Les Comédiens ont été vingt fois chassés de Rome par les Empereurs. […] Nous sommes roturiers ; les Comédiens les donnent, & on paye à la porte. […] Des Comédiens exerçant la censure ! […] Ne sait-on pas que je suis femme, jolie & Comédienne ? […] Quelle gloire pour les Comédiens !
Rien de plus glorieux au théatre : ces honneurs effacent bien avantageusement l’infamie, attachée à l’état de comédien ; puisque non seulement on y tolére, on y loue, on y recempense, mais encore on y forme des comédiens, on y invite, on couronne les Auteurs. […] Le Programme Parmesan avance que les Grecs avoient formé des établissements pour l’instruction des comédiens. […] Aimer les plaisirs, les farces, les bouffonneries, protéger les courtisans, les bouffons & les comédiens, est-ce aimer & protéger les sciences ? […] Isabelle Andreini, de Padouë sur la plus célebre comédienne de son tems. […] Les comédiens Italiens jouent ordinairement masqués, ils rendent mieux par-là, le caractère de l’acteur, & y trouvent un plaisir plus piquant.
Est-ce sous les lois d’un Avocat ou d’un homme apostolique que le Comédien vient s’exercer ? […] C’est un Comédien, disait-on, une actrice, une danseuse, gesticularia, dionisia, celebris lattatricula. […] On a vraiment bonne grâce de louer les Comédiens, de vouloir qu’un Prédicateur prenne leurs leçons, et de le traiter, par mépris, de Comédien quand il les imite. […] Ce ne sont pas des Comédiens que nous formons, mais des Avocats et des Prédicateurs. […] On ne le tolère que rarement : permettrait-on l’assiduité au théâtre, et le métier de Comédien ?
Les Docteurs de la sacrée Faculté de Théologie de Paris soussignés qui ont été consultés pour savoir si les Comédies que représentent les Comédiens Italiens à Paris, peuvent être permises. […] Ainsi les Comédiens n’y auraient point trouvé leur compte. […] Il est vrai que cette grande circonspection, dont usent les Comédiens, ne paraît qu’en ce qui regarde la passion de l’amour. […] Ces Comédiens ayant entrepris de représenter les Actes des Apôtres en 1541. […] Mais des Comédiens ne sont nullement propres a faire aux Chrétiens des leçons de morale, qui aillent à réformer leurs mœurs.
Un Chef ou Président pour le Roi, ou pour le Sénat ; un Substitut du Lieutenant Général de Police, ou du Magistrat qui a l’inspection du Gouvernement intérieur de la Ville ; deux Docteurs de la Faculté de Théologie ; deux Poètes de Théâtre, d’un âge mûr et en état de juger des Pièces, et un ou deux anciens Comédiens. […] De tout temps des enfants de famille et des Gentilshommes même, se sont faits Comédiens, à la faveur des Arrêts du Parlement qui ont décidé que la Profession de Comédien ne déroge point. […] Il n’y aura point de femme dans la Troupe qui ne soit mariée, et dont le mari ne vive avec elle, soit qu’il fasse la profession de Comédien, ou non : et, à l’égard de la conduite des Actrices, on suivra la méthode des Hollandais ;8 pour le moindre scandale qu’elles donneront on les congédiera ; lorsqu’elles sortiront de cette manière, elles ne jouiront que de la moitié de la pension ; et elles la perdront en entier, si elles continuent à faire mal penser d’elles, même après leur sortie de la Troupe. […] Pour le quatrième examen, il sera fait par un des Comédiens du Conseil, et aura pour objet tout ce qui concerne l’exécution théâtrale ; sur quoi les Comédiens sont plus en état que personne de juger : il examinera sévèrement les plaisanteries, et surtout les équivoques d’un certain genre, qui ne percent pas aisément à la lecture, mais qui frappent à la représentation ; parce que souvent ils dépendent plus du geste que des paroles.
