Dans le premier, l’auteur donne des preuves de son érudition dans les poésies anciennes. […] Ces deux ouvrages d’Hédelin ne furent pas sans réponse : on donna en 1659 un Traité contre la Comédie, qui se trouve dans le troisième volume des Essais de Morale ; et on peut regarder ce Traité comme une réponse ; car quoique l’Auteur n’y nomme ni Hédelin ni ses ouvrages, il se plaint cependant de la corruption de son siècle, de ce qu’on y avait voulu justifier la Comédie. […] Il donna ordre, peu de mois avant sa mort, à M. de Voisin de faire imprimer ce Traité, ce que ce Docteur exécuta en 1666, à Paris, chez Promé. […] M. de Voisin voulut défendre le Traité de M. le Prince de Conti contre la Comédie qu’il venait de donner au Public, et que cette Dissertation attaquait. […] Le quatrième, est une réfutation d’un Ecrit favorisant la Comédie, chez Couterot ; l’Auteur est M. de la Grange, Docteur et Chanoine régulier de Saint Victor, qui cite entre autres ce passage de saint Augustin, traité 100. sur saint Jean : Donner son bien aux Comédiens, c’est un crime énorme.
La plus grande partie de tout ce que les premiers Pères de l’Eglise ont dit, au sujet des Spectacles des Payens, peut être appliquée, à juste titre, à ceux de notre temps : et, parmi les Docteurs modernes, ceux qui ont paru les plus favorables aux Spectacles d’à présent, en prononçant qu’on pourrait les tolérer, leur ont donné des bornes si étroites, que ni les Poètes, ni les Comédiens ne s’y sont jamais renfermés. […] Ce qu’ils nous disent confusément et par lambeaux, quand ils nous font la description de leurs Théâtres, nous laisse, il est vrai, dans l’incertitude sur bien des articles, et ne nous donne pas une idée précise de la construction et des usages de la Scène ; mais c’est ce qui arrive tous les jours aux Ecrivains même les plus exacts, lorsqu’ils parlent de quelque chose que tout le monde a sous les yeux : il est rare qu’en pareil cas un Auteur se donne la peine d’en faire un détail circonstancié, parce que les vivants en sont instruits. […] Quant à moi, je ne les ai jamais regardés que comme un reste des Spectacles des Anciens ; j’y ai trouvé par tout l’image vivante de la Lutte et des combats des Athlètes ; de la course des chariots ; des combats des bêtes fauves, etc. et je répète encore que, si les Savants, qui se sont donnés la torture pour découvrir les usages des morts, avaient bien étudié les vivants, ils seraient parvenus, peut-être, à expliquer bien des passages des Anciens, qui sont encore inintelligibles par les contradictions sans nombre de ceux qui ont entrepris de les interpréter. […] En un mot, si la politique des Gouvernements de toute l’Europe s’oppose à la suppression du Théâtre par de bonnes raisons, je n’en entrevois aucunes qui doivent empêcher qu’on ne donne généralement les mains à une bonne réformation.
Enfin, s’il est digne des soins de l’Artisan, & s’il peut donner du plaisir aux Spectateurs. […] Un Sujet plein & substantiel donne moins de peine à l’imagination, égaye l’ouvrage, & accelere le succez. […] Il n’est que comme un Instrument qui ne contribue que ces façons exterieures que la naissance ne peut donner, & qu’on ne doit attendre que de l’Art, & que des Preceptes. […] En cela tous les deux se peuvent tromper, & chacun d’eux donne trop à son talent ou à son inclination. […] Il dorera les armes des Soldats : Il donnera des batons argentez aux Vieillars.
