Les Anglois sont tres bons Comediens pour leur nation, ils ont de fort beaux Theâtres, & des habits magnifiques ; mais ny eux, ny leurs Poëtes ne se piquent pas fort de s’átacher aux regles de la Poëtique, & dans vne Tragedie ils feront rire & pleurer, ce qui ne se peut soufrir en France, où l’on veut de la regularité. […] Estant à Londres il y a six ans, j’y vis deux fort belles Troupes des Comediens, l’vne du Roy, & l’autre du Duc D’Yorc, & ie fus à deux representations, à la mort de Montezume Roy de Mexique, & à celle de Mustapha, qui se defendoit vigoureusement sur le Theatre contre les muets qui le vouloient étrangler ; ce qui faisoit rire, & ce que les François n’auroient representé que dans vn recit. […] Quoy que la profession des Comediens les oblige de representer incessamment des intrigues d’amour, de rire & de folâtrer sur le Theâtre ; de retour chez eux ce ne sont plus les mémes, c’est vn grand serieux & vn entretien solide ; & dans la conduite de leurs familles on découure la méme vertu & la méme honnesteté que dans les familles des autres Bourgeois qui viuent bien. […] Aussi faut il que celuy qui suggere s’y prenne d’vne voix, qui ne soit, s’il est possible, entendüe que du Theâtre, & qui ne se puisse porter jusqu’au parterre, pour ne donner par sujet de rire à de certains Auditeurs qui rient de tout, & font des éclats à quelques endroits de Comedie, ou d’autres ne trouueroient pas matiere d’entr’ouurir les Liures.
Il convient mieux à des Chrétiens, dit un Concile1 de Paris, en 829, de gémir sur leurs égaremens passés, que de courir après les bouffonneries, les discours insensés, les plaisanteries obscènes des Histrions ; le moindre effet que leur représentation produise, est d’amolir le courage pour la vertu, & d’écarter les Spectateurs de l’exactitude qu’ils devroient avoir, de remplir leur esprit de vanités frivoles, & de les livrer à des ris immoderés, si contraires aux loix de la modestie ; il n’est pas permis de se souiller par des Spectacles de cette nature, neque enim fas est hujusmodi Spectaculis fœdari.
L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise.
Le Tartuffe accablé de se voir, démasqué, n’est nullement alors un personnage de Comédie ; je voudrais qu’il se promit d’être plus heureux une autre-fois, ou que sa punition fut telle qu’il put en rire.
[NDE] Ceux qui font des mots pour rire.
Les plus relâchés en riraient, et l’Illustre Théologien ne pourrait les sauver du péché mortel.
Ou sa façon de rire et son ton de fausset Ont-ils de vous toucher su trouver le secret ? […] Il veut voir des défauts à tout ce qu’on écrit, Et pense que louer n’est pas d’un bel esprit, Que c’est être savant que trouver à redire ; Qu’il n’appartient qu’aux sots d’admirer et de rire, Et qu’en n’approuvant rien des ouvrage du temps, Il se met au-dessus de tous les autres gens. […] Nous rions tous les jours de bon cœur, au récit d’aventures qui se passent dans le monde, souvent sous nos yeux, dans lesquelles l’amour n’a pas la moindre part : pourquoi n’en ririons-nous pas au Théâtre ?
Quoique Fagan ne dise rien que de trivial, il étale avec assurance un ait d’érudition qui fait rire, tant il ignore & confond tout.
Un collège est-il donc établi pour faire rire toute une ville et pour l’amuser ?
Et au lieu que vous reteniez en vous ce qui vous excitoit à vouloir faire rire les autres dans la crainte de passer pour bouffon, vous le lachez alors, & lui donnant pleine liberté, vous succombez aux occasions & vous faites insensiblement le Personnage de Farceur. […] Le Poëte Dramatique qui travaille à dissiper cet ennui, ne peut y réussir ou que par l’imitation d’une Action plaisante qui force ses Spectateurs à rire, c’est l’objet de la Comédie, ou que par l’imitation d’une Action triste, qui les touche assez vivement pour les faire pleurer, c’est l’objet de la Tragédie.
