On donna le département de l’amour à Vénus, Adonis, etc. le district de la bonne chère fut attribué à Comus, à Bacchus, à Silène ; on réserva le domaine du jardin où se goûtent le plus délicieusement les voluptés, à Pan, à Priape, à Vertumne, à Flore, etc. […] C’est toujours Belphégor qui règne ; il ne forme pas à la vérité des armées bien fortes, ses traits, pris dans le carquois de l’amour, ne blessent que les cœurs, ne triomphent que de la vertu ; mais la campagne serait-elle tolérable, si on n’allait les recevoir et les lancer aux pieds d’une Actrice, où l’on trouve depuis long-temps l’innocence et la pudeur terrassées ?
L’amour du théâtre fit-il jamais, peut-il jamais faire un bon Médecin, un bon Avocat, un artisan laborieux, un domestique fidèle, un père de famille attentif, une mère vigilante, un fils docile, une épouse fidèle ? […] L’amour du théâtre est un si grand dérangement, que par les lois Romaines on est censé avoir corrompu un esclave, et par conséquent on est obligé de dédommager son maître, en lui payant le double de son prix, si on lui a inspiré ce goût ; ce qui est mis de pair avec les plus grands vices.
Les expressions, dit-il, tome I. page 674, les gestes, les tours, les intrigues, tout porte au faux amour. […] Est-il quelqu’un des spectateurs, qui ne revienne avec un cœur moins chaste, de ces spectacles, où les expressions, les gestes, les tours, les intrigues, tout porte au faux amour ? […] « Le mal qu’on reproche au Théatre, dit-il, n’est pas seulement d’inspirer des passions criminelles ; mais de disposer l’ame à des sentimens trop tendres, qu’on satisfait ensuite aux dépens de la vertu ; je serois envieux de trouver quelqu’un, qui osât se vanter d’être sorti d’une représentation de Zaïre, bien prémuni contre l’amour. […] Qui ose lui dire, qu’il est là pour l’amour de lui, & pour lui plaire ? dit Bossuet. » Un Consesseur donneroit-t-il une grande confiance à son malade, si en lui présentant à l’article de la mort le Crucifix, il lui disoit,… Voilà ce Jesus, cet aimable Sauveur, qui est mort pour vous, voilà ce divin Maître, pour l’amour duquel vous avez été tant de fois à la Comédie ?
D’autrefois ils les composaient de contes fabuleux, ou de Dialogues entre des Amants ; ce qu’ils nommaient Tensons, syruentes Fabliaux, ou disputes d’amours : ils récitaient eux-mêmes les vers de leur composition, ou les faisaient chanter par les Chanteours ou Chantres.
On réunit tous les plaisirs dans cette fête célèbre, tragédie, comédie, pastorale, musique, danse, masque, amour, chasse, promenade, bouffon de Cour. […] Toutes les passions ont la même fécondité ; l’amour, l’ambition, l’orgueil, la jalousie, la malignité, suffisent, & valent des Appollons. […] Tendre amour, toi qu’on y revere, Dieu du plaisir & père du bonheur, Viens regner chez Torré, c’est la ton sanctuaire. […] Quitte Paphos, abandonne Cytère, Viens au Vauxhall déposer tous tes traits, Qu’il soit dit par toute la terre, L’amour enfin renonce à son humeur légère, Il s’est fixé chez les François.
Quand il a fait parler d’Amour les Héros de l’Antiquité, il les a fait parler comme on parle d’Amour par tout, comme tous les Héros profanes en doivent parler. […] Il semble s’exposer à tout pour l’amour de Joas, & de la Race de David, & lui-même demande à Dieu, si Joas doit un jour être indigne de cette Race, Qu’il soit comme le fruit en naissant arraché. […] ne craignez-vous pas d’attirer sa colere Sur vous, & sur ce Roi si cher à votre Amour ?