La Tragédie se perfectionna toujours de plus en plus ; on lui donna des règles, et la principale fut de n’y admettre que des personnages distingués par leur rang, leur vertu, et par la triste et funeste fin de leur aventure, ou de leur vie. […] Le nom de Comédie qui lui fut donné, et qu’elle porte encore aujourd’hui, nous marque assez cette origine. […] Cette Loi donna naissance à l’autre espèce de Comédie que l’on a nommée moyenne ; elle consistait à représenter des actions véritables sans nommer les personnes. […] Les Grands et les riches en donnaient aux pompes funèbres de leurs parents, dans cette pensée, que le sang de leurs Esclaves gladiateurs qu’ils y faisaient répandre, et la vie que ces malheureux y perdaient, étaient autant de sacrifices agréables aux Mânes des défunts. […] Elle fait défenses à tous Juges de se trouver aux jeux publics, « soit du théâtre, soit du cirque, sinon lorsqu’ils seront donnés pour célébrer le jour de la naissance des Empereurs, ou celui de leur avènement à l’Empire.
Sans doute que le temps donné au culte d’un Dieu à qui nous devons tout, est un temps perdu, et que l’ordre qu’il a donné dès le commencement du monde, et tant de fois renouvelé, ne doit être compté pour rien. […] Deux mille théâtres dans le royaume, et même davantage, dont chacun l’un dans l’autre donne cent représentations par an : en voilà deux cent mille. […] tromper les maris, les pères, les mères, favoriser, nouer les intrigues, donner des rendez-vous, porter les paroles, remettre les lettres. […] Cette défaite pèche en tout. 1.° Ces jeux étaient eux-mêmes un des fruits du théâtre, qui en avaient inspiré le goût et donné l’idée : tout retomberait sur lui. 2.° Ces jeux ne furent jamais des pièces de théâtre, mais c’est s’aveugler volontairement de ne pas reconnaître le théâtre dans leur proscription. […] Ceux mêmes qui allument le flambeau de l’hymen, énervés par la débauche, dissipés par une vie frivole, dégoûtés du travail et des affaires, n’ont la plupart, ne peuvent ni ne veulent avoir des enfants, n’ont aucun soin de ceux que le hasard leur donne ; ils ne savent leur donner qu’une éducation théâtrale, qui ne forme ni Magistrat, ni Militaire, ni artisan, ni laboureur, ni aucun genre de citoyen, mais des hommes frivoles, à charge à la société.
Et lorsque son incisive ironie démasquait la sottise, pensait-il qu’il ne donnait à chacun des spectateurs que le malin plaisir de montrer du doigt son voisin ? […] Cette innovation, tempérant par le raisonnement l’emportement naturel des passions, leur donna un caractère nouveau. […] La jeunesse est impressionnable, et les premières sensations s’effacent difficilement ; ne lui en donnez que de vertueuses, afin qu’elle les retrouve dans l’âge mûr. […] Il a fallu donner de la couleur, remplir le cadre par le parricide, l’inceste et l’infanticide. […] Le public était déjà instruit que la reine avait des assommeurs, chargés de faire passer de ses bras dans la Seine les compagnons de ses orgies nocturnes ; il avait déjà entendu Marguerite dire à Philippe d’Aulnay son fils et l’un de ses amants : « Je viens avant que tu n’expires te donner le plaisir de connaître ta maîtresse et celle qui t’a donné la mort.
Si quelqu’un donne dans l’excès, c’est sans doute les Histrions, qui y passent leur vie. […] Ils sont nécessaires à la société ; on peut légitimement leur donner pour les entretenir. […] La distinction des Comédiens & des Balladins est très-ancienne, quoiqu’on leur donne indifféremment les mêmes noms. […] Il en donne l’idée par ces paroles, 3. […] D’où il conclud qu’on n’y peut assister en conscience, ni rien donner aux Histrions.
Il faudrait un volume pour tous les exemples qu’on en pourrait donner presque dans toutes les Pièces, comme il en faudrait un autre pour combattre cette passion autant qu’elle mérite de l’être. […] Dans la Préface, l’Auteur déclare qu’il se trouve engagé de défendre le Traité contre la Comédie, fait par Mr. le Prince de Conti, parce qu’il l’avait donné au public par l’ordre de ce Prince quelques mois avant sa mort. […] Idée que Mr. l’Abbé Fleury a donnée de la Comédie dans Les Mœurs des Chrétiens, imprimés en 1682. […] Dieu nous a donne des yeux, une bouche et des oreilles, afin, dit S. […] Vous ne devez donc, conclut cet Auteur, trouver rien de doux à vos oreilles, que ce qui nourrit votre âme et la rend meilleure ; et il faut particulièrement vous appliquer à détourner du vice cet organe qui nous a été donné de Dieu pour entendre sa Vérité, et recevoir sa Doctrine.
