En ce temps-là parut une lettre en faveur de la comédie, lettre assez bien écrite et si ample, qu’elle pouvait passer pour un traité.
Ce fut dans ce même temps que parut l’ordonnance de l’Archevêque de Paris, qui supprimait un certain nombre de fêtes.
Ce sage qui servoit la France en Italie, qu’honnora l’Etranger qui servoit sa patrie, contente l’orphelin, pleure avec l’affligé, & des siecles ainsi défiant l’inconstance… dans nos cœurs à l’abri des insultes du temps, il érige à jamais d’illustres monumens, il instruit nos enfans à la reconnoissance & les siens à la bienfaisance. […] L’amour à la plus belle Ailleurs offre le prix, Mais bien-tôt l’infidele Cesse d’en être épris ; L’estime à la plus sage Donne des fleurs chez nous, Et ce flatteur hommage Du temps brave les coups.
Le misérable ivrogne Thespis, après avoir couru la campagne, barbouillé de lie, dans le temps des vendanges, comme le gros Silène, s’avisa de paroître dans la place publique d’Athènes, d’abord dans un tombereau, & ensuite monté sur des treteaux, de chanter des chansons, & dire des bouffonneries. […] C’est un Alcidamis qui n’a jamais été, un Amalazonte qui n’est pas plus réelle, dans un pays & dans un temps qui ne furent jamais.
Or, si le comédien, saisi d’une mort subite, n’a pas eu le temps de demander un confesseur, mais qu’il ait pu adresser à l’être suprême son acte de contrition, et que Dieu dans sa toute puissance miséricordieuse, ait écouté les paroles de repentir du moribond et en ait appelé l’âme à lui ; ce comédien, dis-je, verra donc du haut des cieux, où il jouirait de la béatitude éternelle, son corps profané sur la terre, par le ministre du Dieu même qui lui aurait pardonné ! […] Tel est le principe atroce de l’inquisition religieuse, que les jésuites professèrent de tout temps et professent encore, et dont l’auteur du livre des crimes de la presse s’est rendu l’apôtre.
« Eam tantum permittimus voluptatem qua volentium datur impensis. » L’eût-il souffert dans des temps de misère ? […] Pierre (Annales politiques, année 1663.) parlant d’une grande famine pendant laquelle Louis XIV fit un magnifique carrousel : « On trouva à redire à cette grande dépense ; effectivement, quoique les particuliers qui y faisaient de la dépense n’eussent peut-être rien donné aux pauvres qui mouraient de faim, il semble qu’il sied mal de donner des fêtes et de faire faire des dépenses superflues dans un temps de misère publique, que l’on voit dans les rues et les grands chemins des malheureux mourir de faiblesse. » Sur l’année 1664, il dit : « La peinture, la musique, la comédie, prouvent les richesses présentes d’une nation, mais non pas son bonheur.
Nous trouvons même un plaisir secret à en gémir ; & nous sommes quelquefois les premiers à les déplorer ; notre amour propre se flatte qu’il commence par-là à s’en guérir, & comme il n’y a personne qui ne se repente dans certains moments de la servitude des passions, le Poëte possede l’art d’amener, si j’ose le dire, ces moments de repentir, de nous faire sentir la pesanteur de nos chaînes, la douceur de la liberté, & de nous plaire ainsi par sa morale dans le temps même que sa morale nous condamne. […] La Comédie nous fait passer agréablement notre temps, lorsqu’elle peint de telle maniere les mœurs vicieuses de notre siécle, qu’elle nous les rend méprisables ; le spectateur qui se reconnoît rarement dans les portraits qu’il y voit, s’éleve dans son esprit, au-dessus de tous ceux qu’il croit que le Poëte a voulu peindre, & il jouit du plaisir de leur appliquer ce qu’ils lui appliquent peut-être à leur tour, ainsi comme Despréaux l’a dit dans son Art Poëtique : Chacun peint avec art dans ce nouveau miroir, S’y voit avec plaisir, ou croit ne s’y point voir. […] Mais malgré leur révolte, la Vertu nous excite toujours à l’admirer dans le tems même que nous lui résistons. […] La Poësie n’est, à la vérité, qu’une peinture ; mais cette peinture est bien froide, lorsqu’au premier moment qu’elle frappe notre vûe, elle nous laisse assez de sang froid pour faire des comparaisons ; & pour bien juger de la fidélité du pinceau, il faut qu’elle nous tansporte dans le temps & dans le lieu où l’action s’est passée véritablement, que l’on croie la voir de ses yeux, l’entendre de ses oreilles, & il ne faut pas croire que notre ame refuse de se prêter à cette espece d’enchantement : elle s’y livre au contraire avec d’autant plus de plaisir que l’illusion de la Poësie est plus parfaite. […] Ce sera à l’Auteur de les méditer, de les digérer, de les perfectionner ; & s’il veut en prendre la peine, ce qu’il y mettra du sien vaudra beaucoup mieux sans doute que tout ce que ma plume a tracé à la hâte & presque au hasard sur le papier, pendant que je maudissois mille fois cette douce mais dangereuse rêverie, qui a tant abusé de mon oisiveté, que je rougis presque d’être devenu prodigue pour le Théâtre, d’un temps que je n’y avois jamais perdu.