L'amour du plaisir ne prescrit point contre les règles de l'Evangile.
L’amour qui est le tyran des cœurs, est le grand sujet des théâtres, et pour expliquer sa puissance, on le décrit qui arme toutes les passions, qui commet tous les désordres imaginables, sous un prétexte de Justice.
L’excès de l’amour pour la musique. […] Son pere & son frere arrivent, se moquent de lui, il n’écoute rien, il envoie au plus vîte une belle lettre aux comédiens pour leur offrir sa piece, il prétend encore qu’on porte au milieu de la piece le buste de l’Apollon de cinquante ans ; un amour le couronnera de mirthe & lui donnera son flambeau, Mars le couronnera de laurier & les Graces d’une guirlande de fleurs ; on chantera des odes, des vaudevilles, des sables, des madrigaux, en son honneur, où l’on tâchera de l’imiter. […] Les fables ne flattent point les passions, l’amour n’entre point dans ces aventures. […] Leurs beautés femelles n’ont rien de piquant, l’imagination d’un libertin n’est pas flattée des graces en poils, en plume, en écaille, les amours des sauterelles & des pigeons sont épuisées dans deux mots, & n’ont aucune variété. […] Lafontaine avoit un bon caractere, ou plutôt naturellement paresseux, & on veut tourner en vertu l’amour du repos.
Personne ne s’y trouve qui n’y recueille dans son sein les principes de sa damnation : quel divertissement où chacune donne la mort à son ami, et plus l’amour est grand, plus le coup est assuré. […] On peut dire de lui qu’il a plus gâté de mariages qu’il n’en a faits ; on le peut nommer avec vérité le père des jalousies, des vains soupçons et des folles amours. […] Si vous allez au bal pour y acquérir l’estime d’être belle, gentille, de belle humeur, c’est vanité ; si c’est pour y voir, c’est curiosité ; si c’est pour y donner ou y recevoir de l’amour, c’est lubricité ; si c’est pour vous divertir, c’est perdre le temps. […] Certainement l’amour de nous-mêmes nous fait prendre plaisir à nous voir, quand ce ne serait que dans un verre. […] Comment est-ce que l’amour que vous avez pour lui ne vous fait point jeter la foudre sur la tête de ces parjures ?
C’est la mort du vice, le tombeau de l’amour, la proscription de la galanterie. […] Il a souvent dit que la Religion Protestante s’est établie en Angleterre par l’amour, en France par les chansons, en Allemagne par l’intérêt.
Quels tableaux d’un Dieu incarné, de sa sainteté, de ses actions, de ses miracles, de sa puissance, des tendresses de son amour, de la rigueur de ses souffrances, de la gloire de sa résurrection, du zèle de ses Apôtres, de la constance de ses Martyrs, de la multitude de ses Saints, de la perpétuité de son Église, de la sublimité de sa morale, de la profondeur de ses mystères ! […] Qu’y a-t-il de plus délicieux que l’amour de Dieu, la connoissance de la vérité, la paix de la conscience, une vie pleine de bonnes œuvres, une mort tranquille & sainte, le mépris même de la volupté, les victoires remportées sur soi-même, l’union avec Dieu, & le bonheur de lui obéir & de lui plaire ?
L’amour des Spectacles se répandoit par tout. […] L’Amour Tyrannique de Scuderi qui parut deux ans après le Cid, causa une grande joie au Cardinal, qui ne doutant point que cette Piéce ne dût anéantir Corneille, défendit à l’Auteur de répondre à toute critique, parce qu’il les devoit toutes mépriser ; il déclara sa Tragédie, un Ouvrage parfait, & engagea Sarasin à le prouver.
