« Voir un grave Sénat faire en rond une danse, Et sauter dans la salle ainsi tout en cadence, Cela serait bien beau, Monsieur. » Je n’outre point ici le ridicule, prenez-y garde. […] Il faudrait encore qu’il imaginât des danses dont les mouvements et les grâces ne fussent pas contraires à la modestie : car vous voulez qu’on danse très modestement : or rien n’était moins conforme à la modestie que les danses des Spartiates lorsque les femmes s’y mêlaient ; lisez plutôt l’histoire. […] Tous ces principes ne vous paraîtraient pas modestes : il faut donc imaginer une danse exprès, ou si l’on danse à votre Bal des Menuets et des Contredanses, il faudra que les figurants, pour être modestes, se gardent bien de porter les yeux l’un sur l’autre : la vue collée sur le plancher de la salle, ils marcheront comme ces petites figures Automates que les Savoyards font rouler sur nos parquets. […] Car pour les grâces naturelles qui accompagnent les danses de toute l’Europe, croyez-moi, la scrupuleuse modestie y trouverait sans cesse à redire. Vous voulez que les pères et mères aient à leur tête un Seigneur Commis, et que tous ensembles composent un Aréopage pour juger de la modestie et de la danse des jeunes gens ; mais ne craignez-vous pas la prédilection des pères et mères pour leurs enfants ?
Car enfin, Mes Pères, est-il possible que vous n’ayez pas vu le tort que vous faites à la jeunesse à qui vous devez une éducation Chrétienne, en leur inspirant de si bonne heure et dans un âge qui est susceptible de tout, la passion pour la danse qu’on ne peut douter, pour peu que l’on sache ce qui se passe dans le monde, qui ne leur puisse être un jour une grande occasion de commettre beaucoup de péchés. Je ne m’amuserai point, Mes Pères, à vous représenter ce que les saints Docteurs ont dit contre les danses et contre les bals. […] Charles qui a fait un Traité exprès contre les danses pour en détourner les Chrétiens, comme étant très-périlleuses pour le salut, et qui les met entre les œuvres de Satan auxquels nous avons renoncé à notre baptême ? […] Vous vous attireriez sur les bras tout ce qu’il y a d’Evêques zélés et de bons Pasteurs dans l’Eglise, aussi bien que les Seigneurs qui ont de la piété, qui emploient tout ce qu’ils ont d’autorité ou spirituelle ou temporelle, pour bannir les danses des lieux où ils ont du pouvoir.
Tous ces Poëtes composoient la modulation de leurs Piéces, les chants & les danses de leurs Chœurs. Les chants & les danses furent inséparables d’un Poëme né dans les Fêtes, & qui avoit passé des Autels au Théâtre. La danse de la Tragédie fut par son nom & son caractere distinguée de celle de la Comédie. […] Il n’en est pas de même de la Danse. […] On se contenta d’en raser les murailles, ce qui fut exécuté au son des flutes, avec des chants & des danses.
La cause de cette erreur est l’obscurité d’un passage de Tite-Live, qui regarde le partage du chant & de la danse, dont a parlé aussi Lucien, que j’ai cité plus haut. […] Vossius rapportant ce même passage, l’explique aussi d’un partage du Chant & de la Danse, & n’a jamais songé à un partage du geste & de la voix. […] Ce mot gesticulatio voulant dire Danse pleine de gestes. […] La Musique faite pour une Piéce, portoit le nom de la Piéce, ainsi que la Danse de cette Piéce, la Musique & la Danse étant faites pour cette Piéce. […] Cette Danse gesticulante, qui avoit commencé dans la Grece, fut separée sous Auguste des Piéces Dramatiques ; & la Danse des Pantomimes, dont on a écrit tant de merveilles, s’exécutoit sans aucune Piéce de Poësie.
