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322. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Le gain que les Comédiens se proposent dans la représentation de leurs Pièces, est encore une mauvaise fin ; car quoi que ce soit peut être par une malheureuse nécessité, et pour ne pas mourir de faim, qu’ils persistent dans ce métier infâme, ils n’ont pas dû néanmoins s’y engager, et il leur était libre de choisir quelque autre profession honnête, où ils auraient trouvé de quoi subsister, comme tant d’autres en trouvent. […] Comme il n’y a rien qui excite si puissamment au bien que les exemples et les histoires des Saints ; aussi n’y a-t-il rien qui porte davantage aux vices que les aventures des personnes mondaines, et la représentation de leurs passions ; surtout quand elles sont exprimées agréablement et d’une manière qui touche les sens.

323. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Thésée, dans le premier moment, dévoue son fils à la vengeance des Dieux et ce fils en devient la victime » ; il est certain que sur une pareille exposition tout homme tant soit peu raisonnable et vertueux frémira d’horreur et regardera Phèdre comme un monstre abominable : mais il changera d’avis après la représentation, parce qu’il verra dans Phèdre une femme malheureuse par sa passion, et chez qui la Vertu est presque aussi puissante que le Vice : elle est justifiée de la persécution qu’elle a fait essuyer à Hippolyte par ces vers où respire la Vertu : « Toi-même en ton esprit rappelle le passé. […] Un des motifs qui fait que les Comédiens jouent rarement cette pièce c’est qu’ils savent que la plupart des Spectateurs sont révoltés si fort de l’horrible cruauté d’Atrée, qu’ils ne peuvent que rarement soutenir une seconde représentation de cette pièce.

324. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

[NDE] Nicole ne dit pas autre chose : « Il est si vrai que la Comédie est presque toujours une représentation de passions vicieuses que la plupart des vertus chrétiennes sont incapables de paraître sur le Théâtre. Le silence, la patience, la modération, la sagesse, la pauvreté, la pénitence ne sont pas des vertus dont la représentation puisse divertir des spectateurs, et surtout on n’y entend jamais parler de l’humilité ni de la souffrance des injures.

325. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Il fut pris au mot, soutint la gageure, fit la piece, & elle eut le plus grand succès ; encouragé par cet essai, il y prit goût, & en a fait depuis beaucoup d’autres ; en effet, que sont dans le fond toutes les comédies, reduites à leur juste valeur, & dépouillées du prestige de la représentation, du clinquant de la décoration & des habits, des graces des actrices, de la musique, de la danse ? […] Qu’on compte s’il est possible, la multitude d’acteurs, d’auteurs, de pieces qui ont paru depuis un siécle, ou verra si ce métier est fort difficile, les enfants mêmes font quelquefois entr’eux de petites représentations très comiques, & communément copient très-bien, & très-plaisamment leurs maîtres & leurs condisciples, connoissent leurs défauts, & se disent leurs vérités. […] Tant de prix académiques de tant d’especes : Science, Eloquence, Poésie, Musique, Peinture, Sculpture, Chirurgie, Agriculture, Dessein, & notamment prix Dramatique, établi depuis quelques années, & accordé pour la premiere fois, au sieur du Beloy ; bourgeois de Calais ; & ces innombrables académies ou écoles, pour toutes sortes d’objets, ont bien pu faire naître dans une Cour toute Française, l’idée d’une école dramatique, pour la représentation ; on y joindra bien tôt aussi l’académie de musique, de la danse, de poésie, on en fera une Université théatrâle, avec les quatre facultés, les assemblées de ce corps gravissime de l’amplissime Recteur, des savantissimes Professeurs, des illustrissimes Docteurs, de ces méritissimes Licenciés, Bacheliers, comédiens, formeront une jolie scéne, qu’ouvrira un bedeau avec sa masse ; on n’y oubliera pas les écolieres & les régentes des actrices, qui ne sont pas moins nécessaires que les acteurs, soit qu’on les incorpore dans les classes & les corps des acteurs ; soit qu’on en fasse une université fémelle, séparée avec ses facultés, ses suppots, ses appartenances, ce qui seroit plus décent, mais qui exerceroient moins les uns & les autres, que s’ils prenoient leurs leçons & faisoient ensemble leurs exercices académiques.

326. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Il parut du moins sur cette Comédie en 1667. une Lettre apologétique in-12, dont l’Auteur qui dit avoir assisté à la premiére représentation, & qui en rend un compte exact à un ami, ne donne par tout à l’Hypocrite que ce nom de Panulphe.

327. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

» Nous sommes persuadés que Lyon, Marseille, Bordeaux, Rouen, fourniroient dès-à-prèsent des Parterres très-éclairés, & peut-être des Acteurs très-capables de donner aux premieres Représentations l’éclat qui peut en faire sortir les beautés.

328. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Siécle de Louis XV. Chap. 2. » pp. 161-170

Si Madame de Maintenon qui avoit contribué à l’en éloigner, avoit voulu l’y ramener, elle eût combattu ses propres principes, & détruit ses exhortations : elle imagina d’avoir un théatre chez elle, où le choix des piéces, ma décence des représentations, la pieté des acteurs & des actrices, écartant les dangers des spectacles publics, pussent calmer les allarmes que donne la vertu.

329. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

L’on a tant couru au Théâtre Italien qui s’enrichissait de jour en jour, des pertes que notre nation faisait en l’honnêteté des mœurs : Et l’on voulait que la raison de cet empressement, fût le plaisir d’y voir deux Comédies pour une, et deux sortes d’Acteurs et d’Actrices pour une seule action ; les véritables dans les loges, et les imaginaires sur le Théâtre ; la Comédie en son réel, et la Comédie en sa représentation.

330. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

L’Hôtel de Bourgogne a pourtant servi à telles représentations d’Histoires Sacrées ?

331. (1802) Sur les spectacles « FUITE DES MUSES ET DU BON GOUT : Peut-on compter sur leur retour ? » pp. 3-11

Là on voit des pièces moins soignées, rapidement écrites, et dont les auteurs ont obtenu la représentation lucrative, sans avoir attendu des années… Alors mes jeunes gens perdent le sentiment du beau, du parfait.

332. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Peut-être même qu’en recherchant la mécanique de celles de nos piéces, qui ont fait le plus de bruit, on trouvera que c’est en elle un fond de libertinage, qui produit dans la représentation, je ne sais quelle espéce d’illusion & d’ensorcellement. » La Comédie & la Tragédie, dit encore Mr. […] auroient-ils dit, les Papes défendent la Comédie, ils excommunient les Acteurs & Actrices, tandis qu’ils ont nos semblables auprès d’eux, & qu’ils assistent eux-mêmes à leurs représentations ! […] Antonin a satisfait à cette demande, il décide formellement à l’endroit cité pag. 9 … qu’on doit abandonner les Comédiens, & fuir leurs représentations, quoiqu’elles soient quelques fois honnêtes. […] Evrémont, paroit toujours à la plupart des spectateurs, perdre de son agrément dans la représentation des choses Saintes, & les Saintes perdent du respect qu’on leur doit, quand on les représente sur le Théatre. » Dans ses œuvres tom. 3. […] « Un Chrétien ne peut se dissimuler, que la représentation d’Athalie & de Polieucte, est viciée sur les Théatres actuels. » C’est un partisan du Théatre, qui s’exprime ainsi, en 1770.

333. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

de Montchal, que le Cardinal de Richelieu fit exécuter à la Cour & dans son Palais plusieurs représentations de Drames & de Ballets. […] Tragédie dans son Hérodes ; mais il assure que la représentation en auroit été trés ennuyeuse sur le Théatre public. […] La représentation. […] Qu’on joigne à cela les enchantemens & l’ensemble du Spectacle ; on conviendra de la différence d’une lecture tranquille, à la représentation animée d’une Piece. […] La passion pour les représentations Dramatiques, n’est-elle pas portée jusqu’au point qu’une salle de Théatre est presque devenue comme un besoin, au moins à la campagne ?

334. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

Ramire distingue dans la Comédie son essence, & ses accidens : dans son essence, rien d’absolument vicieux ; tout peut y être conforme aux régles de la plus exacte honnêteté, & il n’est pas impossible que la composition & la représentation d’une Comédie, n’ayent rien qui blesse la pudeur Chrétienne & la morale Evangélique.

335. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre VI. De ce qu’un Poète dramatique doit sçavoir pour être en état de travailler dans le nouveau genre. » pp. 142-158

Les prémiers n’attirent que peu de monde à la représentation de leurs Drames, tandis que les derniers sont accourir chaque jour toute la France à leurs plus frivoles productions.

336. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

Personne ne fut admis : & dès que j’eus quitté mes habits de Représentation, nous nous échapames : un carosse de place, dans lequel Agathe m’attendait, nous remit chez Mle *** ; d’où je me rendis chez moi sur-le-champ.

337. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Ce serait traiter les Dames à peu près de la même manière que ceux qui reçoivent leur argent, pour les insulter à la face d’une nombreuse Assemblée : ce serait s’imaginer qu’elles se repaissent d’idées criminelles, qu’elles sont accoutumées au langage des mauvais lieux, et qu’elles aiment à voir des représentations abominables. […] La représentation des mœurs est alors plus naturelle. 2°.  […] Car voilà leur objet principal : la finesse de l’intrigue, et la naïveté de la représentation se terminent là pour l’ordinaire.

338. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

La scène n’est que le vice en représentation, le vice n’est que la scène mise en pratique. […] Ici c’est un crime : la représentation du crime enseigne à le commettre, l’amusement le fait goûter, la société y entraîne.

339. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

Si nous accordions à nos femmes en Perse la liberté d’assister à de pareilles représentations, de quoi nous serviroient nos veroux & nos serrures ? […] Cet homme fut si flatté par bêtise, de cet honneur prétendu, ou par sagesse affecta si bien de l’être, qu’il alla à la représentation, y applaudit hautement, & la fit valoir comme excellente, quoique la plûpart des aventures qui en font les scènes lui fussent arrivées.

340. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre V. Infamie civile des Comédiens. » pp. 101-125

« Il est difficile, dit Rousseau, que celle qui s’est mise à prix en représentation ne s’y mette bientôt en personne » (et n’est-ce pas le plus souvent pour s’y mettre en personne qu’elle s’y met en représentation ?).

341. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

si le peuple, attaché aux grands intérêts de sa religion, arrêtait en France le cours de ces éternelles et coupables déclamations dont retentissent si indécemment nos théâtres, qui pourrait aujourd’hui se promettre de voir une représentation entière de nos drames philosophiques ? […] Que lui manquera-t-il après la représentation de la comédie du Père de Famille ad, s’il peut rencontrer une Sophie qui ait intérêt à écouter ses vœux ou à partager sa tendresse ? […] Nous, ne sachant point nous arrêter dans nos jouissances, nous en altérons le sentiment, en épuisant jusqu’au plaisir même, et j’ai vu plus d’une fois en province doubler les représentations. […] Disséminés dans toutes les parties de la France, et même dans les cours étrangères, ceux qui ont un vrai talent ne sont qu’imparfaitement secondés, et la scène, aux grands théâtres, n’offre souvent qu’une triste langueur qui fatigue et rebute le spectateur ennuyé, qui quelquefois peut à peine supporter une représentation de nos chef-d’œuvres. […] Il n’est rien de supportable au-delà des justes bornes assignées par la nature ; et c’est un usage aussi abusif que contraire à nos véritables jouissances, que celui qui, de nos jours, s’est introduit, d’épuiser et de fatiguer notre attention par la représentation de tant de pièces réunies, et qui, pour les sujets attachés à nos théâtres, doit nécessairement faire de la culture d’un art de pur agrément, un vrai métier de forçat.

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