Il continue d’y aller, pour y rire & se délasser. […] Il est permis de dire quelque chose pour rire ; mais il n’est jamais du ton honnête, de le faire au dépens de la Réligion, du respect dû aux Souverains, & de la justice qu’éxigent de nous la raison, la politesse & le Christianisme… Si les spectacles sont mauvais, dit-on sans cesse, pourquoi le Pape les souffre-t-il ? […] Qu’on se familiarise donc moins avec ces termes enveloppés, & finement gazés, qu’on ne contracte plus l’habitude de rire de ces faillies à la mode, de ces paroles à double sens, si opposées à l’esprit du Christianisme, on s’appercevra bientôt, qu’on ne peut revenir du Théatre comme on y étoit allé ; que la meilleure piéce en un sens, est en un autre sens, la plus mauvaise, & qu’une personne, qui aime son salut, ne doit pas aller à ces sortes de piéces.
On croit s’assembler au spectacle, & chacun s’isole ; chacun oublie ses parens, ses amis, ses voisins, pour s’intéresser à des fables, pleurer sur des malheurs, des morts, & rire aux dépens des vivans.
Ce titre fera rire.
On rit de voir la crédule Sœur Melanie l’admirer & l’en féliciter, mais bien-tôt en douter & en gémir : D’où vient que dans mes bras tremblante, inanimée, sur son front pâlissant la mort même imprimée, qu’il est difficile d’être vertueux !
Le Philosophe immortel qui fait tant d’honneur à notre siècle, rira de mon sentiment : sans ôser combattre ce grand homme, je vais proposer mes idées ; s’il trouve que je sois dans l’erreur, il daignera me faire grâce ; il sait trop que les malheureux humains sont sujets à se tromper.
On rit de pitié en apercevant les petitesses pleines de méchancetés de l’implacable jésuitisme, qui à Rouen a si mal accueilli le retour de l’illustre La Fayette, compagnon de Washington.
» Ce pompeux panégyrique du théâtre est bon à faire à quelqu’un qui ne l'a jamais vu ; il fait rire ceux qui le connaissent, si l'enthousiasme ne leur met sur les yeux un verre coloré. « Lorsque Julien (on l'a appelé l’Apostat dans tout l'univers pendant quatorze siècles, il a cessé de l'être depuis que toutes les religions sont indifférentes) défendit aux premiers Chrétiens d'enseigner les lettres humaines, et à la jeunesse de les étudier ailleurs que dans les écoles payennes, (les jeunes gens eurent toujours la liberté d'apprendre ce qu'ils voulurent, il n'y eut que les Régents Chrétiens interdits.
Nul mortel n’eut jamais comme lui, le don de faire rire. […] On s’y amuse, & on y rit en toute sûreté.
Et cependant vous y demeurez debout, vous n’y faites que rire. […] , dont vous riez, et dont vous vous moquez dans les Théâtres, sont les mêmes que vous adorez dans les Temples. […] Jésus-Christ nous a-t-il donné cet exemple, lui de qui nous lisons qu’on l’a vu pleurer ; mais nous ne lisons pas qu’on l’a vu rire ? C’est pour nous qu’il a pleuré, et qu’on ne l’a point vu rire ; parce que les larmes partent de la componction du cœur, et le ris vient de la corruption, et du dérèglement de la discipline. C’est pourquoi il disait ; « Malheur à vous qui riez maintenant, parce que vous serez réduits aux pleurs et aux larmes : et vous êtes bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous rirez. » » Avertissement.
Tout le monde se mit à rire, & trouva la proposition si plaisante, qu’on engagea la mere à lui accorder une satisfaction si petite & si courte.
Je le demande à ces Pédans maussades, pour qui les plaisirs des autres sont un supplice, & qui cependant se livrent sans réserve au plus doux de tous pour leurs cœurs ulcérés, à celui de fronder, Quel crime y a-t-il à rire du tableau vivant des ridicules ; à s’attendrir à la vue des misères humaines ; à se livrer à l’admiration, à l’enthousiasme qu’excite l’héroïsme de la vertu ; à ressentir la douce, la délicieuse émotion d’un amour honnête ?