Mr. de Moliere1, (Jean-Baptiste Pocquelin), Parisien, mort en Comédien, vers l’an 1673. […] Mais pour ne rien entreprendre sur les devoirs de nos Pasteurs & des Prédicateurs de l’Evangile, j’abandonne le Comédien pour ne parler ici que du Poëte Comique, & pour rapporter de la maniére la plus succinte & la plus seche qu’il me sera possible, quelques-uns des jugemens que nos Critiques Séculiers & Réguliers en ont porté, Mr. […] Mais il faut laisser encore une fois à ceux que Dieu a choisis pour combattre la Comédie, & les Comédiens le soin d’en faire voir les dangers & les funestes effets, & renvoyer ceux qui voudront s’en instruire plus à fond aux Traités qu’en ont écrit, je ne dis pas seulement Mr. le Prince de Conty, Mr. de Voysin, Mr. […] Les Comédiens & les Bouffons publics sont des personnes décriées de tout tems, & que l’Eglise même par voie de droit considére comme retranchées de son corps, parce qu’elle ne les croit jamais dans l’innocence. […] Bouhours, ne s’est-il pas apperçu que Comédien, qui n’est ici que de trois syllabes, devoit être de quatre ?
Mais, puisque vous parlez de devoirs, les comédiens n’instruisent-ils pas les princes ainsi que les prédicateurs ? […] Ils noterent les comédiens d’infamie, firent vendre leurs meubles, enlever leurs sieges, démolir les bâtiments. […] Cependant, les comédiens furent toujours regardés comme infames. […] Le fleuve suivit sa pente ; & le nom de comédien devint une injure proverbiale, une expression de folie & de vice depuit la Chine jusqu’en Écosse. […] Il n’y a qu’un comédien qui puisse s’élever contre une condamnation si juste & si méritée.
L’art même qui formait un comédien Ibid. […] Quand il venait à considérer que ces personnages qu’on représentait sur les théâtres étaient la plupart ou bas ou même vicieux, il y trouvait encore plus de mal et plus de péril pour les comédiens, et il craignait que « l’imitation ne les amenât insensiblement à la chose même » Ibid. […] Le spectateur entrait aussi dans le même esprit : il louait et admirait un comédien qui lui causait ces émotions ; ce qui, continue-t-il, n’est autre chose « que d’arroser de mauvaises herbes qu’il fallait laisser entièrement dessécher ».
La Jeunesse Romaine qui se réserva à elle seule le droit de représenter ces Piéces, ne voulut point qu’elles fussent profanées par les Comédiens. […] Les Comédiens pour être applaudis avoient des gens apostés dans l’assemblée. […] Il étoit important aux Comédiens de faire valoir une Piéce. […] La fortune d’un excellent Comédien étoit immense. […] Il y eut des Poëtes Dramatiques du tems de Quintilien, qui ne parle avec éloge que des Comédiens.
[J] « Un Comédien devrait avoir été nourri sur les genoux des Reines », disait Baron. […] Le monde est l’Ecole d’un Comédien ; théâtre immense, où toutes les passions, tous les états, tous les caractères sont en jeu. […] Il n’en est pas de même du bon esprit ; c’est par lui seul que le talent du bon Acteur s’étend & se plie à différens caractères : celui qui n’a que du sentiment ne joue bien que son propre rôle ; celui qui joint à l’âme, l’intelligence, l’imaginatien & l’étude, s’affecte & se pénètre de tous les caractères qu’il doit imiter ; jamais le même, & toujours ressemblant : ainsi l’âme, l’imagination, l’intelligence & l’étude doivent concourir à former un excellent Comédien.
En attendant que le nouveau théâtre des François soit bâti, les comédiens ont quitté leur faubourg saint Germain, & ont élevé leur trône aux Thuilleries : sur le même théâtre que l’opéra vient de quitter. […] Ce fut bientôt, une décence d’avoir des comédiens à ses gages, comme d’autres officiers. […] Si les comédiens Romains avoient fait peindre des Anges à leur théâtre, les Chrétiens l’auroient pris comme une dérision de la Réligion Chrétienne. […] Tout, jusqu’aux Comédiens, est obligé de s’y trouver. […] Les Comédiens sont à la tête ; biens de gens ont l’émulation de de les imiter, d’enchérir sur eux.
Il plut au Comédien Grandval, en 1751, de composer & de faire jouer une piece digne de lui, intitulée Gasparibout. […] Cette Comédienne a entierement supplanté la Marquise du Roure, que le Roi a exilée. […] Les Comédiennes de la troupe Françoise disent que ce spectacle gâte les mœurs (elles les réforment). […] A Rome les Auteurs faisoient vivre les Comédiens, en France les Comédiens font vivre les Auteurs. […] Un Comédien est un menteur réfléchi, qui doit conduire artistement son mensonge.
