Le cœur est-il impénétrable aux attraits empoisonnés qui partent du Théâtre ?
Ce n’est donc pas au Théâtre et au bal que vous avez dû conduire un Archevêque qui fait son entrée dans la principale Ville de son Diocèse, mais à l’Eglise et à l’Autel pour implorer le secours de Dieu dans les commencements de ses fonctions Episcopales, et pour attirer les grâces dont il a besoin pour s’acquitter d’une charge qui a toujours fait trembler les plus grands Saints.
a Saint Chrysostome, en l’Homélie 8. qu’il a fait de la Pénitence, décrit fort bien le sixième ennemi de notre chasteté, lorsque parlant des comédies sales et déshonnêtes, il les appelle la boutique commune de l’impudicité, l’école publique de l’incontinence, la chaire pestilente, un théâtre de toute impureté, un hôpital rempli de toute sorte de maladies contagieuses.
Ainsi auraient répondu avec confiance ces premiers Chrétiens, à qui on n’avait rien à reprocher, si ce n’est qu’ils ne paraissaient jamais dans le cirque, qu’ils fuyaient le théâtre, et les spectacles publics ; qu’on ne les voyait, ni couronnés de fleurs, ni vêtus de pourpre ; qu’une modestie inaltérable régnait dans tous les états ; qu’ils ne connaissaient point dans les âges, de saisons de plaisirs ; que leurs divertissements toujours honnêtes et toujours purs, étaient autant de leçons de vertus et de bienséance, et qu’en tout temps ils étaient Chrétiens. […] Dites-leur que le bal est défendu parce qu’il est presque toujours l’écueil de l’innocence, le tombeau de la pudeur, le théâtre de toutes les vanités mondaines, et le triomphe de toutes les passions : que c’est un assemblage de tous les dangers du salut, et un précis vif et piquant de toutes les tentations : que tout y est écueil : que tout y est poison : danses, instruments, objets, entretiens, assemblée, tout y concourt à étouffer les sentiments de piété, à séduire et l’esprit et le cœur : que rien n’est plus opposé que le bal à l’esprit du Christianisme : avec quel mépris serez-vous écouté !
Je serais parvenu au but que je me suis proposé, si l’on ne voyait au Théâtre plusieurs sortes de Poèmes chantans, qui éxigent nécessairement que l’on parle de la musique : aussi ce sixième Livre ne sera-t-il consacré qu’à tout ce qui se rapporte à cet art, dans les Ouvrages qu’on met sur la Scène. […] Si j’entre dans un trop long détail au sujet de la musique, on me le pardonnera facilement, dans un siècle où cet art fait le principal ornement de plusieurs de nos Théâtres. […] Tout le monde s’imagine que le nouveau Théâtre ne serait rien sans le secours de la musique. En cherchant à diminuer la trop bonne opinion que nous avons de cet art célèbre, je rends au Spectacle moderne un service èssentiel ; j’engage peut être le Public à faire ce raisonnement : si la musique est quelquefois méprisable, le nouveau Théâtre nous plaît donc parce qu’il possède de vraies beautés. […] Il est vrai que j’ai peut-être à craindre qu’on ne dise encore ; puisque la musique est si peu de chose, qu’est-ce donc que notre Théâtre favori ?
pourquoi venait-elle au théâtre ; je ne l’ai prise que sur mon fond, vous ne me la pouvez enlever sans injustice. […] Ce n’est pas que nous manquions en nos jours de véritables objets de la bonne et de la mauvaise fortune : Pourquoi donc en aller chercher sur les théâtres ? […] Le premier fut que les hommes de théâtre seraient déclarés infâmes et incapables d’arriver jamais ni à l’état de Sénateur, ou de Chevalier, ni à aucune Charge publique. Par le second, il fut conclu, que les théâtres où se feraient les actions, seraient ruinés et démolis au bout d’un mois, sans qu’il en restât aucun vestige, qui en pût faire revenir la mémoire. […] Ces désordres qui étaient ordinaires dans les Comédies des Païens, ont donné lieu à toutes les invectives que nous lisons encore aujourd’hui dans les écrits des saints Pères contre les théâtres.
L'Auteur s’est contenté la plupart du temps de rapporter à peu près les mêmes mots, et ne se hasarde guère à mettre des vers: il lui était bien aisé, s’il eût voulu, de faire autrement, et de mettre tout en vers ce qu’il rapporte, de quoi quelques gens se seraient peut-être mieux accommodés; mais il a cru devoir ce respect au Poète dont il raconte l’ouvrage, quoiqu’il ne l’ait jamais vu que sur le théâtre, de ne point travailler sur sa matière, et de ne se hasarder pas à défigurer ses pensées, en leur donnant peut-être un tour autre que le sien.
Il suffit d’avoir observé ce qu’il y a de malignité spéciale dans les assemblées, où comme on veut contenter la multitude, dont la plus grande partie est livrée aux sens, on se propose toujours d’en flatter les inclinations par quelques endroits : tout le théâtre applaudit quand on les trouve ; on se fait comme un point d’honneur de sentir ce qui doit toucher, et on croirait troubler la fête, si on n’était enchanté avec toute la compagnie.
Mais on peut voir l’esprit de Saint Antonin sur ces dangereuses tendresses de nos théâtres, lorsqu’il réduit la musique Ibid.
Les jeunes gens trouveront tous ces points traités avec soin, dans la Poétique d’Aristote, dans la pratique du Théâtre de l’Abbé d’Aubignac, dans les discours Préliminaires du Pere Brumoy, &c. […] Concluons que la vérité & la possibilité sont déplacées sur la Scène, si elles n’y sont pas vraisemblables, & que les exemples que nous venons de citer, n’ont pas peu contribué à la Décadence du Théâtre.
