non seulement habituelle, mais aussi actuelle : or est-il que la grâce actuelle consiste en des lumières de l’entendement, et en des suavités et affections de la volonté, que saint Augustin appelle « une victorieuse délectation » :13 Et ailleurs il dit, que « la grâce de Dieu consiste à faire connaître ce qu’était caché ; et à rendre doux et agréable, ce qui ne nous plaisait pas ». […] de façon que tout en riant, et vous recréant, vous preniez dextrement occasion de dire quelque chose qui soit pour édifier les autres, et leur mettre en l’âme quelque bonne et sainte pensée : C’est l’avis de saint Paul, écrivant aux Ephésiens, « Qu’aucune mauvaise parole ne sorte de votre bouche, mais celle qui édifie, qui rend plus agréables à Dieu ceux qui l’écoutent ; et ne contristes pas le saint Esprit » :72 Et en la même Epître il défend « les paroles qui ressentent, ou l’impureté, ou la bouffonnerie »,73 lesquelles contristent le saint Esprit qui est là présent, ou bien les personnes vertueuses, dans lesquelles est le saint Esprit.
Car, dit le bienheureux Paul83, « La grâce de Dieu salutaire à tous hommes est apparue, nous enseignant, que renonçant a toute impiété et aux mondaines convoitises, nous vivions, religieusement et justement, en ce présent siècle : attendant la bienheureuse espérance, et l’avènement de la gloire du grand Dieu, et notre Sauveur Jésus Christ ; qui s’est donné soi-même pour nous, pour nous racheter de toute iniquité et nous nettoyer, pour lui être un peuple agréable, sectateur de bonnes œuvres. » Où sont ceux qui font ces choses, pour lesquelles l’Apôtre dit que Christ est venu ? […] Jésus Christ, dit-il, est venu, pour se nettoyer un peuple agréable, sectateur des bonnes œuvres. […] Où ce peuple agréable et péculierfx ? […] D’où on peut entendre combien doit plaire à Dieu, celui qui jouit du bonheur des choses agréables, puisqu’il n’est pas même licite de se plaindre de celles qui sont désagréables.
Vous avez observé que ceux dont dépendoit principalement le succès de vos Pieces, étoient, ou de jeunes femmes, ou de jeunes gens inappliqués, qui n’accourent au théâtre que pour se procurer des sensations agréables.
Ne devient-il pas de plus en plus sensible qu’il ne peut être avantageux ou agréable qu’aux disciples de la dernière école de mettre en spectacle, de cette sorte, l’image des vertus qui les inquiètent et les condamnent ; et qu’eux seuls devraient le désirer pour leur vengeance et leur satisfaction ?
Enfin, au lieu d’éteindre, elle fomente d’ordinaire les passions, « les agréables impostures de cette partie animale & déréglée, qui est la source de toutes nos foiblesses », Quelle éloquence pour un avocat !
Le seul qu’on ne lui donne pas, & qu’il mérite, est celui de Lieu de débauche, sa situation est avantageuse, on y arrive par une longue allée plantée d’ormeaux, & il est entouré d’autres arbres de haute futayé, dont le feuillage met à l’abri du soleil ; une magnifique salle s’éleve dans le fond ; l’architecture en fait honneur à l’artiste, & la décoration superbe & très agréable, en fait beaucoup au peintre, il y a de tous côtés des caffés bien distribués, on y trouve toutes sortes d’amusemens & de rafraîchissemens, & d’occasions de péché.
Fréderic impitoyable chasse la femme coquette, & donne à la coquette un moyen facile & agréable de se debarrasser du joug de l’hymen.
Ils devinrent après cela tout effeminés et tout voluptueux, car ils ne recherchaient plus, dit Sénèque, qu’à satisfaire l’ouïe par la douceur d’une agréable mélodie, leurs yeux par la beauté des spectacles ; et leur goût par les viandes les plus exquises, « Aures vocum sono, spectaculis oculos, et saporibus palatum suum delectabantur. »Sen. de Beat. vita c. 10.