LE second objet de nos contestations, Mademoiselle, est l’Excommunication des Comédiens. […] Telle est l’Excommunication des Comédiens : n’ont-ils pas été suffisamment avertis ? […] Quand on veut faire une levée de bouclier, telle que la sienne, il faut être instruit à fond de sa matiere, & sçavoir mieux déchiffrer les constitutions de l’Eglise, que les graces d’une Comédienne. […] Sans doute elle avoit été copiée par les Comédiens du Milanois, quand Saint Charles Borromée tint son premier Concile qui proscrivit cette odieuse bigarrure1 de choses saintes & de bouffoneries, comme étant moins propre à nourrir la piété, qu’à deshonorer la religion chrétienne. […] Le sieur de la M… a dressé une nouvelle batterie contre l’Excommunication des Comédiens, il prétend qu’elle est abusive, les Conciles n’ayant eu aucun droit d’infliger cette peine, sans être autorisés par les Loix, (pag.
Comment l’obtiendront-ils, s’ils oublient leur dignité, jusqu’à se montrer sur la scène, se familiariser avec les Comédiens, prendre leurs allures, jouer eux-mêmes des pièces ? […] Sans doute aujourd’hui on ne voit pas les Magistrats se donner à une troupe de Comédiens, et faire le métier de représenter pour de l’argent. […] Est-ce dans les loges des Comédiens qu’on l’étudie, et que se forment les habiles Jurisconsultes ? […] C’était un caractère singulier et fort enjoué : on est naturellement comédien à Béziers, sa patrie. […] On peut voir ses savants commentaires sur toutes les lois sans nombre qui condamnent le métier de Comédien et le couvrent d’infamie, comme nous le montrons dans ce livre.
On pense, on parle, on écrit, on agit en Comédien, on lit, eh quoi ? […] sait-on quelque chose quand on croit tout savoir, quand on ne sait qu'en Comédien ? […] Mais les Prédicateurs et les Avocats, malgré leur gravité, copient quelquefois le style et la déclamation des Comédiens, et vont prendre leurs leçons. […] C'est un Comédien, dit-on. […] Les Comédiens le disent comme les autres, et en sentent si bien la vérité, que les plus estimés s'éloignent le plus qu'ils peuvent de la futilité de la scène.
Mais dans cette rigueur qu'ils exercèrent contre eux, ils ne comprirent jamais les Atellans, les Comédiens, ni les Tragédiens ; ceux-ci furent toujours bien estimés et bien reçus des Magistrats les plus puissants, des personnages les plus illustres, et de tous les gens d'honneur ; l'excellence de leurs Ouvrages, la beauté de leurs Représentations, et l'honnêteté de leur vie qui les distinguait des autres Acteurs, leur fit recevoir un traitement bien dissemblable ; et c'est en quoi presque tous les Ecrivains des derniers siècles se sont abusés. […] Enfin je n'ai vu dans les Anciens que les Acteurs des Jeux Scéniques, les Histrions, les Mimes, et l'art de Bouffonner condamnés d'infamie, et jamais la Comédie ni la Tragédie, ni les noms de Comédiens et de Tragédiens n'ont souffert ce reproche, si ma mémoire ne me trompe, ou qu'une lecture précipitée ne m'en ait ôté la connaissance. […] Les Comédiens étaient au second rang, parce que leur sujet n'était que des intrigues populaires, leurs personnages tirés des conditions communes, et leurs actions accompagnées quelquesfois de plaisanteries. […] Et si les Acteurs des Fables Atellanes ont été si favorablement traités, nous peut-il rester quelque scrupule pour les Comédiens et les Tragédiens, que les Romains tenaient dans un plus haut rang, qu'ils honoraient d'une bien plus grade estime, et que le cours des années n'a pas empêché de passer jusqu'à nous avec les règles de l'art, et les exemples des ouvrages qui les ont rendus si célèbres, et qui leur ont mérité l'affection des Grands, et l'applaudissement des peuples. […] Ils n'étaient point employés à des ministères abjects qui les rendissent indignes de la société des personnes d'honneur et de qualité ; et je ne crois pas que l'on se puisse imaginer que Roscius cet excellent Comédien, et Esope cet incomparable Tragédien ne fussent pour le moins aussi bien traités que des Cochers et des Valets d'étable.
Qu’attendre que des choses frivoles d’un Comédien ? […] La bourse des Comédiens, très-peu académicienne, avoit refusé de s’ouvrir. […] Ceux des Comédiens reviennent à chaque reprise, & sont accrus de la portion du Poëte. […] Combien de Comédiens sont bustes en ce point ! […] Que de théatres, que de Comédiens, que de spectateurs, que de dupes !
