Tous les jours, & par-tout on voit des convois dans les rues, des funérailles dans les Eglises, des chants lugubres, des drapeaux mortuaires, des ossements, des têtes de morts, & de morts véritables dans la bierre, des tombeaux ouverts ; en un mot, les mêmes objets qui devroient encore plus nous frapper, puisqu’ils nous intéressent bien plus que les représentations ; mais on y est accoutumé.
Dans l’Opéra ce Dieu sera le violon ; Du chant, des instrumens, il unira le son Aux charmes d’une voix sonore, En y joignant l’illusion Que met la décoration A la danse de Terpsicore.
Pour bien exécuter ce nouveau chant, on a construit un buffet d’orgues avec tous les tuyaux acoustiques ; à chacun des tuyaux on a adapté une phiole d’une liqueur spiritueuse dont le goût est gradué selon les proportions harmoniques ; chaque phiole a son orifice & une soupape qui s’ouvre ou se ferme selon qu’on lève ou qu’on baisse les touches du clavecin qui y répondent à la place des vents que donnent les soufflets de l’orgue ; la phiole laisse couler de sa liqueur, toutes ces liqueurs se rendent par un conducteur commun à un tuyau où celui qui veut savourer cette harmonie, doit mettre sa bouche pour recevoir les liqueurs à mesure qu’elles découlent ; quand ces liqueurs sont consonnantes, il s’en forme une de leur mélange qui a un goût admirable : ce goût, au contraire, est détestable si elles sont discordantes ; ainsi une main savante flatte agréablement le palais, une ignorante l’empoisonne, comme l’une flatte, l’autre écorche les oreilles.
Le Roi se trouve à ceux de son Collége : il apprendra à ces enfans à admirer les graces de leur déclamation, la justesse de leur chant, la précision de leurs gestes, fruits précieux de l’éducation qu’on leur donne, & qui prépare d’habiles Généraux, Maréchaux, Chanceliers de la Couronne, qui en rétabliront la gloire un peu flétrie.
On prendra un soin particulier de ceux & de celles qui auront des dispositions pour le chant, & l’on s’appliquera à former leur voix : ils seront separés des autres ; & ces Elèves seront destinés pour l’Opéra.
L’on quitte sa Paroisse ; l’on méprise les instructions de son Pasteur ; les prières publiques sont négligées, le chant des Psaumes ne se fait plus que du bout des lèvres.
Prault, 1726, Chant premier, p. 2.)
« Ne nominetur in vobis. » Jésus-Christ assure qu’on rendra compte au jugement d’une parole inutile ; pense-t-il qu’il fera grâce aux vers, aux scènes, aux gestes, aux danses, chants, etc., très inutiles pour le moins, et certainement pis qu’inutiles ?
Si l’on demandait grâce pour le compositeur des pièces ou du chant, on serait plus excusable, la poésie et la musique sont des arts libéraux, et sont des productions de l’esprit et du goût.
Non, ces bords désormais ne seront plus profanes, Ils contiennent ta cendre ; et ce triste tombeau, Honoré par mes chants, consacré par tes manes, Est pour nous un temple nouveau.
Chants, danses, masques, discours, tableaux, intrigues, romans, parures,licence, assemblage de sexe, compagnies, passions, etc. tout s'y trouve à la fois, relève et assaisonne l'un par l'autre ; choix, délicatesse, raffinement, variété, multitude, assortiment, gradation, continuité, magnificence, éclat, profusion, tout y est porté à la perfection par l'esprit, l'étude, les talents, l'exercice, l'adresse.
Ce spectacle est encore dans son enfance : il n’a fait aucun progrès depuis son institution, Quinault & Lulli n’ont point de successeurs, il a même perdu beaucoup en tout, poësie, musique, danse, chant, déclamation, machines, tout y est foible, par un motif assez bas, mais dominant dans toutes les troupes ; c’est que le poëte, le musicien, l’acteur sont mal payés. […] Les roulades du rossignol, des ruisseaux, de la foudre sont des pantomimes de chant.
Et ces oreilles, auxquelles retentit encore l’accord enchanteur d’une symphonie molle & séduisante, comment écouteront-elles le chant modeste des Pseaumes ?
Tout le théatre n’est lui même qu’une espece de fard, non seulement parce que acteurs, actrices, danseuses, figurantes, & tout ce qui y paroit, est réellement fardé, & même un grand nombre des spectateurs & des spectatrices, jusqu’aux personnages des peintures & des tapisseries ; mais parce que tout l’appareil de la scéne & tout l’art Dramatique n’est que du fard ; geste, déclamation, chant, danse, habit, décoration, tout cela ne fait que farder quelques pensées communes, qu’il fait valoir, & qui dépouillées de tout cet extérieur imposant se réduisent à rien.
Idolâtre amans de charognes pompeuses, Qu’enchantent par leur chant, ces Syrenes trompeuses, Dites l’adieu dernier à ces belles poupées, Si bien pour votre mal ou malheur équipées, Dont les masques gluans, & distillés appas, Nous font voir justement ce qu’elles ne sont pas.
Les grandes Messes sont longues, & on y chante ; ce chant interrompt les tendres propos des amans admis à la toilette : mais on ferme les fenêtres.
ni dans la vue des Actrices, ni dans la douceur de leur chant, ni dans les attitudes de leurs danses, ni dans la liberté de leurs discours, ni dans la lubricité de leurs gestes, ni dans la tendresse de leurs sentimens, ne cherchez-vous, ne trouvez-vous rien qui flatte la sensualité ?
Bazile fait leur portrait d’après nature (Serm. du Luxe) : Des femmes lascives, qui ont perdu la crainte de Dieu & secoué le joug de Jesus-Christ, ne faisant aucun cas des feux de l’enfer, méprisant Dieu & les Anges ; elles ôtent avec impudicité de dessus leur tête le voile sacré de la modestie, regardant les hommes avec impudence, couvertes d’habits somptueux, leurs cheveux étalés, l’air dissolu, le ris lascif, leurs pieds dans l’agitation folle de la danse, provoquant l’incontinence, corrompant la jeunesse, souillant l’air par des chants efféminés, la terre par des danses luxurieuses, toujours environnée de libertins, &c.
Les Opéra se passent presque tous en fêtes & divertissemens, & dans le petit nombre de tragédies qu’ils donnent, le chant, la danse, les décorations éteignent tous les sentimens tragiques.
Ambroise, dans son Epître à Irenée, s’égaie à faire avec son éloquence & son amenité ordinaire une infinité de peintures riantes de la force du lion, de la douceur de l’agneau, du chant du coq, de la queue du paon, des aîles du papillon.
T oute cette affluence de Vainqueurs & de Vaincus, alloient en cet ordre, & passoient de la Porte Triomphale par *le Marché couvert, & le long de la Voye sacrée jusqu’au Capitole : Là, on immoloit les Victimes destinées, & par mille Sacrifices & mille chants & ceremonies de ioye, on rendoit graces à Iupiter des succez qu’il avoit accordez au Vainqueur.