Que peut-on donc penser de celles dont l’extérieur & l’intérieur sont également corrompus, qui sont paîtries de vice, & l’arborent, qui tachent sans cesse de se faire des complices, employent tout ce que l’art & la nature ont de plus propre à allumer par-tout le feu qui les dévore ? […] Il y a trois regnes dans la nature, l’animal, le minéral & végétal.
Il convient mieux à des Chrétiens, dit un Concile1 de Paris, en 829, de gémir sur leurs égaremens passés, que de courir après les bouffonneries, les discours insensés, les plaisanteries obscènes des Histrions ; le moindre effet que leur représentation produise, est d’amolir le courage pour la vertu, & d’écarter les Spectateurs de l’exactitude qu’ils devroient avoir, de remplir leur esprit de vanités frivoles, & de les livrer à des ris immoderés, si contraires aux loix de la modestie ; il n’est pas permis de se souiller par des Spectacles de cette nature, neque enim fas est hujusmodi Spectaculis fœdari.
Un guerrier fait peindre des siéges & des batailles ; un libertin prodiguera des amours & des nudités, le théatre ne connoît guerre d’autre décoration, parce que c’est le sanctuaire de Vénus, sa nature est d’être une image, tout n’y est que représentation, imitation, peinture ; non-seulement les toiles de la décoration, mais toutes les parties qui les composent ; la piéce est le tableau d’une action, & les acteurs sont des portraits vivans des personnes qu’ils représentent, leurs gestes, leurs visages, leur ton de voix, des expressions à la passion, les danses, la musique les crayonnent.
Elle vient tant de la corruption de la nature, que de l’inclination vitieuse fortifiée par les actes reïterez, comme aussy de la grande puissance qu’a le demon sur le pecheur qu’il s’est assujetti : Eccli. 4.
Page 13 La condamnation de ces deux journaux paraît à l’auteur comme très probable, par la nature même de la loi de tendance, du 17 mars 1822.
Les interlocuteurs sont Momus, Jupiter, Mercure, et le bon Jurisconsulte Accurse, fort étonné de se trouver dans une telle conversation, où l’on se répand sur toute la nature.
En voilà bien assez pour faire trembler les Comédiens et tous ceux qui assistent aux spectacles, car si la Comédie était de la nature des choses purement indifférentes, comme sont le boire, le manger, ou la promenade ; pourquoi serait-elle incompatible avec tout ce qui porte quelques marques de la Religion ?
Ce n’étoit pas le moment de se flatter qu’il se prêteroit à examiner la nature des spectacles pour une troupe d’Acteurs imbécilles qui paroissoient alors depuis quelque temps.
Des Piéces de cette nature devoient être peu recherchées par un Peuple qui n’aimant à voir que des Bouffons, des Courses de Chevaux, ou des Gladiateurs, avoit moins besoin de Théâtres que de Cirques & d’Amphithéâtres.
Je laisse là ces Critiques qui trouvent à redire à sa voix et à ses gestes, et qui disent qu’il n’y a rien de naturel en lui, que ses postures sont contraintes, et qu’à force d’étudier ses grimaces, il fait toujours la même chose ; car il faut avoir plus d’indulgence pour des gens qui prennent peine à divertir le public, et c’est une espèce d’injustice d’exiger d’un homme plus qu’il ne peut, et de lui demander des agréments que la Nature ne lui a pas accordés : outre qu’il y a des choses qui ne veulent pas être vues souvent, et il est nécessaire que le temps en fasse perdre la mémoire ; afin qu’elles puissent plaire une seconde fois : Mais quand cela serait vrai, l’on ne pourrait dénier que Molière n’eût bien de l’adresse ou du bonheur de débiter avec tant de succès sa fausse monnaie, et de duper tout Paris avec de mauvaises Pièces.
On sent combien le défit de faire sa cour, l’espérance d’une brillante fortune, l’air & les maximes, & l’exemple du grand monde, l’élévation de ceux dont on leur ordonnoit de faire la conquête, le penchant de la nature, la foiblesse du sexe, des passions naissantes & bien cultivées, le désir de plaire, & la coquetterie naturelle à toutes les femmes devoient faire écouter ces écolieres avec avidité, & goûter avec plaisir des leçons si agréables, & faire les plus grands progres dans leur art. […] On s’en dédommagea dès-qu’on fut en sureté à Paris, où dès le lendemain le spectacle recommenca pour célébrer l’entrée triomphante de la Cour, après la défaite du Prince de Condé, qui en fournit un beau sujet ; & les Clairons du temps jouerent d’après nature.