C’est pourquoi elle condamne les Comédiens, & croit par-là déffendre assez la Comédie. […] « Mais après tout, quand les loix civiles autoriseroient la Comédie ; quand au lieu de flétrir comme elles ont toujours fait, les Comédiens, elles leur auroient été favorables : tout ce que nous sommes de Prêtres, nous devrions imiter l’exemple des Chrisostôme Chrysost. […] Louis chassa les Comédiens de son Royaume.
Il semble que les Enfans soient tous nés Comédiens, tant on trouve de facilité à leur enseigner le Mimisme : en effet, cet âge est celui des Jeux & des Ris ; tout est prestige, tout est illusion dans cet âge charmant ; & tout ce qui est imitation & faux-semblanta des attraits pour lui : la Comédie, qui n’est qu’une image des mœurs par son intrigue, est aussi la peinture des actions par ses Imitemens, comme elle est celle des manières par ses Modelemens ; cet Exercice doit être par-là doublement utile à la Jeunesse, qu’il prépare à remplir réellement dans la Société, ce qu’elle a feint sur la Scène. […] Quant à la manière de leur former un Actricisme parfait, celle que je vais proposer ne sera pas goûtée des Acteurs des grands Théâtres : mais ici ce ne sont pas nos Comédiens qu’il faut consulter : ils sont faits comme tous les autres hommes ; un Etablissement nouveau, du même genre que le leur les révolte, excite leur jalousie, & leur fait desirer de l’anéantir : l’utilité publique est un motif faible pour quiconque fait corps à part. Les Comédiens se croiront toujours en droit de circonscrire le Néomime dans les bornes les plus étroites : Mais le Gouvernement donc la sagesse est toujours au-dessus des petites vues des particuliers, verra sans doute que le Théâtre-Ephébique, loin de nuire aux autres Spectacles, peut leur devenir utile : il verra que pour opérér cette utilité, il est nécessaire que le Néomime puisse faire jouer les Pièces Tragiques, Comiques, & des Opéras, mais toujours par des Enfans ; qu’il serait à propos que le premier Acte de l’Ambigu fût, par exemple, un rapproché, intelligemment fait d’une Pièce du Théâtre Français, où, en conservant les plus beaux vers, les situations les plus intéressantes, on réduise la Pièce à la longueur d’un seul Acte ; que le second fût une Pièce en un Acte (ou si elle était en plusieurs, réduite comme la première) du Théâtre des Ariettes ; que le troisième fût un Opéra, une Pastorale en un Acte comme le Devin-de-Village, on réduit, si c’était Roland, Armide, &c. enfin que la Pantomime simple & dansante précédât & suivît ces trois Pièces. […] Je concluerai donc en disant, que loin d’interdire au Néomime les Pièces suivies & intriguées, & de le laisser sous la tyrannie des Comédiens des grands Théâtres, il faudrait l’y soustraire, & le rendre utile, en dépit d’eux-mêmes, à ces Comédiens, qui trop souvent tourmentent le Public par des Débutans que Melpomène & Thalie ne peuvent avouer.
Ce Prince ne fut pas le seul roi Comédien. […] Thespis fut un Farceur, un Satyrique, mais non pas un Comédien. […] Ce ne pouvait être que l’omonyme de Comédien, d’Acteur. […] Le Comédien Calliopius vivait dans ce temps-la. […] L’état de Comédien était vil à Rome !
Car c’est une condamnation des Hôpitaux, qui non-seulement acceptent les dons volontaires des Comédiens, mais s’abonnent avec eux, & se font donner par les ordres du Roi une partie de ce qu’ils exigent à l’entrée. […] Cette idée est si universellement répandue, que d’abord le Comédien & la Courtisanne sont mis sur les rangs. […] La distinction des Comédiens & des Balladins est très-ancienne, quoiqu’on leur donne indifféremment les mêmes noms. […] Le mot d’Histrion est devenu un terme de mépris dont les Comédiens s’offensent, quoiqu’ils le méritent. […] L’un, sauvage & farouche, ne voudroit jamais prendre de récréation ; l’autre s’y livre si fort, qu’il en devient un bouffon, un Comédien : Scurra mimus, mimium nugis indulgens.
si ce n’est les enfants des Comédiens, à qui on n’enseigne pas le catéchisme ? […] les Comédiens, le parterre, entendent-ils ce langage dévot ? […] Qu’est-ce qu’un Comédien ? […] Un Comédien y pense-t-il ? […] Quel est le Comédien qui fait ses pâques ?