En effet, des prêtres, au mépris de la discipline ecclésiastique, non seulement assistaient aux spectacles mondains donnés par les confrères de la passion, qui, après leurs comédies saintes, mettaient toujours quelques farces profanes, mais encore ils avaient eux-mêmes rempli des rôles et ouvert leurs églises pour ces sortes de représentations. […] L’autorité séculière se crut enfin obligée de mettre un terme à tant de désordres scandaleux, et, d’accord avec les lois canoniques, elle régla le sujet des pièces de théâtre, et ordonna que la scène théâtrale serait transportée hors des églises et placée dans des salles construites pour cet objet. Les conciles de Mayence, de Tours, de Reims et de Chalon-sur-Saône, que nous avons déjà cités, défendaient également, sous peine de suspension et d’être mis en pénitence, aux évêques, aux prêtres et aux autres ecclésiastiques, d’assister à ces spectacles, où ils pourraient voir et entendre les insolences et les jeux sales et honteux des bateleurs, des farceurs, des histrions et autres gens obscènes.
Parmi le grand nombre de passions et de vices qui assiègent, pour ainsi dire, l’humanité, il y en a plusieurs qui la déshonorent, ou pour le moins qui la couvrent de honte ; il paraît donc qu’il faut éviter de mettre sur la Scène des Tableaux qui peuvent scandaliser les Spectateurs et leur nuire. […] Je sais que les Poètes Comiques n’ont besoin que du ridicule des hommes pour faire rire les Spectateurs ; mais si de plus ils ont la louable intention de corriger et d’instruire, alors ils auront tort de se borner à mettre le ridicule des hommes sur la Scène, ils ne feront qu’effleurer l’écorce, et n’iront pas jusqu’à la racine du mal. […] C’est précisément comme si dans la Comédie de l’Avare, la cassette ne se retrouvait pas,13 et que lors du dénouement de la Pièce le Roi envoya à Harpagon pour le consoler du vol qu’on lui a fait, quatre fois autant d’argent qu’on lui en a pris : ou que dans la Comédie du Joueur un ami donnât à Valère deux mille pistoles, pour le mettre en état de jouer encore, et de regagner ce qu’il a perdu.
Au reste, voilà Corneille, son théatre n’est guere que Lucain mis en vers François, sa grandeur Romaine est plus mémoire que génie. […] A Athenes, où d’abord on avoit la liberté de tout dire, les Magistrats furent obligés d’y mettre des bornes, pour arrêter un si grand désordre. […] Ce seroit mettre le trouble dans la société, servir la vengeance ; l’orgueil & la malignité auroient un beau champ pour se satisfaire. […] Les loix défendent les-injures, les libelles diffamatoires, le théatre y donne encore un plus beau jour, & met en jeu toutes les passions. […] Le public étoit étonné qu’on mît en problême ce qui jusqu’ici étoit le sentiment unanime de toute l’Eglise, sur la comédie.
Moliere a mis une infinité de traits caractéristiques, grand nombre d’autres sont faux, étrangers, outrés ; ce n’est que la moitié de la peinture, son but est manqué, l’hypocrite n’est qu’ébauché. […] Eh le moyen qu’à la vue de nos foiblesses ils puissent nous respecter ce penchant furieux qu’on nous donne à la tendresse, & le désespoir de n’être plus aimée, cet emportement où vous met le plaisir de l’être ? […] Nous en aurions moins de honte à nous rendre, & les hommes en auroient plus d’honneur à nous vaincre, cela me met d’une humeur horrible contre les Poëtes ; mais je suis aussi un peu fâchée contre les femmes. […] Qui nous empêche de mettre un air de dignité dans nos foiblesses ? […] peut-elle mettre au jour que le fruit dont elle est pleine ?
L’espérance d’un droit futur ne donne aucun droit présent sur la personne, & la condition que l’esprit pourroit intérieurement y mettre, ne réalise rien dans l’objet, & le consentement que l’on y donne rend le plaisir présent & réalise le péché. […] Les promesses du mariage ne font aucun changement dans l’état des personnes, & ne mettent aucun adoucissement dans les rigueurs de la loi. […] Quand nous redoublerions nos soins, rien ne pourroit plus les retenir, & les empêcher de mettre en pratique des leçons plus agréables à suivre qu’à voir représenter. […] Ce qui amène deux scènes aussi maussades que scandaleuses, où maître Jacques leur cocher veut mettre la paix entre le père & le fils qui le prennent pour arbitre. […] La beauté est moins indifférente : on met tout en œuvre pour relever les graces, on emprunte toutes les couleurs, on étudie tous les jours favorables, on essaie de toutes les parures, on suit toutes les modes.