Il n’est point de licence qu’on ne puisse se donner, & qu’on ne se donne impunément sous le masque, & le soin de se cacher annonce les vues criminelles qu’on se propose : Nolentes detegi se ipsos aperte produnt, nil boni acturos oriuntur ex illis larvis innumera scelera. […] Cependant quelqu’un, qui avoit entendu donner cet ordre, en avertit le Pape & les Cardinaux. […] Comme la Divinité n’a point de sexe, les premiers idolâtres, embarrassés sur le choix, n’en donnèrent d’abord aucun à leurs Dieux, & puis les leur donnèrent tous les deux, pour mieux marquer la fécondité de leur puissance. […] On donne à ce passage célèbre plusieurs explications savantes. […] Et a semblé à la Cour le temps d’une heure suffisant pour donner à entendre leur vouloir & affection à la Damoiselle.
Nicole a fait, sur la Comédie, deux Traités dont nous allons donner quelques extraits. […] Je cherchais à étouffer cette voix des remords, à laquelle on n’impose point silence, ou je croyais y répondre par de mauvaises autorités que je me donnais pour bonnes. […] On y présente l’amour comme le règne des femmes : c’est pourquoi l’effet naturel de ces pièces est d’étendre l’empire du sexe, et de donner des femmes pour les précepteurs du public… » « La même cause qui donne sur le Théâtre, l’ascendant aux femmes sur les hommes, le donne encore aux jeunes gens sur les vieillards ; et c’est un autre renversement des rapports naturels, qui n’est pas moins répréhensible. […] A quoi aboutit la morale de pareilles pièces, si ce n’est à encourager les méchants et à leur donner le prix de l’estime publique due aux gens de bien ? […] n’apprendrons-nous jamais combien mérite de mépris tout homme qui, pour le malheur du genre humain, abuse du génie et des talents que lui donna la nature ?
Ils en ont esté les organes, & les interprêtes, pour dire plus clairement à tous les Chrétiens, ce que les saintes Ecritures n’ont dit souvent, que sous des ombres ; c’est donc eux, qu’il faut écouter, quand il est question de bien faire le discernement des choses douteuses ; Et c’est eux aprés l’Evangile, que Dieu nous a donnez, pour estre la juste régle de nos actions. […] C’est à vous de voir si en bonne conscience l’on peut faire contre les sentimens & les décisions de ceux, que Dieu a donnez à l’Eglise, pour ses Docteurs, >§. […] Ce qui fait mieux voir encore l’indignité de ce grand desordre, c’est que l’on donnera plus d’argent une seule fois, pour une place, & pour une loge à la comédie, qu’on n’en donnera toute une année, pour avoir place au Sermon. […] N’est-ce pas en quelque maniere donner l’avantage à un comédien, par dessus lès Députez, & les Ambassadeurs du Ciel ? […] Mais aujourd’huy, sous ce prétexte trompeur, que le Théatre n’a plus rien, qui blesse ouvertement l’honnesteté, bien des ames innocentes y sont attirées, comme les autres, ne pensant, qu’a se donner simplement le divertissement d’un spectacle, que l’on dit estre maintenant innocent.
