Quoi qu’il en soit, le Poëte dont toute la force consiste à bien connoître toute notre foiblesse, profite heureusement de ces dispositions, pour mieux assaisonner le plaisir de la surprise, & faire ensorte que le commencement & le nœud de la Tragédie servent comme d’ombre & de contraste à l’événement imprévu par lequel il doit achever de nous charmer ; mais il n’oublie pas que si nous aimons la surprise, nous méprisons celle dont on veut nous frapper en violant toutes les regles de la vraisemblance : il évite donc de mettre le Spectateur en droit de lui dire, Quodcumque ostendis mihi sic, incredulus odi. […] Oubliez pour un moment, que les Acteurs ne sont pas ceux qu’ils représentent, l’imitation deviendra la nature même, vous sentirez la même émotion que si vous entendiez parler ceux qui ont eu part à l’action représentée, & les expressions qui paroissent sortir de leurs bouches mêmes, ne portent que trop réellement dans le cœur des Spectateurs leurs différentes passions.
Les Peres , y ajoute-t-on, ayant fait connoitre dans leurs écrits… Les suites funestes d’un divertissement… Si commun au Siécle où nous sommes ; les Prédicateurs & les Pasteurs n’oublieront rien, pour détourner les fidéles, de ces sortes d’assemblées, que les Saints ont appellées autrefois, les conventicules des Démons, & la source de toutes sortes de péchés. […] Chrysostome, dans son Homélie de Saül & de David, un regard jetté avec trop de curiosité, sur une femme, qu’on rencontre par hazard, est quelquefois capable de blesser l’ame ; & vous ne craindrez pas de passer plusieurs heures à contempler fixement des femmes, qui se parent avec tout le soin possible, qui se sont toute leur vie, exercées à remuer les passions, & qui n’oublient rien, pour plaire aux spectateurs !
Enfin, il n’oublia rien de ce qui pouvoit contribuer à la solemnité des Festes, à la commodité des Spectateurs, & à la magnificence de l’ouvrage.
Les soins qu’ils se donnoient pour des Représentations de Comédies, leur firent oublier le soin de leur Etat & de leurs Armées.
S’il arrive par hazard, qu’elle n’oublie point d’offrir le matin à Dieu les actions qu’elle fèra ; ne se prend-elle pas de la maniere qui suit, du moins par une intention implicite qui se manifeste par les œuvres de la journée ?
Ici toutes vos qualités, tous vos avantages, toutes vos vertus, viennent s’offrir à mon esprit pour augmenter mes regrets et mes ressources contre vous… Mais oublions ce qui fut, et réparons ce qui est.
Ils ne peuvent oublier que c’est dans les temps de barbarie qu’ils obtinrent le plus d’influence et qu’ils parvinrent le plus rapidement à s’emparer de grands biens, tandis qu’au contraire leur crédit diminue en raison du progrès des lumières et de la civilisation.
L’irréligion peut faire oublier ou plutôt mépriser un commandement si sacré ; l’ignorance excuserait-elle ?
La vraie récréation exige de la mesure : il faut perdre de vue ses affaires, mais il ne faut pas les oublier. […] Les choses importantes ont cela de particulier, qu’en attirant nos soins elles sçavent les mériter : on le sent d’avance par l’espéce de feu & d’intérêt avec lequel on s’y attache ; au lieu qu’en fait de riens, de bagatelles, fussent-elles même d’un agrément sensible, on n’en a pas plûtôt ris, qu’on les oublie : eh pourquoi ?
Saint Charles Borromée fit ordonner, dans un concile provincial, que les prédicateurs reprendraient avec force le déréglement de ces plaisirs publics, que les hommes, séduits par une coutume dépravée, mettaient au nombre des bagatelles où il n’y a point de mal ; qu’ils décrieraient avec exécration les spectacles, les jeux, les bouffonneries du théâtre, et les autres divertissements semblables qui tirent leur origine des mœurs des Gentils, et qui sont contraires à l’esprit du christianisme ; qu’ils se serviraient de tout ce qui a été dit de plus pressant sur ce point par Tertullien, saint Cyprien, saint Chrysostôme et Salvien1 ; qu’ils développeraient avec soin les suites et les effets funestes des spectacles ; et qu’enfin ils n’oublieraient rien pour déraciner ce mal et faire cesser cette corruption.
Les Romans les plus détaillés avoient oublié cette circonstance, dans la description de leur palais ; même l’abondant, l’inépuisable Scuderi, & sa seconde cousine dans sa carte du tendre, ou la garderobe auroit pu figurer, & donner matiere à quelque fine allusion.
Un Peuple de Héros punissait d’une mort cruelle ses Prêtresses qui s’étaient oubliées, parce que le salut de la République dépendait de leur pureté.
