D’un autre côté l’on entend bien des clameurs contre l’usage et la nécessité d’avoir des Procès : et généralement tout le monde voudrait les éviter en s’accommodant à l’amiable pour ne pas se ruiner et pour ne pas se charger des peines et des inquiétudes d’esprit qu’ils apportent : cependant il n’est que trop vrai qu’il y a des personnes qui ne sauraient vivre sans Procès, qui les cherchent, et qui sur des prétextes très frivoles, attaquent leurs parents, souvent même leurs amis, seulement pour avoir le plaisir de plaider.
Goût frivole & dangereux qui perd l’académicien, égare le public, & d’une Société littéraire n’en fait qu’une coterie de plaisir & d’amusement. […] Chaulieu pense que réduire l’amour en art, c’est en émousser le plaisir. […] Le plaisir n’a pas besoin d’art, la nature le fait goûter, & en fait mieux que le poëte tracer les tableaux, & faire sentir l’agrément. […] Il fut admis dans tous les plaisirs du Duc : il en faisoit l’agrément.
Ce ne sera pas une bonne excuse au dernier jour, à celui qui aura vomi contre lui des impiétés, de dire qu’il ne l’avait fait que par semblant, et pour se donner du plaisir. […] Car là les Vices se glissent par le plaisir qu’on y prend. […] Et quant à vous cependant, toujours en suspens, et en souci, vous vous retranchez vous-mêmes de la jouissance des plaisirs honnêtes, ne venez point voir les jeux et spectacles, ne voulez point assister aux Pompes. […] Pour ce qui est de l’autre Subterfuge, qu’en ce qui se représente sur le Théâtre, la vertu est récompensée, et le vice châtié ; nous disons en premier lieu, que toutes les histoires, soit saintes, soit du Siècle, dont la certitude est assurée, sont beaucoup plus propres à en donner les enseignements, que non pas tout ce que sauraient dire les Comédies, qu’on sait être de nues fictions, et des contes forgés à plaisir. […] Bernard de Girard Du Haillan, L’Histoire de France [1576], (Genève), P. de Saint-André, 1580, livre XI, p. 921 : « Il chassa de sa cour les Bastelleurs, Farceurs et toutes sortes de gens, qui ne servent qu’à donner plaisir et à corrompre les mœurs.
Notre maison, lui dit-il, deviendra le séjour des plaisirs ; Richesses, Caresses, Tout vous prouvera mon amour ; Jamais je n’aurai d’autre envie Que de veiller sur la belle Sophie. […] Il se présente ici une question fort naturelle à ce que je viens de dire : pourquoi les Ariettes font elles tant de plaisir, & sont-elles tant chantées, quoiqu’elles soient obscures pour la plus-part, & peu délicates ?
Il est aisé de sentir que le chant de la Romance doit être tendre & mélodieux : s’il était autrement, il ne se rapporterait plus au genre ni au sens des paroles ; il cesserait de peindre les peines ou les plaisirs de l’amour ; il ne ferait plus naître dans l’âme de ceux qui l’écoutent, ce trouble & cette douce langueur qui les portent à la tendresse. […] Ce que dit d’Aubignac me paraît fort sensé : « le Théâtre peut bien, sans doute, souffrir la musique, mais il faut que ce soit pour réveiller l’appétit & non pour le saouler ; il n’y a point de plaisir qui puisse rassasier sans dégoût ».
Gresset est encore dans l’âge des succès : il a réussi dans l’Art Dramatique au point de disputer du rang avec les premiers Maîtres de la Scène : il faisoit espérer de nouveaux plaisirs à la Capitale, on l’y attendoit, on l’y desiroit ; on se plaignoit de la Province qui captivoit trop ces talents supérieurs.
Il ne faut pas non plus s'imaginer que les Comédies et les Tragédies aient jamais fait partie essentielle et nécessaire des Jeux Scéniques ; car ils furent institués et joués sans elles durant cent cinquante ans ou environ, depuis le Consulat de Stolon, jusques au temps de Plaute et de Nevius, devant lesquels je ne trouve point que Rome les ait connues, et si tôt qu'elles eurent acquis de l'estime, on les fit passer dans la célébration de tous les Jeux pour en augmenter la magnificence et le plaisir, comme on sait que les Comédies de Térence ont été représentées aux Jeux Megaliensc, Romains et autres.