Les Directeurs de l’Opéra & les Comédiens François, fâchés de perdre cette semaine, se sont avisés de solliciter à la Cour la même faveur ; mais le Roi, loin de répondre favorablement à leur requête, vient de donner une nouvelle preuve de son zèle pour la Religion, & sur-tout dans ce saint temps, en interdisant, même aux Comédiens Italiens, toute représentation pendant ladite semaine. […] Les mêmes Empereurs ne veulent pas qu’on donne des spectacles les jours de Dimanches, pour ne pas confondre, disent-ils, une solemnité toute divine avec des spectacles profanes. […] Marmontel voudroit qu’on donnât de grosses pensions aux Comédiennes ; mais les personnes sensées, les véritables Citoyens, qui estiment peu le dangereux & le frivole, ne penseront jamais comme lui. […] Qu’il pese tout dans la balance de la raison ; qu’il examine le plus grand bien de l’Etat (la religion même & les mœurs à part), & il nous donnera ensuite le fruit de ses réflexions. […] « On voit encore aujourd’hui au lieu même où subsiste la Comédie Italienne, au-dessus de la porte qui donne dans la rue Françoise, les attributs de la Passion représentés en relief ; emblême, dit Villaret, de la piété des premiers Instituteurs de ce théâtre.
Mais ne m’avouera-t-on point qu’il s’y prend bien mal pour nous persuader que la véritable dévotion le fait agir, lorsqu’il traite Monsieur de Molière de démon incarné, parce qu’il a fait des pièces galantes et qu’il n’emploie pas ce beau talent que la nature lui a donné à traduire la vie des saints Pères ? […] Tombez donc d’accord que Monsieur de Molière ne vous a point donné de mauvais exemple, lorsqu’il a fait paraître un jeune homme qui avait tant d’antipathie pour les bonnes actions. […] Car vous m’avouerez, quelque scrupuleux que vous soyez, que vous ne trouvez rien à reprendre dans la réception qu’on fait à Monsieur Dimanche : il n’est pas plus tôt entré dans la maison qu’on lui donne le plus beau fauteuil de la salle, et quand il est près de s’en aller, jamais homme ne fut prié de meilleure grâce à souper dans le logis. Je me souviens pourtant encore d’un nouveau sujet que ce valet vous donne de vous plaindre de lui : n’est-il pas vrai que vous souffrez furieusement de le voir à table tête à tête avec son maître, manger si brutalement à la vue de tant de beau monde ? […] Mais il ne s’est jamais défié qu’on dût faire le même sort à son Festin de Pierre ; et il s’est si bien imaginé qu’il était assez fort de lui-même pour ne point appréhender les envieux, qu’il n’a jamais voulu lui donner des nouvelles armes en travaillant pour sa défense.
Quelles bonnes leçons, par exemple, peuvent donner au cœur ? […] L’idée qu’en donne M. […] Sa modestie sur l’article de l’amour donne au P. […] au contraire c’est leur donner plus d’autorité. […] Il est cependant utile de connaître ceux que l’on donne pour exemple.
On a pu traiter Desmarets de visionnaire, parce qu’il est reconnu pour tel, et qu’il a eu soin d’en donner d’assez belles marques. […] Je ne sais si cela ne ferait point entrer les gens en soupçon sur les louanges que vous donnez aux Provinciales. […] Cependant lorsqu’il lui tombe quelque chose entre les mains qui mérite d’être joué, peut-on s’y prendre plus finement, et y donner un meilleur tour ? […] Et sur le témoignage qu’il a rendu de lui-même, qu’il était envoyé pour donner aux hommes l’intelligence des mystères, il a commencé à se mettre en possession du titre et du ministère de prophète ; à établir le nouvel ordre des victimes ; à leur donner les règles de sa nouvelle théologie mystique ; enfin à débiter cet amas et ce mélange horrible de profanations et d’extravagances qui paraissent dans ses ouvrages. […] Vous trouverez bon tout ce que fera l’auteur des Hérésies imaginaires ; vous lui donnez tout pouvoir, et vous lui abandonnez même M.
