Si elle eût été actrice, elle eût excelé dans son art ; & si une de ces actrices déliées, qui savent si bien se contrefaire, eût été sur le trone à sa place, elle y eût fait tout ce qu’y fit Elizabeth. […] Après la harangue, elle voulut absolument savoir ce qu’avoit dit ce jeune homme. […] Les plus grands exploits doivent l’immortaliser, & il n’a su en faire d’autre que de bien danser dans un bal. […] Elle lui en sut mauvais gré, & le rappela. […] Henri sut tout vaincre, & se faire aimer de tous, & établir sa maison sur le trône François, où elle regne depuis deux siécles.
Cet homme, dans une pièce de musique d’église pour le temple de Dresde, avoit sait un chœur sur ces paroles de l’Evangile. […] Toutes les langues de l’Europe dérivant du latin, l’italien, le françois, l’espagnol, en ont tiré leur Scène Je ne sai quelle fortune il a fait chez les bas-bretons & les basques. […] Je savois aussi peu qu’il fût vieux de plus de deux mille ans, qu’il n’eût fait que changer de face, de rang & de nom. […] L’érudition de Lafontaine est fort mince : il étoit instruit comme les poëtes de son temps, où l’on se piquoit de savoir quelque chose. […] On peut se passer de rien savoir, l’étude appesantit, éteint le feu naturel, émousse l’esprit, rend timide, desseche l’imagination, obstrue les veines de la poësie.
On ne saurait refuser d’ajouter foi aux discours de ce Poète chansonnier.
Les Eglises sont désertes un jour de spectacle : Et si un Chrétien y vient sans savoir qu'on en donne quelqu’un, dès qu'il en est averti par les acclamations des Spectateurs, ou par le son des instruments, il abandonne l'Eglise, et l'Autel, pour aller au Théâtre prostituer ses yeux à des objets impudiques. » « Nos Ecclesiis ludicra anteponimus, nos altaria spernimus, et Theatra honoramus.
C’était peut-être une des raisons du silence des Apôtres, qui accoutumés à la simplicité de leurs pères et de leur pays, n’étaient point sollicités à reprendre en termes exprès dans leurs écrits, des pratiques qu’ils ne connaissaient pas dans leur nation : il leur suffisait d’établir les principes qui en donnaient du dégoût : les chrétiens savaient assez que leur religion était fondée sur la Judaïque, et qu’on ne souffrait point dans l’Eglise les plaisirs qui étaient bannis de la Synagogue : quoi qu’il en soit, c’est un grand exemple pour les chrétiens, que celui qu’on voit dans les Juifs ; et c’est une honte au peuple spirituel, de flatter les sens par des joies que le peuple charnel ne connaissait pas.
Quand les Pères reprennent les vices de leur temps, ils n’ont pas coutume de dire : C’est un péché mortel, c’est un péché véniel, parce que ce doit être assez à un chrétien de savoir qu’une action déplaît à Dieu pour s’en abstenir et l’avoir en horreur ; et il y a quantité de péchés qui ne semblent que véniels, et qui sont néanmoins des pentes et des degrés par lesquels les hommes descendent en enfer, ou à cause des circonstances qui les enveniment, ou parce qu’ils conduisent à d’autres plus grands péchés, ou qu’ils nous privent des secours et des grâces actuelles de Dieu, qui nous seraient très salutaires pour nous conserver en bon état, et ne pas succomber aux secousses des tentations qui nous sont quelquefois livrées.
Ces hommes sages savent trop se respecter eux-mêmes et respecter leur état. […] Tout le monde sait que les jeux de hasard, la danse, la chasse, la fréquentation des femmes, etc., sont défendus aux Ecclésiastiques. […] Je ne sache aucun endroit où il faille le leur interdire : plus réguliers en ce point que les Chrétiens, ils n’y vont point du tout.
Après que les deux fetus surent tirez, les Apôtres regardérent qui avoit le signe, & s’écriérent tous ensemble, C’est Mathias : Sur quoi Saint Pierre s’exprima ainsi Loue soit dieu, Ca Mathias, entre nous autres Faictes nombre des douze Apostres. […] Le Savoir à la fin dissipant l’Ignorance Fit voir de ce projet la dévote imprudence.
Mais comme vous pourriez vous retrancher, en me disant deux choses, & que ces pieces ne se joüent pas tous les jours, pour soüiller toûjours le theatre, & que toutes les personnes qui ont plus de Christianisme, ont coûtume de s’en abstenir ; je vous l’accorde, quoy que cela se pourroit assez disputer : Laissons donc ce theatre infame & libertin, pour vous mettre hors de combat : Mais revenons aussi à ce theatre, dont j’ay tantôt parlé, qui ne respire que l’air de l’amour, qui en enseigne si delicatement tous les leçons, & que vous voudriez bien justifier, disant que des bouffonneries impies ne s’y voyent point ; or sachez, que celuy-cy n’est gueres moins dangereux que l’autre. […] Vous le savez.
» Or il faut convenir, qu’on ne peut aller à la Comédie sans exposer son cœur au péril de la tentation, au lieu de le conserver avec soin ; on y regarde avec une entière liberté, des femme qui font tous leurs efforts pour plaire ; et presque toutes réussissent, car on sait leur conduite. […] Cet Abrégé des Conciles, des Synodes et des Rituels, doit convaincre que l’Eglise a toujours condamné et condamne encore à présent les Comédies de ce siècle, comme celles des siècles passés ; qu’elle des regarde comme de très grands désordres, puisqu’elle emploie contre les Comédiens, les peines les plus rigoureuses, savoir, l’excommunication, la privation de l’usage des Sacrements, même à la mort, et ensuite de la sépulture Ecclésiastique : en quoi elle renouvelle la plus grande sévérité des premiers siècles, puisqu’elle met les Comédiens au rang des blasphémateurs, des concubinaires et des usuriers publics.