Car n’ayant pu nier qu’il n’y ait un précepte d’aimer Dieu, non seulement négatif par lequel il nous serait défendu de rien faire qui serait contraire à cet amour, mais aussi affirmatif qui nous oblige à l’aimer par un acte intérieur, il demande en quel temps ce précepte oblige.
, qui fait que l’on plaît à ceux qui écoutent : que si Saint Thomas par l’autorité d’Aristote, dont on avait peine à se départir en son temps, semble peut-être pousser un peu plus avant dans sa somme la liberté des plaisanteries ; il y réduit néanmoins 2. 2. q. 168. art. 4. c.
On a recours pour certaines maladies à l’agitation qu’elle a le pouvoir de causer dans notre cerveauax. » Athénée nous assure que toutes les lois divines et humaines, les talents, les vices et les actions des hommes illustres étaient écrits en vers, et publiquement chantés par des chœurs, au son des instruments ; et nous voyons par nos livres saints que tels étaient, dans les premiers temps, les usages des Israélites.
Les Spectacles qui sont autorisés par le temps et par la coutume, seront un peu plus difficiles à régler : Car il semble que c’est en ces occasions que le Prince fait paraître sa Magnificence, qu’il divertit ses Sujets, qu’il exerce sa Noblesse, qu’il ravit même ses Alliés, et qu’il donne des marques de sa grandeur et de son adresse.
Gresset, des régles de la modestie, il est surprenant qu’ayant écrit dans un genre aussi frivole, la gaité de sa plume ait pû se contenir : depuis quelque tems il composoit des Poëmes dramatiques, ses dernieres productions avoient eu du succès ; le repentir l’a saisi tout-à-coup dans une Lettre adressée à son Evêque, que nous lisions il y a deux ans, il a rendu sa pénitence autentique.
Or comme il y a trois sortes de vie ; celle des Grands dans la Cour des Rois, celle des Bourgeois dans les Villes, & celle des gens de la Campagne, le Théâtre aussi a reçu trois genres de Poèmes dramatiques, savoir, la Tragédie, la Comédie, la Pastorale ou la Satire. » Cette explication des divers genres de Spectacles pouvait être juste du tems des Grecs, mais elle ne l’est plus actuellement.
On vous voit offrir vos prières à Dieu dans l'Eglise, et quelque temps après on vous voit assister aux spectacles, et mêler votre voix avec les cris dissolus des comédiens.
Etroitement liées à cette règle primitive, source de toutes les autres lois, qui n’en sont que le développement, elles ont dans tous les temps employé toute leur autorité, qu’elles tiennent de la religion même, pour empêcher toutes les représentations théâtrales, si l’ascendant du vice l’eût permis, ou pour en arrêter les désordres.
Que cet art est pernicieux qui ne laisse point mourir les crimes avec le temps, et qui fait l’extrait de ce que les siècles passés ont eu de plus abominable, qui fait renaître ces venins ; qui les donne sans le tempérament que les longueurs, ou que le mélange des affaires y apportent, afin d’agir avec plus de violence sur l’intégrité des cœurs.