C’est un Comédien, dit-on, et cette idée de comédie est si méprisable et si opposée à la sainteté de la religion, qu’on ne croit pas pouvoir leur donner de plus grand ridicule. […] Donnerait-on des rôles semblables à de jeunes Religieux ? […] Mais outre que la pureté de l’âme n’accompagne pas toujours l’innocence de l’âge, pourquoi donner à ces âmes pures des inclinations qui les porteront un jour à des plaisirs criminels ? pourquoi les maîtres de la sagesse et de la piété en donnent-ils les premières impressions et les premiers préceptes ? […] Bertier, le Varron de notre siècle, a donné un fort bon extrait (Avril 1753.).
ceci peut déplaire ; je donne trop matière à la censure ; quand, dis-je, on se parle de la sorte, on ne manque pas de rayer les fautes qui allaient échapper. […] Cette alliance, ce mêlange de ce qui regarde les Pièces du nouveau genre, & de ce qui concerne les divers Poèmes représentés au Théâtre, qu’on m’a déjà reproché, est directement ce qui donnera quelque mérite à mon Ouvrage. […] Le Lecteur se ressouviendra donc que la plus-part des louanges que je donne à l’Opéra-Bouffon ne doivent point être prises à la lettre. […] Je demande d’abord, si l’on peut donner le nom de Poème dramatique à l’Ouvrage informe qui ne contient que des Scènes mal-cousues, & dans lequel on ne voit ni intrigue, ni caractère principal ? […] La réfléxion vient bientôt déssiller les yeux ; elle fait sentir combien l’on a tort de chercher à briser les chaînes que la Raison & la Nature donnèrent au génie, afin qu’il puisse toujours les suivre.
Les armes victorieuses des Français, des Bourguignons, et des autres Conquérants, qui en partagèrent les Provinces entr’eux, donnèrent bien d’autres spectacles à l’Europe. […] Ceux-ci qui n’étaient attachés à aucun lieu permanent, continuèrent à courir le monde, et à représenter leurs bouffonneries dans les Places publiques, ou dans les maisons des particuliers qui les y appelaient pour s’y donner ce plaisir. […] Les Princes et les Grands Seigneurs se donnaient souvent ce plaisir, et leur faisaient de riches présents. […] néanmoins qui se reformèrent s’y rétablirent, et y furent soufferts dans la suite du règne de ce Prince, et des Rois ses Successeurs : nous en avons la preuve dans un tarif qui fut fait par saint Louis, pour régler les droits de péage, qui se payaient à l’entrée de Paris sous le Petit Châtelet ; l’un des articles porte, que le « Marchand qui apporterait un Singe pour le vendre, payerait quatre deniers ; que si le singe appartenait à un homme qui l’eût acheté pour son plaisir, il ne donnerait rien : que s’il était à un joueur, il en jouerait devant le Péager, et que par ce jeu, il serait quitte du péage, tant du singe, que de tout ce qu’il aurait acheté pour son usage. […] Tous sont renfermés dans celui du mois de Janvier 1560. aux Etats d’Orléans ; il fait défenses à tous Joueurs de farces, « Bateleurs, et autres semblables gens, de jouer les jours de Dimanches et de Fêtes, aux heures du Service divin ; de se vêtir d’habits Ecclésiastiques, et de jouer des choses dissolues, ou de mauvais exemple ; à peine de prison, et de punition corporelle : il fait aussi défenses à tous Juges de leur donner permission de jouer que sous ces conditions. » Ces mêmes défenses furent réitérées par Arrêt du Parlement du 15.