Eusèbe écrit que Constantin a fait beaucoup d’ordonnances touchant la piété avec laquelle les fidèles doivent célébrer le jour du Dimanche, et les Fêtes des Saints Martyrs, et qu’il a commandé qu’on quittât toutes les occupations extérieures et mondaines ; afin qu’on pût dans cette liberté, et dans ce repos fréquenter les Eglises, et prier avec plus d’assiduité et de ferveur ; et nous rapporterons encore plus bas plusieurs autres ordonnances des Empereurs sur ce sujet ; par lesquelles il paraît évidemment qu’il n’y a rien de si contraire aux lois divines et humaines, et à la raison même, que d’employer à la volupté, et au plaisir, des jours qui sont consacrés au culte de Dieu, et institués pour ne vaquer qu’aux choses divines.
Dans d’autres situations, j’y aurais été apparemment avec autant de plaisir qu’un autre, et mon salut y eût couru les plus grands risques.
dans mille autres la raison ajoutera, quoi que je m’y fusse exposée par mon imprudence : en voilà bien assez pour mortifier son amour propre, et par conséquent pour faire marcher sa punition à côté de son plaisir.
Quel plaisir de voir dans les comptes, tant pour le parallelogramme d’une manche, pour le trapese d’une poche, pour l’élipse tronquée d’une semelle, &c. […] Son habileté dans la perspective tournera au plaisir du spectateur & au profit de l’entrepreneur. […] Le Nouveau Spectateur, parlant du plaisir de la Danse & des mauvais effess qu’elle produit remarque d’après Juvenal, que Batille représentant l’amour de Leda, inspiroit aux dames romaines tant de volupté, qu’elle passoit les bornes de la bienséance.
J’ai du moins le plaisir de voir que mon mari a dans ses goûts quelque délicatesse : vous avez l’air de la décence, & des graces qui seroient faites pour embellir la vertu. […] Elles avoient aussi leurs Intendans des plaisirs, le Roi des Sots à Lille, le Prince de Plaisance à Valenciennes, &c.
Son frère n’entre point dans le complot, il est livré à ses plaisirs, il se marie. […] sans qu’il t’offense, le cœur ne peut jouir de sa foible existence, s’ouvrir au doux plaisir d’aimer & d’être aimé ?
Les habitants d’Aix tiennent singulièrement, dit-on, à l’institution de ces jeux, et à la mémoire de leur ancien souverain ; je suis loin de blâmer leur goût pour ces sortes de plaisirs, et encore moins la déférence qu’ils témoignent à la mémoire de ce prince ; mais je leur accorderais, dans le temps de carnaval, tous les jeux institués par le roi René, en retranchant les sujets religieux, et j’ordonnerais pour la solennité de la Fête-Dieu, une procession imposante et respectable qui nourrirait l’esprit et le feu sacré dans l’âme des fidèles, sans obscurcir leur vue par des sujets profanes et des masques hideux. […] Les clercs de chœur qui regardaient cette commission comme une partie de plaisir sortaient de la cathédrale, deux à deux en soutane et en bonnets carrés, précédés des enfants de chœur, des appariteurs ou bedeaux, et des autres serviteurs de l’église, chacun avec une serpe à la main, et allaient couper ces branches qu’ils rapportaient eux-mêmes, ou faisaient rapporter par la populace, qui se faisait un plaisir et un honneur de leur rendre ce service, en les couvrant dans la marche d’une épaisse verdure ; ce qui dans le lointain faisait l’effet d’une forêt ambulante. […] Les diacres et les sous-diacres prenaient plaisir à manger des boudins et des saucisses sur l’autel, au nez du prêtre célébrant : ils jouaient à ses yeux aux cartes et aux dés : ils mettaient dans l’encensoir quelques morceaux de vieilles savates, pour lui faire respirer une mauvaise odeur. Après la messe, chacun courait, sautait et dansait par l’église, avec tant d’impudence que quelques-uns n’avaient pas honte de se porter à toutes sortes d’indécences, et de se dépouiller entièrement ; ensuite ils se faisaient traîner par les rues dans des tombereaux pleins d’ordures, d’où ils prenaient plaisir d’en jeter à la populace qui s’assemblait autour d’eux.
Il est rare de voir un Comédien simple spectateur sur son Théatre, parce qu’il est rare que nous mettions notre état au nombre de nos plaisirs.
L’art est de leur faire éprouver les situations les plus opposées à leur caractère : comme, par éxemple, de rendre un avare amoureux d’une femme qui ne connait d’autre plaisir que celui de dépenser son bien ; de marier un homme jaloux avec une coquette ; de mettre l’homme prodigue presque dans le cas de ne pouvoir plus l’être.