Tendres amours enchantez nous toujours, O jours heureux ! […] Dial. 30 que cette Ville qui a eu tant d’excellents hommes qui ont été des modèles de vertus, n’a rien eu de plus digne de censure, que cet amour excessif pour les spectacles : « Urbs illa alioquin abundantissima bonorum omnium atque illustrium exemplorum, nihil omnino reprehensibilius habuit, quam ludorum studium immodicum. » Voilà quels ont été ceux d’entre le peuple qui se laissaient emporter par le torrent de la coutume.
Une infinité de pièces, je ne dis pas de la Foire, mais des Comédiens Français, portent des titres dans ce goût ; que peut-on attendre de sensé de la Famille extravagante, les Fêtes nocturnes, les Folies de Cardenio, la Métempsycose des Amours, la Guinguette, le Carnaval, le Roi de Cocagne, Cartouche, l'Esprit follet, les Fous divertissants, Ragotin, le Mirliton, le Baron de la Crasse, les Bottes de sept lieues, etc. […] Qu'on l'appelle amour, intrigue, passion, coquetterie, galanterie, désirs, infidélité, etc. sous le masque de tous ces divers synonymes, c'est toujours le vice qui en fait le fonds, c'est du vice qu'on parle : « Nec nominetur in vobis.
Or je vous le demande, répondez-moi sans détours, vous Courtisans assidus qui ne fréquentez pas la Cour sans prétentions ; vous bons Français toujours distingués par votre amour pour vos Chefs et pour vos Conducteurs ; vous sages et prudents Magistrats, qui par zèle pour le bien public dont vous êtes le plus ferme appui, ne vous occupez qu’à maintenir les Lois et la plus exacte Police, parlez de bonne foi ; serait-ce dans ces Réduits consacrés à la licence et à la révolte que vous iriez chercher à vous délasser de vos travaux et de vos fatigues ? […] La vengeance, totalement réservée à Dieu et au Magistrat, souffre donc ce correctif et ce motif de dispense, quand c’est l’amour paternel qui l’exige ?
Ce n’est qu’en soutenant la gloire de l’Inde, aux perils de ses jours, que Porus se flatte de mériter le cœur de Roxane, qui n’a pas moins d’élevation que d’amour.
Ces anciens Romains, à qui l’amour de la liberté & de la Patrie, inspiroit les actions les plus héroïques ; Horace, Pompée, Sertorius, sont au-dessus deux mêmes dans Corneille.
Le théatre n’a point fait les dieux, il est vrai ; mais il les a célébrés ; il étoit une partie de leur culte ; il a enseigné, il a représenté leurs actions ou plutôt leurs crimes ; il a été comme la chaire où on a prêché leur doctrine ; il leur a donné des habits, & comme fait leur toilette ; il a formé leur cortége & leur pompe, & prononcé leurs oracles ; il a donné des pampres & le thyrse à Sylene & Bacchus, sur les treteaux de Thespis, qui couroit les champs couvert de pampres & barbouillé de lie ; il a donné la licence à Venus, à l’Amour, la nudité aux Graces, la fraicheur à Hébé, des plumes de paon à Junon ; sa décoration est devenue celle des temples, & la parure des actrices leur plus bel ornement.
L’ambition, l’orgueil, l’amour, la haîne, la fureur, qui agitent les Rois, déchirent pareillement l’ame du dernier Citoyen ; mais les transports où le livrent ces diverses passions ne sont point si terribles & n’éxcitent point tant la curiosité publique.
On y voit le sincère épanchement de deux cœurs que l’amour rassemble.
Exemple qui fait voir, et dans sa Sainteté qui a choisi un si digne Sujet, un parfait discernement, et un amour pour l’Eglise éloigné de tout intérêt et de toute considération humaine ; Et dans sa Majesté qui a applaudi à ce choix, auquel il paraît qu’elle n’a point eu de part, une des marques les plus solides, selon S.
« O la belle réformatrice des mœurs que la poésie qui nous fait une Divinité de l'amour, source de tant de dérèglements honteux, s'écrie un Païen !
Enfin il sort plus épris que jamais de l’amour du Théâtre.