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175. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Que peut-il y avoir de dèshonorant à venir réciter en public les Ouvrages des Hommes de génie ? […] Le public gagnera dans leur petite guerre intestine, parce qu’ils s’appliqueront à se surpasser les uns les autres. […] Le Public, les Gens de Lettres, & les Acteurs mêmes y gagneraient. […] Le Public est privé du plaisir de voir sur la scène deux le Kain, deux Préville ; de retrouver une seconde Duménil ; il ne regretterait pas aussi vivement la célebre Clairon.

176. (1731) Discours sur la comédie « TABLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE VOLUME. »

Ils font ôter les Images des Comédiens mises dans les Places publiques, 110. […] Seulement tolérés par l’Eglise comme les Pécheurs publics, 276. […] Il ne parut pas nu sur un Théâtre public, 82 Henri II. […] Met de la différence entre les Comédiens publics et ceux qui jouent dans les maisons particulières, 207 Nerva favorise les Comédiens, 61 Nicolas I. comment il veut qu’on célèbre les Fêtes, 177 Noailles (Louis-Antoine de) Cardinal, son zèle pour abolir les Spectacles, 250 O Ovide, convient que les Spectacles sont pernicieux, 137. 138 P Palilia Fêtes de Rome, pourquoi omises, 119 Pantomimes, ce que c’étaient, 40. pourquoi appelés Thyméliques, 109 Parlement de Paris, Arrêt singulier contre quelques Comédiens, 216. 217.

177. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

A quoi donc aboutit la morale d’une pareille pièce, si ce n’est à encourager des Catilina, et à donner aux méchants habiles le prix de l’estime publique due aux gens de bien ? […] « Quant à Mahomet, le défaut d’attacher l’admiration publique au coupable, y serait d’autant plus grand que celui-ci a bien un autre coloris, si l’auteur n’avait eu soin de porter sur un autre personnage un intérêt de respect et de vénération, capable d’effacer ou de balancer au moins la terreur et l’étonnement que Mahomet inspire. […] et le public n’applaudit-il pas à tous les tours qu’il fait à l’autre ? […] Ayant à plaire au public, il a consulté le goût le plus général de ceux qui le composent ; sur ce goût il s’est formé un modèle, et sur ce modèle un tableau des défauts contraires, dans lesquels il a pris ces caractères comiques, et dont il a distribué les divers traits dans ses pièces. […] Ainsi, voulant exposer à la risée publique tous les défauts opposés aux qualités de l’homme aimable, de l’homme de société, après avoir joué tant d’autres ridicules, il lui restait à jouer celui que le monde pardonne le moins, le ridicule de la vertu : et c’est ce qu’il a fait dans son Misanthrope.

178. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

[I] Acteur, Comédien : personne qui fait profession de représenter des Pièces de Théâtre, composées pour l’instruction & l’amusement du Public. […] Mais il faut avouer que ces flétrissures & ces peines, effets de la barbarie des siècles d’ignorance, ont moins été prononcées contre des Comédiens proprement dits, que contre des Histrions ou Farceurs publics, qui mêlaient dans leurs Jeux toutes sortes d’obscénités : aujourd’hui que le Théâtre est épuré d’une manière digne de la Raison & de la Philosophie, il serait injuste de concevoir une opinion aussi desavantageuse de nos Comédiens.

179. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « I. » pp. 6-8

Siècle intitulé Diurnus Romanorum Pontificum, qui a été donné au public, il y a quelques années, par votre P. […] Ceux que nous proposons ici pour modèle, parlaient dans des actes publics qui étaient vus de tout le monde, et ils ne faisaient point de difficulté d’y témoigner que ce qui causait leur joie dans2 l’Election de leur Pasteur était qu’il avait autant de mérite que celui qui venait de leur être enlevé, et qu’ils espéraient de retrouver dans le Successeur le même avantage qu’ils venaient de perdre avec le défunt, « Ut quidquid boni in illo amisimus, in hoc nos invenire indubitabiliter confidamus.

180. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVIII. Doctrine de l’écriture et de l’église sur le jeûne. » pp. 98-101

Il ne faut pas s’étonner que durant ce temps on défende spécialement les spectacles : quand ils seraient innocents, on voit bien que cette marque de la joie publique ne conviendrait pas avec le deuil solennel de toute l’église : loin de permettre les plaisirs et les réjouissances profanes, elle s’abstenait des saintes réjouissances, et il était défendu Ibid. can. 51. […] d’y célébrer les nativités des saints, parce qu’on ne pouvait les célébrer qu’avec une démonstration de la joie publique.

181. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « PRÉFACE. » pp. 3-6

Monseigneur l’Archevêque de Paris ayant ensuite été informé du scandale que causait cette Lettre, obligea à un desaveu public et solemnel le P. […] Mais comme les raisons contenues dans la Lettre, dont il s’agit ici, quoique frivoles et peu solides, sont néanmoins assez plausibles ; et que le nom fastueux de Théologien Illustre, non moins par sa qualité, que par son mérite, est capable d’imposer aux esprits faibles, et peu éclairés ; des personnes qui tiennent un rang assez considérable dans l’Eglise, ont jugé à propos de le donner au Public.

182. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « PRIVILEGE DU ROI. » pp. -

Nous a fait exposer qu’il désirerait faire imprimer et donner au Public un Ouvrage qui a pour titre, Essai sur la Comédie moderne, où l’on réfute les nouvelles Observations de M. […] Faisons défenses à tous Imprimeurs, Libraires, et autres personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, d’en introduire d’impression étrangère dans aucun lieu de notre obéissance ; à la charge que ces Présentes seront enregistrées tout au long sur le Registre de la Communauté des Imprimeurs et Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impression dudit Ouvrage sera faite dans notre Royaume, et non ailleurs, en bon papier et beaux caractères, conformément à la feuille imprimée attachée pour modèle sous le contre-scelb des Présentes ; que l’Impétrant se conformera en tout aux Règlements de la Librairie, et notamment à celui du 10 Avril 1725 ; qu’avant de l’exposer en vente, le manuscrit qui aura servi de copie à l’impression dudit Ouvrage sera remis, dans le même état, où l’approbation y aura été donnée, ès mains de notre très cher et féal Chevalier, Chancelier de France, le sieur de Lamoignon, et qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notre dit très cher et féal Chevalier, Chancelier de France, le sieur de Lamoignon, et un dans celle de notre très cher et féal Chevalier, Garde des Sceaux de France, le sieur de Machault, Commandeur de nos Ordres ; le tout à peine de nullité des Présentes.

183. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

L’oisiveté n’avait pas encore amolli les esprits, et l’hérésie même avait horreur de ces corruptions publiques. […] Les saints Canons ont toujours défendu les réjouissances publiques aux pénitents ; et quand le serons-nous, Mes Très-chers Frères, si nous ne le sommes lorsque nous voyons la colère du Ciel répandue sur toute la terre. […] Est-ce au pied du théâtre, ou de l’autel qu’on va chercher les consolations des tristesses publiques ou particulières ?

184. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Annoncée par ce témoignage public si glorieux, la Rosiere ne manque pas de se marier avantageusement dans l’année de son triomphe. […] Tout s’éleve contre les prétentions du Seigneur : le caractere du saint fondateur, la nature de la pieuse fondation, l’intérêt public & une possession immémoriale. […] Au lieu de tâcher par une belle émulation de mériter l’estime publique, on ne songeroit qu’a lui plaire : ce ne seroit plus que des coquettes, des ames basses & rampantes, qui n’étudieroit que ses goûts. […] Si les jeunes gens vont danser dans la place publique, ce bal n’est point du tout de la cérémonie, & la Rosiere n’y paroît pas, Salenci n’est pas un théatre, la fête de la Rose n’est pas une comédie, la Rosiere & ses compagnes ne sont pas des actrices. […] La premiere représentera la Vertu publique couronnant de roses une jeune fille, avec ces mots, Virtutis honor .

185. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Amphitheatres. » pp. 44-72

Le besoin des particuliers & le desordre des affaires publiques prevalant à la conservation de l’antiquité, l’a tellement defiguré, qu’il ne paroist estre qu’une ruë. […] Car Suetone Ecrivain exact, remarque* qu’Auguste se piquoit de tous les plaisirs de la Scene, des boufons triviaux qui joüoient dans les* Places publiques, des Amphitheatres, & du Cirque. […] Car soit la despence visible dans les superbes bastimens, soit la secrete & necessaire, pour avoir, & pour nourir ce grand nombre d’animaux qu’on égorgoit à-tas dans les Amphitheatres & dans les Ieux publics, ou particuliers ; toute cette depense dis-je se conçoit mal-aisément, sans que le bon sens embarasse un peu la foy, & sans que la raison murmure, ou contre les excez veritables, ou contre les fausses exagerations des Historiens. […] E ncore qu’il n’y eust que les gens de qualité, comme Preteurs, Dictateurs, Ædiles & autres personnes de cet Ordre, qui donnassent de tels divertissements : le luxe emporta si loin la despense, que le Public ou les Empereurs furent contraints de les aider, & de leur fournir des deniers. […] Cependãt, quãd ie devrois étre blâmé d’inserer icy des choses trop suspectes, le ne puis me tenir de toucher legerement les plus illustres & les plus curieuses raretez que j’ay remarqué parmy tous ces grands hommes, qui se sont picquez d’en remplir Rome, & d’en divertir le public.

186. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  AVERTISSEMENT DE. L’ÉDITEUR. » pp. -

Tout ce qui est sorti de la plume d’un Ecrivain estimé est assuré d’être accueilli du Public. […] On s’épuise depuis si long-tems à parler de Corneille & de Racine, on débite sur cette matière tant de paradoxes outrés, on s’écarte si fort de la vérité par enthousiasme ou par esprit de contradiction, que c’est rendre un vrai service au Public, que de lui remettre sous les yeux ce qui a paru de plus sagement pensé & de mieux écrit sur les productions & sur le génie de chacun de ces deux Poëtes.

187. (1731) Discours sur la comédie « PRIVILEGE DU ROI. »

Notre bien aimée la Veuve Delaulne Libraire à Paris, Nous ayant fait remontrer qu’elle souhaiterait faire imprimer et donner au Public un Discours sur la Comédie, Histoire Critique des pratiques superstitieuses, qui ont séduit les peuples et embarrassé les savants, par le P. le Brun de l’Oratoire. […] Livres, seront remis dans le même état où les Approbations y auront été données, ès mains de notre très cher et féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur Chauvelin, et qu’il en sera ensuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, et un dans celle de notredit très cher et féal Chevalier Garde des Sceaux de France le Sieur Chauvelin ; le tout à peine de nullité des Présentes.

188. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

On la prend encore moins de ces bouffons montés sur des théatres dans la place publique, qui attirent la populace ; mais on ne pense pas que la dépravation se répand de proche en proche, comme la gangrenne : Sermo eorum ut cancer serpit. […] La licence devoit moins être imputée aux Auteurs qu’au public (nous sommes devenus des saints) dont il falloit flatter la dépravation pour l’attirer (belle excuse ! […] Dancour & ses confrères farceurs sont de gros réjouis qui se conforment aux mœurs du temps pour attirer le public. […] Il n’étoit pas question de dissolution & de scandale public ; l’eût-on soufferr, tandis qu’on ne laissoit pas impunies les fautes légères ? […] Mais le mépris public pour ce métier infame & corrompu fut toûjours chez tous les peuples.

189. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

S’il y a quelque théatre dans l’intérieur du serrail, car il n’y a certainement aucun théatre public dans l’Empire Ottoman, on n’y a pu jouer que des pieces traduites. […] Il faut bien l’être encore pour la donner au public. […] La Colonie parut trop licencieuse au public. […] l’étoit-il quand il l’a donnée au public ? […] On ne l’a pas moins donnée au public.

190. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

fait-elle voler, assassiner sur l'échafaut, en place publique, pour mettre sous les yeux le forfait qu'elle punit ? […] Il ne convient guère de nourrir le public de ces noirceurs. […] Quelle leçon pour le public, quel risque pour les âmes innocentes, de leur exposer dans tous ses jours tous les traits de la scélératesse ! […] Voici une preuve unique du goût du public pour les choses les plus odieuses. […] Il est difficile de porter plus loin le mépris pour le public et pour soi-même.

191. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

Le Public n’est jamais leur dupe : l’impression met enfin au grand jour les fautes que l’art de l’Acteur dérobait à la vue ; & l’on soutient à peine la lecture d’une Pièce qu’on ne pouvait se lasser d’entendre au Théâtre. […] S’il voulait considérer que le Public se dégoute enfin de l’Acteur qui ne l’étonne plus par la supériorité de son jeu, il ne se relâcherait jamais ; il ferait ensorte chaque jour de paraître un homme nouveau. […] Quelle obligation nous aura le Public ?

192. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Crimes publics et cachés dans la comédie. […] , de les immoler à l’incontinence publique d’une manière plus dangereuse qu’on ne ferait dans les lieux qu’on n’ose nommer ? […] L’a-t-elle tenue nuit et jour, pour ainsi parler sous ses ailes, avec tant de soin, pour la livrer au public et en faire un écueil de la jeunesse ?

193. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De la suprématie de la puissance séculière sur la puissance ecclésiastique ; des erreurs et des crimes du clergé et des anathèmes fulminés par les conciles contre les prêtres et les séculiers qui attentent à l’autorité et à la vie des souverains. » pp. 331-345

C’est sous le règne d’Henri III que le clergé et les jésuites eurent la criminelle audace de proclamer les principes subversifs de toute monarchie légalement instituée : « Qu’un prince qui maltraite ses citoyens est une bête féroce, cruelle et pernicieuse ; « Qu’il y a des cas où il est permis à tout le monde de tuer, même celui qui est prince de droit, soit par succession, soit par élection, mais qui devient tyran par sa conduite ; « Que si un prince légitime devient tyran jusqu’au point de piller les fortunes publiques et particulières, s’il méprise notre sainte religion, s’il charge ses sujets d’impôts injustes, s’il fait des lois avantageuses pour lui et peu utiles au public, la république doit s’assembler et l’inviter à se corriger : que s’il ne répare pas ses fautes, elle peut lui faire la guerre, et si les circonstances le permettent, lui porter le fer dans le sein. […] Chaque fois que les magistrats, qui sont les délégués du prince, feront sentir au clergé, qu’ils ont assez de courage, assez de science, pour exiger qu’il se réforme de lui-même, en me servant des expressions du garde des sceaux de Montholon, lorsqu’il exige la réforme des autres, le clergé deviendra moins ambitieux, se mêlera moins des affaires publiques, et remplira beaucoup mieux les devoirs du sacré ministère.

194. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Votre présence au théâtre est un sujet de scandale pour les acteurs que vous entretenez dans une profession frappée de tous les anathèmes de l’Eglise, et qui les voue à l’infamie publique ; c’est pour vous plaire que ces insensés se séparent de la communion des fidèles, qu’ils s’éloignent des sacrements et qu’ils seront peut-être à la mort privés de la sépulture ecclésiastique. […] La police extérieure souffre quelquefois de moindres maux pour en éviter de plus grands, si elle occupe pendant deux heures des gens corrompus à des divertissements mauvais pour eux-mêmes, c’est pour les empêcher de commettre ailleurs des crimes plus grands, qui compromettraient la sûreté publique. […] Laissez les hommes malfaisants et les femmes perdues chercher au théâtre un aliment proportionné à la corruption de leur cœur, la sûreté publique y gagnera peut-être ; mais vous, fuyez des plaisirs auxquels vous ne pouvez vous livrer sans danger, et qui vous rendraient moins fort pour résister aux attaques des passions.

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