Enfin, n’oubliez jamais qu’en bannissant de notre État les Drames & Pieces de Théâtre, nous ne suivons point un entêtement barbare, & ne méprisons point les beautés de l’art ; mais nous leur préferons les beautés immortelles qui résultent de l’harmonie de l’ame, & de l’accord de ses facultés.
En suite de ceci, c’eût été bien merveille s’il se fût oublié du purgatoiread.
Quelques-uns disent que ce qu’on entend à l’Opéra entre par une oreille et sort par l’autre ; mais ils oublient que le cœur est entre deux, et au sortir du spectacle on est moins en état de résister aux occasions dangereuses qu’en sortant du sermon. » On ne peut pas douter qu’elle n’eût été souvent au spectacle.
La plupart des Poètes modernes qui ont écrit pour le Théâtre, n’ont pas oublié de faire usage d’un si admirable original : il est vrai que chacun a voulu y ajouter du sien ; mais on me permettra de dire que les changements et les augmentations qu’on y a faits, n’ont servi qu’à en diminuer le mérite.
quel démon te l’a fait oublier ? […] C’eut été du moins le propre d’un esprit bienfait, et; d’un bon cœur ; mais à vous en croire sur votre parole, « l’amour du bien public est la seule passion qui vous fait parler au public, vous savez alors vous oublier vous-même, et; si quelqu’un vous offense, vous vous taisez sur son compte, de peur que la colere ne vous rende injuste. […] Si j’osois douter que vous soyez digne des louanges que vous vous prodiguez dans cette note, je serois du moins convaincu de la vérité de ces mots : je sais m’oublier moi-même. […] n’oubliez jamais cette utile et; sublime sentence de Ciceron, que le Spectateur a mis à la tête de son article de la médisance.
Salvien, Prêtre de Marseille, et qui écrivait dans la Province Viennoise, n’oublia rien pour faire cesser tous les spectacles. […] , oublia bientôt toutes ces punitions. […] Augustin le plaignait, et il n’oublia rien pour le gagner ; enfin il vint à bout de les lui faire abhorrer. […] à l’esprit du Christianisme que les Bals et les Comédies, surtout dans les saints jours de Fêtes et de Dimanches et pendant le temps de l’Avent et du Carême ; et les Pères de l’Eglise ayant fait connaître dans leurs écrits, les périls et les suites funestes d’un divertissement si dangereux et si commun au siècle où nous sommes ; les Prédicateurs et les Pasteurs n’oublieront rien pour détourner les Fidèles de ces sortes d’assemblées, que les Saints ont appelé autrefois les conventicules des démons et la source de toutes sortes de péchés. […] Décembre 1695. « que l’Eglise a toujours regardé la Comédie avec abomination, qu’elle prive publiquement des Sacrements ceux qui exercent ce métier infâme et scandaleux, qu’elle n’oublie rien pour marquer en toutes rencontres son aversion pour cet état et pour l’inspirer à ses enfants, qu’il est impossible de justifier la Comédie sans vouloir condamner l’Eglise, les Saints Pères, les plus Saints Prélats.
Un Ministre des autels pourroit-il oublier le respect qu’il doit à son Dieu jusqu’à faire porter sa queue dans le lieu saint, quand le saint Sacrement est exposé, quand on le porte en procession ?
J’ai vu de nos Germains le bon sens perverti, Plein d’un instinct aveugle embrasser un parti, De l’Autriche oublier l’insolent despotisme, En faveur de Therese outrer le fanatisme, Détester Charles sept, plusieurs Bavarois, Et du Lorrain vaincu proner les grands exploits.
Il lui donne de très-bonnes leçons, qui confirment ce que nous venons de dire ; tant les hommes sont différens d’eux-mêmes quand ils parlent naturellement à leurs amis, ou au public avec quelque apprêt : Je vous crois guéri de la fureur dramatique dont vous étiez possédé, mais je vois bien que vous êtes aussi Français que moi, & qu’un jour de bon temps vous fait oublier une année de fatigue.
On oublié de se compter soi-même au nombre des boéloques, quoiqu’on y soit la plus risible de toutes.
.° Salomon faisant le portrait d’une courtisanne qui veut séduire un jeune homme, & qui va au-devant de lui, ornée de tous les attraits les plus capables d’allumer les passions ; ce qu’il appelle ornatu meretricio , dont elle lui fait le détail, n’oublie pas de lui dire que pour l’enivrer de plaisir ; elle a parfumé son lit avec les odeurs les plus exquises, aspersi lectulum meum cinnamomo myrrha & aloe ; les Actrices n’y manquent pas.