Que les Danses ne sont pas mauvaises de leur nature. Comme les Danses ne sont que des assemblées, où l’on donne des témoignages de sa joie, et de sa satisfaction sensible par le chant, ou par l’usage de quelque instrument de Musique, et par le mouvement du corps ; il n’y a rien qui nous empêche d’entrer dans le sentiment commun des Docteurs, et de dire avec eux qu’elles ne sont point mauvaises de leur nature ; mais qu’elles sont d’elles-mêmes indifférentes. […] Car toutes ces Danses dont il est parlé en ces endroits de l’Ecriture, n’étaient employées que pour honorer, et glorifier Dieu ; et celles qui se pratiquent maintenant, ne servent qu’au plaisir du corps, et à la délectation des sens ; et ont quelquefois des fins manifestement vicieuses.
Je n’ignore pas que les Danses des Grecs avaient des mouvemens expressifs ; mais les Romains furent les premiers qui rendirent par de seuls gestes le sens d’une Fable régulière d’une certaine étendue. […] Au bruit d’un Chœur composé de Musique vocale & instrumentale, il exprimait avec vérité le sens de toutes sortes de Poèmes : Il excellait dans la Danse Tragique, s’occupait même de la Comique & de la Satyrique, & se distingua dans tous les genres. Bathylle, son élève & son rival, n’eut sur Pylade que la prééminence dans les Danses Comiques. […] Nous savons aussi que les Chinois ont des espèces de Pantomimes, qui jouent chez eux sans parler : les Danses des Persans ne sont-elles pas des Pantomimes ? […] Ceci ne s’accorde pas avec ce qu’on a dit au mot Danse.
» « Une danse de gens égayés par un long repas semblerait n’offrir rien de fort intéressant à voir ; cependant l’accord de cinq ou six cents hommes en uniforme, se tenant tous par la main, et formant une bande qui serpentait en cadence et sans confusion, avec mille tours et retours, mille espèces d’évolutions figurées, le choix des airs qui les animaient, le bruit des Tambours, l’éclat des flambeaux, un certain appareil militaire au sein du plaisir. […] » « Il était tard, les femmes étaient couchées, toutes se relevèrent : bientôt les fenêtres furent pleines de spectatrices qui donnaient un nouveau zèle aux acteurs : elles ne purent tenir longtemps à leurs fenêtres, elles descendirent ; les maîtresses venaient voir leurs maris, les servantes apportaient du vin, les enfants même éveillés par le bruit accoururent demi-vêtus entre les pères et mères : la danse fut suspendue ; ce ne furent qu’embrassements, ris, santés, caresses : il résulta de tout cela un attendrissement général que je ne saurais peindre, mais que dans l’allégresse universelle on éprouve assez naturellement au milieu de tout ce qui nous est cher. […] " » « On voulut recommencer la danse, il n’y eut plus moyen : on ne savait plus ce qu’on faisait, toutes les têtes étaient tournées d’une ivresse plus douce que celle du vin. […] y avait, dit Plutarque, chez les Lacédémoniens toujours trois danses en autant de bandes, selon la différence des âges, et ces danses se faisaient au chant de chaque bande ; celle des vieillards commençait la première en chantant le couplet suivant.
Juvénal déteste les fruits insânes de leurs danses. […] La danse y fit les honneurs du théatre, elle y acquit la plus grande perfection. […] Un ballet pantomime c’est la danse & les gestes réunis, pour faire la parfaite imitation. La danse est une sorte de geste de tout le corps, & le geste une sorte de danse. […] Il auroit pourtant bienfait de donner des regles à tous, pour les accommoder à la danse.
A quoi il ajoute les effets vrais ou prétendus, des danses grecques, aux deux tragédies ! […] Nous avons parlé fort au long de la Danse, Liv. […] Plus la danse est imitative, plus elle liée à la piece, plus elle est dangereuse. […] Chaque danse se conforme à un air qui lui est propre, & sur chaque air on peut faire une danse qui lui est relative. […] L’exercice militaire n’est-il pas une sorte de danse ?