Mais la fille avait une mise fort au-dessus de son état ; le garçon figurait aux promenades, à s'y méprendre avec un laquais en bonne fortune. […] Si je mets sur sa conscience la reproduction de celles déjà connues, ne doit-il point mourir de honte et de remords d’en avoir créé de nouvelles ? […] L’opéra intitulé : Un jour à Paris 8 sera toujours un vilain tableau à mettre sous les yeux de la jeunesse. […] Je remerciai mon habitué du spectacle de la barrière du Roule, de m’avoir mis au courant sur le jeu de celui-ci, les intrigues de celle-là, la prétention de cet autre, les petites querelles d’amour-propre de tous…. […] pour mon sou, je vais être au courant, et je m’applaudissais de pouvoir à peu de frais, en me délassant, me mettre à portée de pouvoir raisonner sur cette entreprise.
La Fontaine met dans ce recit quelques circonstances différentes, qui ne changent rien dans la moralité, il en ajoute même une autre à dessein. […] Ulysse instruit de l’aventure, vient furieux au Palais de Circé, il est reçu comme on l’est des actrices ; elle veut l’empoisonner aussi, il met l’épée à la main pour la tuer, elle l’appaise en lui offrant sa couche, la paix est aussi tôt faire, il l’accepte sans scrupule, quoique mari de Pénélope : elle lui donne des habits magnifiques, & des rafraîchissemens délicieux, il se fait mettre dans le bain par les Nymphes, qui pendant qu’il se baignoit lui versent sur le corps de l’eau chaude & des essences. […] Ulysse & ces vaillans hommes se trouvent si bien dans cette dévote compagnie, qu’ils allerent mettre à sec, & désagréer leurs vaisseaux, ils emmagasinent leurs effets, ne pensent plus à leur voyage, & passerent un an dans cette Isle, à se réjouir. […] Madame d’Acier a-t elle pu enseigner une morale différente, & traduire en François un poëte qui l’enseigne, sans y mettre un corréctif absolu, qui fasse connoître un poison dangereux, & en empêche l’effet ? […] Ses compagnons moins précautionnés, s’y livrerent sans mesure, & se mirent au-dessous des bêtes.
Pourquoi ce Poëte né si tendre, & qu’on accuse d’a voir francisé les Heros de l’Antiquité, a-t-il mis un peu de dureté dans ce caractere ? […] Pourquoi anime-t-il Athalie à mettre le feu au Temple ? […] Poëte ; mais seulement que l’Action est touchante, & que l’extrême sensibilité que la Nature a mise en nous, va quelquefois jusqu’à la puérilité. […] L’habile Musicien quand il met des paroles en chant, cherche les tons que prendroit un habile Déclamateur, & y ajoute ses Modulations. […] Les Italiens avouent que leur Poësie Dramatique Musicale, après avoir fait tomber leur Tragédie, devint elle-même si monstrueuse qu’il y fallut mette ordre.
