbecilles, des Gerontes, dont la Comedie nous fait sentir les défauts : on apprend à ne leur pas ressembler, & à nous défier de toute erreur à laquelle l’autorité de l’âge pourroit donner un ton imposant. […] Où avez-vous donc puisé cette odieuse présomption que vous formez contre leurs mœurs, pour les transformer de votre autorité en séducteurs & en fripons ? […] Feuilletez, compulsez les registres criminels, vous ne verrez point leurs noms inscrits dans ces fastes du crime : est-ce à l’impuissance de l’autorité qu’ils doivent leur impunité ?
Il faut leur opposer une autorité universellement respectée.
Vous vous attireriez sur les bras tout ce qu’il y a d’Evêques zélés et de bons Pasteurs dans l’Eglise, aussi bien que les Seigneurs qui ont de la piété, qui emploient tout ce qu’ils ont d’autorité ou spirituelle ou temporelle, pour bannir les danses des lieux où ils ont du pouvoir.
Elle savait qu’elle ne les portait que par son autorité, et qu’elle ne s’en devait servir que selon ses ordres.
Mais, sans discuter ici cette raison que je n’ai garde de vouloir combattre, puisque c’est sur ce fondement que l’autorité publique protège le Théâtre ; faisons, au moins, tout le bien que nous pouvons, s’il ne nous est pas permis d’en faire autant que nous voudrions.
Ainsi conciles, synodes, évêques, théologiens, littérateurs profanes, auteurs dramatiques, écrivains illustres, hommes du monde, lois ecclésiastiques et civiles, autorité sacrée et profane, tout condamne le théâtre, tout parle de ses fruits amers pour la Religion, pour la société et la famille. […] Mais de quel poids peut être leur autorité ? […] Ils avaient renoncé aux plaisirs dangereux, qui souillent l’âme, qui énervent et corrompent le cœur, tous leurs souhaits étaient de mener une vie chrétienne, heureuse et calme au sein de leur famille, ils s’étaient seulement réservé ces plaisirs purs et innocents, qui ne laissent après eux ni troubles ni remords ; vous leur avez ravi le bonheur qu’ils se promettaient ; sous prétexte de les établir, de les préparer au mariage, vous les avez précipités au milieu du tourbillon du monde et vous n’avez, fait usage de l’autorité, que vous aviez sur eux, que pour les conduire forcément dans le chemin de la perdition. […] Au lieu d’engager vos enfants à fréquenter le spectacle, employez tout ce que vous avez d’autorité pour les en détourner ; ayez soin qu’ils conservent la pureté de la foi et des mœurs, et le Seigneur vous bénira dans vos enfans.
Mais je sais que vous opposez d’abord à tous les traits d’autorité un bouclier que vous croyez impénétrable : c’est la différence prétendue, que vous affectez d’exagérer, entre les spectacles anciens & les spectacles de nos jours. […] Voulez-vous indépendamment de toute autorité, & de celle de l’Ecriture même, une preuve sans réplique, que le théâtre est illicite en soit : Argumentum mala rei ? […] J’enrasserois en vain autorités sur autorités, pour le détromper.
On apprend l’adultère en le voyant jouer : « Adulterium discitur dum videtur. » Le vice est moins redouté par le crédit de l’autorité publique, qui en tolère l’image. […] L’autorité de ce célèbre Orateur et Philosophe, disciple de S. […] Nous finirons cette suite d’autorités par celle de ce fameux Anglais, Evêque de Chartres, si distingué à la Cour du Comte de Champagne, à celle de Louis le Jeune, et à celle du Pape Adrien VI, son ami. […] » De là ces bateleurs, sauteurs, danseurs, tabarins, pantomimes, bouffons, et toute cette vermine malfaisante : « Hinc Mimi, salii, balatrones, palestræ, gignadi, etc. » Ils se sont si bien accrédités que les honnêtes gens les souffrent chez eux : « Quorum adeo error invaluit, ut a præclaris domibus non arceantur. » L’autorité des Pères de l’Eglise ne nous permet pas de douter qu’ils ne soient excommuniés, « communionis gratiam Histrionibus, auctoritate patrum non ambigis esse præclusam », et que ce ne soit un crime de les favoriser ou de leur donner, car c’est se rendre leur complice, puisque c’est les entretenir dans le vice : « Illis fovens in quo nequissimi sunt. » Dans les autres chapitres il parle de la danse, de la musique, des instruments, des masques ; il en fait voir le danger en détail : combien en est-il augmenté par leur union sur la scène ?