La Danse, le Poëte, le Mercure, qui le rapportent avec éloge, écoutent-ils ici les loix de la décence & les regles de la piété ? […] L’un rit ou chante, l’autre danse. […] La danse & les pantomimes sont deux arts fort différens, & très-séparables. […] La danse est un peu pantomime, elle peint bien des choses, & quoique les actions humaines ne suivent pas une mesure musicale, & n’offrent point de cadence réglée, il n’est pas impossible de réunir les pantomimes à la danse. […] Cet accord bien exécuté fera une danse pantomime parfaite ; c’étoit le grand art de la Sallé.
L’historien de ce concile, Pallavicini, qui, comme vous savez, fut cardinal et Jésuite, rapporte dans son livre onzième, chap. 15, qu’après un repas magnifique, donné par le cardinal de Mantoue, président du concile, dans une salle bâtie exprès, à trois cent pas de la ville, il y eut des divertissemens, des joûtes et des danses. […] Mais vous, Monsieur, qui vous scandalisez à la seule idée que des personnes graves aient pu danser (ce qui toutefois n’est pas rigoureusement nécessaire pour qu’il n’y ait point de péché mortel à aller au bal), avez-vous oublié l’antiquité de la danse ? […] Faut-il vous répéter que la danse a fait partie du culte divin ? […] Le même auteur nous apprend, quoiqu’il soit opposé à la danse, que dans plusieurs villes les fidèles passaient une partie de la nuit, la veille des fêtes, à chanter des cantiques et à danser devant les portes des églises ; qu’on dansait à Limoges dans l’église de St. […] Voici ce qu’on lit sur là danse à la fin de la lettre à d’Alembert : « Je n’ai jamais conçu, dit l’auteur de cette lettre, pourquoi l’on s’éffarouche si fort de la danse et des assemblées qu’elle occasionne, comme s’il y avait plus de mal à danser qu’à chanter ; que l’un et l’autre de ces amusemens ne fût pas également une inspiration de la nature ; et que ce fût un crime à ceux qui sont destinés à s’unir, de s’égayer en commun. par une honnête récréation !
Avec ces sentiments, on voit bien qu’il ne pouvait pas être partisan du théâtre, où l’on enseigne une morale toute opposée, où le célibat est un ridicule, le nom de virginité inconnu, où l’amour est le bien suprême, l’union avec ce qu’on aime, le comble du bonheur, où tout ce qui peut inspirer la volupté est étalé avec toutes ses grâces, beauté, nudité, danse, chant, parures, attitudes, vers, sentiments, intrigue, etc. […] Ambroise semble avoir voulu analyser et décomposer le théâtre pour le foudroyer en détail, et le renverser, en détachant toutes les pierres de ses fondements, Arrêtons-nous à la danse, l’un des plus ordinaires, des plus recherchés, des plus dangereux ornements de la scène. […] Jean Baptiste, occasionnée par la danse de la fille d’Hérodias. […] Non, les sacrilèges et la fureur d’Hérode ne furent pas si funestes à Jean que le poison de la danse : « Plus nocuisse saltationis illecebram, quam sacrilegi furoris amentiam. » Fuyez donc la danse, si vous voulez être chaste, au jugement même des sages païens ; elle ne peut être que le fruit de l’ivresse ou de la folie : « Juxta sapientiam sæcularem, saltationis temulentia auctor est aut dementia. » Voilà, mères Chrétiennes, de quoi vous devez garantir vos filles ; apprenez-leur la religion, et non la danse ; il n’appartient qu’à la fille d’une adultère d’être une danseuse : « Videtis quid docere, quid dedocere filias debeatis ; saltet sed adultera filia, quæ vero casta est, filias suas doceat castitatem, non saltationem. » Il cite une foule d’exemples de saintes Vierges qui ont mieux aimé souffrir la mort, et même se la donner, que de perdre la virginité. […] Vous y trouverez les plus belles voix, la plus agréable symphonie, « concentu canentium », la variété, la volupté des pas, des attitudes, des figures, de la danse, « saltantium strepitu » ; on s’y livre à la joie, on y rit aux éclats, « ridentium cachinnis » ; on y goûte sans contrainte tous les plaisirs, on y satisfait tous ses désirs, « lascivientium plausus ».