par la grâce de Dieu Roi de France, savoir faisons, à tous présents et avenir : Nous avons reçu l’humble supplication de nos bien-aimés, les Maîtres, Gouverneurs et Confrères de la Confrérie de la Passion et Résurrection de Notre-Seigneur, fondée en l’Eglise de la Trinité à Paris : contenant que comme pour le fait d’aucuns Mystères de Saints, de Saintes, et mêmement du Mystère de la Passion, qu’ils ont commencé dernièrement, et sont prêts de faire encore devant Nous, comme autrefois avaient fait, et lesquels ils n’ont pû bonnement continuer, parce que Nous n’y avons pas pû être lors présents, ou quel fait et Mystère ladite Confrérie a moult frayé et dépensé du sien, et aussi ont fait les Confrères chacun d’eux proportionnablement ; disant en outre que s’ils jouaient publiquement et en commun, que ce serait le profit de ladite Confrérie ; ce que faire ils ne pouvaient bonnement sans notre congé et licence ; requérant sur ce notre gracieuse Provision : Nous qui voulons et désirons le bien, profit et utilité de ladite Confrérie, et les droits et revenus d’icelle être par Nous accrus et augmentés de grâce et privilèges, afin qu’un chacun par dévotion se puisse adjoindre et mettre en leur Compagnie ; à iceux Maîtres, Gouverneurs et Confrères d’icelle Confrérie de la Passion de Notredit Seigneur, avons donné et octroyé de grâce spéciale, pleine puissance et autorité Royale, cette fois pour toutes, et à toujours perpétuellement, par la teneur de ces présentes Lettres, autorité, congé et licence, de faire jouer quelque Mystère que ce soit, soit de la Passion et Résurrection, ou autre quelconque, tant de Saints comme de Saintes qu’ils voudront élire, et mettre sus toutes et quantes fois qu’il leur plaira, soit devant Nous, notre Commun ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, et d’eux convoquer, communiquer, et assembler en quelconque lieu et place licite à ce faire, qu’ils pourront trouver en notre Ville de Paris, comme en la Prévôté et Vicomté ou Banlieue d’icelle, présents à ce trois, deux ou un de nos Officiers qu’ils voudront élire, sans pour ce commettre offense aucune envers Nous et Justice ; et lesquels Maîtres, Gouverneurs, et Confrères dessus dits, et un chacun d’eux, durant les jours desquels ledit Mystère qu’ils joueront se fera, soit devant Nous, ou ailleurs, tant en recors qu’autrement, ainsi et par la manière que dit est, puissent aller et venir, passer et repasser paisiblement, vêtus, habillés et ordonnés un chacun d’eux, en tel état ainsi que le cas le désirera, et comme il appartiendra, selon l’ordonnance dudit Mystère, sans détourner ou empêcher : et en pleine confirmation et sûreté, Nous iceux Confrères, Gouverneurs et Maîtres, de notre plus abondante grâce, avons mis en notre protection et sauvegarde, durant le recors d’iceux jeux, et tant comme ils joueront seulement, sans pour ce leur méfaire, ou à aucuns d’eux à cette occasion, ne autrement. Si donnons en mandement au Prévôt de Paris, et à tous nos autres Justiciers et Officiers présents et à venir, ou à leurs Lieutenants, et à chacun d’eux, si comme à lui appartiendra, que lesdits Maîtres, Gouverneurs et Confrères, et à chacun d’eux fassent, souffrent et laissent jouir pleinement et paisiblement de notre présente grâce, congé, licence, don et octroi dessus dits, sans les molester, ne souffrir et empêcher, ores et pour le temps à venir ; et pour que ce soit chose ferme et stable à toujours, Nous avons fait mettre notre scel à ces Lettres ; sauf en autres choses notre droit et l’autrui en toutes.
Quelques notes qu’on a mises au bas des pages, pour adoucir les endroits les plus révoltans, ne sont qu’un palliatif qui lui-même n’est pas exempt de poison. […] Elles servent à caractériser ceux qui les y ont mises. […] Il n’y a nulle apparence qu’au milieu de toutes les autres, il ait mis celle-ci qui les renverseroit toutes. […] Ils se mirent dans la même loge & dans la même posture, attendant quelque huée qui fût le signal du combat. […] Ceux-ci répliquerent, les soldats déguisés mirent l’épée à la main, blesserent plus de trente personnes.
Il veut que les Epoux s’aiment avec excès, il ne met aucune borne à leur attachement réciproque. […] Une Demoiselle serait destinée au Théâtre, elle y jouirait d’appointements honnêtes, qui la mettraient en état de figurer décemment dans le sein de sa famille. Qu’un seigneur épris de ses charmes et de ses talents vienne mettre alors sa fortune à ses pieds, quel mal en résulterait-il ? […] Rousseau a eu tort lui, de mettre un si mauvais goût sur le compte des Anciens, puisque les Adelphes et l’Adrienne de Térence sont l’une et l’autre exemptes de tout reproche d’impureté. Aussi l’Université de Paris n’a-t-elle aucun scrupule qui l’empêche de mettre ces deux pièces dans les mains de ses Elèves.
