On dira, peut-être, que l’expérience nous apprend le contraire de ce que j’avance ; puisque nous sommes témoins chaque jour que les justes supplices, décernés aux grands criminels, font sur les hommes les plus vives impressions d’horreur et de compassion ; pendant qu’ils ne voient qu’avec répugnance les coupables languir dans les douleurs : mais, il on fait réflexion à la différence qu’il y a de voir avec les yeux de l’âme, ou avec les yeux du corps, on cessera de faire cette objection. On ne voit que des yeux de l’âme les évenements qui sont racontés dans un Roman, ou represéntés dans une Tragédie ; mais c’est des yeux du corps que l’on voit le coupable exécuté et tourmenté par les mains des Bourreaux : ces deux manières de voir les objets, doivent y mettre des distinctions essentielles.
Ces Poëtes Tragiques alloient donc directement à la fin de leur Art, ne songeant qu’à exciter une grande émotion, le véritable plaisir de la Tragédie ; parce que notre Ame, comme je l’ai dit, n’est jamais si contente, que quand elle est dans l’émotion.
Je ne puis m’empêcher d’admirer sa grandeur d’âme ; car il n’a encore répondu que par un noble silence, au torrent d’injures grossières qui a débordé de toute part sur son ministère.
Les sentimens trop rapprochés, s’écrie-t-on d’une commune voix, se détruisent l’un par l’autre ; ils font peu d’impression sur l’âme lorsqu’ils n’ont point une juste étendue.
Successeur de Dufresnel ; héritier séduisant De son rare talent ; toi qui représentant Les vertus des héros, leurs crimes, leur faiblesse, Au jeu le plus brillant joins l’âme et la noblesse, Lekainm , que tu me plais, quand maître de mes sens Tu me fais éprouver tout ce que tu ressens !
A force de crier on gagne toujours des âmes à Dieu.
Recommandons notre âme aux Orphée : espérons que la musique empêchera de siffler les paroles.
« Le Bareau, s’ecrie-t-il, est pour les buveurs d’eau, & la Poèsie pour les Ivrognes12. » Si les Auteurs de Poètique n’ont pas insérés dans leurs Ouvrages cette condition, sans la quelle on n’écrirait que des choses froides, sans esprit & sans âme, c’est qu’ils ont pensés que les Gens de Lettres en sentiraient d’eux-mêmes l’importance.
L’instant arrive : la toile se lève : il faut paraître : je m’avance sur la Scène : un profond silence règne jusque dans le Parterre : mes regards concentrés n’osent quitter le tapis : je chancelais ; ma seule timidité sans doute me fit des Partisans : enfin j’ose lever la vue… Ma sœur,… vis-à-vis de moi… dans l’Orquestre, enseveli dans ses pensées… mon époux… je le découvre cet Amant vers lequel toute mon âme cherchait à voler… Un mouvement involontaire m’échappe, & je lève vers le ciel des regards supplians.
Mais ceux qui se souillent eux-mêmes, et qui étant avertis de se purifier des taches qu’ils ont contractées avant que d’entrer dans l’Eglise, se conduisent avec impudence, ils aigrissent l’ulcère de leur âme, et rendent leur mal plus grand ; car il y a bien moins de mal à pécher, que d’ajouter l’impudence au crime qu’on a commis, et de ne vouloir pas obéir aux ordres des Prêtres.
Toute Action appartenant à l’Ame, comme dit Ciceron, & le visage étant l’image de l’Ame, Animi est omnis Actio, & imago animi vultus est ; il est certain que le Masque qui avoit plusieurs utilités, faisoit un tort considérable à l’Acteur.
N’est-il point coupable, l’auteur qui se creuse l’imagination pour renchérir sur les vils moyens qui font l’âme des scènes de tripots ! […] Le cri d’une victime expirante ne suffit pas même à nos âmes, faites depuis longtemps aux horreurs du genre.
Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude.
Que signifient ces lois de haine et de vengeance qui livrent aux flammes éternelles les âmes des Larive, des Lekain, des Raucourt, des Talmah et de tant d’autres dont les talents ont plus contribué à faire admirer tout ce qu’il y a de sublime dans la religion chrétienne, que toutes vos dévotions de Marie Alacoquei, de Louis de Gonzaguej, du sacré cœurk et d’Ignace de Loyolal.
On regarde avec pitié tous ces Directeurs incommodes qui condamnent les spectacles et les bals ; on n’oublie rien pour les faire passer pour des esprits vains et fâcheux, qui ne cherchent qu’à se distinguer par d’austères singularités, et qui aiment à se faire un nom aux dépens des âmes simples et trop crédules.
J’ai voulu vérifier si son opinion, la seule que vous ayez rapportée, était bien respectable, et j’ai lu dans une histoire abrégée, imprimée chez Leroy, à Paris, en 1789, que le comte de Bussy-Rabutin a composé des ouvrages dans lesquels il se plaisait à faire la peinture de mœurs dépravées (les amours des Gaules) et qu’il avait une âme fausse, petite et faible….
Les personnes sur qui on ne prend point d’exemples, ne sont guéres coupables que de leurs propres péchez : mais ceux qui passent pour vertueux, sont souvent responsables de bien des fautes qui se commettent par des Ames foibles, qui n’ont pas la force de résister aux mauvais exemples.
Le personnage qui forme au Théâtre un Monologue, ne parle pas quelquefois réellement ; ce n’est qu’un moyen dont on se sert pour faire savoir ce qui se passe dans le fond de son âme.
Ces fictions dévotes, dans le goût de leur temps, peuvent avoir édifié quelques bonnes âmes, mais sont depuis longtemps oubliées. […] Tertullien rapporte qu’une femme Chrétienne étant allée à la comédie, y fut possédée du Démon, et que le Démon répondit, quand on l’exorcisait : « J’ai eu droit de m’en saisir, je l’ai trouvée dans ma maison. » C’est dans l’Eglise que la parole de Dieu s’annonce avec fruit, touche et nourrit les âmes, et non pas aux coulisses, aux foyers, à l’orchestre, dans les décorations, les danses, les intrigues.
Et qui est-ce dans son âme qui soupçonne le moindre déshonneur parmi une troupe si belle, voyant les merveilles de leur Théâtre.
Telle est, dans l’Avare de Molière, la rencontre d’Harpagon avec son fils, lorsque, sans se connaître, ils viennent traiter ensemble, l’un comme usurier, l’autre comme dissipateur… Quant à l’utilité de la Comédie, morale & décente comme elle l’est aujourd’hui sur notre Théâtre, la révoquer en doute, c’est prétendre que les hommes soient insensibles au mépris & à la honte ; c’est supposer, ou qu’ils ne peuvent rougir, on qu’ils ne peuvent se corriger des défauts dont ils rougissent ; c’est rendre les caractères indépendans de l’amour-propre qui en est l’âme, & nous mettre au-dessous de l’opinion publique, dont la faiblesse, l’orgueil sont les esclaves, & dont la vertu même a tant de peine a s’affranchir.
Les bêtes cruelles surmontées et apprivoisées par la piété et religion des autres : il verra pareillement plusieurs avoir été ressuscités des morts, et plusieurs corps jà consumés être sortis de leurs sépulchres, pour se réunir à leurs âmes : et surtout verra un merveilleux et admirable Spectacle, à savoir le diable, lequel avait triomphé de tout le monde, gésir tout étendu, sous les pieds de Jésus-Christ.
Quel avantage peut compenser le désordre de la corruption des domestiques, et d’apprendre aux jeunes gens qu’ils peuvent tout attendre des vices de ces âmes vénales ?