Que les jeux des théâtres et les danses sont une suite de la science diabolique, opérante par philaphtiea et amour de soi-même contraire à la foi opérante par charité, fondement de la Cité de Dieu. […] C’est aussi pourquoi les chrétiens ont toujours réprouvé et rejeté les danses et jeux de récréation mondaine les jours des fêtes : comme au contraire Satan a toujours fait exercer telles choses les jours des fêtes pour les profaner, obscurcir, et blasphémer. Or on dit que le principal exercice des sorciers en leurs assemblées est la danse : et ainsi les idolâtres dansaient à l’entour du veau, Exode 32d, comme aussi quand ils voulaient apaiser leurs Dieux, Idoles et diables et obtenir quelque chose d’eux ils proposaient publiquement des jeux de théâtres, comme il appert ès leçons des matines de la fête de monsieur saint Michele. […] Voilà la résolution de ce grand personnage monsieur Gerson conformément à tous les anciens Docteurs saints, desquels qui voudra voir au long la sentence touchant telles impures impiétés, comme aussi touchant les autres débauches, danses, folies, ivrogneries, momeries, et semblables bacchanales, accoutumées méchamment et scandaleusement, d’être commises les jours des fêtes, lise les lieux ci après notés, savoir est : Chrysostome, t. 2, Homélie 38 in 2 Matthoei. […] [NDE] Il y montre que la danse pratiquée sur les théâtres est l’origine de tous les maux.
L’Opéra, quoique doublement Académie de musique & de danse, a été peu flatté des offres de l’Académie de la langue. […] Nous en allons rapporter le chapitre IX sur le bal & sur la danse dans les mêmes termes. […] Le Diable se sert en danse de la plus forte armure qu’il ait ; les femmes sont les plus fortes armes. […] On souille par la danse les jours de dimanche. […] Tous les Acteurs reparoissent, dansent une marche brillante, font une danse en rond & un ballet général.
Nous avons jusqu’à maintenant parlé des danses, et des Comédies, comme des choses qui sont défendues, parce qu’elles sont mauvaises ; au moins à cause des circonstances qui les accompagnent, et de leurs effets. […] « Illud etiam præmonemus, ne quis in legem nostram, quam dudum tulimus, committat : nullum solis. die populo spectaculum præbeat, nec divinam venerationem confecta solennitate confundat. » C’est-à-dire par la danse, ou par la Comédie, ou par quelque autre divertissement profane, « et en causant par ce moyen de la confusion, et du désordre dans nos solennités ». […] C’est pourquoi s’il s’en trouve parmi eux quelques-uns qui suivent encore la folie des Juifs, ou qui imitent l’erreur et l’extravagance des Païens, par les danses et par d’autres divertissements indignes ; qu’ils apprennent que c’est abuser d’un temps, qui est tout consacré à la prière, que de l’employer à la recherche de son plaisir ; et que c’est irriter Dieu, que de s’occuper à des exercices qui ne servent qu’à la satisfaction des sens ; lorsqu’on devrait être prosterné devant sa majesté, pour l’adorer, et pour invoquer sa miséricorde. […] Jugez après cela si les danses s’accordent avec la sanctification des Fêtes, et si ce n’est pas les profaner, et violer les préceptes de l’Eglise que de danser.
