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397. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

C’est à la dureté du cœur humain que l’on doit rapporter une concession pareille ; quelqu’autenticité qu’on lui suppose, elle ne sçauroit légitimer ce que la Loi de Dieu défend, un amusement contraire aux bonnes mœurs & à la religion chrétienne, Il n’est point vrai, Mademoiselle, que l’Etat vous autorise, vous n’avez en France, selon Brillon2, aucune Lettre-patente, au moins dans les formes usitées, les Comédiens sont purement tolérés.

398. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

« Ce saint Docteur a restraint l'approbation, ou la tolérance des comédies à celles qui ne sont point opposées aux bonnes mœurs ; mais quand on les considère dans la pratique, on n'en voit point de telles.

399. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

Nous voyons avec douleur depuis quelque temps, l’affection et l’empressement que vous avez pour les Spectacles, que nous avons souvent déclarés contraires à l’esprit du Christianisme, pernicieux aux bonnes mœurs, et féconds en mauvais exemples, où, sous prétexte de représentations et de musiques innocentes par elles-mêmes, on excite les passions les plus dangereuses ; et par des récits profanes et des manières indécentes, on offense la vertu des uns, et l’on corrompt celle des autres.

400. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Les Sénateurs Romains, ce consistoire des Rois, les Censeurs même, ces hommes graves, faits pour conserver les bonnes mœurs, Caton lui-même, ce Censeur si rigoureux, allaient au spectacle.

401. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

C’est mal connoître leur intérêt de répandre sur eux le nuage de la corruption des mœurs, qu’on ne sauroit trop ensévelir dans l’oubli. […] Mais comment faire passer à des spectateurs qui ont les moindres notions, soit des usages, soit des opérations de la guerre, soit des convenances historiques, & de tout qu’on comprend en fait de comédie sous le nom de mœurs, soit de la bouillante vivacité de Henri IV, 1°. tout le temps qu’il perd dans le château de Lenoncourt, qu’il ne vouloit que reconnoître ; 2°. les amours romanesques dont on le rend témoin, & dont on veut qu’il s’occupe ; 3°. l’espece de conseil de guerre, qu’il tient d’abord tout seul, & ensuite avec Biron & d’Aumont ; 4°. le long dîné qu’il fait avec eux & le bon Roger ; 5°. les folies de ce dîné de guinguette, où on chante & fait chanter à Henri des chansons de cabaret ; 6°. l’incognito qu’on lui fait garder, tandis qu’on le décele deux ou trois fois en sa présence, dans un château ennemi ; 7°. le secret de Roger, qui l’a reconnu, dont on fait une finesse sans objet ; 8°. la conversion subite du Chevalier de Lenoncourt que rien ne prépare ; 9°. ce mêlange d’histoires & de traits particuliers de Henri, rassemblés comme dans un Ana ; 10°. la célébrité du combat & de la victoire, par le trop long intervalle entre le départ de Henri pour une bataille rangée, & son retour au château : on a eu la maladresse de parler de trois heures, tout cela est impossible ; 11°. […] Louis forme les plus pieux établissemens, donne des édits, des réglemens les plus sages pour maintenir la Foi & les bonnes mœurs ; Henri devenu Catholique, & en pleine paix, donne l’Edit de Nantes, plus favorable aux Protestans que tous les édits de pacification que la terreur des guerres avoit arraché à ses prédécesseurs : édit dont l’abolition a été l’évenement le plus mémorable du regne de son petit-fils. 8°. […] Parmi les innombrables critiques, la plupart justes, qu’on a fait de la Henriade, les plagiats qu’on lui a reproché, voici un trait frappant qui intéresse la Religion, les mœurs & la France. […] Son fils se laissa éclipser par le Cardinal de Richelieu, qui affermissoit son autorité : mais jamais il ne fut dominé par des maîtresses ; ses mœurs furent toujours pures.

402. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

Luillier, Doyen de la Faculté ; c’est la premiere fois qu’un Médecin s’est avisé d’approuver le fard, non-seulement aucun ne s’abaisse à ces foiblesses, contraires aux bonnes mœurs, qui sont fort au dessus de la sagesse & de la gravité d’un Docteur ; mais il n’en est point qui ne condamne l’usage de ces drogues, la plupart corrosives, qui occasionnent des maladies cutanées, qui flétrissent la peau, & empêchent la transpiration, par une sorte de plâtre, qui bouche les pores. […] Dieu permet que la santé ne souffre pas moins que les mœurs, des passions & des vices. […] En appelleront-elles à la pureté de leurs mœurs, & à la régularité de leur conduite ?

403. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Le hasard fit qu’à travers la cloison, qui me séparait de la pièce voisine, j’entendis la conversation suivante, entrecoupée de beaucoup de choses étrangères à mon sujet et que, par amour pour les mœurs, je m’abstiendrai de rapporter ici : eh ! […] Je payai ma dépense et, en continuant ma promenade, je brochai un commentaire additionnel à mes recherches de l’influence des spectacles sur les mœurs du peuple. […] Selon le titre d'une autre édition publiée la même année « chez tous les marchands de nouveautés », il a écrit son opuscule pour répondre à un concours de l'Académie de Lyon : De l'Influence des théâtres et particulièrement des théâtres secondaires sur les moeurs du peuple, prix proposé sur cette question par l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, par M.

404. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Le mariage n’est plus qu’un amusement & un plaisir qui couvre & légitime la corruption des mœurs. […] C’est le regne de la plus parfaite apathie ; tout y est indifférent dans la religion & les mœurs.

405. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

les Comédiens plus dissous par la force du feu que par la dissolution de leurs mœurs & de leurs gestes ! […] Nos Héros se distinguent par la pureté de leurs mœurs.

406. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II. Excellentes raisons qui ont porté les Pères de l’Eglise à condamner les Comédies, et à les défendre aux Chrétiens. » pp. 12-28

Ce furent eux, sans doute, dit saint Augustin, qui inspirèrent cette pensée aux Romains, afin de faire succéder à une peste qui faisait seulement mourir les corps, une corruption bien plus pernicieuse aux bonnes mœurs, et qui allait à tuer les âmes. […] L’on va achever de ruiner, disaient-ils, ce qui nous reste encore des bonnes mœurs de nos ancêtres, qui se sont peu à peu si fort altérées.

407. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Et à cela près, si les Comédies avaient été innocentes pour les mœurs, ils ne les auraient pas condamnées. […] L’Auteur de l’Écrit n’est pas plus heureux quand il se retranche sur les immodesties prétendues de toutes les Comédies d’autrefois, en comparaison desquelles il prétend que les nôtres, ou plûtôt les siennes, sont conformes aux bonnes mœurs et à la droite raison. […] Louis, comme nous l’apprenons des Historiens de sa vie, signala sa piété, en chassant de son Royaume les Farceurs et les Comédiens, qu’il regardait comme une peste capable de corrompre les mœurs de tous ses Sujets. […] En vérité, je ne sais ce que l’Auteur veut dire, quand il avance que la Comédie est réformée, et qu’on y peut trouver une École de vertu : Pour moi, je ne saiS ce que les anciens Théâtres avaient de plus contraire aux bonnes mœurs ; j’entends de ceux dont les horreurs étaient bannies, et contre lesquels néanmoins les Pères et les Conciles se sont tant récriés. […] Mais sans nous débattre sur les mots de blasphême et d’idolâtrie ; qu’appellez-vous les pompes du monde, qu’appellez-vous les pièges de satan, qu’est-ce que mépris de la véritable Religion, insulte à la Majesté de Dieu, corruption des bonnes mœurs, si ce n’est cela ?

408. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Le Bucheron fournit encore plus de matières à la critique ; on conviendra, je pense, que les personnages de cet Opéra sont dépeints comme vivans dans ce Siècle ; ils ont du moins les mœurs, les usages, les habits des Bucherons de nos jours.

409. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. -

Rousseau saura par cette petite Dissertation sur le Théâtre, qu’on a vu tout ce qu’il voit, mais qu’on l’a vu différemment : il pourra y remarquer aussi comment les gens vertueux se communiquent leurs idées, et que la douceur et la politesse sont les fidèles compagnes de l’honnêteté des mœurs.

410. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Cependant je ne puis la regarder que comme une Poésie Pastorale, que comme un Poème vraiment digne de notre Opéra, où l’on n’observe d’autres lois que celle d’amollir notre cœur : mais je la trouve absolument déplacée au Théâtre de la Comédie, qui doit être considéré comme l’Académie de nos mœurs.

411. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Pour prévenir l’objection qu’on pourroit lui faire des mœurs peu catholiques de leur prosélite, ce père ajoute ingénieusement : ce n’est pas le lieu d’examiner si Christine changea de mœurs en changeant de créance, la Religion ne décide rien pour les mœurs ; pour être bon Catholique, on n’est pas toujours meilleur Chrétien . […] Cependant un acte si héroïque, cette espèce de martyre plus difficile que la perte de la vie : l’abdication d’une couronne pour la Religion suppose un fond de vertu bien éloigné des mauvaises mœurs.

412. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Quintilien parlant des Comédies d’Aristophane, croit la recréation qu’elles procurent d’un trop grand prix, dès qu’on ne sçauroit les entendre qu’aux dépens de l’intégrité des mœurs. […] Ce Spectacle mûrement examiné apportera la réforme dans les mœurs que le Théâtre a corrompus, il inspirera du dégoût pour les amusemens profanes.

413. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Notre Opéra n’est que la représentation des mœurs de la populace ; son but est rempli en mettant sur la Scène un Bucheron, un Serrurier ; il lui suffit de les peindre tels qu’ils sont toujours. […] On se rappellera que le Nœud des Pièces de notre Spectacle n’est autre chose que deux volontés qui se croisent ; ou que le tableau d’un personnage comique ; ou l’image des mœurs & de l’occupation d’un Artisan.

414. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

Ne serait-il pas bien édifiant de voir prononcer sur les canons des conciles, sur les bulles des Papes, sur les ordonnances des Evêques, un homme qui vient d’apprendre la discipline ecclésiastique et les règles des mœurs dans la loge d’une Actrice ? […] Les Parlements, ni même les Cours inférieures, ne le souffriraient pas ; mais devrait-on souffrir qu’ils fréquentent assidûment le spectacle, qu’ils y perdent leur temps, l’esprit de leur état, les mœurs, la gravité, la décence, qu’ils y forment des liaisons et des intrigues, qui les déshonorent, avec des Actrices qui les corrompent ?

415. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

On regardait ce Poète comme un homme qui devait servir à régler les mœurs, à corriger le vice ; c’est ce qui est fort bien exprimé dans son Epitaphe. […] On va achever de ruiner, disaient-ils, ce qui nous reste encore des bonnes mœurs de nos ancêtres, qui se sont peu à peu si fort altérées. […]  : « O que la Poésie est une admirable réformatrice des mœurs, elle met dans l’assemblée des Dieux, l’amour, auteur du vice et de la légèreté. […] . » Il voudrait que « Sa Majesté levât la note d’infamie décernée contre eux par les Ordonnances et Arrêts, avec défenses néanmoins de rien dire ni faire sur le Théâtre contre les bonnes mœurs[…] « que la Comédie est retombée dans la vieille corruption, et que l’on y mêle bien des choses contraires au sentiment de la piété et aux bonnes mœurs.

416. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Auguste, quoique aussi dépravé que lui, étoit plus attentiff aux bonnes mœurs. […] Il faut composer un roman pour en faire un drame, le fond en est même opposé à nos mœurs & à nos manieres. […] Que dans un tems de disgrace, les Magistrats ne s’occupent que du bal masqué qu’ils devroient proscrire, pour l’intérêt des bonnes mœurs ; n’est-ce pas justifier la Providence qui a permis qu’on les rêtranchât du corps de la Magistrature ?

417. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Le Docteur Harrig fit un grand sermon, où il démontra que sa représentation nuit aux bonne mœurs, à la religion, à la vertu, à l’honneur. […] On ne voit pas le mal quand les mœurs sont pures : Omnia munda mundis  ; mais quand il n’y a plus de mœurs, un mot, pour peu qu’il peigne, effraie non la pudeur, qui n’est plus en nous, mais la décence, qui est l’hypocrisie de la vertu perdue.

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