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81. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Le Clergé de France n’approuve certainement ni l’Opéra, ni la Comédie, ni les Italiens, ni les innombrables Courtisannes qui infestent Paris ; aucune de ses assemblées s’en est-elle mêlée ? […] Cet arrangement, un peu triste, & si différent de la distribution légère & galante de la Comédie Françoise, est certainement moins dangereux & plus décent que la confusion des rangs & le mélange des sexes qui règne en France. […] Le spectacle dont on fait la description fut donné à l’occasion du mariage de l’Infante Marie-Therese avec Louis XIV, où l’on eût vû en France un monde infini. […] Quelques pieces Françoises & celles de l’Abbé Metastasio, qui pourroit employer ses talens à des ouvrages plus convenables à son état, en ont fait jusqu’ici les frais, & le tout rendu assez mal par des détachemens des troupes Françoises, car c’est toûjours en France que se font les recrues. […] est-ce là ce que M. du Belloy a voulu enseigner à toute la France ?

82. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

On n'y reconnaît plus ces Anciens Prêtres, Ministres de l'Idolâtrie, comme Souverains Pontifes, ce n'est plus à l'honneur de quelques fantastiques Divinités que nos Poètes et nos Acteurs consacrent leurs travaux, ni qu'ils rendent des actions de grâces, quand ils y reçoivent des applaudissements ; Tous leurs soins ne vont qu'à complaire à la Cour de France et à la Ville de Paris, et leurs remerciements ne sont que pour les bienfaits dont nos Princes les honorent. […] Sidonius Apollinaris Évêque en France décrit les Jeux du Cirque qui furent donnés de son temps, et ne trouve point étrange que les Chrétiens en prissent les plaisirs, parce qu'ils n'avaient plus rien de leurs vieilles impiétés.

83. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE V. De la protection spéciale sanctionnée par le Pape, accordée aux Comédiens du troisième âge, par l’autorité spirituelle, et par l’autorité temporelle. » pp. 120-129

Le clergé italien n’admet donc point le rigorisme injuste et non fondé qu’on est en droit de reprocher à quelques prêtres fanatiques et ignorants, qui, en France, tourmentés par le désir de dominer, et pour se faire valoir, pour en imposer, et pour se faire craindre, abusent impunément du crédit qu’ils ont usurpé, pour faire éprouver de temps en temps, aux comédiens français, des affronts non mérités. […] Il faut donc en conclure, que la cause des acteurs est enfin gagnée, tant auprès du gouvernement qu’auprès des membres du haut clergé de France, qui, se distinguant aujourd’hui par leurs lumières et leur équité, se convaincront que les comédiens et la comédie ont été transférés d’une manière honorable sur nos théâtres publics par la volonté de nos rois, par les arrêts de nos parlements, et enfin par l’approbation des souverains pontifes à Rome, chefs de l’église chrétienne, catholique, apostolique et romaine.

84. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Barrau eut ordre de se retirer ; la Cour de France ne lui en fit pas de réproches ; peut-être ne lui en sçut-on pas mauvais gré. […] Madame la Dauphine signala son entrée en France par les honneurs qu’lle fit au théatre. […] Mais cette défense vint à contre tems pour la France ; c’étoit le tems de la grande vogue de Moliere, & de la grande faveur de Madame de Montespan. […] Henri chassé, vint en France, obtint un pareil secours, donna bataille à son frere, le tua de sa propre main, monta sur le trône, où sa postérité a long-tems régné. […] Dans le projet de M. de Belloy, de mettre l’histoire de France de M.

85. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

La France en guerre alors avec l’Espagne, levoit des contributions sur les villes & les provinces de la domination espagnole ; elle peut de même lever des contributions sur Théatre. […] En quoi la France est supérieure. […] Elle a, dit-on, réussi dans Modénois : la qualité de l’auteur lui a donné de la vogue ; vraisemblablement elle échoueroit en France. […] On dit en France que c’est la seule bonne tragédie italienne. […] Elle y rapporte tous les bruits publics, les nouvelles de France, de Flandres & de Hollande.

86. (1715) La critique du théâtre anglais « APPROBATION. » p. 