à part le but d’utilité que les Spectacles comportent, & que nous sçaurons faire sortir dans son tems : n’est-il pas dans l’esprit de leur établissement, de récréer d’amuser. […] On peut les varier suivant ses connoissances & même suivant son goût : avec du tems & de la réflexion l’on y parvient. […] Une vaine & stérile distraction, qui n’est en soi qu’un tems exactement perdu ; dont l’avantage le plus flateur est de ne pas laisser de regrets, & l’effet au contraire le plus à craindre est de laisser des désirs. […] Un autre inconvénient : c’est que la Lecture vous isole, vous sépare de la société ; & c’est une chose qu’on ne doit jamais perdre de vue dans quelque tems que ce soit. […] Ils nous répondront, comme on s’en expliqué ordinairement, c’est de faire passer le tems : voilà son triste résultat.
Appliquons, mes Frères, aux Spectacles de nos jours ce que disoit ce grand homme de ceux de son temps. […] C’est-là, mes Frères, ce qu’observoit de son temps l’Ecrivain Ecclésiastique que je vous ai déja cité plusieurs fois : in immundo spectaculo nemo priùs cogitat quam videri & videre ; & ce qu’il y a de plus indécent dans les spectacles, c’est ce mêlange d’hommes & de femmes, parées de tout l’attirail de la vanité, qui jettent mutuellement dans les cœurs les uns des autres les étincelles d’un amour déréglé : In omni spectaculo nullum majus scandalum occurrit quam ipse ille mulierum & virorum accuratior cultus, qui inter se de commercio scintillas libidinum conflabellant. […] Mais, il est temps, mes Frères, de laisser reposer votre attention pour discuter ensuite les raisonnemens par lesquels les partisans du théâtre s’efforcent de le justifier : ce sera le sujet de ma seconde partie.
On voit que l’inconséquence et la contradiction a été de tout les temps le partage de l’humanité : « Administratores spectaculorum, in eadem arte quam magnifatiunt, deponunt, diminuunt, damnant ignominia et capitis diminutione, arcent a Curia, Rostris, Senatu, Equite, honoribus omnibus. » Ces paroles, qui ne peuvent être bien entendues sans avoir une idée de la jurisprudence Romaine, expliquée aux Institutes de capit diminut. […] Il confirmait par un fait tragique arrivé de son temps, les éloges que les lois en font. […] Il mourut, il y a quelque temps, au Parlement de… un Avocat dont les premières années avaient été aussi mal employées.
Que si c’est trop dire que d’en dire tant, au moins est-il bien vray, Monsievr, qu’il y a eu des Festes au temps passé, qui se faisoient sans despense & sans appareil ; & que c’eust esté les violer que de les vouloir celebrer d’vne autre façon. […] S’il vouloit, Monsievr, il nous pourroit rendre les liures de la Poëtique, que le Temps nous a rauis : Au moins il ne luy seroit pas difficile de reparer les ruïnes de celuy qui reste : Et s’il a esté dit auec raison, qu’Aristote estoit le Genie de la Nature, nous pouuons dire aussi justement qu’en cette matiere Monsieur Chapelain est le Genie d’Aristote.
Contemplez ce bel astre qui répand la lumiere, & se levant & se couchant, nous donne tour à tour les jours & les nuits ; cet astre qui préside à la nuit, & qui par ses différentes phases nous enseigne le cours & la mesure des temps ; ces armées d’étoiles qui du plus haut des cieux brillent d’un si vif éclat ; cette terre avec ses montagnes, suspendue au milieu des airs avec un si juste équilibre ; ces fleuves intarissables, ce vaste océan avec ses immenses rivages, & l’harmonie merveilleuse qui unit constamment tous ces corps ; cette atmosphère de l’air qui pénètre tout par sa subtilité, & entretient tout par sa fécondité, qui tantôt rassemblant ses vapeurs en forme des nuées, & verse des pluies abondantes, tantôt les dissipant ménage la serénité d’un beau jour. […] Ce mot de spectacle, si commun du temps de S.
Avec trop de régularité on mérite le reproche que Pline le jeune faisoit à un Orateur de son tems : « Il n’a pas d’autre défaut, disoit-il, que celui de n’en avoir point ; & c’en est un très-grand. » Il n’y a guére d’homme de sens qui ne préférât des traits de génie, suivis de quelques fautes, à une composition qui ne seroit que réguliére.