Les Lois condamnent la fille d'un Sénateur qui s'est abandonnée, ou qui exerce l'art de bouffonner, où l'on ne doit pas entendre jouer la Comédie, mais pratiquer les Danses honteuses, et les bouffonneries des Mimes et Farceurs, comme nous l'avons expliqué. […] écrit que Néron pour ne se pas diffamer en paraissant sur le Théâtre public, institua les Jeux Juvenaux qui se faisaient en particulier, dans lesquels plusieurs se firent enrôler, et il ne veut pas parler ni de Tragédies ni de Comédies, qui ne notaient point d'infamie ceux qui les jouaient ; mais d'un récit de vers libres et pleins de railleries, avec un mélange de ridicules Bouffonneries, de Danses et Chansons malhonnêtes, qui rendaient les Acteurs infâmes par la Loi. […] explique assez clairement, lorsqu'il parle de Valens que cet Empereur avait au commencement contraint de bouffonner en ces Jeux ; car il dit qu'il y joua des Mimes ce qui fait voir que ce n'était point une représentation de Comédies ni de Tragédies, mais seulement un Jeu de postures et de danses malhonnêtes « Partim infamia, partim humilia, partim ab honestate remota. » Æmil. […] Et Macrobe soutient que les Histrions n'étaient point infâmes, et le prouve par l'estime que Cicéron faisait du fameux Roscius Comédien, et d'Esope excellent Tragédien, avec lesquels il avait une étroite familiarité ; et par les soins qu'il prit de défendre les intérêts du premier devant les Juges ; où le mot d'Histrions ne signifie que les Joueurs de Comédie et de Tragédie, comme il résulte assez clairement de l'exemple qu'il en tire de Roscius et d'Esope seulement, et de ce que auparavant il avait montré que les Danses malhonnêtes et désordonnées, qui étaient propres aux Bouffons et vrais Histrions, étaient condamnés par tous les sages au siècle de ces deux célèbres Acteurs. […] ou Lutteurs, bien qu'ils combattissent tous nus sur l'Arène, ni les Thyméliques ou Musiciens, bien qu'ils joignissent leur voix et l'adresse de leurs mains aux Danses des Mimes et des Bouffons ; ni les Conducteurs des Chariots au Cirque, ni même les Palefreniers qui servaient auprès des chevaux employés aux Courses sacrées, bien qu'ils fussent de la plus méprisable condition, d'où l'on peut aisément juger, et certainement, que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'ont jamais souffert cette tache ; ils ne paraissaient point sur le Théâtre que modestement vêtus, bien que ce fut quelquefois plaisamment ; ils n'occupaient les Musiciens qu'aux Danses et aux Chants de leurs Chœurs, ou de quelques vers insérés dans le corps de leurs Poèmes, comme ceux de nos Stances que l'on récite mal à propos, au lieu de les chanter, étant Lyriques.
Celui qui se rend aux assemblées où l’on danse avec danger de commettre quelque péché mortel, devient sans doute coupable de péché mortel en hasardant ainsi son salut ; et en s’exposant à perdre la vie de son âme, qui est inestimable. […] Et nous ajoutons, que non seulement celui qui s’expose au péril du péché, avec une connaissance évidente ou probable de ce même péril, pèche grièvement : mais qu’encore celui qui doit raisonnablement appréhender qu’il se mettra dans le même danger, en assistant à la danse, commet la même faute : car la témérité, et l’aveuglement d’esprit avec lequel il met en hasard son salut éternel, ne peut jamais lui servir d’excuse, au contraire c’est ce qui le rend coupable.