Paul, voltigeant de branche en branche, toujours d'un style moqueur, d'un air cavalier, faisant l'agréable, sans égard au caractère des gens, à la nature des choses, à la situation des affaires, à l'assemblage des circonstances ?
Il se rendit agréable à son éléve, qui en fit son Conclaviste, & son Camerier. […] Nous nous contentons de faire quelque fois venir sur le théatre quelque gros paysan, comme on fait venir des gros valets avec le stile selon la grossiereté de village, qui font rire un moment, pourvû qu’ils ne se montrent pas trop souvent, & qu’ils ne soient qu’accessoires à la piéce dont le fond doit toujours rouler sur des bourgeois ; mais ce qui paroit très-plat à bien de gens ; car, s’ils ne sont bien amenés à propos, & ne présentent une naïveté fine & agréable, qu’est-ce que quelques mots estropiés d’un patois de campagne qu’on n’entend guere ?
Elles étoient encore l’image des trois penchans de l’homme, que l’Evangeliste appelle les trois concupiscences, d’abord agréables, mais dont les traits sont si funestes. […] Cloris partit si brusquement Pour un agréable voyage, Que sortant de chez elle avec empressement, Elle oublia ses gants, ses dents & son visage.
On y voit des traits singuliers, aussi agréables qu’unles. […] J’arracherai, dit le Seigneur, l’écorce du figuier ; son fruit est délicieux, sa verdure est agréable.
Dans la notice que le Sieur Pingeron donne de la personne & des ouvrages d’Ignace Jones, qui bâtit le palais de Wittehal, le palais des festins, où l’on donne à manger aux ambassadeurs & aux princes étrangers ; l’auteur dit que l’infortuné Charles I étoit un homme de plaisir, qui tenoit à Wittehal une cour brillante, que tous les arts agréables concouroient à embellir les fêtes nombreuses qu’il y donnoit. […] Il ne suffit pas d’accoupler des rimes en actes, & d’en revêtir des idées triviales, des images parasites de l’ancienne mythologie, agréables par elles-mêmes, mais devenues trop insipides par un emploi trop répété, espece de jargon que les jeunes gens prennent pour de la poësie, & qui n’en est que le ramage.
Soyez-en vous-même le Juge, surtout si vous voulez bien lire encore le Chapitre 27 dans lequel il exhorte les Chrétiens de fuir les Spectacles, quoiqu’il y ait des choses douces, agréables, simples, et même honnêtes parmi les indécentes. « Sint dulcia, licet et grata et simplicia, etiam honesta quaedam. […] Le second que l’on doit tolérer, consiste dans un mélange de paroles et d’actions agréables pour son divertissement ou celui des autres. « Secundus ludus est, cum quis utitur aliquibus verbis vel factis solatiosis ob recreationem sui et aliorum. […] Mais parce que je vous ai fait voir ailleurs qu’on devait expliquer et entendre les saints Pères dans ce sens, que les Gentils représentaient d’une manière peu honnête des crimes qui avaient été commis autrefois, ou dans un autre temps, « quod aliquando commissum est » ; je puis dire qu’on voit encore dans un sens la même chose sur notre Théâtre, puisqu’on n’y fait pas de moins vives peintures de l’inceste, de l’adultère, du parjure, et de tous les autres crimes qui à la vérité y sont un peu mieux marqués et déguisés, de manière pourtant qu’on ne laisse pas de les reconnaître ; et si on les fait passer pour des vertus, ce n’est que pour rendre plus agréables les passions et les mouvements déréglés du cœur qu’on les revêt du nom de vertus. […] Ceux que vous appelez réformateurs, page 45, par une raillerie qui leur est fort agréable et fort honorable ont raison de vous dire, que quoiqu’on ne voit plus sur la Scène les licences des Anciens, il reste pourtant toujours quelque chose de cette première corruption déguisée sous de plus beaux noms, qu’on ne joue aujourd’hui aucune Pièce où il n’y ait quelque intrigue d’amour, où les passions ne soient dans tout leur éclat, où l’on ne parle d’ambition, de haine, de jalousie, et de vengeance ; ils