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55. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

On y voit un homme né sous une étoile malheureuse, poursuivi constamment par son destin, & conduit au plus grand des malheurs par des succès apparens. […] Ainsi, en voyant ce Prince, l’homme faible, l’homme ignorant l’avenir, l’homme sentant l’empire de la Divinité sur lui, craint, tremble pour lui-même, & pleure sur Œdipe : c’est l’autre partie du Tragique, la pitié qui accompagne nécessairement la terreur, quand celle-ci est causée en nous par le malheur d’autrui. […] Cet homme était né pour créer la Poésie Théâtrale, si elle ne l’eût pas été avant lui. […] Une étude réfléchie des sentimens des hommes, qu’il falait émouvoir, vint inspirer un nouveau genre à Racine, lorsque Corneille commençait à vieillir. […] Sans compter qu’étant hommes comme nous, ils nous touchent par le lien de l’humanité, le degré d’élévation où ils sont, donne plus déclat à leur chute.

56. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Cet homme prêche contre le péché, pourquoi ? […] Etait-ce un homme invulnérable, impassible, immortel ? […] Il est vrai que ce Mathan est un très méchant homme : mais non un homme de néant ; c’est un des principaux chefs de la faction d’Athalie. […] Oui, la Religion est la base du Gouvernement même politique : sans elle, l’homme est un mauvais sujet, un fâcheux citoyen ; ou plutôt, ce n’est pas un homme. […] Ce caractère serait-il déchu du droit qu’il eut autrefois à l’estime des hommes ?

57. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Elle ne s’en cachoit pas, mais se faisoit honneur de cette comédie : J’aime les hommes , disoit-elle, non parce qu’ils sont hommes, mais parce qu’ils ne sont pas femmes. […] Ce ruisseau étoit comme une coulisse d’où une Actrice sort habillée en homme pour jouer quelque Prince ou plutôt quelque Arlequin. […] Est-ce parce que je ressemble à un homme ? […] C’étoit une société de débauchés, sa maison étoit une espèce de serrail d’hommes ; elle avoit à Stocholm des femmes auprès d’elle, c’étoient des Officières en charge, en quittant la Suède elle les congédia toutes, & ne voulut plus avoir que des hommes ; il est très-indécent que des femmes ayent des hommes pour les servir, comme il le seroit aux hommes de se faire servir par des femmes, des Baigneurs, des Tailleurs, des Valets de chambre, des hommes à leurs toilettes, & c’est un des plus grands désordres de Suède ; mais il l’est infiniment davantage de n’avoir que des hommes, les femmes le plus libertines, les Actrices ont des femmes de chambre pour le service ordinaire, mais où a-t-on vu qu’une Princesse n’en eut aucune & se fasse lever, coucher, habiller, déshabiller par des hommes ? […] Le masque fane, l’homme reste & le héros s’évanouit.

58. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

Ce premier obstacle cessera donc d’en être un, si les Auteurs ne s’obstinent plus à croire qu’on ne peut attirer les François au Spectacle, qu’en introduisant sur le Théâtre des personnages plutôt semblables à des marionnettes qu’à des hommes. […] Qui ne sait pas que de tout temps l’ambition a changé la face des Etats ; que l’amour de l’or à éteint celui de la vertu ; que par-tout où il y a eu des hommes, on a vu régner tour-à-tour le mensonge, la calomnie, la trahison, le luxe, le libertinage, la perfidie, la mauvaise foi, & généralement tous les vices dont le cœur de l’homme est malheureusement la victime ? […] Il faut qu’elle sonde le cœur humain jusque dans ses replis les plus ténébreux, & que là, comme dans leurs sources elle étudie ces passions, qui font tant de ravage dans la Société, & qu’employant tout son art à les peindre d’après nature, elle montre sur la scène l’homme tel qu’il est, malgré ses déguisemens apparens. Malheur aux hommes si une pareille Comédie tombe par la cabale des gens corrompus, qui craignent de se voir démasqués. […] Or la crainte de la censure publique a la vertu plus que toute autre barriere de contenir les hommes dans le devoir.

59. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Et les Philosophes avoient-ils tort de dire, que par ces lamentations continuelles qu’elle faisoit entendre, elle énervoit le courage des hommes ? […] Ce morceau de Sophocle que j’ai autrefois traduit avec tant de plaisir, est admirable : mais n’exprime-t-il pas la fureur de la vengeance, & l’impatience de l’homme dans la douleur ? […] Elle cherche à amuser les hommes, & comme ils sont enfans, ils ne haïssent rien tant que la tranquillité. […] Elle ne l’est point, si les hommes aiment mieux être dans la douleur que dans l’admiration. […] L’Auteur d’Athalie a réussi mieux qu’un autre à plaire en la troublant ; il a enfin tenté de plaire en la respectant, & même en représentant un homme qui la conserve toujours.

60. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Sixième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 40-72

l’homme, plus malheureux que la brute, serait-il donc un forçat, auquel le moindre délassement est interdit ? […] Qu’on nous fasse voir dans d’autres hommes ce que nous sommes, c’est de quoi nous intéresser, nous attacher, nous remuer vivement. » L’homme étant composé d’un corps & d’une âme, il y a deux sortes de Spectacles qui peuvent l’intéresser. […] Un homme égorgé dans l’arène, accoutume le spectateur à voir le sang avec plaisir. […] La demoiselle Dumesnil va-t-elle aujourd’hui cousulter Corneille, pour exprimer si dignement les beautés de ce grand homme ?

61. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

On peut s’en rapporter à un homme si habile en l’art de faire rire. […] Moliere est un grand comédien si l’on veut ; mais jamais un homme sage ne l’appellera grand homme : ces deux choses se contredisent : un grand homme ne sera jamais comedien ; il cesseroit d’être grand homme, en se dégradant jusques-là. Jamais on n’a vu de grands hommes sur le théatre. Un comedien ne sera jamais grand homme ; il auroit honte du théatre, s’il commençoit à agir, à penser en grand homme. […] Cet homme est trop sincere, quelle imprudence !

62. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

Il fait le portrait & la satyre des hommes, sous le nom des femmes, & des femmes, sous le nom des hommes. […] La vue de l’homme est pour la femme une tentation aussi dangéreuse que la vue de la femme l’est pour l’homme. […] Il semble même que l’homme devroit être plus modeste que la femme. […] Il a mal consulté le goût commun des hommes. […] Les femmes aussi preférent les hommes fort bruns à ces hommes dont le tein blanc est un signe de molesse, & annonce peu de vigueur.

63. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Tous les hommes ont-ils indistinctement le droit d’élever un théâtre ? […] Tous les hommes sont égaux en droits. […] Si un seul homme peut élever un théâtre, tous les autres hommes ont donc le même droit. […] La censure ne peut être établie sans l’opinion d’un homme, et l’opinion d’un homme n’est pas la loi. […] La censure ne sera donc pas exercée sur le théâtre, puisqu’elle mettroit toujours l’opinion d’un homme, ou de plusieurs hommes à la place de la loi.

64. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Il s’est si bien imaginé que c’est une charité des plus chrétiennes de diffamer un homme pour l’obliger à vivre saintement, que si cette manière de corriger les hommes pouvait avoir un jour l’approbation des docteurs et qu’il fût permis de juger de la bonté d’une âme par le nombre des auteurs que sa plume aurait décriés, je réponds, de l’humeur dont je le connais, qu’on n’attendrait point après sa mort pour le canoniser. […] Le dessein qu’il a eu est celui que doivent avoir tous ceux de sa profession, de corriger les hommes en les divertissant. […] Cher écrivain, de peur qu’en travaillant à vous attirer cette réputation d’homme de bien, vous ne perdiez celle que vous avez d’être fort habile homme et plein d’esprit, je vous conseille en ami de changer de sentiment. […] Ce sentiment était d’un homme de bien, vous en auriez été tout à fait loué, et pour édifier encore mieux vos lecteurs, vous pouviez faire une invective contre ce valet, en lui montrant quelle était son inhumanité de regretter plutôt son argent que son maître. […] Nous sommes dans un siècle où les hommes se portent assez d’eux-mêmes au mal, sans avoir besoin qu’on leur explique nettement ce qui peut en avoir quelque apparence.