Vous trouverez peutêtre un certain nombre de gens libertins, amateurs d’eux-mêmes, & Idolatres de leurs plaisirs, qui ne suivront pas la morale, que les Saints nous enseignent : mais je vous donne des guides dont les voies sont droites, & des garans, fur qui seuls vous pouvez vous reposer de vôtre conscience, de vôtre ame, & de vôtre éternité.
Ce branlement des mains et des pieds, cette évagationk et impudence des yeux, tous ses gestes, aussi blâmables que visibles, montrent qu’il y a quelque chose dans l’intérieur, qui répond au dérèglement extérieur : ceux qui font état de la modestie, fuient toutes ces occasions de dissolution ; après tout, quel plaisir trouve-t-on dans un divertissement qui lasse plus qu’il n’allège, et qui est aussi ridicule qu’il est honteux : Véritablement si l’extravagance ne s’était naturalisée dans nos mœurs, nous nommerions folie ce qu’on nomme gentillesse : et c’est à bon droit qu’on appelle des joueurs à ces assemblées, afin que l’âme étant occupée par l’oreille, les yeux ne s’offensent pas de tant de mouvements irréguliers, cela veut dire qu’une sottise en couvre une autre, ce qu’on appelle une école de gaillardise : c’est un apprentissage d’impudicité.
: Prenez garde de pas tomber dans l’erreur, mes très chers frères ; vous avez les constitutions des apôtres et des hommes apostoliques, vous avez les saints canons, jouissez-en, mettez-y toute votre force, prenez plaisir à les lire, considérez-les comme vos armes, afin que par leur secours et par le soin que vous prendrez de les avoir toujours devant les yeux et de les suivre avec ferveur, ils vous servent d’armes capables de vous défendre contre toutes les attaques des ennemis de votre salut ; car ce serait une chose tout à fait indigne d’un évêque ou d’un prêtre, de refuser de suivre les règles que l’Eglise, où est le siège de Saint-Pierre, suit et enseigne. » On voit que ce souverain pontife s’écrie que ce serait une chose tout à fait indigne d’un évêque ou d’un prêtre de refuser de suivre les règles de l’Eglise ; Or, il est manifeste, cependant, que les évêques et les prêtres ont enfreint ces lois et ces règles, et que le chrétien, dans l’amertume de son cœur, voit l’Eglise désertée par les chefs propres de sa milice ; car tous les canons que je viens de citer et qui font la base constitutive de la discipline des ecclésiastiques, sont totalement inobservés, et peut-être méconnus !
Autrefois toutes les femmes se retiraient lorqu’on allait commencer la Farce ; aujourd’hui on leur veut donner le plaisir d’y demeurer, ayant caché la malice si agréablement, qu’on croit qu’elles la peuvent entendre sans rougir.
Monval m’occupoit seul, & remplissoit mes heures, Lorsque tout sommeilloit dans l’ombre de la nuit, Même durant le jour craignant d’être obsedée, Craignant qu’on m’arrachât à cette douce idée, Mon ame autour de lui recueilloit ses plaisirs. […] Elle dit vrai, & cependant elle continue : Dans ce monde bruyant comment peut-on souffrir Que les distractions, les soins & les plaisirs De l’ame à tout moment éloignent ce qu’on aime ? […] Elle n’attendoit que lui, elle s’en applaudit, lui seul l’occupe & remplit ses momens, elle rappelle ses paroles, ses gestes, ses soupirs, & recueille en lui tous ses plaisirs, &c. […] Esprit de tyrannie, le plaisir d’opprimer des captifs abattus, &c.
Ce n’est ni le goût, ni le génie, ni la vertu, ni l’adresse, que je cherche ; mon plaisir est le souverain mérite. […] Il s’enivre du plaisir d’être aimé, idée plus juste qu’il ne pense, puisque l’orgueil est une véritable ivresse dans le maître & dans le disciple, & n’est-il pas un délire dans celui qui s’égare jusqu’à en faire une leçon, & un mérite ? […] Et toutes ces belles expressions, son excès ne peut être qu’un exces d’amour, c’étoit l’essence de son caractère, toutes ses pensées étoient célestes, il porte trop loin le plaisir d’aimer Dieu, le frivole, le galimathias, qui regnent d’un bout à l’autre, donnent-ils une plus grande idée de son goût que de son équité & de sa sagesse ? […] Nous serions furieux, si on nous disoit la moitié de ce que nous dit Moliere ; ce qui prouve le plaisir que procure une imitation parfaite.