pourraient ajouter que la plus belle Pièce est celle où 1’amour est traité d’une manière plus délicate, plus tendre et plus passionnée ; et que sans cela quelque belle qu’elle soit d’ailleurs, elle n’a d’autres succès que celui de dégoûter la plupart des spectateurs, et de faire mourir de faim les Comédiens ; que toute la différence de la beauté des Pièces ne consiste pas tant dans la beauté des Vers, mais dans les diverses manières de traiter l’amour, soit qu’on le fasse servir à quelque autre passion, pour la relever et lui donner de l’éclat, ou bien qu’on représente l’amour comme la passion qui domine dans le cœur. […] C'est ce que Saint Augustin nous dit avoir éprouvé, lorsqu’il parle dans ses Confessions de la joie intérieure qu’il ressentait, lorsqu’il voyait sur le Théâtre les désirs des amants passionnés accomplis et la tristesse dont il était saisi, lorsqu’il voyait leurs intrigues rompues ; que cependant cette tristesse ne lui était pas moins agréable que la joie, parce que ses passions étaient émues, et qu’il s’appliquait à lui-même ce qui se passait dans les autres. « Sed tunc in Theatris congaudebam amantibus, cum sese fruebantur per flagitia ; cum autem sese amittebant, quasi misericors contristabar, et utrumque me delectabat tamen.
Je suis fâché, Mademoiselle, de vous offrir tant d’objets épineux, à vous qui n’entendez & ne prononcez que des choses agréables : le chemin de la vérité n’est pas sémé de fleurs, il en coûte presque autant à la chercher, qu’à marcher sur ses traces, parce qu’aussi-tôt elle est bien connue, on la suit avec moins de peine que l’on ne se l’imagine.
Le Drame agréable fut bientôt perfectionné par ses soins ; il le mit à même d’aller de pair avec la Tragédie, & de la dévancer quelquefois.
On n’éxige de lui que de l’agréable, de l’amusant, & l’on s’inquiette peu si ses Poèmes sont tout-à-fait dans les règles.
Addisson dans son voyage d’Italie, en porte ce jugement très-remarquable, elles sont toutes basses, pauvres, & dissolues beaucoup plus que celles mêmes de mon Pays : leurs Poëtes n’ont aucune idée de l’agréable Comédie.
Il n’est pas surprenant que ses talents supérieurs, alors peu développés, et sa science encore médiocre, ne lui aient pas obtenu la préférence sur son concurrent, homme formé, connu, et, à en juger par son style, bien plus agréable et plus intrigant, et qui d’ailleurs n’était pas sans mérite, comme il paraît par ses ouvrages, où l’on trouve une grande connaissance du droit, beaucoup d’érudition et de subtilité.
Apollon lui présenta une corbeille pleine de couronnes : Je te donne celle de myrthe pour les discours que tu prêtes aux courtisannes, celle d’orties honorera tes satyres contre le Clergé, celle d’épines appartient à tes livres pieux, celle de fleurs est le prix de tes agréables comédies, le cyprès est pour les noms que tu dévoues à la mort, l’olive pour tes utiles exhortations, le laurier couronnera tes poësies héroïques, celle de chêne est due à ton courage. […] Elle est à la verité plus agréable : on n’y voit, ni cyprès, ni épines, ni orties ; mais mais toutes les fleurs viennent lui rendre hommage, il n’y manque que le lys de la virginité.
Il n’est pas en nous de concevoir un amour totalement dépouillé de sensations agréables, suivant notre maniere peu platonique de sentir.
Ce Roman si fameux, dont l’Auteur est inconnu, fut suivi d’un grand nombre d’Ouvrages dans le même genre, qui quoique dans un stile moins agréable, avoient eu une grande vogue, parce qu’ils contenoient autant de merveilles extravagantes.
Et que le démon n’a suscités que pour corrompre la pureté des fidèles, sous le spécieux prétexte de les récréer, et pour renverser les véritables maximes de l’Evangile par des maximes contraires, qu’ils tâchent de rendre agréables par leurs bouffonneries et qu’ils font sucer comme le lait, aux gens du monde, dont le cœur est souvent déjà mal disposé ?