65. (1833) Discours sur les spectacles « [Discours sur les spectacles] » pp. 3-16

Mais, y a-t-il dans le monde quelque chose dont l’homme n’abuse ? […] qu’elle était puissante pour la vertu la voix de cet homme qu’un prélat voulut convertir parce qu’il était acteur, et dont le grand homme disait qu’il l’aurait décoré s’il n’eût pas craint les sots préjugésb. […] puisque le spectacle n’est qu’une critique de ce qui est mal, une censure des ridicules des hommes, qui vous autorise donc à en anathématiser les artistes ? […] mes frères, cet homme prodigieux, l’honneur de la France et de la littérature française, cet homme que Louis XIV admirait, bien qu’il n’eût pas toujours flatté les grands et les rois, cet homme en mourant ne peut éviter les foudres de l’Église ! […] Le sens voudrait : « ne refusons point à la cendre (des comédiens)… les devoirs que la religion et l’humanité réclament pour tout homme.

66. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

Il y a déjà long-temps, en effet, que c’est par imitation qu’on agit à l’égard de la morale et de ses soutiens qui succombent comme des hommes sauvages et barbares agissent, dans un naufrage, à l’égard du vaisseau et de l’équipage dont le danger ne les inquiète pas, pourvu qu’ils pillent et se chargent de butin. […] … Oui, jugez-moi, hommes éclairés et vertueux que je révère : je vous le demande, soyez de bonne foi, parlez librement ; je veux tirer de votre réponse une conséquence tout opposée à celles qu’en voudront déduire les pessimistes systématiques qui blâment la philosophie et les lumières qu’elle répand ; qui prétendent que les hommes s’égarent et tombent dans le fossé, parce qu’ils y voient clair, tandis qu’il est si naturel de penser que cela leur arrive parce qu’ils n’y voient pas assez ; je vous le demande, dis-je, comment envisagez-vous l’état actuel de la société ? […] Cette difficulté doit être moins grande, toutefois, je le répète, sous une constitution aussi raisonnable que celle que nous avons eu le bonheur d’obtenir enfin ; parce qu’en respectant les hommes, elle doit nécessairement les porter à se respecter eux-mêmes. […] Je reconnais avec tout le monde que Molière a été peintre exact du cœur de l’homme, qu’il en a bien reconnu les replis, qu’il a bien vu ce qui s’y passait ; mais je tiens qu’il n’a pas prévu ce qui s’y passerait, par l’effet des portraits qu’il en fait. […] Ces répétitions d’ailleurs sont dûment autorisées par la continuation du mal qui va toujours en augmentant, et ne peut diminuer qu’à proportion que le nombre des hommes qui en sont véritablement effrayés, et cherchent de concert à l’arrêter, approchera du nombre de ceux qui se plaisent et s’accordent à le commettre.

67. (1825) Encore des comédiens et du clergé « NOTICE SUR LE MINISTERE FRANÇAIS EN 1825. » pp. 87-100

Les hommes d’état généralement parlant, furent de tout temps des hommes choisis et remarquables par leur génie, leurs talents, leur habileté et leur dextérité à manier les affaires politiques. […] Tous sont hommes d’esprit, grands orateurs et remplis de talents. […] Nos hommes d’Etat doivent donc avoir un vif regret d’être forcés d’abandonner l’Espagne à ses horreurs, sans y porter un remède efficace. […] La vengeance, si facile à l’homme puissant, semble n’être jamais entrée dans son cœur, car elle n’est l’apanage que de la petitesse et de la méchanceté. […] Il est enfin capable d’égaler le grand homme d’Etat qui est à la tête du cabinet britannique, et en devenir l’émule et non l’antagoniste.

68. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

C’est la nature de l’homme. […] Mais où est celui dont elle a rendu l’âme timorée, et qui est devenu homme de bien par son moyen ? […] C’est précisément le principe des railleries que les hommes ont faites les uns des autres dès le commencement du Monde. […] Mais ce qui est étonnant, c’est que de ce ridicule même les hommes aient su se faire des plaisirs : voici comment ils en sont venus à bout. […] A entendre le Père, il songe plus à éviter les hommes « du grand Monde », que leurs passions.

69. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

L’une peint les hommes tels qu’ils ont été quelquefois ; l’autre, comme ils ont coutume d’être. La Tragédie est un tableau d’Histoire ; la Comédie est un portrait ; non le portrait d’un seul homme, comme la Satyre, mais d’une espèce d’hommes répandus dans la Société, dont les traits les plus marqués sont réunis dans une même figure. […] Aussi, dans le recueil immense de leurs Pièces, n’en trouve-t-on pas une seule dont un homme de goût soutienne la lecture. […] Qu’aurait-il donc fait si la mort ne l’avait surpris, cet homme qui voyait quelque chose au delà du Misanthrope ? […] Les hommes ne se touchent que par la surface, & tout serait dans l’ordre si l’on pouvait réduire ceux qui sont nés vicieux, ridicules ou méchans, à ne l’être qu’au-dedans d’eux-mêmes.

70. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

Si vous étiez élevé sur une haute montagne, les plus grosses villes vous paraîtraient à peine comme des hameaux, leurs Palais les plus superbes et les plus magnifiques comme des huttes et des cabanes, et les hommes des fourmis, si toutefois vous pouviez les apercevoir, tel est celui qui habite déjà dans le Ciel par l’ardeur de ses désirs ; toute la grandeur humaine n’est pour lui que bassesse, qu’un atome éclatant, un point qui en impose aux yeux par quelque apparence d’enflure, il a peine à comprendre l’excès de folie et l’ensorcellement des hommes qui se laissaient captiver et transporter par ces niaiseries, si quelque objet sollicite son cœur par quelque monstre de beauté pour s’en faire aimer, il le dépouille aussitôt de ce fard et de cette vaine apparence qui pourrait l’éblouir parce qu’il est homme, et lui dit vous n’êtes rien, vous n’avez qu’une faible lueur de cette lumière immense, de cette beauté originale qui est en Dieu, lui seul mérite d’occuper nos esprits et nos cœurs, adorons-le ; il lui tarde que nous soyons tous arrivés à ce jour qui sera le dernier de tous, où Dieu seul paraîtra grand, « exaltabitur Deus solus in die illa »Isai. […] Si le but principal de la comédie est d’exciter les passions, parce qu’elle sait que l’homme ne hait rien tant que le repos, et ne se plaît qu’à être remué, celui de la religion Chrétienne est de les calmer, les réprimer, arrêter leurs fougues et leurs saillies, tenir renfermées dans leurs cachots ces bêtes farouches qui ne sont enchaînées que par les liens invisibles de la grâce, c’est le principal exercice de la morale Chrétienne, c’est notre lutte, notre tâche, notre combat journalier, le tout de l’homme Chrétien, la grâce que Jésus-Christ nous a apportée du Ciel est une grâce militaire qui arme l’homme contre lui-même, et le met dans la nécessité de tenir ses passions sous ses pieds, s’il n’en veut bientôt devenir le jouet et le misérable esclave, « actiones carnis spiritu mortificare quotidie affligere minuere, frænare, interimere »S. […] Sainte Thérèse nous apprend dans l’histoire qu’elle a écrite elle-même de sa vie, que la lecture des comédies et des livres de chevalerie (que eût-ce été de la représentation effective) refroidit tellement en elle la piété et les bons sentiments dont le Seigneur l’avait prévenue, que sans une grâce spéciale elle se fût engagée dans la voie de perdition où marche le plus grand nombre des hommes. […] Une telle présomption mérite seule que Dieu vous abandonne à vous-mêmes, et si vous n’êtes pas tombée aux yeux des hommes, vous l’êtes déjà peut-être aux siens. Les Païens mêmes ont reconnu que rien n’était plus dangereux pour les bonnes mœurs que ces sortes de spectacles, ils avouent qu’ils faisaient de grands changements en leur cœur, qu’ils en retournaient non seulement plus avares, plus ambitieux, plus enclins aux plaisirs et au luxe, mais encore plus cruels, et moins hommes.

71. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

Qui ne connaît les manœuvres des prêtres, pour priver les hommes des bienfaits de l’instruction ? […] Tel est le portrait fidèle, mais trop abrégé, d’une grande partie des élèves des jésuites, de ces hommes imbus des doctrines du fanatisme religieux, de ces hommes qui composent la faction servile, ennemie acharnée de l’instruction et des lumières de la philosophie. […] Il a donc toujours été de l’intérêt des séducteurs et de leurs complices, de condamner les hommes à l’ignorance et à l’abrutissement. […] Ils sentirent encore qu’il leur était nécessaire de représenter aux hommes la divinité sous un aspect terrible. […] Les lumières ne peuvent que les rendre meilleurs, et les empêcher de tromper les hommes ou d’être la dupe de leur crédulité.

72. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Sinon que le mépris et le dégoût des bonnes mœurs doivent avoir pénétré bien avant dans le cœur des hommes pour qui de telles scènes sont des objets de satisfaction et de jouissance. […] La nature de l’homme ne comporte point un état exempt de cette espèce de commotion qui troublant sa situation habituelle, renforce l’énergie de ses facultés et en affermit l’usage. […] C’est la corruption même de la partie corporelle de l’homme qui provoque nos regrets. […] Un philosophe à tête exaltée, a fait un livre sur l’an 2440, et s’est beaucoup occupé de l’état des hommes à cette époque ; mais je crois qu’il est raisonnable de demander si à cette époque il y aura encore des hommes. […] Le pauvre Laberius s’en défendit vainement par tous les moyens qu’un homme d’honneur pouvoit opposer aux ordres d’un despote.

73. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Il a été indigné que le domaine sur les créatures ait été donné à l’homme : c’est pourquoi il a tâché d’envahir ce domaine, et de s’en servir pour rendre l’homme coupable. […] il est certain qu’il parle aussi à tous les hommes. […] C’était peu que d’employer le fer pour faire entre-tuer des hommes : il fallut encore pour rendre le divertissement plus complet, exposer ces hommes à la fureur des bêtes féroces. […] J’en conviens donc ; mais convenez aussi qu’un homme de bien ne peut licitement se complaire dans le supplice d’un méchant homme : puisqu’il doit plutôt s’attrister de ce qu’un homme semblable à lui, a eu le malheur de devenir assez coupable, pour mériter d’être si rigoureusement puni. […] Homme téméraire !

74. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Tous les hommes frivoles, qui ne sont que des enfans. […] On connoît les hommes comme le sage Ulisse démêla Achille déguisé, en lui présentant des armes. […] Tous les hommes sont faits de même ; les attributs seuls les caractérisent, & sur-tout l’indécence. […] L’homme, le monde entier est une image de Dieu. […] Un homme fastueux y étale la magnificence, un homme modeste y répand la simplicité ; les couleurs sombres ou des couleurs vives, décelent la gayeté ou la mélancolie ; un homme de bonne chere voudroit de grotesques, des figures bachiques, qui présentent des plaisirs à la table.

75. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Il pouvoit ajouter les hommes, car les petits maîtres sont aussi efféminés. […] Un homme parfumé est ilcapable de quelque chose de bon ? […] Ambroise va plus loin : c’est le propre d’un débauché, ou plutôt d’un homme qui n’est pas homme : Luxuriosi hominis, vel potius non hominis est olere unguentis. […] L’homme meurt à tout moment en détail ; les odeurs lui en donnent les plus vives leçons. […] Cet homme infortuné s’y plonge sans cesse ; quelle main secourable le tirera de l’ordure ?

76. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Les paysans devant qui cet homme a proféré le mot Coq le croient sorcier. […] Ce brave homme n’a pas de physionomie. […] Les premiers sont l’espèce d’hommes la plus vile qu’il y ait à Paris. […] Les hommes languissent, s’endettent, sont comme ils peuvent. […] Ils n’ont d’autre compagnie que celle d’hommes et de femmes viles.

77. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Car la volupté a un si grand pouvoir sur les hommes, qu'elle les porte à embrasser les occasions du péché par l'ignorance, et à trahir leur conscience par la dissimulation. […] Bien heureux est l'homme qui n'est point allé dans le conseil des impies, qui ne s'est point arrêté dans la voie des pécheurs, et qui ne s'est point assis dans la chaire de pestilence. […] ils aiment ceux qu'ils condamnent, ils méprisent ceux qu'ils approuvent, ils estiment l'Art, et ils notent d'infamie ceux qui l'exercent: N'est-ce pas un étrange jugement que de flétrir un homme pour cela même qui le rend recommandable ? […] Un homme pensera-t-il à Dieu dans les lieux où il n'y a rien de Dieu ? […] Je crois que les représentations du Cirque, du Théâtre, de l'Amphithéâtre, et tous les efforts de l'industrie des hommes, n'égalent point ces Spectacles.

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