« Les Jeux Scéniques apportèrent sur le Théâtre de Rome environ quatre cents ans après sa fondation des danses bouffonnes, au son de la Voix et des Instruments, mais sans réciter aucun vers ni représenter les actions par aucun art réglé de gesticulations ingénieuses. Ensuite les jeunes gens y introduisirent des railleries en Vers assez mal faits, et accompagnés d'une Danse composée de mouvements assez malhonnêtes, et enfin y employant des Acteurs du Pays, au lieu que l'on avait accoutumé jusque là de les emprunter de l'Etrurie, ils formèrent les Satires avec plus de règle, tant pour la Poésie que pour la Danse, et qui n'étaient que Mimes imparfaits ou bouffonneries, mais avec peu d'art en la composition des Vers », dont ils n'avaient rien appris des Grecs, parmi lesquels Sophron s'était rendu célèbre dès cents ans auparavant, par les Mimes qu'il avait composés pour hommes et pour femmes ; et cette Poésie s'acheva si lentement que durant plus de six-vingts ans, depuis cette institution des Jeux Scéniques, on ne parle d'aucun Poète Romain. […] Ce qui fait voir qu'il perfectionna seulement ce que les autres avaient commencé, et que ces bouffonneries mêlées de Poésie, de Musique et de Danse, qui firent partie des Jeux Scéniques, étaient demeurés dans une grande rusticité, jusqu'au siècle d'Andronicus, plus excellent que les Versificateurs qui l'avaient précédé, et qui fit ses Mimes sur l'exemple des Poètes Grecs qu'il savait, comme Plaute et Nevius composèrent incontinent après les Poèmes Dramatiques sur le même exemple. […] Aussi quand pour avoir été rappelé trop souvent sur la Scène par le peuple, sa voix devint rauque et désagréable, il fut obligé de se faire assister d'un jeune garçon qui chantait les vers qu'il lui fallait représenter, et d'un Musicien qui touchait quelque instrument, et ne se réserva que la Danse qui se trouvait plus libre, ne s'occupant qu'à faire ses postures ingénieuses qui représentaient le sens des paroles, en quoi il était merveilleux, ce qui passa depuis en coutume.
Après qu’on eut fait sortir tout ce monde, il entra où était la fille, et l’ayant prise par la main, elle se leva ; et le bruit s’en répandit par tout le pays. » Le Fils de Dieu s’est toujours ouvertement déclaré contre les jeux, les danses, et les spectacles publics : témoin ce grand miracle dont il est parlé dans notre Evangile, qu’il ne voulut pas opérer tandis que ces danseurs et ces joueurs d’instruments seraient dans la maison du Prince de la Synagogue ; c’est pourquoi il les fit chasser avant que d’y entrer. […] Le saint homme Tobie ne voulait point entendre parler de jeux ni de danses : « Nunquam cum ludentibus miscui me. » Le Prophète Jérémie assure qu’il ne s’est jamais trouvé dans ces sortes de compagnies : « Non sedi in concilio ludentium. » Si ces sortes de divertissements avaient été indifférents, Prophète, vous n’auriez pas parlé de la sorte. […] Saint Jerôme parlant des danseurs, dit que « c’est le démon qui danse dans leurs personnes, et qu’il se sert de ces lâches ministres pour seduire et tromper les hommes. » « His tripudiis diabolus saltat, his dæmonum ministris homines decipiuntur. » En effet tout ce que la volupté impudique est capable d’employer d’artifice, est attaché au bal, à la danse et à la comédie. […] Ne vous trouvez pas souvent avec une femme qui danse, et ne l’écoutez pas, de peur que vous ne périssiez par la force de ses charmes.
Par grâce et Privilège du Roi, il est permis à Jean Boude Imprimeur du Roi à Toulouse, et des Etats généraux de la Province de Languedoc, d’imprimer, ou faire imprimer, vendre et débiter par tels Imprimeurs ou Libraires que bon lui semblera, la traduction du Latin en Français du petit Livre de saint Charles Borromée contre les danses, durant l’espace de douze années, à compter du jour que ledit Livre sera achevé d’imprimer. Faisant très expresses inhibitions et défenses à tous Imprimeurs, Libraires et autres, d’imprimer, faire imprimer, extraire ou contrefaire en aucune sorte que ce soit, ladite traduction en Français de saint Charles Borromée, contre les danses, ni partie d’icelle, en vendre ou distribuer d’autre que de celle dudit Boude, ou par ceux qui auront droit de lui, sous prétexte d’augmentation, correction, changement de titres, fausses marques, ou autrement en quelque sorte et manière que ce soit, à peine de confiscation des exemplaires contrefaits, et de tous dépens, dommages et intérêts : comme il est plus amplement porté par ledit Privilège du Roi, Donné à Paris le 7. jour du mois de Décembre, l’an de grâce 1662. et de notre règne le vingtième.