Il semble que Dieu même, dont ils ne sont que les ombres, en ait usé de la sorte dans l’ancienne Loi, quand il se montrait aux hommes : Car il paraissait dans une lumière si éclatante, que les yeux avaient peine à le souffrir : Il était porté dans un char de flammes, ou sur les ailes des vents ; Les foudres et les éclairs marchaient devant lui, et faisaient mourir souvent quelques coupables ; pour donner de l’étonnement et de la terreur aux innocents. […] Il faut que le Prince songe que ce désordre passe aisément de son Palais dans les Maisons des particuliers ; que la Débauche qui donne de la licence aux Conviés, leur fait perdre le respect qui est dû au Souverain, que dans la chaleur du vin toutes les passions se réveillent, que ç’a été dans ces rencontres qu’Alexandre a commis des meurtres et donné sujet à ses amis de conspirer contre sa personne. […] Les Spectacles qui sont autorisés par le temps et par la coutume, seront un peu plus difficiles à régler : Car il semble que c’est en ces occasions que le Prince fait paraître sa Magnificence, qu’il divertit ses Sujets, qu’il exerce sa Noblesse, qu’il ravit même ses Alliés, et qu’il donne des marques de sa grandeur et de son adresse. Il faudrait être tout à fait injuste pour condamner les tournois, les courses de Bague, les combats à la Barrière, et tous ces autres exercices qui sont en usage depuis la naissance des Monarchies : Aussi n’ai-je point d’avis à donner sur ce sujet, sinon que la dépense n’y soit pas excessive, de peur que le Prince ne vende trop cher ces sortes de divertissements à ses Peuples, et qu’il ne soit obligé de réparer par de fâcheuses levées ce qu’il aura dissipé par de folles profusions.
»19 « Dans les maisons des justes il n’y a que des paroles de joie, mais d’une joie salutaire : »20 « ne vous donnez pas à Dieu avec tristesse, regret, ou contrainte ; car Dieu se plaît à celui qui avec joie se donne à lui. […] La vertu d’Eutrapélie se met au milieu, ni trop, ni trop peu, selon les pratiques que j’en donnerai en l’article suivant. […] »36 L’Orateur Romain n’a pas manqué de donner cet avis à son fils, lorsqu’il lui donne des bons préceptes pour la vertu, au livre premier de ses Offices, « Il est loisible de jouer, et de rire, mais modérément, comme avec médiocrité on se sert du sommeil, et des autres intermissions ou relâches, lorsqu’on a satisfait aux affaires importants et sérieux. […] qu’il n’y a sujet aucun de défendre telles récréations, parce qu’on les peut prendre sans aucun dérèglement, en gardant les pratiques que je donnerai en l’article suivant ; et on peut en icelles faire voir plusieurs vertus. […] Pour prendre ces récréations, sans endommager la conscience ; je donne ici trois avis.
On ne veut pas même lui donner le nom d’apostat que S. […] Grégoire de Nazianze, tous les peres, tous les conciles, toute l’église lui donnent depuis 1500 ans. […] Je ne sai s’il y croyoit : il eût fallu y croire bien peu pour lui en donner. […] Il revint à ses erreurs, le concile se rassembla, le condamna, l’excommunia, le déposa & lui donna un successeur. […] Je prétends m’en donner de la bonne façon.
Il n’y avoit pas dans la Judée de maître à danser, & il n’est pas apparent qu’avant deux ans on leur en eût donné des leçons. […] L’Auteur donne beaucoup d’étendue à la danse. […] C’est assurément donner à la danse une grande importance ; mais est-ce en faire l’éloge ? […] Dans le ballet que lui donna le Cardinal de Bourbon, en son abbaye de S. […] On donna une infinité de fêtes à Louis XIII pour le divertir.
Ceux qui apprennent la danse, au moins pour les jeunes hommes, et pour les jeunes filles, et qui trouvent mauvais qu’on les condamne, disent que le bal donne souvent occasion à beaucoup de mariages, qui ne se contracteraient jamais autrement, d’où ils voudraient conclure que ces assemblées, non seulement ne sont pas mauvaises et illicites ; mais qu’elles sont même quelques fois utiles. […] Mais peut-on bien espérer que Dieu donnera bénédiction à des alliances qui prennent leur naissance des principes si corrompus et si opposés à son esprit ? […] Mais il est temps de finir ce traité, et de ne penser plus qu’à gémir, et à prier la bonté toute-puissante de Dieu, de donner à ceux qui sont constitués en dignité et en charge pour régir les peuples, et la lumière pour ordonner les remèdes convenables, afin d’ôter un abus si insupportable, et néanmoins si commun ; et le zèle de la gloire et du salut des âmes, afin d’en bien faire l’application, c’est-à-dire, avec grâce et avec fruit.