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313. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Triomphe. » pp. 112-160

Vne Reine appellée Orgiagontis s’abandonna aux brutalitez d’un Officier, pour en obtenir sa liberté & celle de son mary ; mais n’ayant rompu que ses fers, & ayant apperceu que ceux de son Epoux duroient encore, & sans aucune esperance : Elle se sentit obligée de reparer la secrette honte où elle s’estoit exposée, pour épargner à son mary la publique, dont il couroit hazard, & luy porta la teste de celuy qui l’avoit abusée. […] Le Conquerant estoit obligé apres avoir receu ses presens, de faire ses liberalitez à ses Officiers & à ses Soldats.

314. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Cassandre enchanté de tant de candeur, signe et lui fait signer le contrat de mariage, et s’oblige à un dédit de vingt mille francs ; la nôce se célèbre au milieu des danses. […] quoi, obligé, après avoir quitté son emploi de neuf cens livres, de travailler à la hâte pour gagner quelque salaire, il composa des misères très-plattes quoique bizarres, l’Ane d’Or, l’Endriague, le Claperman, &c.

315. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Comment, dans une Religion qui nous oblige de rapporter à Dieu tout ce que nous faisons, de mortifier nos sens, de crucifier notre chair, d’user de ce monde comme n’en usant pas, il nous sera permis de suivre les folies du siècle, et de nous y livrer ? […] mes Frères, Jérôme a toute la peine possible à oublier, au milieu des images de la mort et de la solitude la plus profonde, les traces que les spectacles de Rome laissèrent dans son imagination ; Antoine courbé sous la haire et sous le cilice, a besoin de toute la grâce, et de tous ses efforts, pour résister à la violence des tentations qui l’assiègent ; Benoît continuellement appliqué à méditer les éternelles vérités, est obligé de se rouler dans les épines, pour ne pas consentir à de mauvais désirs, et l’on pourra sans risque, sans danger, sans scrupule, s’exposer aux périls d’un Spectacle où l’on n’aperçoit que des objets de séduction ?

316. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Des Arcis & moi, sommes obligés de vous laisser : Mesdames, nous allons prendre des soins bien doux ; ils auront pour but de vous rendre inséparables. […] Les petits arrangemens de cet Article me plaisent assez : on n’y trouve pas le style règlementaire ; mais votre sexe n’est pas obligé de le connaître comme monsieur D’Alzan. […] Ce que j’avance est si vrai, que dans leurs repas, les Romains étaient obligés d’admettre des Esclaves pour faire la dépense d’esprit, dont on charge de nos jours les Petits-Collets. […] Mais ce n’était pas encore assez : si nous descendons au temps des Empereurs, nous verrons les Comédiennes obligées à se prêter à tout ce que la débauche & la corruption ont de plus révoltant. […] Dans le même temps, les Clercs Basochiens imitèrent Aristophane, leurs Pièces, qu’ils apelaient Moralités, dégénérèrent en Satyres personnelles ; le Parlement fut obligé de les réprimer.

317. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Il s’est si bien imaginé que c’est une charité des plus chrétiennes de diffamer un homme pour l’obliger à vivre saintement, que si cette manière de corriger les hommes pouvait avoir un jour l’approbation des docteurs et qu’il fût permis de juger de la bonté d’une âme par le nombre des auteurs que sa plume aurait décriés, je réponds, de l’humeur dont je le connais, qu’on n’attendrait point après sa mort pour le canoniser.

318. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Je ne veux pas examiner si ces Jeux Scéniques étaient les mêmes qui se nommaient Floraux sous le premiers Rois, s'ils furent de nouveau donnés au peuple, ou seulement renouvellés, s'ils furent célébrés en l'honneur de Flore, qu'ils estimaient la Déesse des Fleurs, ou de cette fameuse Débauchée de même nom, qui devint si riche par sa mauvaise vie, qu'elle osa faire le Peuple Romain son héritier ; ni si l'ignorance ou la perte de tous leurs Acteurs par cette prodigieuse maladie, ou par quelque autre malheur les obligea de recourir à leurs voisins.

319. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Quels sentimens auraient eu des fidèles, les Païensm êmes, s’ils avaient vu qu’avec cette loi si pure, si sainte, si parfaite, qui condamne jusqu’à la pensée du mal, qui oblige de tendre sans cesse à la perfection, ces fidèles eussent eu besoin d’un commandement particulier, pour n’aller pas aux spectacles ?

320. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

On n’a jamais vu tant de règles pour faire de belles Tragédies, et on en fait si peu qu’on est obligé de représenter toutes les vieilles.

321. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Cette fondation du chanoine Bouteille a fait appeler dans la suite le bois L’évêque, où la procession noire allait couper ses branches, le bois de la Bouteille, et cela parce que, par une transaction faite entre l’évêque et le chapitre, pour éviter le dégât et la destruction de ce bois, l’évêque s’obligea de faire couper par un de ses gardes autant de branches qu’il y aurait de personnes à la procession, et de les leur faire distribuer à l’endroit d’une croix qui était proche du bois. […] Le garde de l’évêque, chargé de la distribution des rameaux, était obligé avant toutes choses de faire près de la croix, dont j’ai parlé, deux figures de bouteilles qu’il creusait sur la terre, remplissant les creux de sable, en mémoire et à l’imitation du chanoine Bouteille qui, comme je viens de dire, a donné son nom au bois qui fournissait les branches. […] Ceux qui prennent cet exercice sont obligés d’y retourner tous les ans, faute de quoi ils tombent malades ; et ce ne sont pas seulement des gens du peuple ou des bourgeois qui font cela, mais aussi des personnes de la plus grande qualité. » A Séville, le nombre des disciplinants va jusqu’à sept ou huit cents ; et ils l’emportent sur ceux de Madrid par la rigueur avec laquelle ils se fustigent. Cette procession est si célèbre et si solennelle que tous les ordres de l’Etat sont obligés de s’y trouver.

322. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie. » pp. 1-132

 » On n’est pas seulement obligé d’éviter le péché ; mais encore les choses qui nous y portent ordinairement, dit saint Chrysostome77, Homélie 15. au peuple d’Antioche : il en est en cela, ainsi que remarque ce Père78, comme d’un homme qui marche près du précipice, la crainte seule qu’il doit avoir d’y tomber est capable de l’y précipiter ; ainsi, dit-il, celui qui ne s’éloigne pas entièrement du péché, mais qui s’en approche facilement, doit s’attendre que la crainte dans laquelle il vit le fera tomber dedans. […] Il y a quelque sorte de pacte entre ceux qui représentent la Comédie et ceux qui y assistent, qui rend le péché des uns commun aux autres ; ceux qui donnent leur argent, sont censés engager les Comédiens à jouer, c’est pourquoi les Comédiens seraient obligés par titre de justice à rendre l’argent qu’ils auraient reçu, s’ils ne représentaient pas la Comédie, comme il est arrivé quelquefois qu’ils n’ont point joué quand ils n’ont pas eu assez grand concours de monde, et par conséquent un gain assez considérable pour se dédommager des dépenses qu’il fallait faire, et pour se récompenser de leurs peines. […]  » Il est toujours certain que la Comédie amollit et attendrit le cœur, et le rend non seulement moins fort pour résister aux impressions des plaisirs défendus; mais encore, elle éloigne l’homme Chrétien de pratiquer la pénitence qu’il est obligé de faire depuis le péché, et qui consiste dans une vie laborieuse et dure à soi-même. « Qui est-ce, dit Cassiodore91 , qui a jamais exigé la gravité des mœurs dans les Spectacles : les Caton, c’est-à-dire les sages, ne se rencontrent point dans le Cirque.  […] Ainsi comme on est obligé d’éviter le péril du péché, et particulièrement celui où on offense Dieu ordinairement, on ne peut point aller à la Comédie.

323. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

J’entends encore ce tissu ingénieux, qui forme si adroitement le nœud de la Piece, que le Spectateur cherche avec inquiétude comment le Poëte pourra le dénouer, & qui le dénoue ensuite si heureusement & d’une maniere si convenable au reste de la Tragédie, que le dénouement paroît sortir du nœud même sans que le Poëte ait été obligé de l’aller chercher bien loin, d’emprunter des secours étrangers pour sortir de l’embarras où il s’est mis, & de faire en quelque sorte une seconde Piece pour finir la premiere, comme il est arrivé à Corneille même dans les Horaces. […] Il en est de même lorsque la Lunette appelle, pour ainsi dire, la façade d’un Palais éloigné, & l’oblige à se présenter devant moi. […] c’est parce que leur raison n’étant encore ni assez développée, ni assez parfaite pour mettre en ordre leurs idées afin de produire quelque chose d’eux-mêmes, & de faire de nouvelles découvertes, ils sont obligés de s’arrêter à ce qu’ils ont vû faire aux autres.

324. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Et le public, pour savoir s’il s’amuse ou s’il est ému, sera-t-il obligé de demander comme ce jeune étranger à son Mentor : mon Gouverneur, ai-je bien du plaisir ? […] Mahomet, pour engager les Musulmans à vivre chacun chez soi, fut obligé de leur donner un sérail, et de leur en confier la garde. […] Vous voyez que Lycurgue lui-même, pour fermer au luxe l’entrée de sa république, fut obligé d’en écarter tous les moyens de s’enrichir. […] Lycurgue, pour rendre toutes les affections communes, a été obligé de rendre tous les biens communs jusqu’aux enfants, et de former son nœud politique des débris de tous les nœuds domestiques et personnels. […] Dans la Grèce, une honnête femme ne se montrait point en public ; parmi nous, elle y paraît avec décence ; un état qui l’y oblige peut donc être un état décent.

325. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Nérestan paroît, & annonce au Sultan qu’il apporte la rançon de Zaïre, de Fatime & de dix Chevaliers ; mais que sa fortune épuisée, l’oblige de reprendre les fers dont il les délivre.

326. (1774) L’homme du monde éclairé « L’homme du monde éclairé » pp. 150-171

Bien-loin d’obliger personne à venir à la comédie, il loue ceux qui s’en éloignent ; il n’en estime pas davantage ceux qu’il y voit ; il en blâmeroit plusieurs, s’ils y venoient ; il ne trouve pas mauvais que les confesseurs, les casuistes, les prédicateurs, jusques sous ses yeux, se déclarent contr’elle.

327. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

L'on n’ose la mettre au jour, de crainte d’être regardé comme le défenseur de ce que la religion condamne, encore qu’elle n’y prenne point de part et qu’il soit aisé de juger qu’elle parlerait autrement si elle pouvait parler elle-même, ce qui m’oblige à vous dire mon sentiment, ce que je ne ferais toutefois pas sans scrupule si l’auteur de ces Observations avait parlé avec moins de passion.

328. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre I. Que les Spectacles des Anciens ont fait partie de la Religion Païenne. » pp. 2-35

J'en trouve deux principales qui méritent d'être examinées, et qui m'obligent à reprendre cette matière de plus haut.

329. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Sans doute l’Orthodoxe, qui ne voit nulle absurdité dans les mystères, est obligé de les croire : mais si le Socinien y en trouve, qu’a-t-on à lui dire ? […] Personne ne se croit obligé d’être un héros, et c’est ainsi qu’admirant l’amour honnête on se livre à l’amour criminel. […] Il s’en faut peu qu’on ne nous fasse croire qu’un honnête homme est obligé d’être amoureux, et qu’une amante aimée ne saurait n’être pas vertueuse. […] De changer l’opinion publique sur les duels, sur la réparation des offenses, et sur les occasions où un brave homme est obligé, sous peine d’infamie, de tirer raison d’un affront l’épée à la main. […] Nos discordes civiles, où la nécessité des affaires obligeait de s’assembler plus souvent et de délibérer de sang-froid, firent changer ces sociétés tumultueuses en des rendez-vous plus honnêtes.

330. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Celui que le Voyageur d’Italie rencontra se plaignoit de la difficulté d’avoir de bons auteurs, qu’il avoit été obligé de renforcer les danseuses, qu’il en avoit une dont la figure & les talens étoient admirables, qu’on la lui avoit débauchée ; il se plaignoit encore qu’on ne lui rendoit pas justice, qu’il n’avoit qu’un bénéfice pour récompense, qu’on en sollicitoit un meilleur pour le fixer dans le pays, & ne pas perdre des talens si rares & si ecclésiastiques. […] On y trouva fort mauvais qu’un subalterne pensat différemment : le confesseur fut obligé de rendre les pouvoirs, on en substitua un plus indulgent.

331. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Dans les grandes révolutions de la Chine, ce qui fit le plus de peine au peuple, c’est que leurs vainqueurs les obligèrent à se couper les cheveux qu’ils aimoient beaucoup ; selon l’usage des Tartares : il y eut des guerres, des séditions, des révoltes, des meurtres ; plusieurs aimèrent mieux mourir ou s’expatrier, que de renoncer à leur chevelure. Il y eut en Moscovie nombre de séditions quand le Czar Pierre voulut les obliger à raser leur barbe ; les Arabes sont extrêmement jaloux de la leur, il y auroit bien du sang répandu si l’on vouloit y toucher ; les François ne seroient pas plus patients, si on vouloit les forcer à laisser croître leur barbe comme les Capucins, on la portoit autrefois, il y eut de la peine à le faire raser, ce ne fut que par degrés, en conservant des pointes, des moustaches, &c ; on est bien plus attaché aujourd’hui à l’air galant d’une barbe bien rasée.

332. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Pour venir à ce but, Ben Jonson avait été obligé de violer la règle de l’unité d’action : M. […] Torrismond n’a qu’à dire à sa Princesse, qu’elle ose être criminelle jusqu’où elle jugera à propos, que sa beauté doit faire taire tous les cris de sa conscience ; parce qu’il n’est rien que le Ciel ne soit obligé de pardonner à une belle personne.

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