Tel est l’homme qu’on doit mettre sur la scène, vous l’y verrez tous les jours quand vous voudrez l’y voir, et cet homme à mon avis est plus estimable qu’un homme sans passions. […] Le troisième reproche de votre observation n’est pas plus difficile à pulvériser que les deux autres, et je ne vois pas pourquoi l’on n’oserait pas mettre sur la scène un homme sans préjugé, qui refuserait d’exposer sa vie pour se venger d’une insulte. […] Mettez dans une Tragédie ce brave Capitaine Grec en discussion avec ce brutal qui, piqué de n’avoir pas raison, le menaçait de le frapper, croyez-vous qu’on ne l’applaudira pas quand avec un mépris héroïque, il lui dira : « frappe mais écoute »aj ? […] Ces applaudissements serviront encore à vous convaincre qu’on peut mettre sans péril un Stoïcien sur la scène, si vous n’en reconnaissez pas un dans Worcestre av. […] : La citation exacte est la suivante : « Qu'on mette, pour voir, sur la Scène Française, un homme droit et vertueux, mais simple et grossier, sans amour, sans galanterie, et qui ne fasse point de belles phrases ; qu’on y mette un sage sans préjugés, qui, ayant reçu un affront d’un Spadassin, refuse de s’aller faire égorger par l’offenseur, et qu’on épuise tout l’art du Théâtre pour rendre ces personnages intéressants comme le Cid au peuple Français ; j’aurai tort, si l’on réussit. » ad.
Les Grecs n’ont peut-être jamais entendu mettre des instans de repos dans leurs Pièces ; ils détournaient seulement l’attention du Spectateur sur des objets qui le délassaient sans le distraire entièrement. […] Pour moi je pense qu’ils mettaient peut-être tout uniment le nom des Acteurs au commencement de chaque Scène, & avant l’instant de repos que nous appellons entre-Acte. […] Cependant comme le Spectateur peut trop se refroidir par des repos fréquents & qui tireraient en longueur, il est nécessaire que les Acteurs mettent un court intervalle entre chaque Acte ; qu’ils soient seulement assez de tems pour donner lieu de supposer qu’ils ont pu éprouver tel événement, ou faire telle démarche. […] Les autres Théâtres devraient mettre à profit un conseil aussi sage. […] L’éclaircissement de cette grande question, apprendra aux Poètes du nouveau Spectacle s’ils doivent mettre un frein à leur enthousiasme ; il fixera pour toujours les plaisirs de la France.
— 145, ligne 2, après le mot Comédie, mettez un (*), & au bas de page, ajoutez en note : (*) Il vient de paraître un second Volume du Nouveau Théâtre Anglais, par madame Riccoboni, contenant trois Pièces, la Fausse-délicatesse, la Femme-jalouse, & l’Il-est-possédé : les deux premières sont des chefs-d’œuvres dignes de notre Théâtre. […] — 168, ligne dern. après le mot Pantomime, & à la marge, mettez le renvoi [O].
vous m’effrayez : je ne veux jamais y mettre le pied. […] J’ai desaprouvé ce genre de Drames : je répugnais à mettre les fadeurs de Quinaut, & de ses successeurs dans la bouche de nos jeunes Citoyennes. […] Un nouveau-monde est nécessaire pour assouvir la rage des Européens ; il fut découvert : ses malheureux habitans sont égorgés, ou mis aux fers & condamnés aux mines. […] Si les Censures étaient levées ; que les Loix missent l’art Dramatique au rang des arts honorés, qu’en résulterait-il ? […] Les jeunes Officiers, dans les Garnisons, se sont mis depuis quelques années, dans le goût de jouer des Pièces, où ils deviennent Acteurs sans se deshonorer.
Mais j’ôse le dire, nous restreignons trop les sujets de la Comédie, en n’ayant pas actuellement la hardiesse de mettre sur le Théâtre des femmes mariées, trompant la foi conjugale, ou du moins dont la conduite mérite d’être reprise. […] mis en Musique ; lis. […] Un homme de soixante & dix ans, dit-il, du commun, & qui avait rarement entendu des Pièces de Musique, se mit à chanter avec justesse la bâsse fondamentale d’un chant qui le frappa.)