Tout le monde sait ce que c’est que Médée ; cependant un Poète croit bien employer son esprit en lui faisant dire : « Et mon cœur était fait pour aimer la vertu. » En bonne foi, n’est-ce pas réellement blasphémer contre la vertu ? […] C’était un grand Peintre ; mais comme il ne visait qu’à faire sa réputation et sa fortune à force de plaire aux spectateurs, et comme il ne se souciait point du tout du but de la politique qui est d’inspirer aux citoyens par des traits de ridicule le mépris et l’indignation que méritent les vices et les défauts, il négligeait fort l’utilité publique pour ne songer qu’à son utilité particulière, aussi nous ne voyons pas que nos mœurs soient devenues beaucoup meilleures dans le fond depuis la représentation de ses comédies, je ne sais même si à tout peser on ne trouverait pas le contraire.
On verra dans le cours de cet Ouvrage que l’envie des succès d’autrui n’est pas l’éguillon qui m’a guidé : si ma fortune était moins bornée, la preuve serait aisé à donner : mon bien serait celui des enfans des arts ; au surplus, j’ai pour garands ceux qui me connaissent : souvent avili par des gens méprisables, c’est l’ordinaire, en état de leur faire payer cher leurs infâmes menées, j’en ai dédaigné les moyens, on le sait… un mot m’eut mis à même d’en avoir satisfaction, Mais me venger est au-dessous de moi.
« ce que c’est en l’homme qu’un certain fond de joie sensuelle, & on ne sait quelle disposition inquiéte & vague aux plaisirs des sens, qui ne tend à rien, & qui tend à tout.
Ce Symbole nous représente peut-être encore, que votre Héros sait le secret d’aller au Bal et à la Comédie sans en être moins vigilant sur son Troupeau : secret ignoré jusques à cette heure par tous les Saints Evêques.
Je ne sais pas même au vrai s'ils récitaient, s'ils chantaient, ou s'ils dansaient, ni si ces choses entraient séparément ou conjointement en tout ou en partie en leurs représentations.
en son art déshonnête, et vilaine manière de vivre, et comme maître et conducteur d’enfants, non pour les enseigner, et instruire quelque chose de bon, mais pour les perdre et gâter, montre aussi les autres, ce qu’il a autrefois appris à sa ruine et damnation, à savoir si un tel personnage doit vivre et communiquer avec vous.
Je ne sai si elle l’avoit entendu dire, ou si elle l’imagina : elle en étoit très-capable. […] J’ai su , disoit-il, avec une bouteille d’encre (avec un pot de rouge) me créer deux mille écus de rente (la Clairon, la Dangeville en ont bien davantage), dont les fonds sont assignés sur les sottises d’autrui (sur la débauche). […] Dans la vérité, les meilleurs poëtes écrivent mal ; Moliere n’a qu’une conversation bourgeoise, souvent de harangere ; Quinault ne donne que des fadeurs de galanterie : ou le loue de ce qu’il sait choisir des mots mélodieux propres a la musique qu’il répete à tout moment ; Crébillon est dur, enflé, sombre, hideux, à quelques vers près, saillans & sublimes, Corneille n’a que du verbiage ; demandez-le aux commentateurs ; Racine & Voltaire sont les deux qui soutiennent mieux l’élégance, la décence, la correction du style : je ne parle pas de la religion ni de la vertu. […] Nos acteurs, nos actrices, la plupart des amateurs, malgré leur élégante frisure, n’en savent gueres davantage. […] Arétin adopta & fit imprimer toutes ces folies : il y a même lieu de croire qu’il retoucha & composa en partie les lettres & les écrits qu’il se fait adresser sous divers noms où elles sont renfermées ; car on ne sait la plupart des traits de sa vie que par les lettres dont il a donné un recueil immense en six volumes, qui ne sont qu’un égoïsme perpétuel.
Car enfin, Mes Pères, est-il possible que vous n’ayez pas vu le tort que vous faites à la jeunesse à qui vous devez une éducation Chrétienne, en leur inspirant de si bonne heure et dans un âge qui est susceptible de tout, la passion pour la danse qu’on ne peut douter, pour peu que l’on sache ce qui se passe dans le monde, qui ne leur puisse être un jour une grande occasion de commettre beaucoup de péchés.
Et puisque la vertu cherche le jour, et désire d’être vue ; serions-nous méprisables d’étaler notre marchandise devant ceux qui n’en sauraient tirer que tout honneur et profit, et nous la louange de les servir, et nous évertuer de rappeler l’antiquité, imitant les plus capables d’entre les Grecs et les Romains ; comme un Euripide, un Néviusd, et dix mille autres qui charmaient les oreilles des spectateurs, par la naïve représentation de leurs comédies, trop plus agréables que les grands jeux Olympiques et Romains, où les plus ignorants pouvaient mériter le prix d’une insigne victoire.
Salvien n’ose seulement en parler, parce que, dit-il, les choses qui s’y font sont, telles qu’on ne saurait les dire ni même s’en souvenir, sans se souiller, et la langue, et le cœur.