Avant que d'entrer en matière, je suis obligé de remarquer deux choses pour faciliter l'intelligence de tout mon discours : l'une que le Théâtre ne signifie pas proprement comme nous l'entendons aujourd'hui, l'échafaud où paraissent les Acteurs des Comédies et Tragédies, mais un grand lieu composé de plusieurs bâtiments, galeries, promenoirs, et sièges pour les Spectateurs, au milieu duquel était un espace vide, où l'on donnait divers spectacles, comme de Gladiateurs, d'Athlètes et autres, selon le différent usage des Villes et des Provinces, où l'on dressait l'échafaud composé de plusieurs parties, que nous appellons maintenant comme d'un nom propre, le Théâtre ; et là se faisaient plusieurs Jeux, de musique, de danse, de Poésie, et plusieurs autres combats que l'on a souvent compris tous ensemble sous le nom de Jeux Scéniques ou de Théâtre. […] Nous avons dit et justifié clairement dans la Pratique du Théâtre, que la Comédie et la Tragédie commencèrent par les Danses et par les Chansons qui furent faites dans Icarie, l'un des Bourgs d'Athènes, à l'entour d'un Bouc qu'Icarius avait tué comme l'ennemi de Bacchus, au milieu d'une Vigne, dont il gâtait et mangeait les fruits ; et cette cérémonie s'étant ainsi continuée durant quelque temps, passa dans sa Ville et sur les Théâtres, et fut appelée Tragédie, du nom du bouc que l'on y sacrifiait à Bacchus ; ce qui dura plusieurs siècles, jusqu'à tant que Thepsis, pour donner quelque repos au Chœur de Musique, y inséra un Acteur qui récitait quelques Vers, et Eschyle y en mit deux ; et ces récits s'éloignant peu à peu des louanges de Bacchus, ses Prêtres en firent de grandes plaintes, n'ayant pu retenir les Poètes, qui par ce moyen plaisaient au peuple. […] ont cru que Bacchus avait institué les représentations du Théâtre, et donné lui-même les exemples de plusieurs Danses et Chansons, pour marque de la vénération qu'il y demandait. […] La musique y chantait d'ordinaire les belles actions des Demi-Dieux, et les grâces que les hommes en avaient reçues ; la Danse les représentait en diverses postures convenables à ce que l'on en croyait.
Aix, en Provence (procession d’), remplie d’obscénités et de scandales, pag. 203 ; les jésuites donnent un ballet à l’archevêque, pag. 243 ; Amiens, fête des fous, danses dans l’église, pag. 321. […] Chalon-sur-Saone (procession de la danse des chanoines à), pag. 256 ; autre cérémonie scandaleuse dans la cathédrale, pag. 288. […] Danses pratiquées par les prêtres et les chanoines dans les diverses cathédrales de France, et infiniment plus scandaleuses que celles qui se pratiquent sur nos théâtres, pag. 282, 283, 285, 309, 316 et 321. […] Jesuites, pag. 162 ; leur procession scandaleuse de Mâcon, pag. 236 ; celle de Luxembourg dans laquelle ils introduisent toutes les divinités du paganisme, pag. 242 ; ils aiment la danse et donnent un ballet à l’archevêque d’Aix, pag. 243 ; ils donnent un autre ballet à Paris, pag. 244 ; leurs maximes horribles et subversives de toute puissance temporelle, pag. 335* et suiv. […] Procession de la danse des chanoines à Chalon-sur-Saône, pag. 256.