C'est une croyance commune et qui semble être née avec le Christianisme, que ceux qui prennent les divertissements du Théâtre et des autres Spectacles introduits parmi les Anciens, commettent une impiété contre la sainteté de l'Evangile, et un crime contre l'honnêteté des mœurs. […] Il ajoute que tous les combats des Grecs, soit pour l'exercice de chanter et jouer des instruments, soit pour éprouver la force du corps, n'ont point d'autres chefs que les Démons, et que tout ce qui plaît aux yeux, ou qui flatte les oreilles au Théâtre, n'a point d'autre sujet que le respect qu'ils ont voulu rendre à quelques fausses Divinités, ou à des morts.
Elle a d’ailleurs une noblesse, une grandeur très-convenables au Théâtre où elle est employée & qui la distinguent avec avantage de celle des autres Spectacles lyriques. […] On jouira encore du plaisir de discerner quel est le genre des plus fameux Musiciens de notre Théâtre favori. […] Il est sur-tout étonnant que l’Orchestre du nouveau Spectacle, d’un Théâtre où l’on s’éfforce d’imiter les Italiens, nous donne lieu de lui reprocher aussi ses Accompagnemens trop renforcés.
J’ai vu dernièrement encore, une représentation de la Mérope, qui ne laissait rien à desirer, que plus de jeunesse à l’inimitable Actrice, dont le Théâtre ne réparera que difficilement la perte.
Oui, dira-t-on, les Vendeurs d’orviétan le font, sur le théâtre ; ils avalent des animaux venimeux, se font eux-même des blessures, pour faire voir la vertu de leur orviétan ; après avoir commencé par donner une farce, ils passent à cette espéce de tragédie dont le dénouement peut être bien funeste pour eux. […] Les femmes sont partout le plus grand attrait ; elles triomphent au théâtre. […] 7 & 11, nous donne du théâtre d’Espagne, qu’elle a vu dans son voyage : le changement du gouvernement, le goût françois qui s’y est introduit depuis Philippe V, y a fait bien des changemens. […] Le théâtre espagnol a été comme le notre, grossier & obscéne : on n’y voyoit, on n’y entendoit que des choses contraires à la modestie.
Je dirai que je me suis étonné cent fois, comment ces grands Poètes, ces illustres Auteurs de toutes les Comédies de ce temps, ne se sont point fait de scrupule de consumer leur vie et leur esprit à composer des ouvrages pour l’entretien du Théâtre, que l’Eglise et les Pères ont si fort condamné dans tous les temps.
Pour les théâtres, la fureur n’y est pas moindre, mais l’infamie y est plus grande ; Où un Comédien représente les adultères, où il les récite, et un bouffon lascif qui fait l’amoureux, nous enseigne à faire l’amour.
Au seizième siècle on jouait le dimanche, après diner, de saintes historiettes, avec la farce au bout ; le peuple de Lyon appelait ce théâtre le Paradis, et François Ier y prit un grand plaisir.
Cette dame, d’ailleurs si vertueuse, eut le malheur d’affoiblir & de faire presque évanouir deux conversions les plus importantes en ce genre, d’un grand roi, l’amateur le plus déclaré, & du plus grand poëte dramatique, par l’air contagieux du théâtre qu’on leur fit respirer. […] Paul de Samosate, évêque d’Antioche dans le troisieme siecle, a été déclaré par un concile homme de théâtre.
Ce Prince ne fit jamais rien qui le déshonora davantage que d’avoir voulu chanter sur le Théâtre, les Sénateurs et les Soldats en conçurent du mépris, et les uns et les autres crurent que l’Empire ne pouvait être plus malheureux que de se voir sous la conduite d’un Musicien.
Elle s’en pare fastueusement sur le portail de son Hôtel, par cette inscription qui est elle-même un morceau comique, Castigat ridendo mores (elle seroit plus vraie si on avoit mis Corrumpit ridendo mores), comme les vendeurs d’orvietan affichent sur leur Théâtre que leur remède guérit de tous les maux. […] L’Assemblée du Clergé qui excitée par le zèle des Magistrats donna peu de temps après son grand avertissement sur l’incrédulité, ne parle pas du Théâtre dans le long détail des sources & des effets de l’irréligion : ne pensons pas que celui qui tenoit la plume fasse plus de grace à la scene. […] (Le Théâtre va de pair avec la rédemption du Verbe, il a rétabli l’état d’innocence, ne diroit-on pas mieux qu’il l’en feroit déchoir ?
Mais la cinquième Loi est plus forte : « C’est une chose entièrement nécessaire, et toute dans l’ordre de Dieu, que tous les Chrétiens, et tous les fidèles, s’occupent de tout le cœur, et de tout l’esprit au culte divin, et aux actions de la piété, et de la religion qu’ils professent, avec un renoncement absolu de tous les plaisirs du Cirque, et du Théâtre, dans toutes les villes du monde, le jour du Dimanche, qui commence la semaine, et qui attire les bénédictions de Dieu sur toutes les œuvres qu’on y fait ; et pendant le temps de l’Avent, des Fêtes de Noël, et de l’Epiphanie ; aux Fêtes de Pâques, et pendant tout le temps Pascal, c’est-à-dire jusques à la Pentecôte, dans lequel ceux qui ont été baptisés portent publiquement les signes de la lumière Divine dont ils ont été éclairés, et remplis au saint Baptême, par la blancheur de leurs habits » ; Item l. 5. eod. tit.
De l’origine des Histrions, des Troubadours, des Jongleurs, et des autres petits spectacles qui ont précédé en France l’établissement des grandes pièces de Théâtre, et des Règlements qui les ont disciplinés.