» : « Car, dit-il, l’esprit de l’homme ayant une pente naturelle vers le mal, que deviendra-t-il s’il a devant les yeux des exemples d’une nature fragile ? que fera en lui cette nature qui d’elle-même n’est capable que de tomber, si elle vient à être poussée ? […] Si l’homme n’avait point été corrompu par le péché, et qu’il fût demeuré parfaitement le maître des mouvements de son cœur, on pourrait croire qu’en voyant la représentation d’une chose malhonnête, il laisserait le mauvais plaisir que la chose est capable d’inspirer, pour se rendre seulement sensible à la manière de la représentation : mais dans l’état de la nature corrompue, ces deux plaisirs sont trop voisins pour pouvoir, moralement parlant, prendre l’un et laisser l’autre.
Les victoires du vice sont assurées sur les Théatres : ses attraits y sont toujours efficaces, parce que le cœur de l’homme, combustible par sa nature, est toujours disposé à s’enflammer à la moindre étincelle des passions, dont il possede tous les germes.
Ses attraits réfléchis brillent sur vos pareilles, Et je n’ai pû vous voir parfaite créature, Sans admirer en vous l’auteur de la nature, Et d’un ardent amour sentir mon cœur atteint.
Il suffit qu’une Action Dramatique ait une étendue convenable à sa nature.
Le théâtre change-t-il la nature de l’œuvre ?
Qu'un particulier se livre à son penchant, et qu'aux dépens de la décence, de ses devoirs, de son intérêt, il s'amuse de ce qui le flatte, c'est la nature, c'est la passion.
Les peintres & les poëtes ne doivent rendre que la belle nature, & ne montrer les héros qu’en grand. […] Si la vraisemblance morale la moins rigoureuse n’est plus d’usage au Théatre ; si le public, content d’être frappé un moment par des circonstances approchées, & les incidens les plus disparates, ne veut plus voir la convenance de la nature & de l’art ; si l’on a renoncé au plaisir de l’illusion, on peut tout mettre sur la Scène.
On la ramene, on la mer sur le bucher ; la foudre tombe, disperse le bois (opération peu physique), & sauve la victime infame qu’elle auroit dû écraser (protection aussi peu digne de Dieu) ; & ce qui n’est pas moins contraire à la nature, cette femme laisse faire tout cela sans parler des gages qu’elle a reçu de Juda, qui lui auroit sauvé la vie, & qu’elle n’avoit demandé que dans ces vues. […] Le cœur du Poëte s’explique par la bouche de l’Acteur : J’abhore un mercenaire usage, & ces hommes cruels, gagés pour se baigner dans le sang des mortels, je n’ai point par le meurtre offensé la nature.
[NDE] Le concile d’Ephèse (431) condamne en effet le nestorianisme comme hérésie en affirmant que Jésus-Christ n’a pas deux personnes, mais deux natures en une seule personne.
Ceux donc qui le font pour donner du plaisir, et pour efféminer les hommes, et rendre les femmes impudentes, sont en abomination à Dieu ; et ceux qui prennent plaisir à ce déguisement contre nature, ne peuvent s’excuser devant Dieu. […] Car leur art de contrefaire et représenter, de sa nature, est inventé pour nuire. » Je dis davantage, que les belles choses et les beaux mots en la bouche de ces gens-là, et en tels lieux, sont comme les viandes délicates, et le meilleur vin, avec lequel on a mêlé du poison, d’autant plus dangereux, que ce qui lui sert de véhicule est avalé avec plaisir. « Ne savez-vous pas, dit l’Apôtre1 , qu’un peu de levain enaigritdv toute la pâte ? […] nous changeons par nos iniquités la nature des choses : et ce que Dieu a fait bon par le don de sa miséricorde, nous le faisons être mauvais, par la perversité de nos mœursgz.