J’ai lu par l’ordre de Monseigneur le Chancelier, La Critique du Théâtre Anglais, et j’ai cru que la lecture n’en serait ni moins utile ni moins agréable en France qu’elle l’a été en Angleterre.

87. (1804) De l’influence du théâtre « [frontispice]  »

[frontispice] DE L'INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU DANS LA SOCIETE CIVILE Et de l'importance de leur rétablissement surdes bases qui puissent relever en France leurancienne et véritable splendeur.

88. (1643) La discipline des Eglises prétenduement réformées « [FRONTISPICE] »

[FRONTISPICE] La DISCIPLINE des EGLISES prétendues réformées de France, ou l'ordre par lequel elles sont conduites et gouvernées.

89. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

C’est quelques tems après que les Tournois commencerent à s’établir en France, c’est-à-dire, comme plusieurs le prétendent, sous le regne de Charles le Chauve, dans le neuvieme Siécle. […] J’ose remarquer en passant, que si les Théologiens de France, qui voyoient les Princes & le Peuple si amoureux de cet Exercice, eussent représenté dans les Conciles la nécessité de le régler plutôt que de le condamner en général, & que la sévérité des Conciles n’eût tombé que sur ce que l’on appelloit les Combats à outrage & à fer émoulu, ces Jeux, sans doute, n’auroient pas eu des effets ni des suites aussi funestes. […] On pourroit, au contraire, citer la Capitale d’une Province de France, du côté du Nord, où les bonnes mœurs se font remarquer ; où l’on remplit avec la plus grande piété, les devoirs du Christianisme ; où les hommes sont laborieux, & les femmes rarement infidelles, & où cependant l’inclination pour les Spectacles est si grande, que dans les tems où ils sont suspendus ailleurs, c’est-à-dire, dans les jours saints, ils y subsistent encore, & souvent alors quelques bons Acteurs de Paris s’y sont transportés pour s’y joindre aux Troupes qui y sont fixées. […] Quelques tems après, de l’établissement en France des jeux homicides des Tournois, qui ont duré jusqu’au seizieme Siecle. […] Doit-on, d’ailleurs, parmi les Théologiens de France, ne compter pour rien la protection marquée que les Cardinaux de Richelieu & de Mazarin ont accordée à la Comédie ; l’un par sa passion pour la Poësie, & l’autre par son goût exquis pour les Machines Théâtrales ; & M. le Cardinal de Fleuri a-t-il dérogé à cette protection ?

90. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Fêtes de Théatre. » pp. 95-114

Comme tout est en France affaire de mode, on fait pour le théatre ce qu’on a fait pour les lettres. […] Moyen de faire estimer la nation chez des peuples chez qui le metier de comédien, plus infâme & plus scandaleux qu’en France, s’il étoit possible, n’est exercé que par des femmes prostituées, qui, pour de l’argent, vont de maison en maison, se livrer au goût du public. […] A celui de la Justice on voyoit Themis avec son bandeau, sur des nuages, qui réposoit sur les trois marches de l’amortissement de la voute ; de la main droite elle soutenoit l’écusson de la France, avec une balance, & de la gauche celui de M. le Comte d’Eu, Gouverneur de la Province, avec une épée nue, cet attirail est embarrassant : une main chargée d’un écusson ne peut guere ni manier l’épée, ni suspendre la balance. […] Le Roi porte le sceptre de la Justice, jamais la Justice n’a porté les armes de France, encore moins d’un sujet, même Prince. […] Au milieu du répas, le Prince du Sénat porta à l’assemblée, la santé du Roi, on y répondit par acclamation, au bruit des boëtes ; ensuite celle de Monseigneur le Dauphin, de Madame la Dauphine, Monsieur le Comte de Provence, Madame la Comtesse de Provence, des trois Dames de France, Madame Marie-Élizabeth, toute la Famille Royale ; celle du Comte d’Eu, du Chancelier, du Comte de Périgord, de l’Archevêque de Narbonne, de l’Intendant.

91. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Les libelles sur toute sorte d’objets font gémir la presse, ils se débitent rapidement, ils font la fortune des Lioraires, on se les arrache ; il y a trente ans qu’aux dépens de la religion, de la décence, de la vérité, il se débite régulierement chaque semaine dans toute la France, au vû & au sû de tout le monde, une gazette dont la malignité fait tous les frais, tout le succès & tout le mérite. […] La France est un grand théatre où tout joue la comédie. […] Non contente des richesses nationnales, si des futilités aussi dangereuses que méprisables sont des richesses, la France a adopté, traduit, copié tous les autres drames, Grecs, Latins, Anglois, Italiens, Espagnols, Chinois, Iroquois, &c. […] L’histoire de l’Opéra, du Théatre Italien, de celui de la foire, forme encore plusieurs volumes, sans compter tant de théatres des villes de France, dont les anecdotes, si on daignoit les recueillir, feroient une suite immense. L’histoire de France n’a pas fourni tant de volumes à Mezeray.

92. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

En France les tableaux de Vénus, d’Adonis, du bain de Diane, &c. les portraits des Acteurs & des Actrices, qui les valent bien, sont les seules images auxquelles on a dévotion. […] Lorsque les Italiens vinrent en France, appelés par M. le Duc d’Orléans Régent, ils y apporterent leur dévotion ; leur premier registre commence ainsi : Au nom de Dieu, de la Vierge Marie, de S. […]  20.), est remplie de tant de licence, que du style comique fait pour délecter & corriger les mauvaises mœurs par la moquerie, elle passe dans celui de la bouffonnerie, de l’impudicité & de l’impudence, & ces farces exécrables dont la France fait un dessert de cigue après la piece sérieuse, mériteroient une sévere punition des Magistrats, parce que les mauvais propos que l’on y tient corrompent les mœurs, apprennent au peuple des mots de gueule, des traits de gausserie, des quolibets sales, & le portent à l’imitation des sottises & des fripponneries qu’il voit représenter. […] Il y en a eu long-temps on France de pareilles, qu’on jouoit d’abord à bonne intention ; mais peut-on se flatter de conserver la modestie sur un théatre & dans une troupe de Comédiens & de Comédiennes ? […] Il y a eu en France deux ou trois exemples moins éclatans d’Actrices & d’Acteurs convertis jusqu’à entrer dans un Cloître, & je crois qu’il y a peu de Communautés Religieuses qui voulussent de pareils sujets.

93. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Fautes. »

Comme l’Autheur est dans une Ville nouvellement prise par la France ; quelques fautes se sont glissées dans l’impression : dont voici les plus grossiéres.

94. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Qui s’attendroit qu’au milieu de cette multitude d’histoires galantes que débitent cinq ou six amans avec leur maîtresses qui passent quelques jours dans une maison de campagne à jouer, à se promener, à boire & manger, à dire des choses tendres, en un mot des journées amusantes, c’est-à-dire, au milieu de toutes les frivolités dont leur cœur & leur tête sont remplies, on s’avisat de traiter des affaires de la Régale & de Boniface VIII, de faire le procès au Pape Innocent XI de rapporter & d’éplucher les brefs qu’il écrivit, & ce que fit alors contre lui le Clergé de France : risum teneatis amici  ? […] Un trait fort plaisant que l’ivresse du théatre peut seule inspirer après de longues dissertations sur l’esprit de révolte qu’inspire le Calvinisme, & qui a fait couler tant de sang en France, en Angleterre, en Hollande après de si grandes leçons de politique sur la manière de prévenir les révoltes, ce que personne n’iroit chercher dans un roman fait par une femme ; l’Auteur fait à sa manière le portrait de trois hommes célèbres qui ont joué les premiers rôles dans les guerres de religion : Cromvel, le Prince d’Orange & l’Admiral de Colligni, & détaille leurs bonnes & mauvaises qualités. Je défie de déviner l’un des crimes atroces qu’elle leur impute ; c’est qu’aucun ne pouvoit souffrir le jeu, le bal, le spectacle ; je ne sais de quel Historien elle a tiré ce fait si intéressant, les grands événemens de ce siècle ont trop occupé leur plume pour s’embarrasser de la comédie ; & ces hommes célèbres eux-mêmes s’en occupoient trop pour perdre le temps à ces frivolités, ni avoir aucun goût pour elles, le théatre étoit dès-lors inconnu en Hollande, où on ne pensoit qu’à établir la république & le commerce ; elle ne faisoit que de naître en Angleterre & en France où on n’avoit encore vu que les confrères de la passion. […] Calvin étoit mort avant Cromvel, il n’a jamais dogmatisé en Hollande, & il ne parut plus en France depuis qu’il eut levé le masque. […] Cependant rien n’est plus commun en France & sur-tout au théatre & envers les personnages qu’on y joue, & envers les Actrices elles-mêmes ; on adore les femmes, elles sont adorées, on se met à genoux devant une Actrice, c’est une Divinité, on lui offre des victimes, on brûle l’encens ; le jargon de la galanterie n’est que le langage de la Religion appliqué à la créature, on ne peut excuser ni la prophanation si ce langage est sincère, ni l’indécence s’il ne l’est pas ; mais d’où vient cet abus sacrilège si généralement répandu de la frivolité du François ?

95. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

C’est ce Roman qui parle le premier de l’institution fabuleuse des douze Pairs de France. […] de Fontenelle, il étoit dans l’ordre de la nature corrompue, qu’avec l’esprit poétique il se répandit en France un esprit de galanterie. […] Tome I des Capitulaires des Rois de France, page 1170. […] Histoire de France, par M. le Président Hénault. […] Dans son Abrégé de l’Histoire de France.

96. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Machiavel. » pp. 198-214

Léon, éleve dans le faste & le luxe des Médicis, maison qui a fait tant de mal à la France & à l’Eglise, & a occasionné les plus grands progrès du Luthéranisme & du Calvinisme, Léon s’attachoit plus à la pompe du spectacle qu’à la décence & à la pureté des mœurs. […] Ces Papes avoient menagé l’alliance des Médicis avec la maison de France, qui fut pour elle un puissant appui. […] Louis XII, le Pere du Peuple, étoit l’ami déclaré, le protecteur, l’allié de Borgia, son zélé défenseur, qui lui fournit des troupes dans ses usurpations, l’attira en France, lui donna le duché de Valentinois, le maria, quoique bâtard & sous-diacre, avec la sœur du roi de Navarre, grand-pere d’Henri IV, il le fit dispenser de son vœu de continence, comme lui-même fit dissoudre son mariage avec la Bienheureuse Jeanne de France, fille de son prédécesseur, pour épouser sa maitresse, comme fit depuis Henri VIII, roi d’Angleterre. […] Pour le plagiat, Machiavel ne s’en défendoit pas, on ne s’en défend gueres en France, Corneille & Moliere ont les plus grandes obligations au théatre espagnol, Racine à celui d’Euripide ; le vol dramatique est notoire, & tous les jours on se le reproche.

97. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Des causes qui empêchent la Pastorale de réussir en France. […] Il est encore une autre raison qui l’empêche peut-être de faire en France autant de progrès qu’elle en pourra faire en Allemagne. […] Il est clair que les Drames champêtres seront long-tems à faire de certains progrès en France.

98. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XII. Réflexions sur les Evêques et les Prêtres de la primitive Eglise, et de l’Eglise moderne, suivies de réponses aux reproches de M. de Sénancourt, sur le même sujet. » pp. 212-222

On le soupçonne de ne pas connaître les circonstances qui favorisèrent, en France, l’empiètement et l’usurpation de la puissance ecclésiastique sur la puissance séculière. […] « Dans l’origine, l’église fut dotée de seigneuries temporelles, qui donnèrent aux évêques de France beaucoup de part dans les affaires de l’Etat.

99. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

Suivant ce principe on a cru, en France, pouvoir conserver en partie et ajouter à notre Théâtre les mœurs des Latins ; les Valets de la Comédie moderne ont un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, comme les Esclaves et les Vieilles des Latins l’avaient dans la Comédie de ce temps-là : ils ne savent que conseiller le mal, et s’employer pour l’éxécuter. […] Si les modernes n’ont pas été les premiers à imaginer des Comédies de caractère ; du moins, après les Grecs, ce sont eux qui, vers le milieu du siècle passé, les ont faites revivre en France : ce qui fit sentir qu’ils avaient enfin connu la nécessité de la critique des mœurs, et qu’ils allaient réparer la faute de leurs prédécesseurs, qui n’en avaient jamais fait usage.

100. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Elle voit avec surprise, que la joie succéde, dans l’ame de son élève, à la douleur & à l’affliction ; qu’elle ne pense plus à la France, où le beau sexe jouit de la plus brillante destinée, & semble lui préférer la prison & l’esclavage. […] Ce n’est pas tout : Nérestan parti pour la France depuis deux ans, y a recueilli la rançon de Zaïre, de Luzignan, & de dix Chevaliers Chrétiens ; il arrive tout-à-coup, entre au Sérail, & somme Orosmane de lui rendre les Captifs. […] Ce prince renvoie en France un esclave, absolument privé de toute ressource, sur la promesse qu’il lui rapportera la rançon de douze Chrétiens, au nombre desquels il met Luzignan.

101. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

La gloire de gouverner la France, d’abaisser la maison d’Autriche, de remuer à son gré toute l’Europe, ne lui suffisait pas : il voulut y joindre celle de faire des comédies. […] « Francion et Ibère (les Rois de France et d’Espagne) sont amoureux d’Europe, veulent en être les maîtres. […] Les Académiciens, fort embarrassés, représentaient, « que la Compagnie, qui ne faisait que de naître, ne devait pas se rendre odieuse par un jugement qui peut-être déplairait aux deux parties, et ne pouvait manquer d’en désobliger au moins une, et une grande partie de la France ; qu’à peine pouvait-on souffrir sur la simple imagination qu’elle prît quelque empire sur la langue, que serait-ce si elle entreprenait de l’exercer sur un ouvrage qui avait l’approbation publique ? […] Ainsi de la même main le Poète Cardinal bâtit l’Eglise de Sorbonne et celle de Richelieu, et les théâtres dans ses maisons de ville et de campagne ; il fait paraître la Conduite à la perfection, et compose Mirame, l’Europe, les Tuileries ; fait des livres de controverse, et fait faire la critique du Cid ; il a à ses gages des troupes de Comédiens et des Missionnaires, nomme des Evêques et choisit des Actrices, prend la Rochelle pour abattre le Calvinisme en France, et fait ravager l’Allemagne par les Luthériens ; élève au plus haut point l’autorité royale, et soutient la République de Hollande ; fait décapiter, sous prétexte de révolte, Chalais, Marillac, Montmorency, Cinq-Mars, et révolter le Portugal contre l’Espagne ; fait condamner Richer pour avoir attaqué l’autorité du Pape, et fait menacer le Pape de se soustraire à son autorité par l’érection d’un Patriarche ; et pour terminer la pièce, il protestait à sa mort qu’il n’avait jamais agi que pour la gloire de Dieu, même allant à la comédie, composant des pièces, les faisant représenter, bâtissant dans sa maison un théâtre. […] Il ne pouvait y travailler plus efficacement qu’en employant deux moyens qui se soutiennent et s’aident mutuellement, le luxe et le théâtre : ce luxe, ce faste, jusqu’alors inconnu en France, qu’il étala jusques sous les yeux du Roi, honteux d’être moins bien logé, meublé, nourri, habillé que son Ministre, et qui après la mort du Cardinal alla occuper sa maison, pour être logé d’une manière plus décente : goût de luxe continué et porté au comble par Louis XIV, qui de proche en proche a infecté tous les états, même le Clergé ; les grands Bénéficiers depuis ce temps-là le disputent en magnificence aux plus mondains.

102. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « [Introduction]  » p. 2

Leur prodigieuse multiplication en France y a déjà fait une triste révolution, et en fait craindre l’entière décadence.

103. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

A qui l’on est redevable des progrès de la Musique en France. […] Le Poète Baïf est le prémier qui se soit avisé en France d’avoir un concert. […] Quelques-uns de nos Rois & des grands Seigneurs de France se sont aussi piqués d’être Musiciens. […] Philippe-Julien, Duc de Nevers, neveu du Cardinal Mazarin, a mis en chansons un Abrégé de l’Histoire de France, qui commence à la troisième race. […] D’Aubigny, dans son Histoire de France.

104. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE III. De la comédie et des comédiens chez les païens et chez les chrétiens. » pp. 101-112

Assurément il n’est jamais venu à la pensée du clergé de France de frapper les disciples de Loyola d’excommunication, ni de fulminer contre eux les canons et décrets des conciles d’Elvire et d’Arles, concernant les gens de théâtre. […] Par ce moyen ils introduisirent en France le goût de la comédie et du chant.

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