Se peut-il qu’il ait oublié que sa fille est parmi les Vestales, puisqu’il l’y a mise par force ? […] Ces cinq ans, tandis qu’on pouvoit également mettre six & sept depuis son entrée, ne feroient-ils pas allusion aux cinq ans qu’accorde le Concile de Trente pour réclamer contre les vœux ? […] Jamais il n’a été question de lui mettre un voile noir, qu’on ne connoissoit pas, & que l’Auteur est allé de son autorité emprunter de quelque Couvent. […] On met Dieu en contraste avec les parens : Il faut servir les Dieux, & chérir les parens, car il n’est pas question d’aimer Dieu. […] mettre le souverain bonheur dans la possession de son amour, dire que sa perte enchérit sur la perte de l’existence ; cesser d’aimer est un trait sublime.
Vous avez grand soin pour vous mettre bien dans l’esprit du lecteur, de l’avertir avant toutes choses, que vous ne prenez point le parti de M. […] Vous avez cru qu’il n’y avait qu’à prendre un tour de raillerie, et que par là on mettait sûrement les rieurs de son côté. […] Peut-on mieux mettre les vérités dans leur jour ? […] Votre première saillie vous a mis en malheur. […] Et comment est-ce que vous n’avez pas mieux aimé dissimuler la part que vous auriez pu prendre à l’injure commune, que de vous mettre au hasard de vous attirer une querelle particulière ?
François et Sainte Claire, les Ursulines ont représenté les onze mille Vierges, en rabattant pourtant quelque millier, qui n’aurait pas pu tenir sur le théâtre ; les Visitandines y ont mis S. […] Ce Saint était accoutumé à de pareilles scènes : toutes les nuits il les renouvelait et se mettait tout en sang. » J’avoue que quelque mauvaise humeur qu’on puisse avoir contre la comédie, je ne voudrais pas interdire cette espèce de pièce, et je ne crains pas que les Comédiens abusent de cette permission. […] Louis, Roi de France, on avait mis au nombre de ses vertus d’avoir chassé les Comédiens de son royaume, dans celle de S. Vincent on mît au nombre de ses défauts de les avoir souffert sur son terrain. […] Les Séminaristes acteurs ne pouvaient pas quitter la soutane, se contentaient de la retrousser, et de mettre un habit modeste par-dessus.
Il est vrai que vous avez changé le lieu de la scene ; que vous ne la mettez plus, comme autre-fois, dans une Place publique, ou dans le vestibule d’un Palais : vous avez trouvé plus commode de renfermer vos mysteres dans l’obscurité d’une chambre ou d’un cabinet. […] En conséquence, vous avez mis en usage toutes les ressources de votre génie, pour leur retracer les momens de leur vie les plus délicieux. […] Car enfin, depuis qu’on a mis les Poëtes à la tête des gens de Lettres, & les Auteurs dramatiques à la tête des Poëtes, qu’en est-il résulté ? […] Un homme ferme & courageux sait se mettre au-dessus de ces petites considérations personnelles ; & content du témoignage de sa conscience, il tend au bien, sans regarder autour de lui. […] Longin, dans son Traité du Sublime, exhorte les Ecrivains, qui tendent au grand, à se mettre au-dessus des idées de leur siecle, & à se représenter le jugement que la postérité la plus éloignée portera de leurs Ecrits.
L'homme sage, fidèle observateur de ces règles, ne parle, n'agir qu'à propos, ne fait rien d'inutile ; ses paroles sont toutes mises dans la balance, celles de l'insensé ne sont d'aucun poids : « Verba Sapientis statera ponderabuntur. » N'insistons plus sur des vérités que personne ne révoque en doute, quoique peu de gens les mettent en pratique. […] Tel ce fameux Eole qui régnait sur les vents avec un sceptre, comme un maître d'orchestre avec son rouleau met en mouvement, arrête ou modère ces peuples légers : « Celsa sedet Æolus arce, sceptra tenens. […] Mais ceux-ci sont à plaindre, les autres méritent son indignation, parce qu'ils font librement profession de folie, et que leur folie pernicieuse corrompt les mœurs : deux raisons qui mettront toujours les folies du théâtre au-dessus de toutes les autres folies. […] Dans sa folie affectée David se tire comme il peut du mauvais pas où il s'était mis.